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L'Amour en cage

En hommage à Mamy du Passage à qui, je ne sais pas pourquoi, l'amour en cage me fait toujours penser... peut-être parce que c'est d'elle que j'ai appris ce nom si évocateur et mystérieux à la fois...




Étymologie :


  • ALKÉKENGE, subst. masc.

Étymol. ET HIST. − xve s. alkacange « plante vivace dont le fruit possède des propriétés diurétiques » (Grant Herbier, no186 ds Gdf. Compl. : Faba inversa, feve enverse, c'est une herbe qui a les feulles semblables a espece de morelle que l'on appelle solatrum rusticum, alkacange) ; 1555 alquequange p. ext. « fruit de cette plante, appelé aussi cerise d'hiver » (Junius, Nomenclature, p. 97 ds Gdf. : Halicacabus, vesicaria, Plin. Des coquerets, coullebobes, alquequanges baguenaudes. It. : alquaquengi) ; 1611 alcange, alchechange, alchequange, alkerenge (Cotgr.). Empr. à l'ar. al-kākanğ, de mêmes sens (Lok. 1927, s.v. kākanğ ) ; attesté en esp. sous la forme alkakengi dep. 1555 (Laguna ds Cor. t. 1 1954, s.v. alquequenje).


  • PHYSALIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1823 bot. (Boiste Hist. nat.). Du lat. des bot. physalis «id.» 1798 (Linné, Systema Vegetabilium, p.181), lui-même empr. du gr. φ υ σ α λ(λ)ι ́ ς, - ι ́ δ ο ς désignant une plante dont le calice se gonfle comme une vessie (peut-être le physalis), v. aussi physalie.


Lire également la définition des noms alkékenge et physalis afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Physalis - Cerise de terre - Lanterne japonaise - Physalide -

Physalis alkekengi - Alkékenge - Bonheur en cage - Cerise de Juif - Cerise d'hiver - Coccignole - Coquerelle - Coqueret alkékenge - Herbe à cloches - Herbe à cloques - Lanterne - Physalide alkékenge -

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Botanique :


Joseph Dulac, dans ses Mélanges botaniques : plantes nouvelles, critiques, monstrueuses, rares. (F. Savy, 1886) décrit précisément le coqueret :


J'ai dit que les fleurs vont au -devant de l'abbé Laffitte, j'aurais dû ajouter que certaines semblent le fuir . De ce nombre, le Physalis Alkekengi (la Physalide Alkékenge) L. Où notre botaniste n'a-t-il pas cherché l'Alkékenge ? Philippe l'indique à Orignac ; notre ami battit Orignac. Je l'inscrivis dans ma Flore sur la parole de A. Lamarque, chirurgien de Saint-Lézer, tant soit peu de la partie, lequel m'en apporta un pied des limites de son village et de Sanous ; notre ami explora ces limites et les environs. Après ces endroits, combien d'autres l'infatigable marcheur n'en a-t-il point visités, examinés, scrutés, interrogés ! il ne cueillait que des déceptions, nulle part l'Alkékenge. C'était à douter de l'existence de cette solanée dons notre département [...]

Le 20 septembre 1873, un samedi, nos religieuses, sur le parapet du cimetière, confectionnaient, à leur coutume, avec des fleurs de parterre, de charmants bouquets pour les autels, de dessus lesquels nous avons relégué dans leurs cartons les fleurs artificielles. J'admirais leur adresse à envier par la Glycéra de saint François de Sales, lorsque, au bout de mon rayon visuel, vers le coin nord-ouest de la haie du cimetière, plus éclatante que toutes les fleurs de mes religieuses, m'apparut la Physalide ; elle était trahie par ses calices rouges. Je songeai à l'abbé Laffitte, je lui écrivis, il accourut. Ses bras tombèrent le long de ses jambes et sa tête sur sa poitrine devant la plus belle Physalide du monde.


Rien de plus curieux : c'était le moment où le calice accru avec l'ovaire l'enveloppe de sa vésicule haute de 35 milli mètres et large de 30. Faiblement entr'ouvert en cinq dents au sommet, le calice s'ombilique fortement à la base, qui, en rentrant, relève la baie vers le centre de la vésicule. Cinq nervures principales, profilées de la base au sommet, déterminent cinq angles; alternes avec les principales, cinq nervures secondaires s'évanouissent à 4-5 millimètres du sommet ; toute la surface est réticulée. La vésicule est rouge, et la baie aussi, mais d'un rouge plus vif ; d'un ton à peu près égal pour toute la baie, la couleur pour la vésicule se fonce en allant vers la base et s'étend sur la moitié du pédoncule en diminuant, au contraire, de vivacité. Chaque pied porte jusqu'à six fruits.

La baie, de 10-12 millimètres de diamètre, et par sa forme et par sa teinte, simule une cerise, Winter Cherry, from its red cherry -like berry ripening against the winter (1) , et les enfants l'appellent cerise d'hiver (2) en France comme en Angleterre. Que les enfants ajoutent d'hiver, comme le prétend Trévoux, j'en doute, qu'ils l'appellent cerise, je l'affirme : madame la baronne d'Antin trouva ma Physalide tellement jolie qu'elle en coupa un pied ; sa fillette Marguerite, de beaucoup plus intelligente que ses trois ans, à l'ouverture de l'enveloppe, demanda la cerise. Ce végétal affiche une telle originalité, se pare d'attraits si nouveaux, éblouit de tant d'éclat, qu'il ne manque jamais d'exercer je ne sais quelle magie sur ses contemplateurs. On en décore des bouquets d'hiver ; sans la crainte de déplaire au botaniste, nos religieuses, sûres pourtant d'être approuvées par le curé, auraient emporté la Physalide du cimetière dans l'église, et de la haie sur l'autel.Notre plante a quelque rapport, paraît-il, avec une autre qui produit la résine, al kakendj, en arabe. Joannes Jacobus Weckerus, auteur de l'Antidotarium publié en 1595, ne substitue que g à d , Alkakengi ; surcroît d'impertinence chez des savants plus modernes que d’estropier non seulement la terminaison mais encore le radical, avec leur Alkekingi, Alkekengi. En français il n'y a de variante qu'un accent, Alkekenge, Alkékenge. Partisan de cette dernière leçon, Bescherelle en figure ainsi la prononciation , al-ké-kan-je ; l'a arabe saute d'une syllabe à l'autre. Quels Protées que les langues !

Tout d'abord Alkékenge désignait à lui seul notre plante ; aujourd'hui il est d'usage d'y préposer Physalide, en sorte que Physalide constitue le nom générique, et Physalide Alkékenge, le spécifique. Souffler, en grec [...] Qui ne s'est amusé, enfant, à plonger un chalumeau dans de l'eau de savon, à gonfler d'air expiré une bulle légère, à lancer à travers l'espace le globe diaphane, qui voltigeait en se nuançant de couleurs brillantes ? Ce ballon, cette bulle, c'était une physe, une physalide, termes d'une poétique élégance sous l'habit hellénique, mais qui travestis par certains équivalents français, descendent au réalisme le plus prosaïque, vessie, vésicule.


Notes : 1) PRIOR (R.C.A.). On the popular names of british plants, mot Winter Cherry.

2) Dictionnaire universel (Trévoux), mot Alkekenge.

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André Foucaud et Maryvonne Mahé, auteurs d'un article intitulé Les "Strychnos" de Pline. (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 62e année, N. 221, 1974. pp. 118-121) s'interrogent sur l'identité des plantes antiques :


Vient enfin, au paragraphe 180, une quatrième sorte, appelée aussi halicacabon par Pline, douée de propriétés narcotiques, qui répondrait aux noms de morion (qui rend fou ; mandragore d'après Pline, XXV, 148) et de moly *. Cette espèce est décrite par Dioscoride sous les noms de halicaccabon, strychnos hypnoticos et caccalia, mais ce dernier terme est appliqué aussi au léontice par Dioscoride et Pline. L'opinion la plus communément admise, en considérant que halicacabon désigne classiquement l'alkékenge, est qu'il s'agit de Withania somnifera (= Physalis somnifera), plante considérée autrefois comme narcotique, ainsi que l'indique son nom d'espèce. Elle correspond en partie à la description que donne Dioscoride du strychnos hypnoticos : arbrisseau à feuilles luisantes rappelant celles du cognassier, fruit orangé contenu dans une gousse, grande fleur rouge. En ce qui concerne les dires de Dioscoride, s'il s'agit bien d'un arbrisseau, si le calice accrescent est vert, ce qui justifie le mot gousse, par contre on s'explique mal la grande fleur rouge, puisque le Withania possède de petites fleurs gris-verdâtre. Il faut alors s'appuyer sur la phrase de Pline : cette espèce « est narcotique et mène à la mort plus vite que l'opium même », pour s'accorder à l'opinion classique d'après laquelle il peut effectivement s'agir du Withania somnifera, en considérant la croyance des Anciens à son sujet. Il est cependant troublant que certaines espèces de Composées du genre Cacalia (= Emilia) présentent de belles inflorescences rouges faisant penser aux fleurs de cette même couleur décrites par Dioscoride à propos de l'espèce en question.

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Usages traditionnels :


Dans le Traité historique des plantes qui croissent dans la Lorraine & les trois Evêchés: contenant leur description, leur figure, leur noms, l'endroit où elles croissent, leur culture, leur analyse & leurs propriétés, tant pour la médicine, que pour les arts & métiers. (Vol. 5. Fetil, 1770) Pierre-Joseph Buchoz vante les vertus médicinales de l'amour en cage :


Les fruits de l'alkekenge sont les seuls usités dans la médecine : ils donnent par la distillation beaucoup de sel alkali fixe & de sel acide, avec une médiocre portion d'huile ; ils approchent par conséquent, pour la vertu , de l'oxysel diaphorétique d'ange fula. On leur attribue une propriété diurétique : on les donne infusés dans le vin ou l'eau ; on ex prime le suc de ces fruits & on le prescrit à la dose d'une once dans les potions diurétiques. On ne doit jamais les conseiller dans les cas inflammatoires, à cause de leur grande âcreté.

Rien n'est mieux indiqué dans la rétention d'urine & dans l'hydropisie, que trois ou quatre bayes de coquerelle écrasées dans du vin. On ordonne à ceux qui ont la gravelle le vin d'alkekenge ; il se prépare ainsi : pendant les vendanges on laisse cuver avec le mout une quantité de ces fruits pareille à celle des raisins, on exprime ensuite le tout & on le conserve pour l'usage.

Un des secours les plus prompts dans la colique néphrétique, est une émulsion ordinaire, dans laquelle on fait entrer cinq ou six fruits de coqueret. Suivant Dioscoride, les fruits d’alkekenge conviennent dans la jaunisse & la rétention d'urine ; le suc de ses fruits réduit en consistance d'extrait, s'ordonne au plus à la dose d'une demi-once. Si on en croit Bassavole , l'usage du suc d'alkekenge a guéri une personne attaquée de cruelles douleurs de néphrétique. M. Lémery donne une préparation de trochisques avec les fruits d'alkekenge. Jean Ray rapporte qu'un Bourgeois de Strasbourg fur guéri de la goutte, en mangeant à chaque changement de lune huit bayes d'alkekenge. Ettmuller assure que la fumée de ces bayes, pilées avec de la cire & jetées sur une platine de fer rougie au feu, avoit fait sortir une grande quantité de vers des dents, avec une salive abondante ; ce qui avoit procuré au malade une prompte guérison.

Prenez six bayes d'alkekenge pilées faites-les infuser dans un verre de vin blanc : prescrivez-en la colature dans la colique néphrétique & la suppression d'urine.

Prenez des semences d'ancholie & d'alkekenge, de chacune un demi- gros ; pilez-les dans un mortier, en versant par-dessus cinq onces d'eau de chélidoine & une once de syrop d'absynthe , pour une émulsion à prendre contre la jaunisse.

Prenez des quatre grandes semences froides, de chacune un gros ; pilez-les en versant peu à peu six onces d'eau de pariétaire, ajoutez ensuite cinq bayes d'alkekenge bien broyées, & une once de syrop des cinq racines apéritives : faites une émulsion dans la suppression d'urine.

Prenez racines de persil & d'asperge, de chacune deux onces ; verge d'or une poignée, nitre purifié un gros : faites bouillir le tout dans trois pintes d'eau de fontaine réduites à deux, ajoutez à a colature vingt bayes d'alkekenge broyées & deux cens cloportes vivans, ajoutez-y aussi deux pintes de vin blanc : donnez au malade, attaqué de néphrétique & de gravelle, cette liqueur de trois heures en trois heures, après avoir fait précéder les remèdes généraux.

Les bayes d'alkekenge entrent dans le ſyrop de chicorée composé de la pharmacopée de Paris, dans celui de Raifort, & dans les vins anti-néphrétiques de Charas & de Bauderon.

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Joseph Dulac, dans ses Mélanges botaniques : plantes nouvelles, critiques, monstrueuses, rares. (F. Savy, 1886) évoque rapidement la théorie des signatures :


A entendre médecins, herboristes, floristes, tous les robinets de Capvern, dans la dysurie, la néphrite, etc., ne valent pas une baie de Physalide. Cette vertu de la plante repose-t-elle sur une autre base que la ressemblance fortuite de son calice accru avec l'organe affligé, de la baie avec le calcul ? Au reste, la Physalide et Capvern vont perdre de leur renommée et de leur utilité ; le docteur Dolbeau a inventé le dilatateur ; « pas de douleurs, dit Le Figaro (Numéro du mercredi 19 novembre 1873), et le malade est sauvé. »

 

Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Les lithontriptiques, végétaux auxquels les gens de la campagne ont le plus souvent recours pour dissoudre les calcules rénaux et vésicaux et la gravelle, sont [...] ceux du coqueret, Physalis alkekengi [qui] ont été employées autrefois.

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Jules-Bernard Bertrand dans ses "Notes sur la santé publique et la médecine en Valais jusqu'au milieu du XIXe siècle." (in Annales valaisannes : bulletin trimestriel de la Société d'histoire du Valais romand, 1939, vol. 3, no 4, pp. 603-662) rapporte un usage étonnant de l'alkékenge :


Le Dr Hyacinthe Monay, qui fut député, médecin de district et préfet, joua un rôle important à Monthey entre 1820 et 1850. Je découpe l'annonce qu'il fit paraître dans l'Echo des Alpes du 11 mai 1841 : la tisane d'alkékenge avait son utilité en un temps de guerre civile où les carabines partaient toutes seules.


« Mr Monay, Dr méd. à Monthey, prévient les amis de l'instruction et de la science (j'ai oublié de dire que M. Monay était un «progressiste» avancé et membre actif de la Jeune Suisse), qu'à partir du 1er juin prochain il ouvre un cours public de phrénologie d'après Lavater, Gall et Spurzheiim, 2 leçons gratuites par semaine.

M. Monay possède aussi la nouvelle tisane d'alkékenge pour l'extraction des balles sans le secours d'instruments chirurgicaux. Prix : 5 batz le flacon. »

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Le site musees-franchecomte.com désormais obsolète proposait des fiches pédagogiques dont une intitulée "Le Néolithique des lacs" dans laquelle, on trouve mention de l'usage attesté de la Physalis au néolithique en Europe :


Ainsi : "Le village de Chalain 19, occupé depuis 3200 jusqu’aux environs de 2910 av. J.-C., a été dégagé sur environ un tiers de sa surface. [...]

En général, le nombre total des maisons d’habitation à Chalain et à Clairvaux ne dépassait pas dix à douze unités par village, soit une population de l’ordre de 60 à 100 habitants. Avec dix villages au moins sur la seule rive occidentale de Chalain au début du 30e siècle av. J.-C., la population totale peut être grossièrement estimée entre 500 et un millier d’habitants. [...]

Dans les combles [des maisons], les épis de céréales sont stockés dans de grands récipients en écorces cousues ou en sparterie. Et, selon la saison, de petits récipients avec des graines de pavot, des baies de coqueret (Physalis alkekengi), des mûres, des framboises, des fraises sauvages, des feuilles d'ail des ours ou des petites pommes sauvages sont également stockés là.

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Symbolisme :


Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte les équivalences de l'Horloge de Flore :


HORLOGE DE FLORE : Il est des fleurs qui s'ouvrent invariablement à la même heure ; les horticulteurs profitent de cette horloge naturelle pour régler leur temps, et les amoureux emploient ce moyen pour indiquer le moment où ils passeront sous les fenêtres de celle à qui ils offrent leurs vœux.

[...] L'alkékenge ou coqueret est une fleur d'un rouge vif, qui resserre peu à peu ses pétales, replie ses feuilles et s'endort à quatre heures de l'après-midi.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


COQUERET : Erreur.

Ce serait une erreur, en effet, de confondre ses fruits avec les cerises, malgré la grande ressemblance extérieure.

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Joseph Dulac, dans ses Mélanges botaniques: plantes nouvelles, critiques, monstrueuses, rares. (F. Savy, 1886) dans sa description de la plante ouvre quelques portes symboliques :


Singulière plante ! Le vulgaire voit dans la vésicule une cloche, et dans la baie le battant ; après l'idée, le mot, Herbe à cloches ou à cloques, car cloche se disait cloca.

Chesle noble cloque d'oneur

Fut faite l'an nostre Seigneur

XI cens IIIIXX et VI.

Faire la fist Jehan Partis

Qui estais prosvos à ve temps

Avoceh ses douze pers sentans

Et se la fist maistre Robers

De Croisilles, pourquoi les vers

Disent que tape sans séjour

Ving-quatre heures nuit et jour

Pour oïr la communauté

Que Dieu ait en saveté.

Bourassé (J. J.), Dictionnaire d'Archéologie, (Migne), tome 1, col. 983.


Par une conséquence toute naturelle, la plante entière à laquelle étaient suspendues plusieurs de ces cloches ou cloques, s'érigea en clocher, clocarium, d'où une corruption facilement admissible engendra Coqueret. Alexandre de Théis, Glossaire de botanique, p. 362 , propose une étymologie différente :


On l'appelle aussi coqueret, de son fruit enfermé dans une coque.


On ne s'accorde pas trop en blason sur la nature des coquerelles, bulbes, noisettes avec leurs involucres, ou Coquerets. Si c'était la beauté qui présida au choix de ces emblèmes, au Coqueret gain de cause. Je ne regarde point comme un considérant d'une suprême valeur dans l'arrêt favorable au Coqueret ou à la Coquerette, car à côté du masculin ce féminin, l'analogie littérale avec coquerelle.

Il est des coquerelles d'une autre sorte, femmes qui dans les monastères du sexe gardaient les religieuses depuis l'extrême-onction jusqu'à l'inhumation ; étymologie, couquacium (cubatio), couchage, ou comme disent les Picards, couquage. Je reconnais que la Coquerette, du côté du vocable, ne touche pas à ces coquerelles funèbres, et que si je l'ai découverte sous les cyprès, elle se délecte dans les vignes ; mais que voulez-vous ? à la voir au champ des morts, balançant sur les tombes ses globes rouges comme des lanternes vénitiennes, Lanterne aussi s'appelle-t-elle, je n'ai pu me défendre du rapprochement, et je l'ai prise pour la veilleuse des trépassés.

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Dans Arbres et plantes médicinales du jardin (Éditions , 2002), Guy Fuinel nous livre sa vision de l'Alkékenge :


L'Alkékenge, c'est la plante du travail intérieur, de la métamorphose discrète. J'allais dire, mais les plantes vont trouver que je blasphème, c'est la plante aux fleurs superflues car l'essentiel est ailleurs.

Je ne le dirai pas car une plante ne peut vivre ni se reproduire si elle n'a pas de fleurs, sauf pour les cryptogames, bien sûr.

L'Alkékenge nous signifie qu'au-delà de l'aspect extérieur, il faut travailler à être au plus près de sa propre identité, à ne pas tricher avec soi-même.

Les fruits d'alkékenge se prennent en décoction. Faire bouillir 2 minutes, retirer du feu, laisser infuser 15 minutes. Dans du vin : laisser macérer 8 jours.



Littérature :


Dans Sido (1930) Colette évoque des alkékenges rouges :


Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix-de-Malte, des hortensias et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou devenu frais…

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