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L'Euphorbe résinifère




Étymologie :


  • EUPHORBE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Ca 1256 eufourbe (A. de Sienne, Régime du Corps, p. 87, 19 ds T.-L.). Empr. au lat. impérial euphorbea, euphorbia « id. » du nom d'Euphorbus, médecin du roi de Mauritanie Juba (iers. apr. J.-C.), d'apr. Pline (TLL).

  • RÉSINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1210 pois resine (Dolopathos, 192 ds T.-L.) ; b) [ca 1225 rysyn « matière inflammable qui découle naturellement ou par incision de certains arbres » (G. Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, 14)] ; ca 1250 rasinne (doc. ds Fagniez t. 1, p. 209) ; c) 1850 minér. résines fossiles (Dorvault, L'Officine, p. 489 ds Quem. DDL t. 21) ; 2. 1932 résines artificielles (Lar. 20e). Empr. au lat. resina. L'expr. poix-résine est encore très vivante dans les pat. (FEW t. 10, pp. 299a-300a).


Lire également la définition des noms euphorbe et résine afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Euphorbia resinifera - Cardon épineux - Daghmouss (arabe) - Euphorbe à résine - Euphorbe de l'Atlas - Tichiwt - Tikiwt (berbère) -

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Botanique :


Euphorbe résinifère
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Monographie sur l'euphorbe résinifère, proposée par Meryem El Fennouni dans sa thèse intitulée Les plantes réputées abortives dans les pratiques traditionnelles d’avortement au Maroc. (Université Mohammed V, faculté de médecine et de pharmacie - Rabat, 2012).























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Vertus médicinales :


Jean Gattefossé, auteur d'un article intitulé "Les euphorbes cactoïdes du Maroc". (In : Revue d’Ecologie, Terre et Vie, Société nationale de protection de la nature, 1931, pp. 539-543) rappelle l'ancienneté de l'usage de l'euphorbe résinifère :


L'Euphorbia resinifera Berg et Schmidt, du Moyen-Atlas, est une plante médicinale connue depuis la plus haute antiquité ; c'est elle qui a fourni le nom du genre, dédié par Dioscoride, selon Pline, à Euphorbus, médecin de Juba, roi de Mauritanie, qui en découvrit les propriétés. Plus tard les anciens auteurs la confondirent avec l'Euphorbia officinarum L., de l'Afrique centrale, de l'Arabie et des Indes, dont l'extraction, les usages et le commerce étaient parallèles.

C'est une plante à rameaux charnus, quadrangulaires, aux angles garnis d'aréoles distantes, portant deux stipules épineuses. Elle ne dépasse pas 60 centimètres de hauteur, mais forme de gros massifs qui, vus de loin, donnent l'impression, au flanc des collines, de grosses tortues d'un vert glauque.

Sa gomme-résine, âcre et vésicante, constitue la drogue commercialisée depuis l'antiquité ; les apothicaires et herboristes de Marrakech la connaissent sous le nom de Phorbium et les négociants israélites de Mogador en ont toujours fait une exportation plus ou moins importante, selon les besoins de la pharmacopée européenne. C'est aujourd'hui un médicament désuet : mais cependant, durant les quelques années qui précédèrent immédiatement la grande guerre, l'Allemagne en importait un fort contingent, sans doute utilisé dans l'art vétérinaire, comme anesthésique et contre la carie dentaire du bétail. Plus communément, cette gomme était substituée à celle de Thapsia, plus coûteuse ; son pouvoir vésicant est d'ailleurs fort supérieur à celui de la gomme de Thapsia.

Ce commerce s'étant poursuivi sur Hambourg et sur New-York pendant les premières années de la guerre, la légende locale y voyait un usage belliqueux et l'on parlait au Maroc des gaz asphyxiants, du caoutchouc ou des enduits spéciaux pour la conservation des aciers que l'industrie devait en tirer. Que des essais aient été faits pour en tirer un latex élastique, cela reste possible ; mais il est certain que l'augmentation momentanée de la consommation européenne était due principalement aux besoins vétérinaires de la cavalerie de guerre.

Les indigènes, principalement les Berbères, l'utilisent en médecine humaine comme anesthésique, contre les maux de dents ; mais l'usage en est fort restreint par les difficultés de l'emploi. La gomme-résine conserve en effet les propriétés caustiques du latex frais. Tout comme l'Euphorbia canariensis, c'est une plante dangereuse « Lorsqu'elle arriva à Paris au Jardin des Plantes, M. Houllet, le chef des serres, la nettoya et l'épousseta avec un pinceau ; cette poussière qui avait touché l'euphorbe et qu'il avait respirée lui causa une inflammation très vive de la bouche et du pharynx dont il souffrit très sérieusement. »

Lorsque les berbères du Moyen Atlas incisent la plante au couteau pour donner issue au liquide corrosif très abondant qu'elle renferme et qui, se desséchant au soleil, constituera la gomme Phorbium, les accidents sont fréquents et les poussières notamment provoquent de graves conjonctivites. Aussi ne se livrent-ils à ce travail qu'avec répugnance et seulement lorsque les marchands de Mogador font connaître des propositions avantageuses ; cette récolte est donc plutôt périodique, les années de ramassage fournissant des quantités supérieures aux besoins de plusieurs années. Actuellement l'exportation de la gomme d'euphorbe a pratiquement cessé.

Les abeilles butinent sur l'Euphorbia resinifera un miel abondant, lui-même toxique; ce miel est considéré par les indigènes comme un médicament spécifique de la blennorragie. II figure encore dans la formule de « purges sahariennes » usitées à Marrakech et qui provoquent souvent des accidents graves.

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Haba Hamada, auteur d'une thèse de doctorat intitulée Etude phytochimique de deux Euphorbiaceae sahariennes : Euphorbia guyoniana Boiss. et Reut. et Euphorbia retusa Forsk. (Université de Batna, 2008) nous apprend d'autres vertus de l'Euphorbe résinifère :


Euphorbia resinifera Berg. : La résine de cette espèce endémique marocaine appelée communément Euphorbe résinifère, est utilisée en applications locales comme révulsivante. Pétrie avec de la farine ou de la semoule et du blanc d’œuf, elle est utilisée contre les rhumatismes et les 8 paralysies. Elle est également employée pour soigner les piqûres, les morsures venimeuses et les algies dentaires. Les femmes emploient aussi un mélange à base de la résine d’euphorbe comme abortif malgré ses dangers. Le latex frais de cette plante est recommandé par les berbères de Beni Mellal, contre les verrues.

 

Selon Fatiha El Azzouzi et Lahcen Zidane, auteurs de "La flore médicinale traditionnelle de la région de Béni-Mellal (Maroc)". (In : Journal of Applied Biosciences, 2015, vol. 91, pp. 8493–8502) :


Euphorbia résinifera (Euphorbe résinifère ; Ssekoum) Le latex des feuilles est employé comme hypoglycémiant. La poudre des feuilles, triturée dans le miel est indiquée dans le traitement du cancer et des goitres.

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Symbolisme :


L'Euphorbe résinifère symboliserait la persévérance.


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