Étymologie :
CURE-OREILLE(S),(CURE-OREILLE, CURE-OREILLES), subst. masc.
Étymol. et Hist. 1416 (cité ap. De Laborde, Emaux, 323 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 504). Composé de la forme verbale cure (curer* « nettoyer ») et de oreille*.
Étymol. et Hist. 1783 (Bulliard, Dict. élém. de bot. s.v. chapeau). Du lat. bot. hydnum (Linné), gr. υ ́ δ ν ο ν « sorte de tubercule ».
PIGNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1528 [date de l'éd.] noix de pigne « pomme de pin » (Platine de honneste volupté, fo23 v ods Gdf.); 1575 pigne « petite graine de la pomme de pin » (Thevet, Cosmogr., XVIII, 7 ds Hug.), empl. isolé ; de nouv. 1869 (Littré) ; b) 1845 « pomme de pin » (Besch.) ; 2. 1694 métall. (Corneille). Empr. au prov. pinha « pomme de pin » (xive s., Marcabru, Poés., éd. J. M. L. Dejeanne, XVIII, VI, var. du ms. C, p.84), du lat. pinea « id. », fém. subst. de pineus « de pin ».
Lire également la définition des noms cure-oreille et pigne afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Auriscalpium vulgare - Brouquichon - Champignon cure-oreilles - Escudarde cure-oreilles - Hydne cure-oreilles - Hydne des cônes - Hydne oreille-de-pin -
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Mycologie :
Jean Jacques Paulet propose une Iconographie des champignons de Paulet : recueil de 217 planches dessinées d'après nature, gravées et coloriées. (Éditions JB Baillière, 1855) agrémentée de descriptions des différents champignons :
HYDNUM AURISCALPIUM. L. -
ESCUDARDE CURE-OREILLE. Scutiger Auriscalpium. PAULET.
Description. Chapeau coriace, dimidié ou incisé sur un des côtés, plat, presque membraneux, recouvert d'un duvet gris, puis roux, et marqué de quelques zones concentriques. Aiguillons cylindriques, aigus au sommet, de couleur brune. Pédicule latéral, rarement central, cylindrique, allongé, très ferme, hérissé de poils de la même couleur que le chapeau, et pourvu le plus ordinairement d'un mycélium blanc.
Habitat. Sur les vieux cônes enfoncés dans la terre, dans les forêts de pins. Ce champignon, malgré les nombreux changements qu'a éprouvés la synonymie en mycologie, a conservé jusqu'à ce jour le nom que Linné lui a donné.
Propriétés. Il n'est d'aucune utilité.
Observation. Depuis qu’on ramasse les cônes des pins pour allumer le feu, ce champignon est devenu assez rare dans les environs de Paris.
Jules Bel, dans un ouvrage intitulé Les champignons supérieurs du Tarn. (Éditions J.-B. Baillière, 1888) propose également une rapide description du champignon cure-oreilles :
HYDNE OREILLE DE PIN Hydnum auriscalpium. L.
Chapeau brun foncé, tomenteux, mince, à pédicule latéral, réniforme, membraneux, large de 4 à 7 centimètres. Piquants plus ou moins coriaces, minces, bruns. Pédicule élancé, cylindrique, de même couleur que le chapeau, élargi à la base, long de 5 à 7 centimètres.
Cette espèce croit en automne, en groupes, sur les cônes des pins et des sapins tombés et cachés dans la terre ou dans les mousses. Espèce comestible.
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Usages traditionnels :
Selon Jean Baptiste Louis Letellier, auteur d'une Dissertation sur les propriétés alimentaires, médicales et vénéneuses des champignons qui croissent aux environs de Paris : avec une planche, etc. (Imprimerie de Didot le jeune, 1826 ) :
Hydnum Pers. : Des diverses espèces de ce genre, les unes sont coriaces, d'autres trop petites ou trop rares ; en sorte qu'on n'emploie que le repandum Lin., rignoche. [...] Enfin on dit que les habitants de la Toscane trouvent l'auriscalpium Lin. excellent.
Joseph Roques, auteur d'une Histoire des champignons comestibles et vénéneux (Fortin, Masson et Cie Libraires-Éditeurs, 1841) mentionne également les qualités gustatives de ce champignon :
Il croît sur les cônes du pin sauvage tombés à terre. On le mange en Toscane et en Gascogne comme une des meilleures espèces ; il est connu dans le département du Gers sous le nom de brouquichons.
Émile Boudier, dans un ouvrage intitulé Des champignons au point de vue de leurs caractères usuels, chimiques et toxicologiques. (Éditions JB Bailliere, 1866) mentionne la comestibilité de ce champignon, malheureusement sans aucune précision :
Ainsi l'on a dit : Il faut rejeter les champignons à chair coriace, subéreuse, comme ceux qui ont la chair trop molle, ou se fondant en une eau noire. C'est très vrai pour la première partie ; on comprend facilement qu'une espèce coriace soit d'une digestion difficile, et par cela même capable d'occasionner des accidents aux estomacs les moins délicats. Dans certains pays on mange bien quelques polypores coriaces, l'Hydnum auriscalpium, etc, etc., mais je crois plus prudent de les laisser de côté, quoiqu'ils ne soient pas vénéneux.
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Légendes :
Les vents du grand sud me chuchotent à l'oreille que :
Les Pignetous appartiennent au Petit Peuple des mousses et vivent plus particulièrement dans les pins et sapins de nos forêts montagnardes car leur nourriture préférée est le fruit de ces conifères : les pignes gourmandes cachées au creux des pommes de pin.
Ils ont de très grandes oreilles pour leur permettre d'entendre le chant du monde dans le silence des sous-bois. C'est une bénédiction céleste pour l'âme mais sur le plan physique ces immenses oreilles ont l'inconvénient de recueillir toutes sortes de brindilles, poussières, pollens et autres sporées... d'où la nécessité pour eux d'utiliser régulièrement le cure-oreille qui se développe sur les pommes de pin pourrissantes...
En forme de petite brosse, ce champignon leur rend ainsi un service si appréciable qu'il existe un Pignetou qui veille en permanence à ce que le stock de pommes de pin destinées à se dégrader soit suffisant pour la tribu qui a élu domicile dans un arbre de la forêt.
Certains rapportent cependant que ce champignon cure-oreille est en fait un auxiliaire forestier des diverses oreilles fongiques qui peuplent la forêt (oreille de lièvre, oreille de cochon, oreille de Judas, etc.) afin qu'elles puissent rester propres en permanence et jouer parfaitement leur rôle de grandes veilleuses de l'Harmonie des Bois.
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