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  • Photo du rédacteurAnne

Le Lycoperdon géant



Étymologie :

  • LYCOPERDON, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1803 bot. (Dict. d'hist. nat., s.v. Lycoperdite : elles [les fongites] ont quelque ressemblance avec le lycoperdon ou vesse-de-loup). Lat. sc. mod. lycoperdon 1694 (Tournefort Bot., p. 441), formé à partir du gr. λ υ ́ κ ο ς « loup », et π ε ́ ρ δ ε σ θ α ι «,péter », le nom pop. de la plante étant vesse-de-loup.


Lire également la définition du nom lycoperdon pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Langermannia gigantea - Bovista gigantea - Boviste géant - Crâne - Tête-d'Homme - Tête-de-mort - Vesse-de-loup géante - Vesse-Loup-Citrouille - Vesse-Loup-Crâne - Vesse-Loup-Tête-d'homme -

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Mycologie :


Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description du Lycoperdon géant :


Champignon atteignant la grosseur de la tête, la dépassant même quelquefois, plus ou moins régulièrement sphérique, piriforme ou obconique, fixé à un petit prolongement pédiculaire se terminant en une racine souterraine plus ou moins allongée ; péridium mince, blanchâtre, humide, devenant à la maturité très fragile et se détachant en aréoles irrégulières, caduques, de la pulpe intérieure qui alors est devenue d'un jaune ocracé, ainsi que le péridium, et se trouve composée de filaments peu nombreux du capillitium entremêlés de spores d'un gris fuligineux.

Odeur forte de Champignon.

Automne. Sur les collines herbeuses, dans les cultures maraîchères, etc.

Espèce comestible, mais bien avant sa maturité.

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D'après Jean-Baptiste de Panafieu, auteur de Champignons (collection Terra curiosa, Éditions Plume de carottes, 2013),


"Sous le nom de Bovista gigantea, il est utilisé en homéopathie, contre des troubles gynécologiques et dermatologiques.

Le Géant : Ce lycoperdon a les mêmes caractéristiques que les petites vesses-de-loup : sa chair blanche, d'abord comestible, se dessèche bientôt en une poussière sombre constituée de milliards de spores (on a même estimé sa production à 7 000 milliards de spores !). Mais la vesse-de-loup géante est réellement ... gigantesque ! Paulet la comparait à une marmite, à une citrouille, ou à un crâne humain : "Son aspect est effrayant, en ce qu'on croit voir sortir de terre une tête d'homme blanche et chauve, sur la surface de laquelle rampent comme des veines ramifiées." De son côté, Bulliard, rapportait : "Des personnes dignes de foi m'ont assuré en avoir vu dont le diamètre avait près de 3 pieds", soit plus de 90 cm. Elle pourrait alors atteindre un poids de 25 livres. Mais, ajoute-t-il, "il arrive fréquemment qu'avant d'être parvenue au dernier terme de son développement, un coup de vent brise sa racine et la fait rouler sur la terre comme une boule. J'ai souvent vu les chiens de chasse courir après cette vesseloup comme après un lièvre qui aurait débuché [quitté son refuge]".


Narcotique pour abeilles : Si le lycoperdon est comestible jeune, on utilisait aussi sa chair séchée pour faire de l'amadou ou des compresses. Mais ce champignon avait autrefois un autre usage. En 1634, Charles Butler, pasteur et apiculteur, publiait le premier ouvrage anglais consacré aux abeilles, The Feminine Monarchy. Il y expliquait comment endormir les abeilles à l'aide du lycoperdon géant. Il fallait en embraser un morceau séché de la taille d'un œuf et le disposer dans une boîte placée sous la ruche, le tout étant recouvert d'un drap. Le bourdonnement s'intensifiait d'abord puis déclinait, au fur et à mesure que les abeilles s'endormaient et tombaient dans la boîte. On frappait les parois de la ruche de manière à en décrocher les insectes. En France, le lycoperdon ne semble pas avoir été employé à cet usage, même si certains naturalistes s'intéressaient à cette action du champignon. Selon le médecin et botaniste François Cordier, vers 1870, "la fumée des Lycoperdons passe pour posséder des propriétés anesthésiques, c'est-à-dire de nature à abolir la sensibilité générale... On a même fait usage de ces plantes comme substitut du chloroforme". A la fin des années 1950, des chercheurs ont isolé du lycoperdon gênant un extrait nommé calvacine qui montrait au laboratoire une forte activité antitumorale. Mais la calvacine contenait de nombreux composés différents et avait de forts effets secondaires, tels que des atteintes du foie, des poumons et des muscles, et provoquait une anorexie des animaux testés.


On s'en paye une tranche : Selon un journal anglais de 1869 : "Vittadini, grande autorité italienne en fait de champignons, recommande de ne prendre, quand on le peut, qu'une tranche à la fois du "Géant", et alors d'avoir soin de ne pas changer le champignon de position. Cette amputation non seulement ne l'empêche pas de pousser, mais elle l'empêche de mourir, et de la sorte on peut durant une semaine avoir tous les jours une omelette avec la même Vesse-de-loup."

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Vertus thérapeutiques :


Selon Christelle Francia, Françoise Fons, Patrick Poucheret et Sylvie Rapior, auteurs de l'article intitulé "Activités biologiques des champignons : Utilisations en médecine traditionnelle." (Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, 2007, 147 (4), pp. 77-88.), les qualités thérapeutiques du lycoperdon géant sont les suivantes :


anti-hémorroïdaire : En Indonésie, entre dans la composition d'un onguent utilisé en cas d'hémorroïdes.

Référence : Vaidya et Rabba (1993).


anti- œdémateux : En Indonésie, Chair mélangée avec du vinaigre et appliquée sur l'œdème.

Référence : Vaidya et Rabba (1993).

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Usages traditionnels :


Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres :


L’Écluse signale cette espèce comme nuisible, probablement à sa maturité : il dit qu'elle peut atteindre la grosseur d'une tête d'enfant. J. Bauhin la décrit comme étant aussi grosse qu'une tête d'homme : il ajoute qu'il en avait vu un très bel échantillon dans d'épaisses broussailles, près du gibet de Montbéliard. Il signale aussi les bons ef fets qu'on peut en tirer après la maturité pour arrêter de dangereuses hémorrhagies. M. Quélet, de nos jours, lui restitue également cette excellente propriété hémostatique. La réputation de ce Champignon au point de vue culinaire est moins bien établie. On ne l'emploie, du reste, que lors qu'il est encore dans son premier état de développement : on le coupe alors par tranches, qu'on fait cuire sur le gril , et on l'assaisonne ensuite avec beurre, poivre et sel . Certains amateurs anglais en font grand cas. Nous en avons vu des échantillons très volumineux : l'un d'eux pesait, le jour de sa récolte , 4kg 700 et mesurait 1m 03 de circonférence ; il s'était développé dans les cultures de MM. Vilmorin, Andrieux et Cie et avait été exposé pendant la session mycologique tenue à Paris, en octobre 1876, par la Société botanique de France.

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Dr Lucien Marie Gautier, auteur d'un ouvrage intitulé Les Champignons considérés dans leurs rapports avec la médecine, l'hygiène publique et privée, l'agriculture et l'industrie (Libraire J. B. Baillière et fils, 1884) nous apprend que :


Propriétés. — Non vénéneux et même comestible dans le jeune âge ; aucune qualité ne le recommande d'ailleurs au choix des consommateurs et il est même prudent de s'en abstenir quand il commence à se ramollir.

Il sert, paraît-il, dans certaines contrées, à la fabrication de teintures de nuances brunes.

Il peut, lorsqu'il est bien desséché et aplati, servir d'amadou, mais seulement après qu'il a macéré dans une solution de nitrate de potasse, ainsi que nous venons de nous en assurer avec un individu conservé depuis trois ans, parfaitement desséché et qui s'est refusé à la combustion avant cette macération.

Sa poussière, suivant certains auteurs, aurait la propriété d'engourdir assez les abeilles pour permettre de ravir leur miel en toute sécurité.

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