Étymologie :
ARGENTINE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xiiie s. bot. (Voc. plantes, Ms. Harley 978, éd. Th. Wright ds T.-L. : argentea : argentine, lilie) ; ca 1580 (Ph. d'Alcripe, La Nouvelle Fabrique, p. 25 ds Hug. : Berle, menthe, verbene, curage, argentine, ancolve... et autres herbes qui croissent es prez) ; 2. 1827 zool. (Baudr. Pêches [a] Genre de poisson de la division des abdominaux ; [b] on donne aussi le nom d'argentine à une espèce de perche qui se trouve sur les côtes de l'Amérique septentrionale); 3. a) 1866 minér. (Lar. 19e: argentine. Variété de chaux carbonatée minérale) ; b) 1878 (Lar. 19e Suppl. : argentine. Poudre d'étain employée dans l'impression des tissus pour produire des effets d'argenture. On l'emploie aussi en Angleterre pour argenter le papier). Dér. de argent* étymol. 1 (notion de couleur); suff. -ine*.
Lire également la définition du nom argentine afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Alchemilla alpina - Alchémille à feuilles pliées - Alchémille argentine - Alchémille des Alpes - Herbe sorcière - Thé de montagne -
Dryas octopetala - Argentine - Chênette - Dryade - Dryade à 8 pétales - Herbe à plumet - Herbe aux cerfs - Nymphe des bois - Thé de Suisse - Thé des Alpes - Thé suisse -
Potentilla anserina - Argentina anserina - Agrimoine sauvage - Ansérine - Argentenne (Wallonie) - Bec d'oie - Herbe aux oies - Potentille ansérine - Potentille des oies -
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Botanique :
Mme Rivière-Sestier, autrice d'un article intitulé « En Haut-Dauphiné : Botanique et remèdes populaires. » (in : Bulletin de la Société Botanique de France, 1963, vol. 110, no sup2, p. 159-176) propose une description de deux plantes alpines nommées argentine dans la langue populaire :
Dryas octopetala : Le Dryas octopetala appartient à la famille des Rosacées. CORREVON le qualifie de la plus délicieuse plante que l'on puisse imaginer.
C'est un arbrisseau nain, dont les tiges ligneuses rampent sur le sol, au milieu des éboulis et des pierrailles qu'elles recouvrent parfois sur une grande étendue. Le Dryas octopetala aime les terrains calcaires. Ses feuilles sont dures et luisantes, d'un beau vert à la face supérieure, blanchâtres et cotonneuses en dessous. Les fleurs sont blanches, relativement grandes et dressées à l'extrémité d'un pédoncule floral. D. VILLARS le décrit pittoresquement en écrivant qu'il a des pétales d'anémone et des feuilles de germandrée, car le bord de ses feuilles est régulièrement dentelé, à la façon de minuscules feuilles de chêne. Cette espèce est abondante, en particulier dans le Champsaur et dans l'Oisans, où son emploi en tisanes astringentes et stomachiques est fort répandu.
Alchemilla alpina : L'Alchemilla alpina est, elle aussi, une Rosacée. On l'appelle indifféremment suivant les régions Alchimille, Alchemille, mais le plus souvent Argentine à cause de sa couleur, ou encore Thé des Alpes ou Thé des Montagnes à cause de l'emploi que .l'on en fait en guise de tisane.
C'est une jolie petite plante, calcifuge, émettant des stolons. Les feuilles sont palmées à cinq ou neuf folioles oblongues, argentées et soyeuses en dessous. Les gouttes de rosée restent une grande partie de la journée au cœur de ces feuilles, ce qui fait que, au soleil, la plante paraît scintiller. Les fleurs sont très petites et d'un vert jaunâtre.
On trouve l'Alchemilla alpina à partir de 700 mètres dans les pâturages secs et rocailleux, au creux des rochers où s'est rassemblée une légère couche d'humus. Elle pousse jusqu'à 2 800 mètres, en compagnie, constate M. BREISTROFFER, « d'autres espèces très voisines, telles que l'Alchemilla conjuncta, plus calcicole.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Potentille des oies :
Propriétés physiques et Usages Médicaux. - Les racines sont noirâtres, inodores, d'une saveur rappelant un peu celle du panais ; elles contiennent du tannin et de la fécule qui les rend alimentaires. La saveur de la plante est herbacée ; sèche elle est styptique. Son nom de potentille, rappelant sa puissance, indique la réputation dont elle a joui autrefois ; elle est connue comme astringente depuis Dioscoride ; elle a été préconisée dans la ménorrhagie, la dysenterie, la leucorrhée et la diarrhée (Dodonée, Tournefort, Degner). Cazin et Dubois la vantent dans le traitement des diarrhées à la dose d'une poignée en décoction. Certains auteurs l'ont encore recommandée contre l'ictère, la gravelle, les calculs vésicaux et même comme fébrifuge (Boerhaave). Le suc s'administre à la dose de 60 à 100 grammes.
Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102, 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :
Ardzintïna, f. (vient de ardzin, m. = « argent ») = Potentilla anserina.
En tisane contre les maux de ventre, les crampes d'estomac, la diarrhée ; aussi contre les maux de dents.
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Dans nos montagnes, le thé est remplacé par l'Argentine ou thé de montagne, Alchemilla alpina, la Dryade, Dryas ocotpetala (...].
Mme Rivière-Sestier, autrice d'un article intitulé « En Haut-Dauphiné : Botanique et remèdes populaires. » (in : Bulletin de la Société Botanique de France, 1963, vol. 110, no sup2, p. 159-176) rapporte également quelques utilisations de l'Argentine (Alchemilla alpina) :
Elle possède des vertus astringentes, diurétiques et antidiarrhéiques. De même que l'Anthyllis vulneraria elle entre dans la composition des Falltrancks. On l'emploie pour cicatriser les blessures. Quelques-unes de ses feuilles, trempées dans l'eau bénite et appliquées sur les maux de jambes ont la réputation de les guérir. On lave les yeux malades avec la rosée recueillie au creux de ses feuilles. Les habitants des hautes régions du Dauphiné l'emploient à la façon du thé, ce qui explique son appellation courante de Thé des Alpes.
Dans le haut Oisans, on a baptisé l'Alchemilla alpina l'Herbe Sorcière. Les jeunes bergères ont l'habitude de la cueillir dans les pâturages lorsqu'elles veulent connaitre l'avenir. Tandis qu'elles chantent, suivant l'usage : « Herbe sorcière ... herbe sorcière ... dis-moi si mon galant viendra ce soir... », elles lancent dans l'air une feuille d'Alchemille. Suivant la face sur laquelle la feuille retombe, verte si c'est la face externe, blanche si c'est la face interne, la réponse est affirmative ou négative.
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Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Argentine - Naïveté.
Cette plante vient presque sans soins et fleurit avec une sorte d’abandon et de naïveté. Elle fait très bien en bordure.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Argentine - Naïveté.
Cette plante demande peu de soins, elle fleurit naturellement. Elle est de la famille des rosacées et, cultivée en bordure, elle fait un charmant effet par l'opposition de ses fleurs dorées sur son feuillage argenté.
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