Étymologie :
ANGUILLE, subst. fém.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1165 ichtyol. (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1000 : Et mes anguilles escorchier ?) ; b) proverbialement et fig. 1563 il y a anguille sous roche « il se trame quelque intrigue » (Belleau, Reconnue [1578], II, 4 ds Gdf. Compl.) ; 1690 il s'échappe comme une anguille « il disparaît sans qu'on puisse le retenir, il se défile » (Fur.) ; c) p. anal. sert à dénommer d'autres animaux 1548 anguille de bois « couleuvre » (Rabelais, Quart Livre, 60 ds Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 482) dite aussi anguille des haies (1611, Cotgr.) ; 1751 anguille de sable « poisson de mer » (Encyclop. t. 1). Empr. au lat. anguilla (dimin. de anguis « serpent ») « anguille » (Pline, Nat., 9, 73 ds TLL s.v., 50, 55) ; au Moy. Âge, les rimes assurent une prononc. -ile (voir T.-L.) et le l ne s'est mouillé définitivement qu'aux xvie et xviie s.
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :
Dans la plupart des groupes d'animaux formant cette lignée [celle des vertébrés], on observe des espèces à odorat très fin, et d'autres chez qui l'odorat est plus ou moins atrophié (macrosmates et microsmates). Les brochets qui se dirigent sur leur proie, guidés par la vue et non par l'odeur, appartiennent à cette dernière catégorie. En revanche, l'anguille est le prototype des animaux très sensibles à l'odeur ; son odorat a sensiblement la même intensité que celui du chien. Une anguille conditionnée à l'alcool phényléthylique - parfum de rose - est capable de reconnaître cette odeur diluée à raison de... 1 cm3 dans cinquante fois la quantité d'eau contenue dans le lac de Constance !
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Dans le n°1236 bis de Science & Vie (septembre 2020), le journaliste A. D. rapporte les résultats d'une étude récente :
Les anguilles s'orientent grâce à la lune
Les pêcheurs d'anguilles le savent bien : c'est à la nouvelle et à la pleine lune que se font les meilleures prises. Et en effet, une étude menée à l'Institut de recherche marine de Norvège vient de confirmer que la lune influence la migration de ces poissons. Les larves des anguilles européennes (Anguilla anguilla) naissent dans la mer des Sargasses (à l'est des Antilles). Elles se dirigent ensuite vers les côtes européennes, où elles se transforment en civelles, puis en anguilles adultes qui remontent les cours d'eau, où elles passent entre 5 et 30 ans. Il semble alors qu'elles retournent en mer pour se reproduire et mourir. Mais comment réalisent-elles un tel aller-retour ? Les chercheurs norvégiens avaient déjà montré que les anguilles utilisaient le champ magnétique terrestre pour s'orienter. Cette fois se sont intéressés aux civelles et constaté qu'elles se dirigeaient vers la lune quand elle était au-dessus de l'horizon. Mais uniquement à la nouvelle lune, quand elle nous présente sa face non-éclairée - les juvéniles ne la voient donc pas. "On pense que les civelles sont sensibles aux perturbations du champ magnétique provoquées par la lune", avance caroline Durif, de l'institut norvégien. Ainsi notre astre nocturne les guiderait pendant la dernière étape de leur migration transatlantique.
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Croyances populaires :
Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses: qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :
JEUX. - Prenez une anguille morte par faute d'eau, prenez le fiel d'un taureau qui aura été tué par la fureur des chiens ; mettez-le dans la peau de cette anguille avec une dragme de sang de vautour, liez la peau d'anguille par les deux bouts avec de la corde de pendu, et mettez cela dans du fumier chaud l'espace de quinze jours ; puis vous le ferez sécher dans un four chauffé avec de la fougère cueillie la veille de la Saint-Jean, puis vous en ferez un bracelet, sur lequel vous écrirez avec une plume de corbeau et de votre propre sang, ces quatre lettres HVTV, et portant ce bracelet autour de votre bras, vous ferez fortune dans tous les jeux.
Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :
Aux environs de Rennes, on dit que les couleuvres s'accouplent avec les anguilles.
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Symbolisme :
Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"L'anguille - pour nous insaisissable et symbole de dissimulation - se rattache à la fois au serpent par sa morphologie et aux symboles aquatiques par son habitat. Elle fut, dans l’Égypte ancienne, l'emblème de l'Harsomtous de Dendera, soleil naissant, symbole de la manifestation primordiale émergeant des eaux.
Animal familier au Japon, elle y est considérée comme messager divin : l'iconographie l'associe à la tortue. [...]
A un degré inférieur, l'anguille réunit les symbolismes du serpent et de l'eau. Elle a gardé une connotation sexuelle dans l'argot moderne qui emploie parfois l'image "anguille de calecif" pour désigner le pénis."
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Selon une croyance du Moyen Âge, manger de l'anguille était néfaste pour la voix et rendait les jeunes filles délurées avec les hommes. Toutefois, ces quelques effets pernicieux n'étaient rien au regard des propriétés magiques et médicinales attribuées à un poisson dont les anciens Égyptiens reconnaissaient le caractère divin - seuls les prêtres étaient autorisés à en consommer -, tout comme les Bretons du siècle dernier et les Japonais qui la considèrent encore comme une messagère divine.
En ingérer le cœur tout chaud donne le talent de prophétie et, mise sous du fumier, dans du vinaigre et du sang de vautour, elle "fera ressusciter tout ce qui lui sera présenté, et lui redonnera la vie comme auparavant".
Un bracelet d'anguille autour du poignet rend "fortuné dans les jeux d'adresse", s'il est préparé de la manière suivante :
Prenez une anguille morte par faute d'eau, prenez le fiel d'un taureau qui aura été tué par la fureur des chiens, mettez-le dans la peau de cette anguille avec une drachme de sang de vautour, liez la peau de l'anguille par les deux bouts avec de la corde et mettez cela dans du fumier chaud l'espace de quinze jours. Vous le ferez sécher dans un four chauffé avec de la fougère cueillie de préférence la veille de la Saint-Jean, puis vous en ferez un bracelet sur lequel vous écrirez avec une plume de corbeau de votre propre sang ces quatre lettres : HVTY. Portant ce bracelet autour de votre bras vous ferez fortune dans tous les jeux.
Une anguille vivante dans une boisson évite l'ivresse ; celui qui boit dans un carafon de vin où on a laissé mourir plusieurs de ces poissons sera dégoûté de l'alcool pendant un an et n'en boira peut-être plus de sa vie. Son sang a la même vertu. Il sert en outre à faire disparaître les verrues : il suffit de les frotter du sang s'écoulant de la tête coupée d'une anguille vivante, puis d'enterrer la tête.
La peau d'anguille soulage crampes, rhumatismes, migraines et guérit les foulures. Attachée dans les cheveux d'un enfant, elle favorise leur poussée et, utilisée comme jarretière, met à l'abri des varices et de la jaunisse (Liège). En Auvergne, son foie réduit en poudre facilite les accouchements, et dans le nord de la France, on guérissait l'angine en faisant avaler au malade une anguille. Cet usage provient d'un rapprochement fait entre la maladie qui "noue la gorge" et dont le nom vient du latin angina, de angere (suffoquer) - de même racine que "angoisse" -, et la croyance que ce poisson "passait de son côté pour être né d'un nœud d'herbes ou en tout cas savait s'en dépêtrer, et donc, par analogie, dénouer le mal. L'anguille se trouvait ainsi par exemple au menu des repas de Noël, consécutifs aux jours que le Moyen Âge appelait de son côté "angoisseux".
Dans le Berry, rapporte George Sand dans Nanon, offrir une peau d'anguille contenant neuf gros clous permettait de se rendre favorable les mauvais esprits. Dans les Alpes, faire bouillir des anguilles dans un pot de terre agit comme contre-sort et provoque la souffrance du jeteur de sort. Enfin, selon Les Vendéens, rêver qu'on écrase des anguilles signifie la ruine de ses ennemis.
L'anguille est rarement utilisée en sorcellerie, même si on cite le cas d'une jeune Vendéenne, qui se mit à frétiller sans cesse après avoir bu quelques gouttes de sang d'un de ces poissons ; il fallut tuer l'anguille pour qu'elle recouvrât son calme. Par ailleurs, déposer des peaux d'anguille à la porte de quelqu'un attire sur lui le malheur (Nièvre). On dit encore qu'autrefois un évêque excommunis toutes celles du lac Léman. Ces dernières croyances qui nuisent à l'excellente réputation de l'anguille confirment une des règles d'or de la superstition : aucun élément de la faune n'est jamais ni totalement bénéfique ni totalement maléfique.
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Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) nous apprend que :
Selon une croyance du Moyen âge, manger de l'anguille était néfaste pour la voix er rendait les jeunes filles délurées avec les hommes. Toutefois, ces quelques effets pernicieux n'étaient rien au regard des propriétés magiques et médicinales attribuées à un poisson dont les anciens Égyptiens reconnaissaient le caractère divin - seuls les prêtres étaient autorisés à en consommer -, tout comme les Bretons du siècle dernier et ls Japonais qui la considèrent encore comme une messagère divine.
"Il y a anguille sous roche", dit-on communément. Ce faisant, nous révélons sans le savoir le symbole de ce poisson amphibie au corps visqueux et aux petites nageoires, dont le nom latin signifie serpent. En effet, l'anguille est un symbole du secret, du mystère, de la dissimulation, mais aussi de quelque chose qui nous échappe, qui nous glisse entre les doigts, que l'on ne peut retenir, saisir, comprendre. Toutefois, du fait qu'elle vit dans les eaux claires, elle a beaucoup moins mauvaise réputation que le serpent.
Ainsi, en Égypte ancienne, l'anguille était l'emblème divin de la vie primordiale émergeant des eaux. Car pour les hommes de l'Antiquité qui, bien sûr, ne l'avaient pas démontré aussi méthodiquement et scientifiquement que nous, il était évident que la vie sur Terre avait surgi des eaux.
L'apparition d'une anguille dans un rêve peut donc vous annoncer qu' "il y a anguille sous roche", c'est-à-dire que l'on vous vache quelque chose que vous ne tarderez pas à apprendre, ou bien que vous vous dissimulez un fait dont vous aurez bientôt la révélation;
De même, dans la tradition des présages, voir une anguille vivante nageant à fleur d'eau est l'annonce d'un secret qui nous sera dévoilé ou d'une confidence qui nous sera faite. trouver une anguille sous un rocher, c'est apprendre un fait surprenant que l'on ignorait, mais qui existait pourtant à notre insu.
Voir une anguille morte, c'est découvrir un fait relatif à une circonstance passée ou à un événement qui n'est plus d'actualité, mais qui nous a été dissimulé en son temps, ou dont nous étions dupes."
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Dans le Petit Larousse des symboles (Éditions Larousse, 2006) établi sous la direction de Nanon Gardin et de Robert Olorenshaw, on apprend que :
Fuyante, glissante, insaisissable, l'anguille cumule la symbolique de l'eau et celle du serpent.
De l'eau, elle a le caractère purificateur et régénérateur, mais aussi inquiétant et perfide, et, comme le serpent, elle se faufile sans bruit et se cache parmi les pierres d'une manière fourbe.
Filer comme une anguille se dit de quelqu'un qui échappe sans qu'on puisse le retenir, sur qui on ne peut rien fonder.
Il y a anguille sous roche signifie qu'il se trame quelque intrigue cachée dont on soupçonne l'existence.
Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), l'anguille est définie par les caractéristiques suivantes :
Traits : L'anguille symbolise la transformation, le mystère, le déguisement et le fait de se cacher. L'anguille est excellente dans son recours au camouflage pour se protéger des prédateurs. Elle est rapide et nage en faisant bouger son corps de façon sinusoïdale. La décharge électrique de l'anguille peut produire un choc de six cents volts qui paralyse sa proie. L'anguille a tendance à avoir une faible vision, et elle compte sur sa faculté de perception, semblable à un radar, pour chercher sa nourriture. Dans la journée, elle s'enterre dans la boue et s'y repose jusqu'au moment où elle est prête à retourner chasser.
Talents : Attractivité ; Capacité d'entrer en relation ; Flexible ; Intimité ; Nocturne ; Sens de l'observation ; Sensualité ; Vitalité.
Défis : Évasif ; Réservé ; Trop prudent ; Solitaire ; Fuyant.
Élément : Eau.
Couleurs primaires : Brun. Les anguilles de Moray présentent une large variété de couleurs et de motifs.
Apparitions : Lorsque l'anguille vous apparaît, cela veut dire que vous êtes en train de vous cacher, ou que vous avez besoin de vous retirer dans l'ombre pour vous retrouver. Vous êtes sur le point d'entreprendre un voyage. Il peut s'agir d'un voyage sur le plan physique ou d'un voyage spirituel de votre âme. Dans l'un et l'autre cas, il en résultera une transformation intérieure radicale au niveau émotionnel ou spirituel. Vous êtes plein d'énergie. Certains peuvent même vous qualifier d'électrisant. Les gens sont attirés par vous à cause de votre énergie positive. Vous vous adaptez facilement aux situations nouvelles, vous possédez un mécanisme de défense sue vous surchargez lorsque vous vous sentez menacé, et vous êtes capable de vous esquiver sans vous faire remarquer si vous choisissez de le faire. L'anguille préfère chasser de nuit. Si vous êtes à la recherche d'une nouvelle occasion - qu'il s'agisse d'une relation, d'un choix de carrière ou d'une affaire -, vous allez très vraisemblablement la trouver à la nuit tombée. L'anguille vous rappelle de rester au repos au lieu de brûler la chandelle par les deux bouts.
Aide : Vous avez besoin d'observer les situations sans y prendre part. L'anguille peut vous aider à creuser pour sortir de la boue des circonstances qui pèsent sur votre énergie ainsi qu'à faire les changements nécessaires pour les laisser derrière vous. Elle vous encourage à rester calme, à vous esquiver, et à penser au lieu de trop parler. L'anguille peut donner une décharge électrique à votre vie amoureuse. Elle peut vous aider à trouver de nouvelles relations ou à réveiller l'étincelle des anciennes. Elle vit dans les profondeurs de l'eau. Elle peut vous aider à développer une compréhension plus profonde de vous-même et de ceux qui vous entourent. Les autres peuvent ne pas se rendre compte que vous êtes un penseur profond, ni comprendre les profondeurs de votre connaissance avant que vous commenciez à vous ouvrir à eux. L'anguille vous prévient que vous pouvez paraître distant, froid et trop prudent. Parfois, vous devez laisser tomber vos barrières pour pouvoir mieux connaître les autres et construire des relations. Vous avez tendance à préférer vous échapper au lieu de vous dresser pour vous affirmer, mais, si vous êtes forcé à vous battre, vous mettez vos opposants en état de choc par votre violence.
Fréquence : L'énergie de l'anguille est le chuchotement doux d'un mouvement qui ondule en flottant tout autour de vous. Elle est forte et solide et émet une grande puissance par ses pulsions électriques. Elle fait un bruit semblable au bruit aigu et sonore dune explosion, qui retourne au silence avant de se faire entendre à nouveau.
Imaginez...
Vous êtes en train de faire de la plongée sous-marine dans l'océan, le long d'un récif de corail, lorsque vous remarquez un gros morceau de corail en surplomb. Et, dessous, vous voyez une anguille de Moray géante qui nage tout au bord. Elle avance en faisant onduler son corps en S. Vous nagez à ses côtés, mais à bonne distance parce que c'est la première grosse anguille que vous voyez. Ses coloris sont extraordinaires : noir avec des taches jaunes partout. L'anguille nage vers vous et ouvre sa bouche. C'est là que vous voyez ses dents effilées comme des rasoirs, pointues comme de aiguilles. Vous attendez, en essayant de ne pas bouger pour qu'elle aille nager ailleurs. Vous savez que l'anguille ne voit pas très bien, aussi vous ne voulez pas lui donner une raison de vous mordre. Rapidement elle n'est plus intéressée et elle se met nager dans l'autre direction. Vous êtes tout excité d'avoir vu votre première anguille.
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Symbolisme celte :
Jean Chevalier et Alain Gheerbrant auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982), nous rappellent que :
"Dans un épisode de la mythologie irlandaise apparaît une anguille. C'est le résultat d'une métamorphose de la Bodh (corneille), ou déesse de la guerre qui, dépitée de ne pas être aimée du héros Cùchulainn, vient sous cette forme dans le gué où il combat contre les hommes d'Irlande et s'enroule autour de sa jambe. Cùchulainn l'arrache brutalement et la jette contre les rochers.
Anguipède : Il existe de nombreuses figurations gallo-romaines d'un cavalier soutenu par un personnage monstrueux à corps humain, mais dont les extrémités, souvent bifides, sont à forme de serpent et rappelleront la symbolique du dragon. Le cavalier est représenté en Jupiter, tenant soit la roue cosmique, soit la foudre. On a voulu y voir divers symbolismes : la lumière contre les ténèbres, surtout l’Empereur terrassant les Barbares, suivant des commentaires ou panégyriques latins. Mais la figuration n'exprime pas l'idée d'une lutte : en l'absence de tout texte d'inspiration celtique on suppose qu'il devrait s'agir de l'équivalent gaulois des Fomoire irlandais."
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Dans Animaux totems celtes, Un voyage chamanique à la rencontre de votre animal allié (2002, traduction française : Éditions Vega, 2015), John Matthews nous propose la fiche suivante :
"Anguille => irlandais : escann ; gallois : llysywen ; gaélique : easgann ; langue de Cornouailles : sylly ; breton : silienn.
Grande source de sagesse et d'inspiration à l'image du saumon (dont elle se nourrit), l'anguille a également la réputation de protéger. La mythologie irlandaise suggère que certaines anguilles pouvaient se transformer en armes destructrices, lorsque brandies par un guerrier. C'est ainsi que le nom de la fameuse lance Gae-Bolg appartenant à Cuchulainn, provient de l'anguille. Morrigan, elle-même, prend la forme d'une anguille lors d'un combat magique avec Cuchulainn.
Compte-tenu de sa capacité à s'insinuer dans les endroits les moins accessibles, l'anguille est une alliée de choix, lorsque l'on cherche la réponse à une question difficile, nécessitant subtilité et souplesse dans son approche.
Préceptes du totem :
Éclaireur : Tout peut se dérouler comme l'eau coule.
Protecteur : Méfie-toi des courants traîtres.
Challenger : Les actions ont toujours des conséquences.
Aide : Les eaux profondes renferment des trésors."
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Se sentant plutôt sèche, l'Anguille d'eau douce souhaite boire abondamment. Elle dit à l'être humain : « Trempe-toi donc dans les Eaux de la Vie, ne te laisse pas dessécher comme un misérable raseur ! Roule-toi donc dans l'herbe, dans les prés verdoyants de la vie, de Mère Nature. Pourquoi être si froid, si réservé ? Prends la vie à bras le corps ! »
Celui qui a envie d'Anguille d'eau douce est trop froid, trop dur ; il se tient trop à l'écart de la vie. Il se tient trop en retrait, en marge. Il fera bien de demander à la vie le "meilleur morceau" pour lui-même : il pourra se choyer lui-même !
L'Anguille elle-même n'est pas délicate ; elle rampe à travers les fonds vaseux et sablonneux, dans les ruisseaux ombreux. Cela n' pas d'importance, pour peu qu'elle vive et qu'elle puisse folâtrer. « Rejoins-nous dans nos ébats », dit l'Anguille, « ne fais pas le difficile, pas besoin de mettre ton beau costume, mets-toi à l'aise ! Pouvons-nous jouer avec toi ? » C'est un appel à s'éclater librement tel que l'on est, sans façon.
Celui qui a envie de ce poisson souhaite se jeter dans les eaux de la vie et en éprouver les bienfaits.
Il se tient comme sur la pointe de son couteau ; il est comme assis sur le coin de sa chaise. L'anguille lui dit : « N'aie pas peur de te lancer joyeusement dans la vie. Viens ! Accueille-toi. Ne reste pas là à l'extérieur, sur le bord de la vie ou à côté de celle-ci ! Tu risques de t'y dessécher ! »
De son côté, l'Anguille d'eau douce plonge de temps à autre pour ensuite remonter à la surface, mais sans jamais cesser d'avancer sur son chemin. Elle sait quand elle doit être plus légère, quand elle doit se reposer. Elle a un timing parfait pour se tendre et se détendre. Elle va son chemin en suivant son instinct. Elle représente l'être humain qui ose aller de l'avant en se laissant guider par ses sentiments, par son intuition. Celui qui sait quand il doit poursuivre sa route et quand il doit reprendre haleine. La personne qui a envie de cette anguille a quelquefois des problèmes de flatulence parce qu'au lieu de marcher ou de se reposer continuellement en suivant son intuition elle ne peut s'empêcher de penser et de planifier sans arrêt... Elle retient trop de choses dans sa tête au lieu de vivre simplement dans le Présent. De cette manière, elle n'a plus guère de possibilités de détente. Elle apprendra à folâtrer, à virevolter, à jouer librement comme un poisson dans les eaux de la vie sans plus se soucier de quoi que ce soit dans sa tête.
L'Anguille d'eau douce elle-même est fidèle à sa propre nature ; elle écoute parfaitement ses sentiments. Elle ne pense pas, elle sent et sait. Elle n'ébauche pas de projets, elle écoute sa voix intérieure. Elle demande à cette personne d'en faire autant.
Il se peut que celui qui est très friand d'Anguille d'eau douce se sente impuissant à former un seul ensemble indivisible avec son Moi. Il est à la recherche d'une formulation correcte de son être : pouvoir - sans se perdre lui-même - se jeter dans la vie avec abandon, sans compromis. A cet égard, il hésite, il a trop tendance à vouloir tout contrôler, à tout garder en son pouvoir... Il éprouve des difficultés à se laisser aller, à s'abandonner au courant de sa nature. Il se tient pour ainsi dire lui-même dans une poigne de fer qui est trop crispée par 'angoisse pour se desserrer...
Il devra trouver la voie de la détente, de la décontraction de la libération de soi. C'est quelqu'un qui en fait aspire à la liberté absolue : la liberté de pouvoir n'écouter que la voix de son Moi intérieur. Pour ce aire, il lui faudra se libérer du filet serré de structures, de raisonnements et de règles dans lequel il s'est niché. Sans doute croit-il que ce sont les autres qui entravent sa liberté, mais il ne fait que se préserver lui-même en se restreignant par excès de précaution.
L'Anguille d'eau douce lui transmet ce message : « Les glandes veulent fonctionner et produire davantage. Ton cerveau et tes glandes veulent t'aider à sentir, à éprouver, à laisser passer des messages vivants... Ne bloque pas tes glandes en les "fermant" contre leur gré à toute réception d'expériences grandioses, de messages et de perceptions qui viennent du fond de ton être. Ouvre-toi cette voie ! Ne fais pas barrage à ces énergies qui ne demandent qu'à circuler. Laisse passer ce courant de vie ! Écoute ce langage divin qui sourd de ton être le plus profond,. Accorde-toi uniquement sur sa fréquence. Écoute cette intuition. »
Tu as peur de laisser passer la vie elle-même ; tu te comportes par moments comme un huissier austère et apeuré sur le seuil d'une maison. Ne retiens rien, n'aie pas peur de ces forces vitales en toi et laisse passer !
L'être humain qui a envie d'Anguille d'eau douce aspire à ce que les Portes de son être s'ouvrent, afin qu'il puisse se laisser sortir.
L'Anguille d'eau douce, quant à elle, se sent libre et sans contraintes ; elle ne fait que suivre son intuition. Elle ne s'attache à rien et ne comprend pas pourquoi les gens se font tant de soucis. Celui qui est attiré par cette anguille à besoin de pouvoir pousser un soupir de soulagement... parce qu'il a réussi à lâcher prise complètement. Il n'a plus le sentiment de devoir anxieusement tout aiguiller sur les bons rails ; il se laisse glisser lui-même sur la bonne voie. Il a envie d'entreprendre un grand voyage, le voyage vers sa propre (re)naissance naturelle... où il se sentira à l'aise, où il se saura en sécurité dans le berceau de son être. Le voici qui, rentré au foyer, prend une chaise et se détend, pour reprendre aussitôt sa route, cette fois dans un sens innovateur et créatif.
En effet, son engouement pour l'Anguille d'eau douce trouve aussi son origine dans l'appel de lieux nouveaux... il cherche à renouveler continuellement son être, à laisser se produire une naissance en lui-même. Il nourrit le désir indéterminé de faire naître quelque chose de neuf du sein de son être même. Il devra d'abord partir à la recherche de ses origines, de sa nature profonde, pour de là induire la naissance du neuf. Pour pouvoir emprunter cette voie, il devra se fier à son intuition. Il fera bien d'oser lâcher prise et poursuivre sa route... Au lieu de s'accrocher au passé, il continue d'aller de l'avant. Il a confiance, il verra bien... Il devra seulement veiller à ne rien désirer d' "impossible" en dehors de lui. L'Anguille d'eau douce représente le long périple de l'être humain qui, tout en se fixant comme but la vie elle-même, meure ouvert à une façon créative de la remplir. Il ne doit pas refuser de donner suite à ce voyage intuitif, sous peine de se dessécher, de mourir. Il s'ouvrira à ce mouvement consistant à se laisse glisser de son plein gré et en toute souplesse et fluidité, en toute confiance aussi, dans les courants de la vie, encore et encore, toujours plus loin, et cela dans le sens que son Noyau Vivant ne cesse de lui communiquer. Ce faisant, il ne se crée ni blocages ni inhibitions ! Un processus créatif perpétuel, une transformation éternelle de son être se poursuit... Plus jamais il ne s'opposera au renouvellement de son être. Se sentant libre de suivre sur le chemin qu'il sent devoir suivre, il arrive comme inévitablement toujours où il doit être ; il subit tout aussi naturellement les changements dans son être, dans son corps, qui sont bénéfiques pour lui. C'est un chemin de vie sans fin : en effet, l'être humain a cessé de se bloquer.
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