Étymologie :
Le nom de genre, Blackstonia, a été donné en l’honneur de John Blackstone (1713-1753), pharmacien et botaniste anglais du 18e siècle. Il est l'auteur de Fasciculus plantarum circa Harefield sponte nascentium (1737) et Specimen botanicum (1746), qui contient la description de 357 plantes poussant en Grande-Bretagne.
Autres noms : Blackstonia acuminata - Blackstonie acuminée - Centaurée jaune tardive - Chlore acuminée - Chlorette acuminée -
Blackstonia perfoliata - Blackstonie perfoliée - Centaurée jaune - Centaurée perfoliée - Chlora perfoliée - Chlore perfoliée - Chlorelle - Chlorette - Chlorette perfoliée - Petite centaurée jaune -
Botanique :
Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description de la Blackstonie perfoliée :
Description botanique : La blackstonie perfoliée a une inflorescence caractérisée par la présence de fleurs qui poussent à l’extrémité d’un petit pédoncule ; elles sont jaunes et apparaissent de juin à octobre. Les feuilles vertes sont triangulaires, acuminées et allongées vers le haut, en formant presque un appui tout autour de la tige forme caractéristique de ce genre botanique.
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Usages traditionnels :
Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes :
Propriétés et utilisation : Comme toutes les espèces du genre Gentianacées, la blackstonie se caractérise aussi par des propriétés digestives et fébrifuges (Guarrera, 2006 : 67). Dans les Abruzzes, cette espèce est utilisée aussi comme « pianta di pronostico » (plante à pronostic) pour les auspices sur l’amour et, dans le dictionnaire des dialectes abruzzais et molisan, Giammarco (DAM, II : 840) nomme cette espèce frònnamórǝ « feuille d’amour » parce que les jeunes filles appliquent sur leur peau la feuille vésicatoire de la blackstonie en se procurant ainsi une petite tache rouge, d’où elles tirent les auspices sur l’amour. Ce comportement rituel est accompagné d’un petit chant : frònna d’òrʒǝ ǝ frònnǝ dǝ ranǝ, saccǝ addicǝ si l’amórǝ m’amǝ ; si mm’amǝ pòzza cambà ǝ ssǝ nnò pòzza murì [1] (DAM, II : 840).
Note : 1) Feuille d’orge et feuille de blé, dis-moi si l’amour m’aime ; s’il m’aime qu’il puisse vivre et sinon (s’il ne m’aime pas) qu’il meure (N.T.).
Symbolisme :
Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) se penche sur les croyances liées aux différents noms arbëreshe de la Blackstonie :
Analyse lexico-sémantique des désignations : [trːiktrːˈak] trriktrrakë est la forme lexicale collectée à Katundi/Greci et à Shën Kostandini/San Costantino Albanese ; et, bien que résidant très loin les uns des autres, nos locuteurs ont fourni la même explication à propos du nom de cette plante : quand on l’écrase avec les pieds, elle produit un bruit tel que « tric-trac ». Ce phytonyme peut être analysé d’un point de vue formel comme une séquence de sons « T+R+V+K » qui peut être rapportée à « T+V+K » renvoyant à l’idée de « frapper », où la présence de l’infixe < -r- > y introduit aussi l’idée d’une vibration (Guiraud, 1986 : 105). Il s’agit là de l’une des structures onomatopéiques identifiées par Guiraud (1986 : 105) dont le gabarit trilittère TR.K. ou sa variante T.K. regroupent les noms désignant les mouvements répétés, saccadés, comportant souvent un élément sonore, tel que tric-trac. Ce type de structure élémentaire du lexique fait partie d’un vaste système de radicaux onomatopéiques exprimant l’idée de « coup » (Guiraud, 1986 : 109). En particulier, la combinaison entre occlusives apico-dentale et dorso-vélaire réussit à exprimer de manière évidente l’image d’un « coup brusque », tel que celui issu du piétinement de la plante.
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Mythologie :
Selon Rémi François et Jean-Roger Wattez (collab.) auteurs d'une Histoire des botanistes et de la botanique en Hauts-de-France. (Collection des Pensées du Nord, Tome 2 de l’Atlas de la flore sauvage des Hauts-de-France, Conservatoire botanique national de Bailleul, 2023) :
Flora, ou Flore, est une divinité romaine, déesse des fleurs et de la fertilité. Le peuple italien des Sabins a en effet repris la divinité grecque Chloris en la nommant Flora. Sa beauté est légendaire. Fleurs et fertilité sont associées au culte de Flora. On peut toujours la contempler au Musée archéologique de Naples : elle est représentée sur une fresque du Ier siècle de la villa Ariana à Stabies près de Naples. La cité de Stabies, comme celles d’Herculanum et de Pompéi, a été ensevelie sous les cendres du Vésuve lors de son éruption en 79 ap. J.-C., conservant les fresques en très bon état.
Sa divine figure est souvent reprise à la Renaissance. Le célèbre Sandro Botticelli, un des plus grands peintres de la Renaissance, la représente sur son fameux tableau Primavera (le Printemps, vers 1480). On la retrouve aussi, plus près de nous, dans de nombreuses œuvres classiques comme Le triomphe de Flore de Nicolas Poussin (peint en 1627-1628, au Musée du Louvre). Les plus grands rois des XVIIe et XVIIIe s. recherchent la beauté de Flora. Les sculptures la représentent, notamment dans le Bassin de Flore, sculpture de Jean-Baptiste Tuby dans le parc du Château de Versailles de Louis XIV. Frédéric II de Prusse la fait sculpter dans son château de Postdam ; il s’est même fait enterrer au pied de Flora. Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur du XIXe s. originaire de Valenciennes, l’a créée sous forme de beauté espiègle.
Le genre Chlora lui a été dédié par le passé. Mais aujourd’hui, le genre Chlora n’est plus retenu : il est remplacé par le genre synonyme Blackstonia (famille des Gentianaceae).
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