Étymologie :
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 3e ou 4e quart xiiie s. (Bat. de Karesme et de Charnage, 449 dans Gdf. Compl. : Sardines, bresmes et dorees, Barbues grasses, plais lees) ; 2. 1836 arg. « plume », supra. Forme fém. de l'adj. barbu 1* (v. étymol. 2) ; p. ell. d'un subst. fém. comme bête pour le sens 1 et de plume pour le sens 2 ; l'étymon lat. *barbuta proposé pour le sens 1 par Barbier dans R. Lang. rom., t. 54, p. 153 en raison des formes ital. et prov. corresp., ne semble pas à retenir à cause du caractère récent de ces correspondants.
Lire également la définition du nom barbue afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Scophthalmus rhombus - Alaise - Alaizen - Alèze - Barbache - Barbuche - Barbude - Barbuen - Barduda - Barbut - Lingarua - Passar-roun - Rhum - Roumbou - Turbot -
N.B Scophthalmus est la contraction des mots grecs [scops] = qui regarde, et [ophthalmus] = œil, yeux. Ce nom de genre (et de famille) insiste donc sur les yeux proéminents du poisson. Rhombus vient du grec [rhomb-] qui signifie rhombe ou losange en référence à la forme de l’animal.
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Zoologie :
Dans le Guide des espèces à l'usage des professionnels (Copyright Ethic Ocean – Juin 2020), établi sous la direction de Elisabeth Vallet on apprend que :
La barbue vit dans les eaux des côtes norvégiennes au nord, à celles du Maroc au sud ou de la Méditerranée. On la trouve principalement entre 5 et 50 mètres de profondeur. D’apparence très proche du turbot, elle s’en distingue par l’absence d’excroissance osseuse sur la face supérieure et par sa forme un peu plus ovale. Elle est capable de se camoufler dans le sable par mimétisme avec le milieu qui l’entoure. La barbue se nourrit principalement de petits poissons et de crevettes. Elle a une croissance relativement rapide comparée aux autres poissons plats et peut atteindre 75 cm et 8 kg pour une longévité de 6 ans. La barbue femelle atteint sa maturité vers sa quatrième année, quand elle mesure entre 33 et 41 cm. La reproduction a lieu entre mars et août. La barbue est principalement capturée comme prise accessoire par des chaluts de fond ou chaluts à perche ; les captures d’immatures sont importantes. La production française est de l’ordre de quelques centaines de tonnes par an (487 tonnes en 2017). La production belge s’élève à 309 tonnes en 2017. Ce poisson très prisé est échangé sous criée en France aux alentours de 10 euros/kg.
› L’état des stocks de barbue n’est pas connu avec précision mais sa biomasse est en augmentation depuis 2005 en zone Manche, mer du Nord où elle est exploitée durablement. Les scientifiques recommandent une limite de captures de 2 559 tonnes pour la période 2020-2021 en Manche, Mer du Nord, Skagerrak et Kattegat (zones 7.d-e, 4 et 3.a). Il n’existe pas de taille minimale de commercialisation. Préférez les pièces de plus de 35 cm afin de s’assurer que le poisson ait eu le temps de se reproduire.
POISSON « DROITIER » OU « GAUCHER » : Les poissons plats subissent une métamorphose extraordinaire en grandissant. Ils naissent comme tous les poissons avec un œil de chaque côté. Cependant, leur développement les amène inéluctablement à s’aplatir et entraîne la migration d’un œil vers la face supérieure. A quoi donc pourrait bien leur servir un œil qui regarde le fond ?
Selon les familles, c’est l’œil droit (chez les Pleuronectidés et Soleidés) ou l’œil gauche (chez les Scophthalmidés et Cynoglossidés) qui se déplace. Il existe cependant des individus dits inversés, ceux dont l’œil a migré du mauvais côté. Les cas de migrations inversées ne sont pas rares chez les flets.
Au cours de cette singulière métamorphose, une narine se déplace également, la bouche se déforme plus ou moins et la peau de la face oculée (face dorsale), se pigmente, se tache et assure le mimétisme protecteur de l’animal.
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Symbolisme :
Selon Chat GPT, consulté le 18 février 2024 :
La symbolique associée à la barbue peut varier en fonction des cultures et des contextes, mais voici quelques interprétations possibles :
Abondance et prospérité : Comme beaucoup de poissons de mer, la barbue est souvent associée à l'abondance et à la prospérité en raison de sa taille impressionnante et de sa valeur alimentaire.
Résilience et endurance : La barbue est un poisson qui habite généralement des eaux côtières et peut survivre dans des conditions changeantes. Par conséquent, elle peut être interprétée comme un symbole de résilience et d'endurance face aux défis de la vie.
Sagesse et perspicacité : Certains peuvent voir la barbue comme un symbole de sagesse en raison de son comportement prudent et de ses habitudes de vie nocturne, qui peuvent être interprétées comme des signes de perspicacité et de prudence.
Connexion avec l'environnement marin : En tant que poisson de mer, la barbue peut symboliser la connexion avec l'environnement marin et la nature, ainsi que l'importance de préserver les écosystèmes marins pour les générations futures.
Harmonie et équilibre : Comme la plupart des poissons, la barbue est souvent associée à l'harmonie et à l'équilibre dans la nature, rappelant l'importance de maintenir cet équilibre pour assurer la survie et la prospérité de toutes les espèces.
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
La Barbue est un poisson satisfait de lui-même et qui ne se soucie guère de ce qui se passe autour de lui. Elle laisse tout glisser autour d'elle et ne s'agite pas pour rien. La Barbue semble à la limite de l'apathique, quoique sans l'être vraiment. Elle serait plutôt introvertie, gardant la plupart de ses sentiments pour elle. Haussant les épaules, elle ne se laisse pas trop affecter par les choses et ne s'énerve pas. Elle poursuit imperturbablement son chemin, de façon tranquille et paisible. Connaissant parfaitement sa tâche, elle ne s'irrite jamais du travail qu'elle fait. Elle prend tout avec une pincée de sel et elle a ses propres idées. Elle laisse les autres tranquilles et ne se mêle de rien. A chacun son chemin, pense-t-elle. Plus rien ne l'effraie.... Elle connaît sa valeur ; sachant où se trouve l'essence de la Vie, elle ne s'attarde pas à l'apparence superficielle.
L'homme qui éprouve une forte envie de ce poisson a besoin de respirer un peu de cette atmosphère de la Barbue. Peut-être se laisse-t-il trop perturber et irriter par ce qui se déroule sous ses yeux dans le monde extérieur. Ou alors, il est possible qu'il se livre à des critiques, à des ragots... peut-être par jalousie ou par rancœur. Il s'oriente trop vers l'extérieur, vers les apparences, peut-être avec dégoût, peut-être avec des désirs cachés, mais au plus profond de lui une voix lui chuchote qu'il faudrait tout relativiser, voire ignorer tout à fait le théâtre superficiel du monde : elle lui demande de ne plus s'indigner ni se troubler de ce qui se passe dans les couches superficielles de l'humanité.
« Va de l'avant sur ton chemin à toi », dit-elle, « ne t'inquiète pas, ne t'occupe pas de toutes ces histoires ! Laisse tout cela glisser de tes épaules, fais comme si cela n'existait pas. C'est à eux, aux autres, de savoir s'ils veulent se noyer dans le monde des morts et des apparences, mais tu n'as nul besoin d'en faire autant. Poursuis donc ton chemin dans le calme, ne t'agite pas pour ces futilités. A chacun son chemin, quel qu'il soit, sache que tu es plus "sage" que ceux qui s'égarent dans le monde des convoitises et du clinquant... Renonce, EN toi, à tout ce qui en dégage encore les relents... sois reconnaissant de ton être et continue de nager dans un bonheur tranquille. ».
« Écouter, voir et se taire »... Ainsi parla la sage Barbue. Elle ne fit aucun commentaire, n'en pensa pas mois mais poursuivit imperturbablement son chemin.
Plus rien ne saurait désormais agiter émotionnellement ni désarçonner la personne qui a respiré une petite bouffée de cette nature de la Barbue. Tout en poursuivant son chemin naturel, elle laisse le diabolique de côté. Elle ne se laisse plus jamais perturber par les futilités, les injustices de ce monde. Elle va son chemin, « droit devant ». Elle ne s'irrite plus du caractère provocateur de certaines personnes qui cherchent à se faire remarquer, sachant qu'il s'agit là de fausses valeurs issues d'un monde éphémère. Elle n'y prête plus, quant à elle, la moindre attention. Elle est devenue sage et sait désormais que chacun crée son monde selon ses intentions et ses convictions. Elle édifie une vie stable, régulière, équilibrée, appelée à durer très longtemps... Elle en a fini avec les hauts et les bas dans sa vie. Elle est et reste toujours paisiblement elle-même. Elle se laisse guider par son Autorité intérieure. Aucune chose, aucun animal, aucun homme ne peut troubler ses Sentiments. Elle ne se laisse pas détourner, tenter, séduire par le « faux ». Elle passe outre à tout cela sereinement, sachant que la vraie Vie se situe à un niveau beaucoup plus profond. Son Cœur bat calmement ; son être n'est jamais en proie au stress. Son système nerveux n'est que paix et quiétude.
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Contes et légendes :
Les frères Grimm :
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Littérature :
Sous la plume de Marcel Proust, dans Le Côté de Guermantes (A la rechercher du temps perdu, volume 3, 1921), la Barbue ne fait guère envie :
« Babal sait toujours tout ! s'écria la duchesse de Guermantes. Je trouve charmant un pays où on veut être sûr que votre crémier vous vende des œufs bien pourris, des œufs de l'année de la comète. Je me vois d'ici y trempant ma mouillette beurrée. Je dois dire que cela arrive chez la tante Madeleine (Mme de Villeparisis) qu'on serve des choses en putréfaction, même des œufs (et comme Mme d'Arpajon se récriait) : Mais voyons, Phili, vous le savez aussi bien que moi. Le poussin est déjà dans l'œuf. Je ne sais même pas comment ils ont la sagesse de s'y tenir. Ce n'est pas une omelette, c'est un poulailler, mais au moins ce n'est pas indiqué sur le menu. Vous avez bien fait de ne pas venir dîner avant-hier, il y avait une barbue à l'acide phénique ! Ça n'avait pas l'air d'un service de table, mais d'un service de contagieux. Vraiment, Norpois pousse la fidélité jusqu'à l'héroïsme : il en a repris ! [...] ».
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