Étymologie :
PHALÈNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1568 (Grevin, Des Venins, 126 ds Delb. Notes mss : Phalene... papillon voltigeant de nuict). Empr. au gr. φ α ́ λ α ι ν α « phalène, papillon de nuit ».
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Croyances populaires :
Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :
"La phalène – papillon de nuit, était considérée comme un représentant du monde existant au-delà des limites accessibles aux hommes. On croyait que son aspiration à se détruire dans la flamme d’une bougie était la meilleure preuve de ses relations toutes particulières avec la mort. Elle était traitée comme une personnification de l’âme d’un défunt, d’un démon ou d’une sorcière. Tuer une phalène – une âme, était traité dans certaines régions comme un péché. On disait : “Ne bats pas la phalène : elle ne te fera aucun mal, c’est peut-être ton grand-père, ou peut-être feu ton père. » (Moszyński 1967 : 551). Oskar Kolberg a noté dans la région de Lublin, qu’en observant les phalènes voletant autour de la lumière les hommes voyaient en elles une ressemblance à des membres défunts de leur famille, leur attribuaient des prénoms, faisaient le signe de la croix et priaient à leur intention (Kolberg 1962b : 151). Voir la phalène appelée “tête de mort” pouvait présager le malheur – tant pour la maison que pour ses habitants (Kolberg 1962b : 151).
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Symbolisme :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) :
Le phalène est un "papillon de nuit qui, se posant sur les feuilles des arbres les fait recroqueviller. Symbole constant de l'âme en quête du divin et consumée par l'amour mystique, à l'instar du papillon qui vient se brûler les ailes à la flamme autour de laquelle il vole. Ce thème est un leitmotiv de la littérature mystique persane.
Dans cette nuit de séparation offre-moi donc la phalène de l'Union, sinon par la flamme de ma douleur j'embraserai l'univers comme une chandelle. (Shabestari).
Symbole d'une humanité qui rêve de prendre son essor vers les cimes de l'amour et qui implore, dans sa nuit froide, d'avoir des ailes."
Dans un article intitulé "Le crâne et le papillon" (publié le 16 août 2015 sur le site Artifex in opere), on peut lire les informations suivantes :
Psyche et phalaina : Il existe en grec deux mots pour désigner le papillon : psyche (Ψυχή) et phalaina (φάλαινα), qui a donné phalène en français (le papillon de nuit).
« phalaina est un petit animal qui vole autour des torches et les éteint ». Scholia in Aristophanem
Ainsi le motif de la torche embrasant le papillon prend le contrepieds de l’histoire naturelle, qui traduit quand à elle l’autre phase du combat métaphorique : celle où l’Ame essaye d’éteindre le Désir.
La phalène et la baleine : Etrangement, phalaina désigne aussi en grec la baleine (d’où le nom français). Chiara Blanco a trouvé le point commun qui pourrait expliquer pourquoi ces deux animaux si différents partageaient le même nom : à savoir le phototropisme.
« phalaina : créature qui est attirée par la lumière, l’une sous la forme d’un poisson et l’autre, qui va vers la lumière pendant la nuit, appelée aussi candelosbestria (κανδελοσβέστρια). La phalaina a le désir d’être avec l’homme… elle est effrontée car elle désire être avec l’homme. » Scholia ad Oppianum
Il est remarquable, mais peut être fortuit que, dans deux cultures très différentes – la grecque et la biblique – la bestiole aérienne et le géant des mers soient toutes les deux devenues des figures de la Résurrection.
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