Autres noms : Saraca indica - Ashok - Ashoka de l'Inde - Asok - Asoka - Saraca asoka - Saraca de l'Inde -
Botanique :
Une monographie de Halima Nazar, Khan Usmanghani et Sabira Sultana pour découvrir cet arbre, dans l'International Journal of Botany Studies (Volume 1, Issue 2, Février 2016 ; pp. 01-04) :
Utilisations traditionnelles :
Le site Jardins secrets nous apprend que :
Le Saraca de l'Inde est utilisé dans les pharmacopées traditionnelles. Son écorce est réputée pour être astringente, hémostatique, sédative et tonique. On l'utilise pour arrêter les saignements utérins et les saignements dus aux hémorroïdes. Les fleurs fraîches sont utilisées pour traiter les dysenteries hémorragiques.
Durant les cérémonies religieuses, les fleurs servent d'offrandes.
Symbolisme :
Sur le site Jardins ! L'encyclopédie, outre la description botanique de l'arbre, on peut lire que :
Son nom Saraca vient de l'hindi et son nom local d'asoka signifie « sans peine, sans douleur » faisant référence à son écorce aux propriétés médicinales. La légende raconte que le Bouddha Sakyamuni, fondateur de la religion bouddhiste serait né sous son couvert, il est dédié à Rama, symbole de l'amour.
Ashoka 270 av. J.-C. est aussi le nom du 3ème empereur de la dynastie indienne des Maurya qui a adhéré au bouddhisme qui n'est connu qu'au travers de légendes bouddhiques. Il a transformé cette dynastie violente, en une société prônant la non violence et tolérance fondées sur le bouddhisme.
Anne-Laure Garrec, autrice de « Les danses « orientales » en France du XIXe siècle à nos jours : histoire d’images, regards d’histoire », (Les Cahiers de l’École du Louvre , 1 | 2012) évoque un détail qui n'est pas anodin :
Lors d’un spectacle de mohini attam, Kalamandalam Leelamma porte toujours un sari blanc et or, conformément au costume traditionnel de la région du Kerala, dans le sud de l’Inde. À l’instar des danseuses de bharata nâtyam ou d’odissi, ses orteils et l’extrémité de ses doigts sont enduits d’une teinture rouge (le alta), « pour leur donner la couleur naturelle des fleurs de l’arbre ashoka », selon le traité de danse du Nâtya Shâstra (ch. 23, v. 36). La richesse et la complexité symbolique des ornements de la danseuse indienne donnent l’image d’une femme-œuvre d’art, située hors du champ de la réalité, dans un carcan d’éternité.
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
AÇOKA (Jonesia asoka). — L'une des plantes indiennes les plus poétiques; ses fleurs rouges, couleur d'orange, changent en rouge : dans le quatrième acte de la Mricchakafikâ, elle est comparée à un guerrier ensanglanté. Aux mois de mars et d'avril, elle est dans tout son éclat et, surtout la nuit, exhale un grand parfum : d'où le nom de gandhapushpa ou fleur d'odeur qu'on lui donne dans le Bhâvaprakâça. Sa feuille ressemble quelque peu à celle du laurus nobilis. M. Sénart compare l'açoka au palmier de l'hymne homérique remplacé ailleurs par le laurier. Les Indiens ont imaginé et pensent encore que le seul contact du pied d'une jolie femme suffit pour que l'açoka fleurisse, d'où son nom d'ai'ifJanâpriya ou cher aux femmes. (Cf. Raghavança, VIII, 01, Ratnavali, premier acte). Cet arbre personnifie l'amour; Kàmadeva, le dieu de l'amour, s'y trouvait, lorsque le dieu pénitent ('iva, que l'Amour voulait séduire, le brûla avec l'arbre (cf. le Blïavishyoitara Purâna et le Kumârasarhbhava,III, 26). L'açolla joue un rôle essentiel dans le drame de Kàlidâsa : Mâlavikâ et Agnimitra. En même temps que Màlavikâ fait fleurir l'açoka qu'elle touche de son pied, elle fait naitre l'amour dans le cœur du roi Agnimitra. On dirait cependant que l'açoka, qui rappelle, à certains égards, les propriétés érotiques du grenadier, se rapproche, sous d'autres rapports, de l'agnus-castus, puisque Sitâ, l'épouse de Ràma, enlevée par le monstre Râvana, échappe aux caresses du monstre en se réfugiant dans un bosquet d'açokas.
Dans la légende de Bouddha, « quand Mâyà, dit M. Sénart, s'aperçoit que le Bodhisattva est, sous la forme d'un éléphant, descendu dans son sein, elle se retire dans un bois d'açokas et y fait mander son époux. » Le mot açoka semble signifier : celui qui est privé de douleur; à ce propos on peut rapporter le jeu de mots que fait Hâla dans le Saptaçataka, publié par le professeur Weber. Dans une strophe de Hâla, on lit : « Les belles femmes, abandonnées par leur bien-aimé, sont tourmentées par l'açoka (celui qui est sans douleur, l'indifférent). Est-ce que quelqu'un, qui a la conscience de sa force, supporte en paix que le pied de quelqu'un l'opprime ? » On voit combien cette étymologie est tirée et enfantine ; le professeur Weber ajoute en guise de commentaire : « Les açokas se vengent par leur indifférence dans leur abandon (a-çoka), de l'injure que les femmes leur font par leurs coups de pied. »
La femme indienne avec son pied fait fleurir l'açoha ; ainsi dans un chant populaire sicilien, un amoureux attribue à la femme qu'il aime le pouvoir de faire naitre des roses avec l'eau où elle se lave :
L'acqua con cui ti lavi la matina,
Bedda, ti pregu di non la jettari :
Ca si la jetti ni nasci na spina, .
Nasci 'na rrosa russa ppi ciarari.
Açoka ou arbre sans douleur est aussi un des noms de l'arbre de Buddha, le Bodhidruma (cf. Plaksha et Açvattha). Dans le Râganighantu, le mot açoka est donné comme synonyme de çokanâças ou destructeur de la, douleur. Le Bhâvaprakâça, d'après une communication du professeur Roth, attribue à cette plante la propriété de chasser les vers du corps, en contradiction avec le Râganighantu, qui en fait un brin Últâraka.
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Odon Vallet, auteur de Jésus et Bouddha. (Albin Michel, 2009) nous raconte que :
Ce site, marqué par une stèle de l'empereur Ashoka, et longtemps abandonné à la jungle, aux tigres et aux moustiques, est donc en train de renaître et de devenir une nouvelle Bethléem. La comparaison n'est pas infondée tant la Nativité de Jésus et celle du Bouddha historique présentent de troublantes similitudes. De même que la Vierge Marie conçut et enfanta miraculeusement grâce à l'Esprit saint, la reine Mâyâ fut fécondée par un mystérieux éléphant blanc à six défenses et mit au monde l'enfant Bouddha par son flanc droit en s'appuyant sur un arbre.
Certaines traditions parlent d'un arbre de l'espèce ashoka, et phonétiquement, ce mot signifie « sans douleur », de même que l'empereur Ashoka est « celui qui ne cause pas de mal ». on peut voir dans cette expression une référence à un accouchement sans douleur, première étape vers la suppression de toute souffrance qui sera le grand objectif du Bouddha.
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