Autres noms : Adonis aestivalis - Adonide du printemps - Ellébore d'Hippocrate - Ellébore noir d'Autriche - Œil de bœuf - Renoncule à feuilles de fenouil -
Adonis capensis - Adonide d'été - Goutte de sang - Renoncule des blés -
Adonis autumnalis - Adonide d'automne - Brunette - Goutte de sang - Rougeotte -
Botanique :
Dans un article intitulé "Ce qu'il faut savoir sur l'adonis, la plante tueuse de chevaux", publié le 30 septembre 2021 sur le site de France3 Régions, Alexandra Lassiaille fait le point sur la toxicité de l'adonis :
Plusieurs chevaux tués par une mauvaise herbe. Des agriculteurs inquiets. Gilbert Gault, consultant en plantes toxiques pour le centre anti poison vétérinaire de Lyon répond à nos questions.
Depuis plusieurs jours, Gilbert Gault, vétérinaire et consultant en plantes toxiques pour le centre anti poison vétérinaire de Lyon est en alerte. Une plante renonculacée répertoriée comme toxique à action rapide, l'adonis, prolifère dans les champs et intoxique le foin.
Les agriculteurs sont dévastés. Plusieurs chevaux ont été intoxiqués dont 12 dans le Gard.Sur son mur Facebook, Diana Gré, agricultrice, raconte jours après jours sa situation. Le 23 septembre, elle avait perdu 7 chevaux. Hier, 29 septembre, 4 de ces chevaux étaient toujours sous haute surveillance.
L’adonis, une plante toxique : Une couleur rouge sang, 5 à 8 pétales soyeux qui rappellent le coquelicot, une fleur des champs à priori innocente. Elle tire son nom de la mythologie grecque. Un jeune homme nommé Adonis tombe follement amoureux d'Aphrodite. Jalouse, Artémis envoie un sanglier le tuer. Dévastée, Aphrodite décide alors de lui rendre la vie sous la forme d'une fleur rouge écarlate : l'adonis.
Mais qui pourrait penser que l’adonis est une plante tueuse ?
Pourtant, ce végétal de la famille des renonculacées est loin d’être inoffensif. Ce puissant neurotoxique et cardiotoxique a déjà contaminé 12 chevaux dans le Gard.
"Aujourd’hui, on est confronté à un problème d’adonis toxique présent dans le foin des cheveux".
Gilbert Gault, vétérinaire et consultant en plantes
toxiques, pour le centre anti poison
vétérinaire de Lyon.
Il a tout de suite repéré les pétales et le fruit, caractéristiques de l’adonis. "Le foin est collecté entre le mois de mai et le mois d’octobre, il s’agit donc soit d’adonis d’été soit d’adonis d’automne."
Si l’adonis est toxique frais comme sec, il perd son accrété quand il passe du stade frais au stade sec. "Lorsque l’adonis est dans le champ, le cheval ne le mange pas car il comprend que la plante est dangereuse. Or, lorsqu’il est sec, la molécule qui produit l’accrêté disparait et on perd les facteurs de répulsion. C’est cela qui génère une consommation possible à l’état de foin et la rend peu probable à l’état frais."
De plus, l’adonis module sa toxicité en fonction de son environnement, en 2020, on a observé beaucoup de plantes qui ont rehaussé leur niveau de toxicité. En cause, 2 mois de sécheresse (mars et avril) suivi de 2 mois d’humidité intense (mai et juin), des conditions plus favorables au groupe de plantes auquel l’adonis appartient.
Le retour des « mauvaises herbes » : Observée à la fin du 19e jusqu’au milieu du 20e siècle, l’adonis devient moins présente au fur et à mesure des années. En cause, la modification des pratiques agriculturales et celle intrants herbicides utilisés en grande quantité soit par les agriculteurs soit pas les collectivités soit par les gestionnaires d’espace publics. A l’époque, beaucoup d’herbicides étaient utilisés pour nettoyer les voies SNCF, les bords d’autoroute…
A partir des années 80, les spécialistes se rendent compte qu’il est nécessaire d’utiliser des molécules intrants herbicides moins impactantes sur l’environnement. Le choix est donc fait de baisser la rémanence des herbicides. Cette modification recréée les conditions favorables pour que des plantes qui avaient presque disparu réapparaissent telle que les « mauvaises herbes » aujourd’hui appelé « adventice », comme le coquelicot. Du latin adventicius, "qui vient de l'extérieur", une adventice désigne une plante qui pousse dans un endroit sans y avoir été intentionnellement installée.
Caché derrière le coquelicot, l’adonis prend exemple. Cette plante de plaine s’est d’abord réfugiée en montagne sans toutefois quitter sa zone de prédilection, attendant son heure et des conditions optimales de développement.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les vertus thérapeutiques des Adonides :
Propriétés Physiques et Usages Médicinaux : La fleur des adonides a été employée comme diurétique ; la souche de l'Adonis vernalis (œil de bœuf, œil de diable) qui croît dans les Alpes, possède des propriétés amères, âcres et purgatives, analogues à celles de l'hellébore.
Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette petite fleur :
Été - Juillet
ADONIDE - DOULOUREUX SOUVENIRS.
Je n'ai jamais chanté que l'ombrage des bois,
Flore, Écho, les Zephyrs et leurs molles haleines,
Le vert tapis des prés et l'argent des fontaines.
C'est parmi les forêts qu'a vécu mon héros ;
C'est dans les bois qu'Amour a troublé son repos
Ma muse en sa faveur de myrte s'est parée ;
J'ai voulu célébrer l'amant de Cythérée,
Adonis, dont la vie eut des termes si courts,
Qui fut pleuré des Rois, qui fut plaint des Amours (La Fontaine , Adonis , poëme . )
Adonis fut tué par un sanglier. Vénus, qui avait quitté pour lui les délices de Cythère, versa des larmes sur son sort : elles ne furent point perdues ; la terre les reçut et produisit aussitôt une plante légère qui se couvrait de fleurs semblables à des gouttes de sang. Fleurs brillantes et passagères, trop fidèles emblèmes des plaisirs de la vie, vous fûtes consacrées par la beauté même aux douloureux souvenirs !
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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Adonide - Souvenir douloureux.
Selon la fable, Adonis fut tué par un sanglier. Vénus, qui l’aimait passionnément, versa des larmes sur son sort. De ces larmes naquit une petite plante qui se couvrit de fleurs semblables à des gouttes de sang et qu’on appela adonide.
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
ADONIDE - SOUVENIR DOULOUREUX.
Souvenez-vous de ceux qui sont dans les chaînes comme si vous étiez vous -même avec eux, et de ceux qui souffrent comme étant vous-même dans un corps mortel.
(Hébreux, XIVLl, 3.)
Adonis, le bel Adonis périt à la chasse victime des blessures mortel les d'un sanglier. Vénus versa des larmes sur son malheureux sort, mais elles ne furent point perdues. La terre les reçut et produisit aussitôt une plante légère qui se couvrait de fleurs semblables à des gouttes de sang. L'espèce d'adonis connue sous le nom d'adonis annuelle est une plante qui se fait remarquer par son port gracieux, son feuillage léger et finement découpé. Les fleurs sont d'un rouge pourpre de couleur de feu ou de minium. On la cultive dans les parterres sous le nom de goutte de sang.
RÉFLEXION.
N'oublions pas les malheureux.
Souvenons-nous de ceux-la même
Qui du ciel ont subi déjà l'arrêt suprême.
Y penser et prier le Seigneur pour eux
C'est d'une âme pieuse et d'un cœur charitable
La marque la plus sûr et l'effet honorable.
La foi même qui nous console
Consacre souvent ce symbole. L'ABBÉ DEBANT.
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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Adonide - Douloureux souvenir.
Le jeune Adonis devint, en grandissant, d'une beauté si rare, que Vénus elle-même s'en éprit d'amour. Chasseur intrépide, le bel Adonis parcourait sans cesse les forêts. Un jour qu'il poursuivait un sanglier, l'animal furieux se retourna et le blessa mortellement. La Déesse au désespoir fit de vains efforts pour rappeler à la vie celui qu'elle aimait ; le Destin resta inflexible. Alors Vénus voulant conserver un souvenir de son amant, le changea en une plante qui fut appelée Adonide, et dont chaque fleur semble être une goutte de sang.
Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :
ADONIDE : doit son nom à Adonis.
Adonis, dont la vie eut des termes si courts,
Qui fut pleuré des Ris, qui fut plaint des Amours.
L'adonide est le symbole des souvenirs pénibles.
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