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L'Anaconda

Dernière mise à jour : 14 août




Étymologie :


* Dans l'article "EU-,, élément préf."

Élément préf. tiré du préf. gr. ε υ ̓- (de l'adv. ε υ ̃ « bien »), entrant dans la formation de mots (gén. subst.) dans des domaines sc. ou didact. ; le 2e élément est tiré du grec et non-autonome.

  • eunecte (gr. ν η ́ χ ε σ θ α ι « nager »)




Symbolisme :


Anne-Marie Colpron explicite dans La classification, l'utilisation et le symbolisme des plantes dans le chamanisme des Shipibo de l'Ucayali. (Université de Montréal, mémoire de master, 1999) le lien entre l'anaconda et l'ayahuasca :


[...] Ibo peut être traduit par "maître", patron, propriétaire. Mais le chamane shipibo se réfère aussi au ibo en termes de parenté. Selon le cas, il l'appelle père, papa, ou mère, tita (Bertrand, 1996 : 82). Papa est plutôt utilisé lorsqu'une relation de domination et de fécondation est établie ; tita, quand il s'agit de protection et de reproduction (ibid.: 83).

Certains ibo semblent rattachés à une "espèce" végétale : par exemple, l' isula, la fourmi géante et vénéneuse, serait la "mère" du tamishi. L'unanimité au sujet de cette plante serait due au mythe vu auparavant (voir section 1.7, p. 32). La "mère" de la rivière Ucayali, des lacs et des rivières est généralement l'anaconda cosmique appelé Ronin. Les ibo sont donc culturellement établis. Mais en général, chaque chamane semble attribuer différents ibo aux plantes: les ibo varient de l'un à l'autre selon leur propre expérience avec les hallucinogènes.  Par exemple, Ronin est à la fois la "mère" de l'ayahuasca et celle des lacs et des rivières. Ou encore: un tourbillon dans l'eau peut signifier la présence de Ronin, "mère" des eaux, de cucushca, le dauphin rouge ou de l'esprit de la loutre. Le même esprit (yoshin) peut aussi se manifester de différentes manières. Il est alors difficile d'identifier clairement le ibo. Par exemple, lorsque nous avons demandé à Don Manuel (avril 1997) quel était le ibo de l'ayahuasca, il répond une première fois, Ronin, l'anaconda cosmique. La deuxième fois, il mentionne que c'est un roi dont les ongles et la couronne brillent, roi qui ressemble à un étranger (gringo). Enfin, lorsqu'il nous montre la plante où reposent les fourmis isula, il parle de cette autre incarnation du ibo. Ce sont toutes des manifestations des esprits (yoshin) de 1' ayahuasca. Les "mères" peuvent également être représentées par un spécimen géant de l'espèce en question, de laquelle elles sont le "maître". Ainsi, Don Manuel nous informe que dans le haut Ucayali se trouvent des lianes d'ayahuasca épaisses comme des arbres, "mères" par excellence de cette plante. Tous les ibo contrôlent et protègent la faune et la flore. Les pêcheurs, les chasseurs et les cueilleurs shipibos ne peuvent s'approprier des biens de la nature en abondance sans courir le risque de la colère de ces êtres protecteurs du domaine naturel.

[...]

L'esprit (ibo) de l'ayahuasca pour Don Manuel prend donc une forme très différente de celui de Don Lucio. Un invariable semble par contre être Ronin : Don Manuel entre en contact avec l'anaconda cosmique par l'intermédiaire de l'ayahuasca. Il explique que cette liane épouse la même forme sinueuse que le serpent cosmique.

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Symbolisme astrologique :


Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :


Les Reptiles correspondent au signe du Lion. Le Lion est un signe de Feu. Un signe de Lumière, Fixe. Le natif du Lion est classiquement de nature démonstrative, tourné vers le regard des autres. Il a un grand souci de dignité et de reconnaissance. Il n’hésite pas à se mettre en scène pour obtenir le respect de son entourage, et oscille entre un comportement d’enfant admirable et de roi généreux.

Après les quatre premiers signes, très personnels, le Lion cherche désormais l’autre, pour former avec lui un duo. Il se met dans la lumière pour séduire, attirer à lui le regard de l’être aimé, ou le respect de l’adversaire.

Dans le monde animal, les Reptiles sont les meilleurs candidats pour transcrire fidèlement le symbolisme du signe du Lion :

Les Reptiles, des êtres solaires : Durant l’Évolution, les Reptiles se sont détachés des Amphibiens en coupant le cordon avec l’Eau, et en conquérant leur place au soleil. C’est l’invention de l’œuf qui leur a permis de passer tout leur temps à l’air libre. Leur organisme ne produisant que peu de chaleur, ils ont besoin de se placer en pleine lumière pour se réchauffer. Les Reptiles ont donc inventé l’art de lézarder et de se montrer.

On retrouve les caractéristiques classiques du signe du Lion: la fierté d’être soi-même, le courage de se montrer tel que l’on est, la recherche de la lumière…

Les Reptiles sont des animaux majeurs, qui ont régné sur la Terre durant l’Ère des Dinosaures. Symboles de magie et de puissance, ils ont donné naissance à des légendes fascinantes.


L’Anaconda ou l’Alchimie en eaux troubles : L’Anaconda est un Animal Astral Reptile. Il cherche avant tout à briller, à dégager de la gloire et de la puissance. Son action démonstrative tournée vers le regard des autres a un grand souci de dignité et de reconnaissance. Il n’hésite pas à se mettre en scène pour obtenir le respect de son entourage. Et il oscille entre un comportement d’enfant admirable et de roi généreux. Ce talent très personnel pousse parfois l’Anaconda vers des postes de commandement ou des situations prestigieuses. Mais il se peut qu’il se repose aussi sur ses lauriers… Certainement un peu égocentrique et théâtral, il devrait néanmoins rester lucide, et calibrer ses ambitions.

Cependant la sensibilité l’Anaconda est assez différente. Réfractaire et méfiant, subtile, enclin au doute, à la critique acerbe, il a besoin de chercher la raison des choses par ses propres moyens. Il aime le mystère, l’ambiguïté et apprécie de frôler le danger pour se dépasser. L’Anaconda a une nature anxieuse, un fond secret et torturé, un esprit d’expérimentation, des sentiments profonds. Il fait montre d’un attachement dévoué à une personne ou une cause, d’ une grande sensibilité aux questions de sexualité, ainsi que d’une part passionnée et ombrageuse plus ou moins dormante.


Les particularités de l’Anaconda : L’Anaconda est une puissance cachée. Rien ne laisse présager la force qui est en lui. S’il est le roi de la dissimulation, c’est peut-être parce qu’étant jeune, il a expérimenté tous les dangers de la jungle dans laquelle il vit. Une forte pression ressentie dès le plus jeune âge a développé en lui la prudence et la discrétion. Ou bien a-t-il compris de manière innée que, pour vivre heureux, il est préférable de vivre caché. Quoi qu’il en soit, la personnalité Anaconda vit en permanence dans ce besoin contradictoire de lumière et d’eau trouble. Il n’obtient la pleine reconnaissance qu’après un long séjour dans l’ombre. Car s’il parvient à se développer parfaitement, l’Anaconda a toutes les chances de devenir une personnalité mythique, un grand nom.

L’Anaconda a une relation à l’autre très particulière, et n’est pas de tout repos. C’est un adversaire redoutable et retors dans les conflits. Dans les relations amicales, on peut louer sa capacité d’entraînement, sa force de persuasion, sa puissance protectrice. Mais même avec ses proches, l’Anaconda n’est pas toujours tendre. Jamais toxique, il peut tout de même étouffer la personne qui vit avec lui en étant dirigiste, ou en la couvant d’attentions. La sexualité est très importante chez lui.

Il y a chez la personnalité marquée par l’Anaconda une recherche continue de perfectionnement, de sublimation, pour devenir plus grand et meilleur. La plupart des Anacondas alternent les phases où ils se montrent sous leur meilleur jour et les moments où ils cachent les aspects les moins nobles de leur personnalité. Conscient de cette dualité, l’Anaconda est amené à faire un travail sur lui alliant maîtrise de soi et perspicacité. En véritable alchimiste, il cherche à faire sortir la lumière de l’ombre, à transformer l’eau en feu, le plomb en or, à trouver le secret de la pierre philosophale. S’il parvient à dépasser l’intense force gravitationnelle de ses émotions sans oublier les intérêts de ses partenaires, alors il sera largement admiré.


Les pouvoirs de l’Anaconda : L’Anaconda est un monstre sacré. Il dégage un puissant magnétisme qui tourne parfois à l’obsession de l’image donnée, un désir de captiver le regard de l’autre et de ne pas déchoir dans son estime, une bonne résistance et endurance psychologiques qui le confortent dans son jusqu’au-boutisme, une recherche constante de perfectionnement, une riche nature et une importance de la sexualité. Marquée par le Feu et l’Eau, cette personnalité tient à la fois du Reptile et du Poisson. Elle doit gérer les contradictions internes de ces deux éléments.

Une telle personnalité sentira le soufre. En jouant avec le feu, il acquerra certainement une réputation de dangerosité. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne laissera jamais indifférent, et le mystère qui entourera sa vie sera générateur de légende. L’opinion qu’on aura de lui oscillera entre fascination et rejet, à moins qu’il parvienne à rendre fascinant ce qui serait précisément odieux chez n’importe qui d’autre !


Ex : Alfred Hitchcock, Louis de Funès, Bourvil, Louis XVI, Stanley Kubrick, Marcel Duchamp, Pierre Bourdieu.

[Soleil Lion / Lune Scorpion]

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Mythologie :


Robert R. Crépeau, auteur de "Les substances du chamanisme : perspectives sud-amérindiennes". (Anthropologie et Sociétés 31, no. 3, 2007 : pp. 107–125) rapporte un mythe du déluge qui met en scène l'anaconda :


Plusieurs versions d’un mythe récolté chez les divers sous-groupes dialectaux jivaro indiquent que les Tsunki ont provoqué le déluge qui a anéanti l’humanité antérieure. Voici une des versions de ce mythe qui fut recueilli par Fast Mowitz chez les Achuar du Pérou :


Un homme pêchant à la ligne dans la rivière libéra une anaconda (pangki) prisonnière d’un buisson épineux. Peu de temps après, une jolie femme lui apparut et l’entraîna sous l’eau chez son père dans un lieu où il y avait plusieurs maisons. Cette femme était une Tsunki qui se transformait en anaconda lorsqu’elle sortait de l’eau. En récompense de son geste, l’homme épousa la Tsunki. Il demeura longtemps sous l’eau7 , mais retourna ensuite dans sa famille terrestre accompagné de son épouse tsunki qu’il cacha dans un panier pitiak [sorte de petite valise étanche] en l’enveloppant de toile. En son absence et malgré ses avertissements, sa mère ouvrit le panier et découvrit la petite anaconda. Elle la frappa avec un bâton. L’anaconda survécut et tomba à la rivière. Il s’en suivit un vent très fort, le soleil disparut et un déluge anéantit l’humanité. Un homme survécut en montant dans un palmier aguaje (achu) situé sur une colline. La Tsunki voulut le tuer en faisant monter l’eau mais son époux terrestre qui était retourné vivre auprès d’elle sous l’eau intercéda en faveur de son congénère. Au sommet du palmier, ce dernier attendit que l’eau baisse en lançant de temps à autre un fruit vers le sol. Lorsque l’eau se fut retirée, le soleil réapparut et l’homme descendit. Il était le seul survivant du déluge. Il aperçut ensuite trois perruches et voulut les capturer. La plus belle, la lora à ventre jaune, lui échappa mais il s’unit à la lora chicuari et la uchpa lora et engendra l’humanité actuelle caractérisée par la physionomie respective des deux perruches.


Fast Mowitz 1978 : 32-39

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Selon Klaus Hamberger, auteur de La maison en perspective : un modèle spatial de l’alliance. (L’Homme, 2010, no 2, pp. 7-39) :


[...] Cette opposition recoupe une dichotomie plus large entre la rivière et la forêt, la première étant associée à la culture et à l’origine des ancêtres, la seconde à la nature sauvage et au domicile des mauvais génies. Selon les récits d’origine, les ancêtres auraient remonté les rivières sous forme d’anacondas – chaque rivière étant propre à un groupe linguistique exogame – avant de donner naissance aux différents sous-groupes lors d’arrêts successifs aux cataractes. Alors que la différenciation du système fluvial en branches distinctes correspond ainsi à la différenciation des affins, l’articulation de chaque rivière équivaut à la hiérarchisation interne des consanguins : les groupes aînés, sortis d’abord, se trouvent plus vers l’aval, les groupes cadets davantage vers l’amont. Ainsi, la même dichotomie qui organise l’espace intérieur de la maison sous la forme d’une opposition hommes/femmes, organise aussi, sous la forme d’une opposition aîné/cadet, l’espace territorial d’un groupe linguistique entier. Caractérisé par une même langue et un même ancêtre anaconda, chaque groupe est divisé de l’intérieur en groupes hiérarchisés dont les différents dialectes sont considérés comme différents niveaux de compétence linguistique et, plus généralement, comme différents niveaux de civilisation, les aînés étant plus proches de la culture, les cadets plus proches de la nature.

[...]

L’axe est-ouest correspond ainsi non seulement aux oppositions aîné/cadet et homme/femme, mais aussi à une opposition entre unité et différence, en associant l’origine du groupe à un stade indifférencié et unisexué. Ce stade est représenté, dans l’imaginaire mythique, par les ancêtres agnatiques dans le ventre de l’anaconda et, dans la réalité sociale, par les jeunes hommes initiés et célibataires dans la section frontale de la maison.

[...]

Le noyau du rite d’initiation masculine consiste à confronter les novices aux flûtes sacrées, effectuant ainsi une double renaissance des ancêtres : d’un côté, les ancêtres sont identifiés aux flûtes, considérées comme les os dispersés de l’anaconda dont le rituel réunifie le corps, de l’autre, les novices eux-mêmes sont assimilés aux ancêtres au stade quasi embryonnaire dans le ventre de l’anaconda ancestral qui précède la naissance du groupe local. Cette naissance, qui selon les variantes est considérée comme un débarquement, une métamorphose (comparable à la mue d’un serpent) ou, enfin, un vomissement (c’est-à-dire un accouchement par la bouche), représente en fait le modèle de la reproduction unisexuée qui était le secret des ancêtres, et dont les flûtes sacrées conservent le pouvoir. En re-transformant la maison en canoë, voire en anaconda qui avale les novices pour les régurgiter en tant qu’hommes initiés (S. Hugh-Jones 1979 : 218), le rite implique en particulier un effacement de la différence des sexes. Pendant sa durée, les femmes sont évacuées de la maison ou maintenues derrière un écran dans sa partie postérieure. La section purement masculine s’étend ainsi temporairement sur la maison entière. Celle-ci n’en reste pas moins divisée en deux parties : les hommes adultes dorment désormais près de la « porte des femmes », alors que l’espace attenant à la « porte des hommes » est réservé aux ancêtres (sous forme de flûtes), puis, après la disparition des flûtes, aux nouveaux initiés qui y seront reclus pendant deux mois.

[...]

Cette inversion de l’orientation symbolique de la maison correspond à une opération spatiale que les mythes décrivent explicitement : les anacondas ayant remonté les rivières, leurs bouches (correspondant à la porte des hommes) étaient orientées vers l’amont, et il leur faillait faire demi-tour pour se transformer en maisons orientées vers l’aval, donc vers l’origine. Ce demi-tour, par ailleurs réactualisé dans la chorégraphie de la parade des flûtes lors du rite de Yurupari, répond certes au fait paradoxal que les aînés, plus proches des origines en termes d’âge, en apparaissent toutefois comme les plus éloignés puisque partis les premiers (C. Hugh-Jones 1979 : 243), ce qui transparaît aussi dans le fait que les compartiments des aînés se situent vers la « porte des femmes ». Toutefois, l’inversion n’est pas seulement l’expression d’une contradiction, mais d’un passage à l’état prénatal du groupe, état dans lequel les plus vieux (les ancêtres) étaient encore des enfants à naître, et où la « bouche » (de l’anaconda) fonctionnait comme un « vagin » (en tant qu’organe d’accouchement), l’ouverture du corps féminin étant encore inexistant. Ce n’est qu’après avoir envahi la maison des femmes et s’être emparés des flûtes sacrées, que les hommes, au lieu de simplement se substituer aux femmes, les réintégrèrent en les « ouvrant », instaurant ainsi la reproduction sexuée (cf. Karadimas 2008). Dans cette perspective, le rite d’échange entre les sexes semble presque la suite logique du rite d’initiation masculine21, et le rapport d’inversion entre les deux rites se présente comme une transformation d’un rapport de substitution entre les sexes en un rapport de contiguïté. Les visiteurs mâles entrent dans la maison de Yurupari pour remplacer les femmes dans la section frontale ; ils entrent dans la maison de « don de nourriture » pour se mêler aux femmes dans la section postérieure.

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