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La Chouette Hulotte

Dernière mise à jour : 19 mars


Étymologie :


  • HULOTTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1530 ornith. les hulottes et les arondelles (Lef. d'Etaples, Bible Baruch 6, [21] ds Delb. Notes mss). Dér. de l'a. et m. fr. (h)uller « pousser des cris stridents » ca 1165 (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 16749 : ullent, braient, plorent et criënt) − xvie s. ds Hug., encore vivant dans les dial. (v. FEW t. 14, p. 13a), du lat. imp. ŭlŭlare « id. »; suff. -otte*; cf. le lat. imp. ŭlŭla « chouette, effraie », d'où ne peut être empr. le fr. hulotte, étant donné son entrée tardive dans la lang. (ibid., p. 15b, note 7) ; v. aussi hurler.


  • CHAT-HUANT, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1269-78 chahuan (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5945) ; fin xive s. chat huant (Marc. [ms. Venise Bibl. Marciana], app. fr. XXIII, f° 109b ds Gdf. Compl.) ; 1611 chat-huant (Cotgr.). Altération d'apr. chat 1* et huant (part. prés. de huer*) du judéo-fr. javan « hibou » (xie s., Raschi, Gloses, éd. A. Darmesteter et D.-S. Blondheim, t. 1, n°600), a. fr. choan 1180-1200 (Alex. de Paris, Alexandre, éd. Eliott Monographs, t. 2, branche III, 1265), lui-même issu du b. lat. cavannus (ve s. ds TLL s.v., 624, 6) d'orig. gauloise.


Lire aussi les définitions de hulotte et chat-huant pour amorcer la réflexion symbolique.

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Croyances populaires :


Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :


Quand le chouan chouanne le sâ,

Garde le hernas (attelage) pour ta ;

Quand il chouanne le matin,

Passe-le à ton vésin (voisin).


Le cri du chat-huant le soir annonce du beau temps ; le matin il pronostique de la pluie.

 

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


En Espagne, les Chats-huants passent pour des oiseaux du diable ; on les accuse de boire l'huile des lampes suspendues devant les images des saints.

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Symbolisme :


Son appellation de Chat-huant est à l’origine du nom des célèbres Chouans (Chat-huant en Vendéen) des guerres de Vendée qui utilisèrent son cri comme signal de ralliement.

Certains disent que cette appellation est due aux petites touffes de poils qu'elle aurait sur les oreilles mais ils confondent avec le hibou.

 

Sur le blog http://vanille63.centerblog.net/ on peut lire :


C'est une chouette que l'on surnomme chat-huant, présente dans presque toute l'Europe, célèbre pour ses hululements plaintifs et mélodieux qu'elle lance au mois de février, à la saison de ses amours. La femelle pond 3 ou 4 œufs qu'elle couvre durant un mois environ, en mars ou en avril. Mais elle reste encore auprès des oisillons pendant dix jours, pour les protéger tandis que le mâle se charge d'apporter le produit de sa chasse, de petits mammifères ou des oiseaux, des grenouilles ou des insectes, le plus souvent. la chouette hulotte est sédentaire. on peut donc la voir toute l'année dans les forêts surtout, ou à la lisière des bois qui se trouvent près des villages de nos campagnes, à la nuit tombante. Au cœur de la nuit, on peut l'entendre lancer son chant ou son cri, mais on ne la voit qu'à la pleine lune, dont elle sait qu'elle est propice à la chasse.

A la chouette hulotte, on a attribué au Moyen Âge des pouvoirs maléfiques. L'Eglise l'associait ainsi à la mort, au mal et à la sorcellerie. Est-ce parce que, dans des temps beaucoup plus reculés encore, elle symbolisant la clairvoyance et les dons de divination ? En effet, on comprend qu'il était aisé de voir d'un mauvais œil - et de voir en elle l'incarnation du mauvais œil, justement - cet oiseau rapace qui chassait la nuit et se dissimulait le jour, qui semblait donc avoir peur de la lumière du Soleil. Mais alors, on avait oublié que la hulotte était l'attribut d'Athéna, la sœur d'Apollon, déesse grecque de la guerre, mas aussi et surtout de la sagesse, de la fécondité et des arts. A l'instar d'Athéna, la hulotte est une inspiratrice et une initiatrice."

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Comme la chouette ou le hibou, cet oiseau rapace nocturne, dont l'impureté est signalée par la Bible, n'a pas bonne réputation. Considéré comme l'œuvre du diable, il ne bénéficie même pas de la sagesse que les Anciens avaient attribuée aux deux autres. Selon des récits légendaires, des hommes ont été métamorphosés en chat-huant à cause de leur orgueil ou de leur manque de générosité. Dans le Nivernais, on conte qu'un pauvre se vit accorder par Dieu du pain à volonté. Ne se satisfaisant pas de cette offrande céleste, il demanda de la viande, de l'argent et même la puissance de Dieu. Ce dernier le punit en le changeant en chat-huant, ainsi que toute sa famille. par ailleurs, le chat-huant, jadis le plus bel oiseau de la terre, devint le plus laid parce qu'il avait refusé d'offrir une de ses plumes au rouge-gorge.

Inutile de préciser qu'il est de mauvais augure, réputé dès le Moyen Âge être un message de mauvaise fortune. Il amène la mort en s'arrêtant sur une maison ou en frappant les vitres. On l'accuse en outre de boire l'huile des lampes votives dans les églises, d'où son surnom de sussa lampea (suceur de lampe) qu'il porte à Nice.

Dans quelques régions françaises (Saintonge, Poitou, Savoie), l'entendre près des habitations signifie qu'il y a une femme enceinte dans les environs tandis qu'en Suisse, son cri annonce à la future mère qu'elle donnera naissance à un garçon.

Si les chasseurs d'opossums d'Amérique se servent du chat-huant pour savoir où trouver ces petits mammifères dont la fourrure sert à confectionner des manteaux - trois ululements de l'oiseau sur leur droite leur signifient qu'ils sont près du but, venant de la gauche, ils passent leur chemin -, partout ailleurs, c'est mort que le chat-huant est le plus utile : cloué à la porte des écuries et des granges, il en éloigne les maléfices.

Son cœur et son pied droit peuvent être de véritables sérums de vérité lorsqu'on les place sur une personne qui dort. Celle-ci racontera en effet ses faits et ses gestes et répondra à toutes les questions. Le cœur et le pied droit du chat-huant ont également la particularité de protéger des chiens la personne qui les porte sous son aisselle. Enfin, une croyance du XVIe siècle signalait que « vus ferez haïr le vin aux ivrognes en leur faisant manger des œufs de chat-huant ».

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Contes, mythes et légendes :


 

Selon Michèle Blanc, auteure de Yon devint Artemare, : "à Artemare, il y avait le Sarvant, sorte de chat-huant, qui la nuit dans les greniers, brassait les noix, faisant croire qu'il entrechoquait les os de sa carcasse ".

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Chansonnettes :


Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur

Lafolye, janv. 1892) relève des traditions liées à l'enfance :


Randonnée.

Quand j'étais petit pâtouriau, j'allais ès champs. Je trouvis la huette qu'emportait mes petites roulettes. Je dis à la huette : - Rends-moi mes petites roulettes. O (Elle) me dit : - Je ne te renrai point tes petites roulettes que tu ne m'aies donné du pain de ton père. J'allis à mon père : - Mon père, donne-moi de ton pain. Mon père me dit : - Je ne te donnerai point de mon pain que tu ne m'aies baillé d'la bonne viande de viau (veau). J'allis au viau : - Viau, donne-moi de ta chair. Le viau me dit : - Je ne te donnerai point de ma chair tant que tu ne m'aies donné du bon lait de vache. J'allis à la vache : - Vache, donne-moi de ton lait. La vache me dit : - Je ne te donnerai point de mon lait que tu ne m'aies donné bonne herbe de pré. J'allis au pré : - Pré , donne-moi de ton herbe. Le pré me dit : - Je ne te donnerai point de mon herbe que tu ne m'aies donné bonne faô (faulx) à me faôcher. J'allis à la faô : - Faô , fauche-moi de l'herbe. La fað me dit : - Je ne te faộcherai pas d'herbe que tu ne m'aies donné bonne pierre à affiler. J'allis à la pierre : - Pierre, affile-moi ma faò. La pierre me dit : - Je ne t'affilerai point ta faô que tu ne m'aies donné bonne hère de leu. J'allis au leu (loup) : - Leu donne-moi de ta hère. Le leu me dit : - Je ne te donnerai point de ma here que tu ne m'aies donné bon lard de pouër. J'allis au pouër : - Pouër, donne-moi de ton lard. Le pouër me dit : - Je ne te donnerai point de mon lard que tu ne m'aies donné de bons glands de chêne. J'allis au chêne : - Chêne, donne-moi de ton gl’land. Le chêne me dit : - Je ne te donnerai point de mon gl’land que tu ne m'aies donné du bon vent de mer . J'allis à la mer : La mer m'envertit, j'enventis le chêne, le chêne m'englantit, j'englantis le pouër, le pouër m'enlardit, j'enlardis le leu, le leù m'enherdit, j'enherdis la pierre, la pierre affilit ma faô, la faô m'enherbit, j'enherbis la vache, la vache m'enlaitit, j'enlaitis l'viau, le viau m'enchairit, j'enchairis mon père, mon père m'empainit, j'empainis la huette :

La huette, la huette,

Rends-moi mes petites roulettes.

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Littérature :


Les Souris et le Chat-huant

Il ne faut jamais dire aux gens : « Écoutez un bon mot, oyez une merveille. » Savez-vous si les écoutants En feront une estime à la vôtre pareille ? Voici pourtant un cas qui peut être excepté : Je le maintiens prodige et tel que d’une fable Il a l’air et les traits encore que véritable. On abattit un pin pour son antiquité, Vieux palais d’un Hibou, triste et sombre retraite De l’oiseau qu’Atropos prend pour son interprète. Dans son tronc caverneux et miné par le temps, Logeaient, entre autres habitants, Force Souris sans pieds, toutes rondes de graisse. L’oiseau les nourrissait parmi des tas de blé,

Et de son bec avait leur troupeau mutilé. Cet oiseau raisonnait, il faut qu’on le confesse. En son temps, aux Souris le compagnon chassa : Les premières qu’il prit du logis échappées, Pour y remédier, le drôle estropia Tout ce qu’il prit ensuite ; et leurs jambes coupées Firent qu’il les mangeait à sa commodité, Aujourd’hui l’une et demain l’autre. Tout manger à la fois, l’impossibilité S’y trouvait, joint aussi le soin de sa santé. Sa prévoyance allait aussi loin que la nôtre : Elle allait jusqu’à leur porter Vivres et grains pour subsister. Puis, qu’un Cartésien s’obstine À traiter ce Hibou de montre et de machine ! Quel ressort lui pouvait donner Le conseil de tronquer un peuple mis en mue ? Si ce n’est pas là raisonner, La raison m’est chose inconnue. Voyez que d’arguments il fit : « Quand ce peuple est pris, il s’enfuit ; Donc il faut le croquer aussitôt qu’on le happe. Tout ? il est impossible. Et puis, pour le besoin N’en dois-je pas garder ? Donc il faut avoir soin De le nourrir sans qu’il échappe. Mais comment ? Ôtons-lui les pieds. » Or, trouvez-moi Chose par les humains à sa fin mieux conduite. Quel autre art de penser Aristote et sa suite Enseignent-ils, par votre foi ?


Jean de La Fontaine, Fables, Livre XI, 9, 1678.

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Le Philosophe et le Chat-huant

Persécuté, proscrit, chassé de son asile, Pour avoir appelé les choses par leur nom, Un pauvre philosophe errait de ville en ville, Emportant avec lui tous ses biens, sa raison. Un jour qu'il méditait sur le fruit de ses veilles, C'était dans un grand bois, il voit un chat-huant Entouré de geais, de corneilles, Qui le harcelaient en criant : C'est un coquin, c'est un impie, Un ennemi de la patrie ; Il faut le plumer vif : oui, oui, plumons, plumons, Ensuite nous le jugerons. Et tous fondaient sur lui ; la malheureuse bête, Tournant et retournant sa bonne et grosse tête, Leur disait, mais en vain, d'excellentes raisons. Touché de son malheur, car la philosophie Nous rend plus doux et plus humains, Notre sage fait fuir la cohorte ennemie, Puis dit au chat-huant : pourquoi ces assassins En voulaient-ils à votre vie ? Que leur avez-vous fait ? L'oiseau lui répondit : Rien du tout ; mon seul crime est d'y voir clair la nuit.

Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794), Fables, Livre IV, 14, 1792.

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A la proue du toit


A la proue du toit la hulotte,

De son œil accoutumé,

Voit l'aube assombrir la prise

Que la nuit lui livrait sans leurre.


Après l'écho écartelé,

L'arrachage des mûriers ;

L'oiseau dont seul le cœur transpire

Présage un cruel demi-jour,

Le ciel où s'embrase Corinthe.


L'un l'autre avons même souffrance

Et le vent est bien léger,

Le vent à tête de méduse,

Qu'à Martigues en peine d'enfance

J'avais pris pour un cri d'oiseau

Alertant la voûte cendreuse.


René Char, Chants de la Balandrane, 1977.

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Art pictural :

Victor Hugo, Chat-huant devant les ruines du château de Vianden, dessin.




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