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  • Photo du rédacteurAnne

Le Congre


Étymologie :


  • CONGRE, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1180 congreis (G. de Saint-Pair, Mont-Saint-Michel, 471 ds T.-L.), forme isolée ; xiiie s. congre (La devise aus lechéors ds Nouv. recueil de fabliaux et contes, éd. M. Méon, t. 1, p. 305, 124). Prob. du b. lat. congrus, class. conger, empr. au gr. γ ο ́ γ γ ρ ο ς.


Lire également la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Conger conger - Anguille de mer - Cougrette - Felat - Fielas - Fouet - Fouette - Grongu - Mossola - Nègre - Tremblou - Vigret -

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le caractère du Congre se sent rapide, habile. Il ne manque pas d'opter pour le chemin le plus direct. Il n'hésite pas à partir tout de suite et à foncer tout droit vers sa destination. Droit devant, en toute franchise, de toutes ses Forces et en ne comptant sur personne d'autre que lui-même. Indépendant, adulte et résolu de caractère, il a l'échine solide. Il assume la responsabilité de cette masse d'énergies qu'il véhicule en lui, sans en abuser aucunement ; il ne prend pas le pouvoir, il ne domine pas, il n'impose pas ses exigences... Il poursuit simplement sa route sous sa propre autorité comme un sous-marin compact et puissant. Il a besoin de se purifier de toute obscurité, de toute mystification, de toute insincérité, de toute intention frauduleuse ; il devra soulever ses forces profondes vers le Cœur, vers ce qui est sincère, vers ce qui est plus léger. Les instincts se transforment en forces de conscience.

Celui qui a une forte envie de Congre attend quelquefois que sa "maman" ou quelqu'un d'autre vienne l'aider ; il pleure comme un enfant pour qu'on lui donne ce qu'il veut et dit trop facilement : "Je n'en suis pas capable." Parfois, il se comporte de manière vraiment puérile. Il aspire à recevoir des soins d'autrui mais comme personne n'a vraiment l'air d'être là pour lui en prodiguer, il commence à récriminer. Quelquefois, il se fâche, mécontent de devoir mettre la main à la pâte, de devoir lâcher-prise vis-à-vis de quelque chose ou de quelqu'un. Il convoite et attend des choses de l'autre... mais il finit par s'apercevoir que c'est à lui de s'occuper de lui-même, de rendre ses responsabilités. Il lui faudra vaincre cette forme de convoitise et de prétention. Il apprendra très bien à marcher sur ses propres jambes de sorte que sa colonne vertébrale deviendra très solide. Il devra apprendre à se redresser, à se servir des moyens du bord, sans plus dépendre d'autrui. Tant qu'il se refuse à donner corps au haut commandement en lui, il voudra que les autres le regardent, reconnaissent sa valeur, lui obéissent, l'admirent... ; dès lors, il peut paraître exigeant, dominateur, présomptueux, avide de pouvoir.

Celui qui se sent très attiré par le Congre voudrait s'approprier quelque chose du caractère de ce poisson : il désire l'oxygène nécessaire à sa propre alimentation. Il veut quitter son vieil habit d'emprunt pour enfiler ses propres "vêtements" : ceux qui sont vraiment à lui, ceux qu'il a vraiment choisis. Il veut devenir Lui-même ! Il se révolte si quelqu'un lui barre le chemin. Bravant toute résistance, il passe par les trous de la barricade et poursuit sa route. Il ne se laisse arrêter par rien ni personne ! De caractère jeune, vif, offensif s'il le faut, le Congre prend sa propre défense et ne se laissera jamais prendre le fromage du bec.

Il fait valoir ses droits de façon honnête, directe, et ouverte ; il n'agit pas en cachette à la manière d'un frustré ! Dirigeant sa vie de main de maître, il conseille aux plus jeunes de pourvoir à leurs propres besoins et de faire valoir leurs droits.

Celui qui a une forte envie de Congre maîtrise parfaitement l'art de mentir, de duper, de manipuler, au lieu d'exprimer sincèrement sa pensée. Il compte sur ses plus gros atouts. Il désire être le plus rapide et obtenir beaucoup, s'emparer d'une foule de choses, fût-ce quelquefois au prix de quelques manigances plutôt obscures. Il ne manquera pas de se récompenser de la besogne qu'il a abattue, mais pas toujours comme il convient. Il ne recule pas devant une fourberie. A force de toujours viser plus loin, à force de toujours en vouloir plus, il ne fait que s'enfoncer dans un trou sombre et sans issue. Finalement, il ne connaît plus aucune lumière dans sa vie, s'il ne commence pas par abandonner ses convoitises.

Le Congre lui dit : « Abandonne ces anciennes convoitises, ces désirs, ces passions, cet acharnement opiniâtre quand celui-ci n'est inspiré que par des convoitises... Dirige-toi vers la haute mer et vois combien est beau ce monde où chacun collabore harmonieusement avec les autres, sans vouloir léser son voisin ni le prendre de vitesse. Allège-toi, soulève-toi et accompagne-moi vers des eaux plus limpides. Ne reste pas à l'écart dans les ténèbres, dans la paranoïa, dans la marginalité, dans la duplicité des eaux troubles. Garde-toi de te reléguer dans un sous-sol et ainsi tu ne te sentiras plus exclu par les autres. Abandonne cet égocentrisme, cette cupidité et ces ruses inspirées par les convoitises, afin que tu puisses te vivre comme un être humain "bon". Tu te purifies toi-même à présent et tu es fier de toi. Tu mets fin à tes agissements secrets comme à tes émotions aux ténébreuses résonances. »

Le caractère du Congre est solide et fort et en même temps souple et flexible. Il ne se laisse faire par personne. Il possède une solidité intérieure. Dans cette sphère psychique, l'être humain se suffit à lui-même et ne désire aucun "remplissage" venant de l'extérieur. Il se remplit en suffisance par lui-même ; il se nourrit... Il s'offre ce dont il a besoin, sans devoir "saisir" ni convoiter quoi que ce soit en dehors de lui-même. Il a bâti un rapport équilibré entre structure et contenu dans sa vie. Jamais ses émotions ne dépassent la solide infrastructure de base. Il est maître d'une masse d'énergies, d'émotions. A présent, il dirige l'ensemble avec un sens de la sincérité naturelle. Il file droit au but, tout en conservant l'équilibre entre l'intuition et la raison.

S'il est vrai que, chez lui, les angoisses et les sentiments de menace allaient autrefois de pair avec la convoitise, la rancœur, la haine de soi, l'auto-inhibition, l'hésitation et la mystification. Il se sent aujourd'hui un être humain résolu et sincère qui croit à ses forces en tant qu'être Indépendant et autarcique. Maintenant qu'il met ses forces considérables au service de la Vie, tout sentiment souterrain ténébreux disparaît. Il cesse de se sentir frustré et spolié. Franc comme l'or, il ne compte désormais que sur lui-même ! Il importe fort que l'amateur de Congre développe avant tout un sentiment de Gratitude et de contentement..., et qu'en outre il mette en œuvre sa vaste réserve d'énergie de façon dynamique et constructive de façon à exclure tout risque de frustration, d'impuissance, d'obsession, de colère, d'inhibition, d'agression refoulée. Un courant d'énergies à la fois agressif et positif s'échappe de lui pour être employé à la construction de quelque chose de beau.

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Littérature :


Jean Giono, au début de son roman, Le Chant du Monde (1934) nous livre une description saisissante du congre :


"Antonio se pencha. Il lança une petite pierre ; il écouta le son du "glouf". Une chose blême semblait dormir. Un long serpent se déroula au milieu de l'eau à la limite de l'ombre profonde.

C'était un congre d'eau douce.

Ce poisson dort toujours sur du propre. il n'y avait là-bas au fond ni cadavre ni épave. Le congre plongea en ondulant comme une herbe.

[...]

Comme il se retournait vers le feu qu'il avait allumé pour se guide il plongea sa tête sous l'eau et il vit que le grand congre l'accompagnait. C'était une bête longue de près de deux mètres et épaisse comme une bouteille. Elle nageait près de l'homme en donnant toute sa vitesse puis elle l'attendait et alors elle dansait doucement au sein de l'eau. Quand le soleil la touchait elle étincelait comme une braise et, allumée de toute sa peau où couraient les frémissements de petites flammes vertes, elle s'approchait de l'homme et ouvrait sa grande mâchoire silencieuse aux dents de scie. Antonio toucha le congre à pleines mains au moment où le serpent d'eau balançait sa queue devant lui. la bête plongea en tourbillonnant. De gros remous huileux s'élargirent devant le nageur. Il fait sa brasse puis il se replia et descendit lui aussi tête première vers le fond. La bête revenait, lancée à pleine force, droite comme un tronc d'arbre. Elle passa en glissant au-dessus de l'ombre où Antonio s'enfonçait. Le congre se renversa sur le dos. Le soleil fit luire son ventre. La tête du congre émergea. Il souffla un jet d'eau en gémissant. Son œil rouge regardait vers le bord du fleuve. Antonio émergea sans bruit et sans bruit il s'enfonça dans l'eau. Il reparut en aval. Là-haut, le congre fouettait l'eau de sa queue et il continuait à crier avec la gueule tendue vers la rive. Le soleil s'en allait. Le couvercle de brume noircissait de moment en moment puis il retomba sur le fleuve. Antonio entendit la bête qui plongeait."

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