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L’Ébénier




Étymologie :


  • ÉBÉNIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1680 « cytise » (Rich.), cf. 1771 Faux-Ebénier (Trév., s.v. albour) ; 2. 1690 (Fur. : Ébénier. Arbre (...) qui porte l'ébène). Dér. de ébène* ; suff. -ier*.


  • ÉBÈNE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 ebenus « bois de l'ébénier » (Eneas, 6430 ds T.-L.) ; 2e moitié xiiie s. [ms.] lit d'ebaine (Alexandre de Paris, éd. Michelant, p. 535, 28 [Elliott Monographs, vol. 2, br. IV, 1260 : Un lit de laine]) ; 1542 [éd.] masc. ébène noir (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap. XIII, note 193), d'où 1794 ses cheveux d'ébène (Chénier, Bucoliques, p. 29) ; 2. 1833 « surnom donné aux noirs » trafiquants de bois d'ébène (Mérimée, Mosaïque, p. 48). Empr. au lat. impérial ebenus, fém. « ébénier ; bois de l'ébénier », lui-même empr. au gr. ε ́ ϐ ε ν ο ς empr. à l'égyptien hbnj peut-être d'orig. nubienne (Chantraine).


Lire aussi les définitions de ébène et ébénier afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Diospyros Ebenum K. -

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Botanique :


Ébène du Gabon


Nom botanique : Diospyros crassiflora

ébène du Gabon ou ébène d'Afrique

Provenance : gabon

Densité : 1.77 à 1,10

Grain fin.

Descriptif : De couleur noire parfois et souvent parsemé de petites tâches blanchâtres, grisâtres. L'ébène du Cameroun est plus grisâtre d'aspect.


Autre nom : ébène d'Afrique.

Ébène du Mozambique / GRENADILLE


Nom botanique : Dalbergia melanoxylon

C’est un Dalbergia (palissandre) et non un Diospyros (Ebène).

Provenance : Mozambique, Sénégal.

Densité : 1,15 à 1,25

Descriptif : De couleur chocolat-noir avec des maillures indistinctes. Ce bois est très dur et a un grain fin à très fin avec un fil généralement droit. Veinures existantes ton sur ton marquées.


Autres noms : "Blackwood" ; Grenadille d'Afrique ; Ébène des pharaons.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de l'ébénier :


ÉBÉNIER - NOIRCEUR.

Pluton , dieu des enfers, était assis sur un trône d'ébène. On dit d'un méchant : Il a le cœur noir comme ébène. Ce proverbe vient sans doute de ce que l'aubier de l'ébénier étant blanc, son feuillage doux et argenté, ses fleurs belles et éclatantes, cet arbre n'a vraiment que le cœur de noir.

 

D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"L'ébène est caractérisée par sa couleur noire. Les maillets maçonniques sont parfois peints en noir en vue de ressembler à l'ébène : la dureté du bois ne paraît pas suffisante à justifier symboliquement cette pratique.

L'ébène passait autrefois pour protéger de la peur ; aussi était-elle utilisée dans la confection des berceaux.

Pluton, roi des Enfers, était assis sur une trône d'ébène. La symbolique de l'ébène serait, comme le noir, liée à celle des enfers et au passage par les ténèbres."

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Selon Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le Caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale) (fin)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°6-8, Juin-juillet-août 1965. pp. 253-291) :


Diospyros mespiliformis Hochst. : Cet Ebénier des bas-fonds humides se rencontre aussi près des villages ; très fréquemment protégé, il entre en composition dans les haies ou bien est entretenu isolé dans le village. On l'observe encore semi-cultivé dans les jardins pour l'ombrage et la qualité de son fruit. Autrement, il est exploité pour la bimbeloterie locale, la préparation de manches d'outils et de bâtons de marche. Il est naturellement spontané, du Sénégal à l'Abyssinie et à l'Est-Africain.

Il donne généralement un bois noir d'ébène, mais parfois clair ou à cœur seulement noir. Il semble plus fréquemment clair dans l'Est-Africain. On le rencontre toujours en plusieurs exemplaires dans les bosquets sacrés des, villages du Soudan Nigérien.

Pendant longtemps on a soupçonné que cet ébène avait été celui connu de l'Egypte pharaonique; mais en 1897, le Dr Beauvisage en étudiant la structure anatomique des Ebènes pharaoniques a montré que l'ébène des anciens Egyptiens était le bois noir de la Papilionacée Dalbergia melanoxylon Guillem. et Perr. Le H'BNy égyptien serait le véritable ébène, celui de Dalbergia (Recueil Trav. Phil. Archéol. Egypta, XIX (1897), p. 17). G. Schweinfurth a signalé autrefois que le D. melanoxylon était encore cultivé dans quelques jardins du Caire et d'Alexandrie.

Aug. Chevalier pense que c'est cette espèce que le géographe Strabon a vu en abondance dans l'« Ile » de Meroe, à l'approche de la Grande Cataracte (peu au Nord de Kartoum) et s'étendant encore au Nord jusqu'à Syene, près de la Première Cataracte, c'est-à-dire dans son aire actuelle. Le genre Dalbergia ne nous intéresse ici que par rapport au genre Diospyros et on pourra consulter à son sujet d'autres Auteurs.

Les Bois noirs ont toujours été recherchés dans le monde et connus comme doués de représentation ou d'animation magique. Le Dalbergia Sissoo Roxb., spontané au pied des collines himalayennes, l'un des arbres certainement le plus cultivé avec le Teck par les forestiers de l'Inde, était l'une des 19 plantes de « Bon Augure » de la littérature védique (Odette Viennot, Le Culte de l'arbre dans l'Inde, Paris, 1954, p. 65).

Le Diospyros mespiliformis est signalé chez les Peul et Tekrur (Toucouleur) du Fouta-Toro (Sénégal), comme faisant partie de pratiques médico-magiques concernant les psychoses.

Le mot égyptien hBNy ou h'BNy a donné naissance à hébreu havnim et hodnim, grec ebenos, latin ebenus. Le terme s'est colporté en Asie où subsistent ebnus, abnus, ebans, appliqués à des arbres à bois noirs comme : Diospyros melanoxylon Roxb., D. Ebenum Koen, D. embryopteris Pers., parmi d'autres termes locaux signifiant « bois noir ».

On doit rechercher l'origine du terme en Afrique, au Sud de l'Egypte.

Il existe chez les Fulfude des abords du lac Tchad, pour Diospyros mespiliformis, les termes nel'be, plur. nel'bere (selon Dalziel, p. 347 ; nelbi plur. nelbé (Taylor, Fulani-English Diction., p. 149) ; mais aussi jalambanU et jalambori (Dalziel, p. 47). Il se trouve que les Peul du Fouta-Toro (Sénégal) ont aussi les mêmes mots. Or, Wolof, niel, niul pour « noir » paraît à l'origine de nelbi ; et wolof dialamban est pour Dalbergia melanoxylon. Les Peul ne sont en botanique, partout, que des emprunteurs, non des inventeurs, et les comparaisons précédentes laissent à l'abandon l'idée d'un rapprochement philologique entre nel'be, nelbi et paléoégyptien hBNy. Les langues wolof et peul sont classées comme proto-bantu par certains linguistes. Chez les Bantu du Sud du Golfe du Benin, on connaît des termes qui rappellent beaucoup hBNy.

La source de l'Ebène noir du Gabon est Diospyros incarnata Grucke. Ce seraient les individus femelles qui donneraient le bois noir exporté (G. Le Testu, Herb., in Pellegrin, Flore du Mayumbe). L'ébène provenant de l'intérieur serait donné par D. crassi flora Hiern. (selon Baudon, in L. Hédin, La Forêt et les Bois du Cameroun, 1929, p. 154).

Pour D. incarnata, A. R. Walker (Idiomes gabonais, Bull. Inst. Etudes Centrafricaines, Brazzaville, n° 10 (1955), pp. 211-236, cf. p. 224) donne pour divers dialectes les appelations : evila, g-eviya g-evino, g-evida, g-evila, g-îvila, ivila, ivina, aila, ivilo, emvila, tsivila, enipilo.

Pour Diospyros crassiflora Hiern (= D. evila Pierra MSS) on relève evila en langue fang des Pahouin du Gabon (A. Chevalier 1912, Les bois du Gabon) ; m-avini en Yaunde, m-avina en bulu (L. Hédin, 1. c). Tous les termes précédents ne sont-ils que des séquelles du commerce fait par les traitants européens du XVIIe au XIXe siècle sur cette Côte, demandant de l'ébène, de l'ebony, de l'ebeno, etc.. Avant la guerre de 1939-1945, on exportait encore 2 000 à 4 000 tonnes de billots d'ébène de cette Côte.

En fait, tous ces termes bantu n'ont subi que de faibles altérations à l'adjectif « noir ». Exemple, pour le bulu : m-avina « ébène », e-vindi « noir » (adj.), en séparant les préfixes de classe.

Tous les adjectifs pour « noir » sont pratiquement les mêmes de l'Atlantique à l'Océan Indien. Exemple : e-vindi en bulu du Cameroun : (P. Alexandre, Manuel élém. Langue Bulu, Paris, Peyronnet, 1956) ; m-vindo en bangala du Nord du Congo (W. H. Stapleton, Vocab. (1911) ; m-wensi en swaheli de l'Est-Africain (W. H. Stapleton).

On doit donc penser : grec ebenos < paleoégyptien hbny < bantu (e)-bin'... {e)-vin\.. etc.. pour « noir », avec les alternances consonantiques si communes en bantu n/l, b/v.

Le bois d'ébène est donc le (bois) noir, le terme tiré d'une langue bantuide ou d'un dialecte du bantu.

Au Soudan oriental on trouve pour Dalbergia melanoxylon (non pour Diospyros mespiliformis) : arabe babanus, Eibnusa ; golo Ebanos et bokango. Les Golo habitent vers le Sud de la République du Soudan et sont à l'extrême Nord de la région du Bantu; leur langue est classée dans le groupe nigritique et ils font partie d'un cercle culturel où Bantus et Nigritiques sont depuis longtemps en contact.

Ainsi, c'est la couleur noire du bois qui entre dans les appellations des « bois noirs » avec toute la magie que cela implique et qui est ressentie d'ailleurs dans toutes les appellations africaines et asiatiques.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Ébénier (Diospyros ebenum) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Vénus

Élément : Eau

Pouvoirs : Protection ; pouvoirs psychiques, communication avec les esprits.


L'Ébénier est un plaqueminier (Diospyros) dont le bois, lourd et dense, est très recherché en ébénisterie. C'est en vieillissant à l'air libre qu'il devient noir.


Utilisation rituelle : D'après Pausanias, la statue d'Apollon Pythien, ainsi que beaucoup de représentations des dieux égyptiens étaient en ébène. Il suffit de descendre vers l'équateur pour voir qu'il en est encore de même aujourd'hui où énormément de statuettes africaines sont sculptées dans ce bois, parce que, selon les populations locales, les esprits aiment se manifester par l'entremise de l'ébène.

Très estimé au Moyen Age, l'ébène passait pour avoir certaines vertus magiques, notamment celle de protéger contre les terreurs nocturnes. Au XVI e siècle, on construisait des berceaux en ébène, tout particulièrement pour les jeunes princes, « parce que ce bois a la vertu de les garder d'épouvantement ».


Utilisation magique : Ce bois noir, très protecteur, fait d'excellentes amulettes. Les baguettes magiques en ébène affinent et purifient le pouvoir du sorcier.

Le fruit du plaqueminier ébénier favorise les états intérieurs médiumniques. Ne restez surtout pas sous cet arbre pendant un orage tropical; si la foudre le prenait pour cible, ce qui est fréquent, on ne retrouverait rien de vous, pas même un tas de cendres : l'esprit de l'Ébénier se serait caché dans votre corps afin de se faire passer pour un humain en arrivant au royaume des morts.

Les anciens navigateurs croyaient que l'ébène était une plante sans feuilles ni fruits, qui se cachait entièrement sous la terre, d'où les « Æthiopiens », qui connaissaient les endroits, venaient l'extraire.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Ce bois noir dans lequel les Egptiens ont façonné des statues de leurs dieux, et les Grecs celles d'Apolon, dieu de la lumière, est associé également, à cause de sa couleur, aux ténèbres. Le trône de Pluton, roi des enfers, était d'ailleurs d'ébène. Cette dualité lumières-ténèbres peut s'expliquer par le fait que l'écorce de l'arbre est noire mais son intérieur blanc.

Selon la tradition africaine, « les esprits aiment se manifester par l'entremise de l'ébène » ; c'est pourquoi nombre de statuettes sont de ce bois.

L'ébène a de grandes qualités de protection : au Moyen-Âge, il servait à fabriquer des berceaux, notamment ceux des petits princes, dans la croyance qu'il les mettait à l'abri de la peur. On dit également que les sorciers qui utilisent des baguettes magiques en ébène renforcent et purifient leur pouvoir.

Il est cependant dangereux de rester sous un ébénier pendant un orage tropical : « Si la foudre le prenait pour cible, ce qui est fréquent, on ne retrouverait rien de vous, pas même un tas de cendres : l'esprit de l'ébénier se serait caché dans votre corps afin de se faire passer pour un humain en arrivant au royaume des morts ».

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Jean Paquereau, dans son ouvrage intitulé Au jardin des plantes de la Bible : botanique, symboles et usages. (Forêt privée française, 2016) explicite le symbolisme biblique de l'Ébénier :


Son nom hébreu est « habnim » (pluriel).

Référence biblique : « Les gens de Dédan faisaient aussi du commerce avec toi. Tes marchés s'étendaient à de nombreuses îles et tu te faisais payer en défenses d'ivoire et en bois d'ébène. »

Ézéchiel 27, 15 BFC.

Histoire dans la Bible :

C'est la seule référence biblique. Le nom hébreu habenim est un pluriel, non pas parce qu'il y avait plusieurs espèces d'ébène mais parce que ce bois était si précieux que chaque pièce vendue portait le nom même de l'arbre dont elle était issue.

C'est une des marchandises qui était importée par le port de Tyr avec d'autres objets précieux, en échange de ses produits : Ézéchiel 27, 15.

On employait son bois en Égypte et dans d'autres pays de la région pour la fabrication de statues et d'objets précieux. Ce n'est que plus tard qu'il a été introduit en Afrique occidentale où il forme des forêts denses.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


ÉBENE. — D’après Pausanias, la statue d’Apollon Pythien, ainsi que les statues des dieux égyptiens, était en bois d’ébène. Pausanias raconte à ce propos avoir entendu dire, par un homme de Chypre très versé dans la connaissance des plantes, que l’ébène est une plante qui ne donne aucune feuille et aucun fruit, et qui se cache entièrement sous la terre, d’où les Aethiopiens, qui connaissent les endroits, viennent le tirer. Pour diminuer le blanc de l’œil, le livre de Sidrach recommande l’ébène (ybano) pulvérisé avec du charbon de limaçon brûlé.

 

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