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L'Alcyon



Étymologie :


  • ALCYON, subst. masc.

Étymol. ET HIST. − 1. a) 2e moitié xiiie s. (Brunet Latin, Le Livre du Trésor, publ. par P. Chabaille, p. 204 ds Fr. mod., t. 21 1953, p. 218 : Alcions est uns oisiaus de mer a cui Diex a donné grandisme grace) ; b) 1555 « oiseau des rivières » (P. Belon, Nat. des oyseaux, 219 ds R. Philol. fr., t. 43, 1931, p. 176 : Nous mangeons indifferemment toutes autres especes d'oyseaux de riviere, fors les Halcyons), attest. isolée ; c) 1829 nid d'alcyon (Boiste) ; Besch. 1845 précise : ils paraissent être construits avec le frai de poisson, très-répandu dans les mers voisines de la Cochinchine...; 2. 1690 ulcyonium « espèce de polypier marin » (Fur.) ; sous la forme alcyon à partir de Trév. 1752. Empr. au lat. alcyon (< gr. α ̓ λ κ υ ω ́ ν attesté au sens 1 dep. Pacuvius., Trag., 393 ds TLL s.v. (h)alcyon, 2514, 61 : alcyonis ritu litus pervolgans feror).


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


ALCYON. Les naturalistes du siècle dernier comprenaient encore sous ce nom divers oiseaux de mer à long vol, tels que le pétrel, l'hirondelle, etc. Les anciens et la croyance populaire qui se perpétua jusqu'au XVIIe siècle, accordaient à ces oiseaux des facultés merveilleuses, telles que les suivantes : ils construisaient, disait-on, leur nid sur la surface de l'eau ; ils avaient la faculté d'apaiser les tempêtes et de prédire le beau et le mauvais temps; par une intervention qu'on n'a pas expliquée, ils entretenaient la concorde au sein des ménages ; ils procuraient les moyens d'augmenter un trésor, et leurs plumes préservaient les étoffes de la piqûre des insectes, en même temps qu'elles donnaient aux femmes qui en portaient sur elles, une perfection de grâce et de beauté. Ovide s'exprime ainsi au sujet des alcyons :


Pour eux la mer est calme au milieu des hivers,

Le couple, dans un nid, suspendu sur les mers,

Couve ses tendres fruits dans une paix profonde.

Pendant sept jours entiers les vents respectent l'onde

Eole les retient au fond de leurs cachots,

Et veut que l'alcyon donne la paix aux flots.


Une autre croyance, encore répandue dans les populations maritimes, c'est que si l'on suspend cet oiseau parle bec, il tourne aussitôt sa poitrine vers le vent qui souffle, c'est-à-dire qu'il fait l'office de girouette.

Les Tartares, à ce qu'on rapporte, ont la coutume de jeter les plumes d'alcyon dans un vase plein d'eau, et de conserver celles qui surnagent, parce qu'ils sont convaincus qu'il suffit de toucher une personne de ces plumes pour s'en faire aimer aussitôt. Les Ostiaks déposent aussi dans une bourse le bec, les pieds et la peau de l'alcyon, comme un préservatif contre les sortilèges et les malheurs.

 

Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant on apprend que :


L'alcyon est un "genre de martin-pêcheur, entré dans la légende et devenu symbole ; ou bien mouette ou goéland ; ou encore oiseau fabuleux, beau et mélancolique. [Il est aussi donné comme équivalent du cygne ou du pétrel selon la définition du terme.] D'après une légende grecque Alcyoné, fille d’École, roi des vents, a épousé Céyx, le fils de l'Astre du matin. Leur bonheur est si parfait qu'ils se comparent à Zeus et à Héra et, par le fait même, attirent sur eux la vengeance des dieux. Ils sont métamorphosés en oiseaux et leurs nids, construits au bord des flots, sont sans cesse détruits par les vagues. Telle serait l'origine de leur cri plaintif. Mais Zeus, par pitié, apaise la mer deux fois, sept jours par an, avant et après le solstice d'hiver ; pendant cette accalmie, l'alcyon couve ses œufs. A ce titre, il est devenu un symbole de paix et de tranquillité ; mais d'une paix dont il faut se hâter de profiter, car elle est brève.

Oiseaux des mers, dédiés à Thétis, divinité marine et l'une des Néréides, enfants du vent et du soleil matinal, les alcyons tiennent à la fois du ciel et des océans, de l'air et des eaux. Ils symbolisent à ce titre une fécondité à la fois spirituelle et matérielle, mais menacée par la jalousie des dieux et des éléments. Le danger qu'ils évoquent est celui de l'autosatisfaction et de l'attribution à eux-mêmes d'un bonheur qui ne peut venir que d'en haut. Cet aveuglement dans le bonheur expose au pire des châtiments.


Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés

Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez... (André Chénier)


Des légendes tardives ont assimilé la légende d'Alcyoné à celle d'Isis ; la femme vole à travers les airs et au-dessus des mers, à la recherche de son mari, fils de l'Astre du matin, comme Osiris était le soleil levant. Ovide a décrit la rencontre de l'épouse,changée en oiseau, et du cadavre de son mari poussé par les flots, en des termes qui rappellent le mythe égyptien.

Mais les terreurs subsisteront toujours, qu'inspirent les éléments déchaînés, conjuguant les violences des vents et des vagues. La confession d'Alcyoné tremblante et comme séduite par la grandiose fureur des éléments déchaînés, montre bien ce qui est au cœur du symbolisme de cet oiseau si cher aux Romantiques : Ce qui m'effraie, c'est la mer, c'est l'affreuse image des flots... Quand une fois les vents déchaînés se sont rendus maîtres de la plaine liquide, rien ne les arrête plus ; il n'y a pas de terre, il n'y a pas de mer qui soit protégée contre leur fureur ; ils tourmentent même les nuages du ciel et ils en font jaillir par de terribles chocs des feux étincelants ; plus je les connais (car je les connais bien, et souvent, quand j'étais petite, je les ai vus dans la maison de mon père), plus je les crois redoutables. (Ovide, Les Métamorphoses, XI, vers 427-438)".

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Jean Prieur, auteur de Les symboles universels. (Éditions Fernand Lanore, 1989) tente d'identifier l'alcyon mythique :


On ne sait pas exactement quel oiseau était l'alcyon des Grecs ; on croit le reconnaître soit dans le martin-pêcheur, soit dans le pétrel des tempêtes. Toujours est-il que l'alcyon a donné lieu à une légende dramatique : Céÿx et Alcyone. Époux fort épris l'un de l'autre, ils ne se donnaient pas, comme il est d'usage, de doux noms d'oiseaux tels que mon aigle royal ou ma colombe, mais les noms sacrés de Jupiter et de Junon. Le couple olympien prit fort mal la chose et décida de se venger : Céÿx fit naufrage en se rendant à Claros. La mer rejeta son cadavre aux pieds d'Alcyon qui l'attendait sur le rivage... désespérée, elle se précipita dans les flots.

La nymphe Thétis, petite-fille de Téthys, déesse de la mer, eut pitié de leur amour, elle les ressuscita en les changeant en alcyons, en ces oiseaux qui étaient supposés faire leurs nids sur les flots miraculeusement apaisés.

Pendant qu'ils couvent leurs œufs, c'est-à-dire pendant deux semaines : sept jours avant et sept jours après le solstice d'hiver, le calme, dit-on, règne sur la mer : ce sont les jours alcyoniens.

 

En héraldique, "l'alcyon est figuré dans ses plus anciennes représentations héraldiques comme un martin-pêcheur dans son nid, donc comme un oiseau de taille moyenne, au bec pointu. L'apparence de l'alcyon s'est ensuite modifiée puisque ses représentations plus tardives en font une « sorte de cygne, représenté dans son nid et voguant sur les flots ».

(Wikipédia)

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Mythologie :


D'après la Bibliothèque (Livre 1, 7 3-4) d'Apollodore, traduction Ugo Bratelli, 2001 :


Éole, ensuite, régna sur le territoire autour de la Thessalie, et il appela Éoliens ses sujets : son épouse fut Énarété, la fille de Déimachos, qui lui donna sept garçons - Créthée, Sisyphe, Athamas, Salmonée, Déioné, Magnétès, Périérès - et cinq filles : Canacé, Alcyoné, Pisidicé, Calicé et Périmède. [...]

Alcyoné épousa Céyx, fils d'Éosphoros . Tous deux furent anéantis à cause de leur insolente impiété : lui disait qu'il avait épousé Héra, et elle disait que son mari était Zeus - et justement Zeus les transforma en oiseaux, elle en Alcyon et lui en foulque (kèyx).

 

Dans Mythologie zoologique ou Les légendes animales, tome 2 (A. Dunand et Pedone Lauriel Éditeurs, 1874) Angelo de Gubernatis nous apprend que :


L'alcyon, qui annonce les tempêtes, et l'oiseau de Saint Martin, le martin-pêcheur, sont du même caractère hivernal et phallique que le pic. [...]

D'après le cinquième livre de l'Histoire des Animaux, d'Aristote, l'alcyon couvant ses œufs durant la période de jours sereins dont on jouit en hiver et que, pour ce motif, on appelle alkyoneiai hêmerai ; ce philosophe cite le passage suivant de Simonide relatif à cet oiseau : « Quand Zeus produit dans la saison d'hiver deux fois sept jours chauds, les hommes disent "cette douce température sert à élever les alcyons aux couleurs variées." » Ovide rapporte qu' Alcyon fut changée en un oiseau de ce nom, en pleurant son mari qui s'était noyée, ce qui a fait dire à Arioste :

« E s'udir le Alcione alla marina

Dell' antico infortunio lamentarse »


Les marins attribuaient, comme on le sait, aux alcyons la faculté d'indiquer le temps ; on se servait à cet effet, non seulement des alcyons vivants; mais, après leur mort, on les desséchait et on els suspendait pour en faire usage comme d'un baromètre. C'est pour cela que Shakespeare a comparé les courtisans à l'alcyon, qui suit, dans ses mouvements, la direction des vents. Cet oiseau, ainsi que le martin-pêcheur, plusieurs variétés de pic, le roitelet, le corbeau, le rouge-gorge, appelé en Ecosse Robin rouge-gorge (en anglais ruddock ou Robin-ruddock) lui dont le « bec charitable », selon l'expression de Shakespeare dans Cymbeline, jette des fleurs funèbres sur les cadavres privés de sépulture, sont tous des oiseaux consacrés à Saint Marin, le fossoyeur béatifié, l'introducteur de l'hiver qui, d'après les légendes celtiques et germaines, coupa son manteau pour en vêtir des pauvres.

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Le Glossaire théosophique (1ère édition G.R.S. MEAD, Londres, 1892) d'Helena Petrovna Blavatsky propose à l'entrée "Alcyone" :


ALCYONE (gr.), ou Halcyone, fille d'Eole, et épouse de Ceyx qui se noya en allant consulter l'oracle en se jetant dans la mer. En conséquence tous deux furent changés en martin-pêcheurs par la compassion des dieux. On dit que la femelle pond ses œufs sur la mer et la maintient calme pendant les sept jours qui précèdent et les sept jours qui suivent le solstice d'hiver. Cela a une signification très occulte en ornithomancie.

 



Littérature :


Lucien de Samosate nous propose un dialogue intitulé Alcyon ou la Métamorphose :


Chéréphon, Socrate


Chéréphon : Quelle voix, Socrate, est arrivée jusqu'à nous, de ces rivages et de ce promontoire ? Qu'elle est douce à l'oreille ! Quel est donc l'animal qui peut la produire ? Car on dit que les habitants des eaux sont muets.


Socrate : C'est un oiseau marin, cher Chéréphon ; on le nomme Alcyon, il a la voix gémissante et pleine de larmes : les hommes débitent à son sujet une fable antique. On dit que jadis femme et fille d'Eole, fils d'Hellen, elle pleurait amèrement un époux, objet de sa plus vive tendresse, mort à la fleur de l'âge : c'était Céyx, de Trachine, fils de Lucifer et d'une beauté égale à celle de son père : la volonté des dieux lui a donné des ailes ; et maintenant, semblable à un oiseau, elle vole le long des mers, cherchant son époux, et errant par toute la terre, sans pouvoir le rencontrer.


Chéréphon : C'est Alcyon, dis-tu ? Jamais auparavant je n'avais entendu cette voix, qui m'est arrivée toute nouvelle. C'est un son vraiment lugubre que fait entendre cet oiseau : comment est-il donc fait, Socrate ?


Socrate : Il n'est pas grand, mais il a reçu des dieux une grande récompense de sa tendresse conjugale : durant tout le temps qu'il couve ses petits, le monde passe des jours nommés alcyoniens, remarquables par le calme qui règne au milieu même de la mauvaise saison ; c'est aujourd'hui l'un de ces plus beaux jours. Vois comme le temps est serein ! comme la mer tout entière est calme, sans vagues, et ressemble, pour ainsi dire, à un miroir !


Chéréphon : Tu dis vrai : on s'aperçoit que c'est aujourd'hui un jour alcyonien ; hier c'en était encore un. Mais, au nom des dieux, que devons-nous croire, Socrate, de ces légendes anciennes, qui prétendent que des oiseaux sont devenus femmes, et des femmes oiseaux ? Ces sortes de métamorphoses me paraissent de tout point impossibles.


Socrate : Cher Chéréphon, il me semble que nous sommes des juges bien peu clairvoyants de ce qui est ou non possible. Car nous jugeons des choses d'après la raison humaine, ignorante, infidèle, à vue courte : il s'ensuit que nous trouvons difficile ce qui est facile, et impraticable ce qui ne l'est pas ; bon nombre de ces erreurs viennent de notre inexpérience, bon nombre de la jeunesse de notre esprit. En effet, tout homme n'est réellement qu'un enfant, fût-ce même un vieillard, attendu que le temps de la vie est rapide comme celui de l'enfance, si on le compare à l'éternelle durée. Comment donc, cher ami, des hommes, qui ne connaissent la puissance ni des dieux ni des génies, pourraient-ils affirmer que des transformations de cette espèce peuvent se faire ou non ? Tu as vu, Chéréphon, quelle tempête s'est élevée, il y a trois jours ; tu frémis encore au souvenir des éclairs, du tonnerre, de la fureur des vents : on eût dit que la terre entière allait s'abîmer. Peu de temps après, il succéda un calme étonnant et qui dure encore. Eh bien ! lequel des deux crois-tu le plus grand et le plus difficile, ou de rendre au ciel un aspect calme et brillant après un ouragan et un trouble effroyable, et de ramener partout la sérénité, ou bien de changer la forme d'une femme en celle d'un oiseau ? N'est-ce pas ainsi que chez nous les enfants prennent de la cire ou de l'argile, la pétrissent, et donnent successivement à la même masse mille diverses figures ? La divinité, dont le pouvoir immense ne saurait se comparer à nos forces, a donc facilement à sa portée et comme sous la main des moyens semblables. Maintenant, de combien tout le ciel te paraît-il plus grand que toi ? pourrais-tu le dire ?


Chéréphon : Quel homme, Socrate, peut comprendre ces sortes de problèmes et les exprimer ? Les paroles n'y peuvent atteindre.


Socrate : Comparons les hommes entre eux. N'existe-t-il pas une extrême différence entre la force des uns et la faiblesse des autres ? Mettons en regard des hommes à la fleur de l'âge et des enfants nouveau-nés, de cinq ou de dix jours ; quelle différence de force dans l'accomplissement de tous les actes de la vie, qui exigent une si grande adresse des mains, une telle souplesse du corps et de l'âme ! Ces mouvements ne sauraient venir à la pensée d'enfants aussi jeunes que ceux dont j'ai parlé. Et telle est l'étendue de la vigueur d'un seul homme fait, qu'on ne saurait la mesurer avec celle de ces petits êtres : dix mille d'entre eux seraient aisément vaincus par ce seul homme : un âge, en effet, dénué de tout secours, privé de toute ressource, est le premier partage des hommes d'après la loi de la nature. Si donc l'homme nous paraît tellement différer de son semblable, quelle idée aurons-nous de la différence qui peut exister entre le ciel tout entier et nos forces, aux yeux de ceux à qui il est permis de considérer ces objets ? Sans doute on croira facilement qu'autant l'univers l'emporte par sa grandeur sur la taille de Socrate ou de Chéréphon, autant sa puissance, sa sagesse, son intelligence doivent, par analogie, être au-dessus de nos facultés. C'est ainsi qu'à toi, à moi, et à bien des gens qui nous ressemblent, bon nombre de choses paraissent impossibles qui sont faciles à d'autres. Jouer de la flûte quand on ne le sait pas, lire ou écrire régulièrement quand on ne connaît pas les lettres, semble chose plus impraticable à ceux qui sont étrangers à ces sortes d'art, que de changer des femmes en oiseaux, ou des oiseaux en femmes. La nature commence par jeter dans un rayon de miel un être sans pattes et sans ailes, puis elle lui donne des ailes, des pattes, teint et nuance son corps de mille couleurs variées et charmantes, et produit enfin une abeille, habile faiseuse de miel divin : d'oeufs qui sont muets et inanimés, la nature façonne mille espèces d'animaux ailés, terrestres, ou aquatiques, employant, dit-on, plusieurs secrets, et l'influence mystérieuse de l'immense éther. Si donc la puissance des immortels est si grande, comment nous, mortels chétifs, incapables de sonder ces grands mystères et même de moindres secrets, embarrassés même pour voir ce qui se passe chaque jour devant nous, pourrions-nous rien dire de certain sur les Alcyons ou sur les Rossignols ? Aussi ces fables célèbres que nos pères nous ont transmises, je les raconterai à mon tour à mes enfants, oiseau, chantre de regrets, en mémoire de tes doux accents : je redirai souvent ta piété, ta tendresse conjugale, à mes deux femmes Xanthippe et Myrto ; et le reste de ton histoire, et la récompense que tu as obtenue des dieux. Et toi, n'en feras-tu pas autant, Chéréphon ?

Chéréphon : C'est trop juste, Socrate, et ce que tu viens de dire contient une double leçon de tendresse pour les femmes et pour les maris.


Socrate : Disons adieu maintenant à Alcyon ; il est temps de retourner à la ville et de quitter Phalère.


Chéréphon : Volontiers, faisons ce que tu dis.

Traduction d'Eugène Talbot (1857)

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L’Alcyon


L’alcyon est un oiseau qui aime la solitude et qui vit constamment sur la mer. On dit que, pour se garder contre les hommes qui le chassent, il niche dans les rochers du rivage. Or un jour un alcyon qui allait couver monta sur un promontoire, et, apercevant un rocher qui surplombait la mer, y fit son nid. Mais un jour qu’il était sorti pour aller à la pâture, il arriva que la mer, soulevée par une bourrasque, s’éleva jusqu’au nid, le couvrit d’eau et noya les petits. Quand l’alcyon fut de retour et vit ce qui était arrivé, il s’écria : « Que je suis malheureux, moi qui, me méfiant des embûches de la terre, me suis réfugié sur cette mer, pour y trouver encore plus de perfidie ! »

C’est ainsi que certains hommes, qui se tiennent en garde contre leurs ennemis, tombent, sans qu’ils s’en doutent, sur des amis beaucoup plus dangereux que leurs ennemis.


Traduction par Émile Chambry, Fables, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1927

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