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Le Rouge-gorge messager

Dernière mise à jour : 9 mars


Un joli rouge-gorge est entré aujourd'hui par la porte-fenêtre de la cuisine pour venir avec insistance dans ma chambre sans pouvoir ressortir seul : merci de ce petit message d'espoir et de flamboyance timide.



Étymologie :


  • ROUGE-GORGE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1464 (J. Lagadeuc, Cathol. ds Gdf. Compl.). Composé de rouge* et de gorge*.

Voir aussi la définition détaillée du nom "rouge-gorge"

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Zoologie :

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Dans le livret Les Oiseaux "utiles" au jardin offert par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée (collection Les Cahiers pratiques du Parc, 2016), on apprend que :


La capacité de voler des oiseaux est possible grâce à leurs caractéristiques anatomiques. Ainsi, leurs os sont creux afin d’allier robustesse et légèreté, ils possèdent 175 muscles puissants et leur cœur bat plus vite que celui d’un humain. Par exemple, celui du Rougegorge familier bat 8 fois plus rapidement que le nôtre.

 

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Croyances populaires :

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


Dans l'Allemagne du sud : si on fait du mal à un Rouge-Gorge les vaches donnent du lait rouge.

 

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Symbolisme :

Gilbert Durand dans Les Structures anthropologiques de l'imaginaire, Introduction à l’archétypologie générale, (Éditions Dunod, ) nous apprend p. 198 que :


"L'isomorphisme [de la pureté ignée] se renforce encore du fait que pour de nombreuses peuplades le feu est isomorphe de l'oiseau. Non seulement la colombe de la Pentecôte, mais encore le corbeau ignifère des anciens Celtes, des Indiens et des Australiens actuels, le faucon ou le roitelet, sont des oiseaux essentiellement pyrogènes. Souvent c'est la coloration d'un bec, d'une crête, d'un plumage qui décide du choix de l'oiseau de feu, et c'est probablement pour ces raisons qu'en Europe le pic noir à jabot rouge et le rouge-gorge sont mêlés aux légendes du feu".

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Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Rouge-gorge/Merle d'Amérique a les caractéristiques suivantes :

Points clés : Expansion d'une nouvelle croissance.

Cycle de puissance : Printemps.


Plus communément connus sous le simple nom de rouge-gorge (ou de merle à gorge rouge ; en anglais, robin), ce merveilleux oiseau est un annonciateur traditionnel du printemps. Si les rouges-gorges migrent souvent, ils n'ont pas toujours besoin de le faire. Contrairement à ce que l'on croit souvent, la migration n'est pas la conséquence de l'arrivée d'un temps froid, mais d'une disparition des sources alimentaires. Si les réserves sont disponibles, le rouge-gorge restera là toute l'année.

Au printemps, son chant est souvent reconnaissable entre tous. En réalité, peu d'oiseaux sont plus répandus que ce merle d'Amérique à gorge rouge dans tout le continent nord-américain. Quand un de ces oiseaux entre dans votre vie, vous pouvez vous attendre à ce que différents secteurs de votre vie connaissent une nouvelle croissance.

Il existe de nombreux mythes et traditions à propos du rouge-gorge. La légende la plus connue concerne l'origine de sa gorge rouge : il en aurait hérité en retirant une épine de la couronne ensanglantée de la tête du Christ alors qu'il était sur la croix. Pour les traditions plus superstitieuses, le vol d'un œuf de rouge-gorge attirait l'infortune. Certains croyaient qu'il fallait faire un vœu lorsqu'on voyait le premier rouge-gorge de l'année au printemps, avant qu'il s'envole, ou alors qu'ils n'auraient pas de chance au cours de l'année à venir.

En dépit de ces traditions, une étude du rouge-gorge vous révélera quantité de choses sur sa vraie valeur en tant que totem. Ces oiseaux réagissent au rouge. Chez les mâles, cette couleur signale aux autres mâles qu'ils « doivent quitter son territoire ». Le rouge est naturellement lié à la Kundalini. Chez le rouge-gorge, il s'agit davantage d'une teinte rouille, en réalité, comme si le rouge avait été dilué avec d'autres couleurs. Ajouté au fait qu'elle couvre tout le poitrail, tout cela reflète l'activation de cette couleur de manière à stimuler une nouvelle croissance dans tous les secteurs de votre vie.

Le chant du rouge-gorge est un trille gai et ondulant qui lui permet de marquer son territoire. Deux mâles dans le même espace bombent le torse et chantent de toute leur puissance. Les affrontements entre rouges-gorges pour des questions de territoire se règlent généralement par le chant. Les confrontations physiques sont plus symboliques sans occasionner de blessures.

C'est très signifiant pour tous ceux qui ont cet oiseau pour totem. Cela traduit un besoin de chanter son propre chant si l'on veut susciter les conditions d'une nouvelle croissance. Toute confrontation ou entrave sera plus de l'ordre du spectacle qu'une vraie menace, donc allez de l'avant.

Le rouge-gorge pond un œuf bleu pâle caractéristique. C'est une couleur qui est souvent utilisée pour activer le centre (chakra) de la gorge chez les humains, centre associé avec la force de la volonté et la créativité. L'œuf de rouge-gorge représente l'aptitude innée de ceux qui l'ont pour totem à manifester la force de la volonté pour créer de la croissance dans leur vie. Quand le rouge-gorge vient à vous, il vous aide à y parvenir. Il peut vous montrer à quel point vous vous êtes débrouillé jusque-là de manière inefficace ou inappropriée dans un cas comme dans l'autre, le rouge-gorge vous montre comment aboutir positivement.

Les deux parents se partagent l'alimentation des jeunes - une fois toutes les douze minutes en moyenne, ce qui est nécessaire car les oisillons naissent sans aucune plume. En outre, le rouge-gorge a l'énergie pour élever plus d'une couvée par an. Encore une fois, cela traduit l'activation de la force vitale créatrice, reflétée par la coloration rouge. C'est le coeur du rouge-gorge qui lui confère son aptitude.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Le rouge-gorge, qui enleva les épines du front du Christ supplicié, reçut alors une goutte de sang, d'om la couleur de son plastron, dit-on en France et en Angleterre. En Wallonie, c'est parce qu'il voulut étancher le sang d'échappant du flanc de Jésus transpercé par une lance qu'il a conservé cette caractéristique qui lui valut son nom. En Bretagne, où « on assure que le bon Dieu l'appelle dans son paradis pour lui sucer le sang lorsqu'il s'en trouve incommodé », les œufs de l'oiseau, « bleus comme le ciel », sont attribués également à sa compassion envers le crucifié. Il continue de manifester cette compassion à l'égard des hommes puisqu'on dit qu'il tient compagnie aux cadavres et « chante pitié » jusqu'à ce qu'ils soient enlevés, ou les couvre de feuilles et de mousses. Selon d'autres récits, la tache rouge qu'il porte s'explique par une brûlure du feu que le roitelet avait ramené du ciel. « A Guernesey, le rouge-gorge a traversé la mer pour apporter dans l'île le feu qui y était inconnu. » Au Pays de Galles, il tenta d'(éteindre la flamme de l'enfer en y amenant chaque jour une goutte d'eau et se roussit les plumes.

Dans la légende du « grain de blé de Jean-Rouge-Gorge », ce n'est pas le feu que l'oiseau apporta à l'humanité, mais, tout aussi précieux, le grain, « symbole des humbles origines que doivent suivre de grands résultats », qu'il amena chez les cénobites de l'ancienne Dommonée (territoire de l'Armorique). Ces derniers, qui avaient civilisé la région, se désespéraient de voir leur blé dévasté par les animaux et les oiseaux. Ayant prié Dieu, « ils virent alors au sommet d'une croix qui protégeait le village un petit oiseau et ils reconnurent Jean-Rouge-Gorge, celui qui avait volé au Calvaire pour briser un des aiguillons de la couronne du Christ. L'oiseau laissa tomber de son bec un grain de blé et s'envola. Les religieux plantèrent cette semence et, en quelques heures, le sol était couvert d'une moisson dorée. C'est depuis ce temps que le blé blanc prospère en Bretagne et que la sagesse des anciens répète à ce propos tout ce qui est destiné à se multiplier et à grandir, soit pour le bien, soir pour le mal : "C'est le grain de blé de Jean-Rouge-Gorge" » Depuis, les Bretons disent que Jean-Rouge-Gorge « habitera la Cornouaille jusqu'au jour du Jugement et enrichira tous les ans une jeune fille ».

En Ecosse, l'oiseau est devenu, grâce à la légende de saint Serf, un symbole de résurrection : la malchance s'étant abattue sur le saint après que ses « élèves » eurent tué un rouge-gorge, ceux-ci mirent la dépouille de l'oiseau dans ses mains. Il ressuscita, et le saint fonda la cathédrale de Glasgow.

L'interdiction de tuer un oiseau si miséricordieux et quasi sacré, respecté même par les chats, disent les Anglais, est générale en Europe, à l'exception, semble-t-il, du Loiret où jadis, selon une curieuse coutume, on tuait un rouge-gorge mâle le jour de la Chandeleur pour l'embrocher sur une baguette de noisetier qui devait se mettre à tourner toute seule. En Allemagne, en France (surtout en Alsace et dans les Alpes), en Angleterre (Yorkshire), celui qui transgresse l'interdiction n'obtiendra que du lait rouge de ses vaches ; en Irlande, sa main droite sera déformée et inapte au travail. En Grande-Bretagne, on cite le cas d'un homme qui perdit ses bêtes, certains membres de sa famille et mourut lui-même, pour avoir tué un rouge-gorge ; on y soutient également, comme en Bretagne, que la main qui a tué l'oiseau tremblera à tout jamais, et que celui qui lui casse une aile se cassera le bras (celui qui lui casse une patte, une jambe etc.). Celui qui brise ou vole des œufs de rouge-gorge subira aussi une perte. Il ne faut pas non plus mettre en cage cet oiseau, car, comme l'a écrit William Blake dans ses Chants d'innocence (1789), « Un rouge-gorge dans une cage / Met en fureur les Cieux » Aux États-Unis, où on ne relève aucune association entre le rouge-gorge et le Christ, en tuer un porte malheur.

En relation avec le ciel, et par conséquent « initié » à ses mystères, le rouge-gorge clairvoyant se transforme en messager de mauvaises nouvelles ; il est d'ailleurs parfois appelé le « mauvais œil ». C'est la mort d'un malade qu'il annonce en pénétrant chez lui ou en frappant contre la vitre de sa chambre, c'est celle d'un bébé s'il se juche sur le toit et chante. En voir un près d'une mine est un signe avant-coureur de catastrophe, selon les Anglais, qui croient par ailleurs qu'il faut faire un vœu en apercevant le premier rouge-gorge de l'année. Attention toutefois à le formuler avant que l'oiseau ne s'envole, sinon toute l'année sera malchanceuse. Outre-Atlantique, où le premier rouge-gorge du printemps porte malheur s'il se tient sur le sol, en rencontrer un avant le petit déjeuner annonce une déception.. Enfin, chez tous les Anglo-Saxons, on croit que s'il est le premier oiseau rencontré par une jeune fille le jour de la Saint-Valentin, il lui prédit qu'elle épousera un marin.

Le beau temps est assuré lorsque le rouge-gorge chante de la cime d'un arbre ou de bon matin gare à la pluie s'il chante au pied d'une haie ou caché dans les buissons, ou s'il se tait alors que le soleil brille.

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Symbolisme celte :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


ROUGE-GORGE. Nous extrayons du Magasin pittoresque le curieux article que Voici :

« Toute la morale populaire était autrefois en proverbes, en contes ou en chansons. Chaque pays a eu ses Hésiodes rustiques occupés de renfermer la sagesse courante dans la fable ou sous le sceau de la rime aussi l'examen des conteurs et des traditions du foyer est-il un côté sérieux de l'histoire d'une race ; on y trouve l'expression de ce qui était regardé comme la raison à chaque époque ; c'est une sorte de code de la sagesse populaire dont quelques articles, nés des opinions du temps, ont varié, tandis que d'autres, dictés par le bon sens, sont demeurés et demeureront éternels.

De ce nombre est la tradition bretonne du grain de blé de Jean Rouge- Gorge.

Dans beaucoup de cantons de l'ancienne Domnonée, elle est si connue que son titre seul fait proverbe. Voyez-vous une ménagère relever à la main les épis oubliés dans l'aire, réunir les épaves de luzerne ou de trèfle fleuri éparpillés dans la grange, repriser pour la vingtième fois la veste de berlinge du fils ou du mari ; si vous vous étonnez de cette économie, elle vous dira en souriant : c'est le grain de blé de Jean Rouge-Gorge.

Entendez- vous le jeune homme, réprimandé pour s'être couché sur l'herbe humide pendant les sueurs de la moisson, ou pour être revenu de la grande foire du chef-lieu la tête alourdie par le vin de feu, répondre qu'il est de force à tout braver, qu'un excès ni une imprudence ne pourront rien sur sa robuste santé ; les vieux secoueront la tête et diront : c'est le grain de blé de Jean Rouge-Gorge.

La jeune servante se sera-t-elle oubliée à la fontaine et reviendra-t-elle tardivement ; la maîtresse se montrera sévère et répètera : on commence par perdre les heures, puis les journées : c'est le grain de blé de Jean Rouge-Gorge. "

A propos de tout ce qui est germe et commencement, la même phrase reparaît. Que le gland perce la terre et montre ce brin d'herbe qui sera chêne ; que l'enfant à qui l'on vient de confier l'aiguillon s'essaie à conduire l'attelée des bœufs de labour ; que l'oiseau encore sans plumes gazouille confusément dans son lit de mousse ; toujours la voix populaire vous dira : c'est le grain de blé de Jean Rouge-Gorge.

Or, voici l'histoire de ce grain de blé, symbole des humbles origines que doivent suivre de grands résultats.

Au dire des conteurs populaires, la Domnonée fut civilisée par des cénobites, qui vinrent bâtir leurs cabanes de feuilles au penchant des collines sauvages. Ils forgèrent d'abord le fer pour fabriquer des cognées avec lesquelles ils abattirent les antiques forêts, construisirent des charrues, ouvrirent la terre encore vierge et transformèrent les solitudes incultes en champs régulièrement entrecoupés de sillons ; mais quand vint le moment de les ensemencer, le blé leur manqua : tout celui dont ils s'étaient approvisionnés avait été dévoré par les animaux de la terre et par les oiseaux du ciel.

Les pieux solitaires voyant que tout ce qu'ils avaient fait jusqu'alors devenait inutile, se mirent en prières, suppliant Dieu de venir à leur secours.

Ils sortirent du lieu où ils lui avaient adressé cette demande, lorsqu'ils aperçurent au sommet de la croix qui protégeait le saint village un petit oiseau dont l'œil était fixé sur eux, et ils reconnurent Jean Rouge Gorge, celui-là même qui est resté cher et sacré pour les chrétiens de la Domnonée, parce qu'au dire de la légende, il vola vers le Christ, au Calvaire, et brisa un des aiguillons de la couronne d'épines.

« L'oiseau ami de Dieu et des hommes regardait les religieux d'un air qui les engagea à s'approcher jusqu'au pied de la croix. Alors il laissa tomber de son bec un grain de blé et il s'envola.

Les religieux recueillirent la précieuse semence qu'ils enfouirent au milieu des terres labourées. Or, par la grâce de Dieu, le grain de blé était fée, si bien qu'il poussa rapidement une tige, puis un épi qui s'entr'ouvrit de lui-même et sema tout autour des graines qui poussèrent de même, mûrirent en quelques instants, el répandirent à leur tour des semences également repro duites ; il arriva ainsi qu'en quelques heures le défrichement entier se trouva couvert d'une belle moisson dorée, et les solitaires n'eurent qu'à aiguiser leurs faucilles et à préparer leurs fléaux.

C'est depuis ce temps dit la tradition, que le blé blanc prospère en Bretagne, où il a fini par couvrir les vallées avec les coteaux, et que la sagesse des anciens répète, à propos de tout ce qui est destiné à se multiplier et à grandir, soit pour le bien, soit pour le mal : c'est le grain de blé de Jean Rouge-Gorge. »

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Lecture personnelle du 24 avril 2005 :


L'Alouette / Rouge-gorge / Rossignol

Je suis l'alouette le jour, le rossignol la nuit et au milieu de la journée, le rouge-gorge. Je suis triple. J'ai une forme acérée, aérienne évidemment. L'avantage d'être triple, c'est que jamais je ne m'arrête de voler, de piquer vers le ciel, soleil, lune. En étant triple, jamais je ne me repose. Le double de ma partie concernée se repose et je prends une autre apparence pour continuer à agir, à vibrer dans l'énergie de l'air, de l'éther. Je suis blanc, rouge et noir, sombre en tous cas. C'est l'avantage aussi d'être trois. Trois couleurs très significatives et porteuses de sens :

  • le blanc de la lumière, de la pureté ;

  • le rouge de la chair, de la vie incarnée, du sang qui bat aux tempes, la pompe du cœur ;

  • et le noir, le moment de repos, de ressourcement, de retour vers la terre qui nourrit, qui informe, qui informe. Voilà.

Je vais parler de la médecine des petits oiseaux car ce serait trop long de parler de chacune des médecines. Les petits oiseaux semblent fragiles ; ils sont légers, c'est différent. Ils ont la légèreté qui leur permet de voler ; des os creux, pour ne pas dire vides, des os pleins d'air. Ils sont donc dans un élément qui leur est à la fois extérieur et intérieur, comme l'eau pour les hommes. Pour les oiseaux, c'est l'air.


La mission de ces oiseaux, c'est de devenir eux-mêmes air ; d'être si bien porté par les courants, les vents, qu'ils en deviennent eux-mêmes des courants. Et bien sûr, la médecine, c'est d'enseigner cette légèreté, cette légèreté physique mais surtout cette légèreté mentale de ne rien prendre au sérieux, au tragique, de savoir pimenter la vie de plaisirs aériens, non pas ces plaisirs factices qui alourdissent les estomacs mais des plaisirs aériens qui élèvent, et de toujours savoir rire, rire sincèrement, un rire amusé, un rire complice, un rire d'enfant qui s'émerveille, pas un rire moqueur qui cloue au pilori. Voilà notre médecine.


Je les aiguillonne avec mon petit bec, très fin comme une petite aiguille. Je ne leur fais pas de mal mais je les aiguillonne pour qu'ils lèvent un peu la tête, qu'ils ne soient pas toujours concentrés sur leur travail ou leurs pattes. Il ne faut pas oublier les cieux et toujours penser à continuer le chemin ascensionnel, même si l'horizontale est importante pour l'incarnation, pour l'âme il ne faut pas oublier la verticale. Et on avance comme ça, en fait, sur une oblique, tracée entre la verticale et l'horizontale. Ça c'est le bon chemin, la rectitude, cette oblique qui est montante. Il ne faut pas s'alourdir, s'aplatir sur le sol, s'allonger sans cesse. Même s'il est nécessaire de se ressourcer à la terre, il ne faut pas non plus être sans cesse rigide, droit comme un piquet, tendu vers je ne sais quel idéal factice... Non, le chemin que je montre, c'est l'oblique, l'oblique ascendante. C'est moi qui leur montre ce chemin puisque je suis dans les airs.


Chacun peut me transporter avec lui tellement je suis petit et donc je, caracole n'est pas le mot, je virevolte de l'un à l'autre sans cesse. Jamais je ne me repose donc je peux même me détripler et être avec trois animaux en même temps et ainsi je mets de l'air dans leur médecine. Je brasse l'air et j'aère, j'aère chacune des médecines des autres animaux. Je les rends plus légères et mouvantes.


Ils [les animaux des autres chakras] m'acceptent sans sourciller même si je les oblige à lever le menton. Ils s'amusent de mes piques. Ils ne s'en offusquent jamais. Ils savent que je mets de la légèreté et ils s'efforcent, de quelque manière que ce soit, ils s'efforcent de me répondre et de s'alléger. Une forme unique semblerait peut-être plus adéquate mais, troisième chakra forme triple, c'est une nécessité dans ce chakra. Le soleil le gouverne. Soleil, lune, terre, ils sont tous les trois liés. Ce n'est pas toujours simple à gérer mais c'est nécessaire pour le travail que j'ai à faire.


L'avantage aussi de cette forme triple : elle montre qu'on passe du rire aux larmes en passant par un état plus neutre mais que chacun n'est qu'un état justement, que rien ne doit s'installer dans la durée ; que nous sommes, les oiseaux comme les humains, mouvants, changeants, quelquefois d'une minute à l'autre et qu'il faut l'accepter, que la vie n'est pas figée, que ces changements, même s'ils fatiguent, l'entourage peut-être, ou même soi-même ; ce miroitement incessant est riche et nécessaire parce qu'il reflète la vie.


Voilà."

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Selon Gilles Wurtz auteur de Chamanisme celtique, Animaux de pouvoir sauvages et mythiques de nos terres (Éditions Véga, 2014) :


"Le rouge-gorge est très familier et peut facilement et rapidement venir vous manger dans la main. Le chant doux et mélodieux du rouge-gorge retentit toute l'année, même la nuit (sauf en été, car le rouge-gorge migre le plus souvent) : c'est grâce à son charmant gazouillis que ce petit oiseau délimite son territoire et le protège de congénères trop intrusifs...

Le rouge-gorge peut avoir deux couvées successives ; si c'est le cas, le mâle se charge d'alimenter les petits de la première couvée.


Applications chamaniques celtiques de jadis : Les Celtes considéraient le rouge-gorge comme un petit ami bien sympathique avec qui le contact était facile, et avec lequel il était intéressant de développer sa propre sympathie. Nos ancêtres aimaient entretenir une relation régulière et familière, à travers leur pratique chamanique, avec l'esprit du rouge-gorge pour nourrir leur propre capacité de sympathie. Toute personne qui se sentait trop encline à la colère, qui avait du mal à s'ouvrir aux autres ou qui affichait une certaine sévérité, était encouragée de demander l'aide de l'esprit du rouge-gorge pour développer sa sympathie, envers elle-même et envers son entourage. Souvent, la première étape pour trouver la sympathie en soi consistait à aller nouer un contact bien réel avec un rouge-gorge, dans la nature, et à l'inviter à venir manger dans sa main puis permettre à une relation personnelle de se créer. Inévitablement, cette approche suscitait d'emblée un sentiment de sympathie envers ce petit oiseau au fier plastron rouge qui, malgré sa vulnérabilité, prenait le parti de faire confiance à la main tendue plutôt que de laisser la peur le dominer et empêcher ces beaux moments. Lorsque la personne arrivait à créer ce contact réel avec un rouge-gorge, elle prenait alors très souvent conscience que la sympathie ouvrait à la joie et au bonheur en soi et autour de soi.

L'élément-clef de ce travail de développement de la sympathie en soi était que celui qui le faisait constatait tout naturellement tous les bienfaits que cela engendrait dans un premier temps dans son quotidien, et ensuite dans sa vie. La sympathie était le premier remède contre la dépression et beaucoup d'autres troubles émotionnel ou mental.

Les parents encourageaient très tôt leurs enfants à prendre contact avec l'esprit du rouge-gorge dans leur pratique chamanique pour découvrir son enseignement sur la sympathie dans la vie.

Les seigneurs, les druides et autres personnages investis de fonctions très importantes, et qui les amenaient à côtoyer un grand nombre de personnes, avaient coutume d'interagir avec l'esprit du rouge-gorge pour favoriser leur propre sympathie envers tous ceux qui dépendaient d'eux, ce qui les rendait simples et accessibles aux yeux des gens.


Applications chamaniques celtiques de nos jours : A notre ère, la sympathie est toujours aussi importante, tout aussi bienfaisante.

On ne peut qu'encourager un praticien en chamanisme celtique à aller rencontrer l'esprit du rouge-gorge à travers les voyages chamaniques pour se faire initier à la sympathie en soi et pour autrui permet d'avancer plus aisément, sur son chemin spirituel car cela favorise la joie.

De même, comme à l'époque des Celtes, c'est une excellente méthode qui contribue à résorber des problèmes de dépression, des colères, peurs, tristesses, états de mal-être... Un travail ciblé avec l'esprit du rouge-gorge permettait de débloquer, de dénouer en douceur bon nombre d'entraves, il pourrait aussi favoriser des prises de conscience salutaires.

Et si l'enseignement de l'esprit du rouge-gorge retrouvait sa place dans notre vie quotidienne - dans tous les domaines : familial, professionnel, scolaire, social, politique... -, nous pourrions tous, ainsi que la Terre, bénéficier du rayonnement bienfaisant de cette vertu indispensable à la vie qu'est la sympathie.


Mot-clef : La sympathie."

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Selon Divi Kervella auteur des Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (Éditions Coop Breiz, 2016) :


"C'est l'emblème des jardiniers et des agriculteurs. on le surnomme evnig al labourer (le petit oiseau du laboureur). C'est lui qui a sauvé les Bretons de la famine peu après leur installation en Petite Bretagne. En effet, leurs semailles étaient constamment dévastées par des animaux de toutes sortes. Après avoir prié le ciel de tout leur cœur ils virent venir le petit oiseau qui laissa tomber de son bec un grain de blé et s'envola. On planta cette semence et, en quelques heures, le sol fut couvert d'une moisson dorée. La Bretagne est depuis une terre à blé. Le rouge-gorge habitera la Bretagne jusqu'à la fin du monde, et personne ne se risquerait à en tuer un, ou alors ce sera le châtiment proclamé dans le proverbe : An neb a lazh ar bruched ruz / A gouezh en tan pe el ludu (quiconque tue le rouge-gorge tombe dans le feu ou dans la cendre).

En Écosse, il est le symbole de la résurrection. Il fut ressuscité par saint Serf et est devenu l'emblème de la ville de Glasgow.

Le rouge-gorge va souvent de pair avec le troglodyte (régulièrement confondu avec le "roitelet"), celui-ci n'étant, dans les croyances populaires, qu'un petit rouge-gorge sans tache rouge."

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Littérature :


Georges Sand, dans une pièce intitulée Le Diable aux champs (1869), entrecoupe les scènes de personnages humains de quelques dialogues animaliers :


SCÈNE XIV (6e partie)

Dans le chemin qui descend à la chaumière


DEUX ROUGES-GORGES, suivant Jenny le long du buisson.

Jenny, Jenny, c’est la bonne Jenny ! Viens, ma femelle mignonne, ne crains rien de la fille aux yeux bleus ! C’est elle qui, tous les jours, nous met du pain sur sa fenêtre. C’est elle que nous voyons dans la serre, où nous entrons comme chez nous. C’est elle qui nous laisse venir jusque dans sa chambre sans vouloir nous empêcher d’en sortir. Jenny, Jenny, c’est la bonne Jenny, c’est la fille aux yeux bleus qui nous aime !


LA FEMELLE DU ROUGE-GORGE. — Jenny, Jenny ! nous vois-tu ! nous entends-tu ? Tu vas là-bas porter du pain blanc aux petits enfants de la chaumière, et, au retour, tu nous donneras les miettes de ta corbeille. Moi aussi, vienne le printemps, j’aurai des petits enfants, et je les amènerai dans le jasmin de la fenêtre, pour qu’ils te connaissent et qu’ils n’aient pas peur de toi. Jenny, Jenny, douce fille aux yeux doux, quand tu regardes, on a envie de voler vers toi, parce que ton regard fait qu’on t’aime.


LES DEUX ROUGES-GORGES, en duo. — Va, va, Jenny ! cours et reviens, nous te suivrons de branche en branche ! Pour aller aussi vite que nous, il ne te manque que des ailes. Tu vas, légère et souriante, comme si tu voulais remplir d’amour, de confiance et de bonheur les êtres et les choses qui te saluent ! Elle prend soin et pitié de tout, la bonne fille aux yeux bleus ; elle ne brise pas le rameau qui s’attache à ses cheveux blonds ; elle n’écrase pas le brin de mousse qui se colle à son petit pied. Va, va, Jenny, le bien qu’on fait, c’est du bonheur qu’on prend partout. Le ciel te rit, le vent te caresse, la fleur t’admire. Nous qui t’aimons, Jenny, Jenny, nous te suivons de branche en branche !

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Amours

26 août 1933.

Le rouge-gorge triompha. Puis, il alla chanter sa victoire à petits cris secs, invisible au plus épais du marronnier. Il n'avait pas reculé devant la chatte. Il s'était tenu suspendu dans l'air, un peu au-dessus d'elle, en vibrant comme une abeille, cependant qu'il lui jetait, par éclats brefs, des discours intelligibles à qui connaît la manière outrecuidante du rouge-gorge, et sa bravoure : « Insensée ! Tremble ! Je suis le rouge-gorge ! Oui, le rouge-gorge lui-même ! Un pas de plus, un geste vers le nid où couve ma compagne, et, de ce bec, je te crève les yeux ! »

Prête à intervenir, je veillais, mais la chatte sait que les rouges-gorges sont sacrés, elle sait aussi qu'à tolérer une attaque d'oiseau, un chart risque le ridicule : elle sait tant de choses... Elle battit de la queue comme un lion, frémit du dos, mais céda la place au frénétique petit oiseau, et nous reprîmes toutes deux notre promenade du crépuscule.


Colette, "Amours" in Les Vrilles de la Vigne, 1908 ajout de 1933.

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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque à plusieurs reprises le Rouge-gorge :


24 octobre

(La Bastide)


Un éclair vermillon vif, le charbon d'un œil qui me regarde - toute l'ironie de la biosphère.

Le rouge-gorge a sauté dans le soleil, sur le citronnier du jardin, divinité instantanée de la terre et de l'air.


[...] 26 novembre

(La Bastide)


Chiffon gris

Poitrine de soleil qui se lève

Rouge-gorge

[...] 3 janvier

(La Bastide)


Ce matin, j'ai trouvé quatre cadavres dans le domaine : un merle à côté d'un bidon, un hérisson dans un buisson, un rouge-gorge sur le goudron, un rat sous les citrons. J'ai l'air de plaisanter, mais j'écris la vérité pure. [...]

Le rouge-gorge gisait écrasé sur la route : le gris de ses ailes et l'orange de son poitrail composaient une harmonie simple, à laquelle participaient les asticots attablés dans ses orbites.

[...] 8 mars

(Fontaine-la-Verte)


Je dépose sur la souche mon offrande de pain quotidien aux oiseaux. Les mini-dieux de l(atmosphère répondent à ma prière en miettes.

Le rouge-gorge arrive le premier ; il vole au ras du sol et gobe trois becquées ; mais le moineau le chasse comme un fou mange un pion sur l'échiquier. La mésange bleue se présente en deux temps : la branche, puis a souche. Elle saisit le plus gros morceau de nourriture et remonte sur son perchoir le picorer à son aise. (Je me rappelle la rage avec laquelle l'une d'elles assommait des chenilles sur un pommier, l'an passé, en Savoie...)

Le rouge-gorge tente de se réintroduire sur la scène : en vain. Les moineaux sont chaque minute plus nombreux. On dirait qu'ils naissent de l'herbe et des feuilles. Quand la troupe est à table, le spectacle perd toute subtilité : j'ai l'impression de nourrir un élevage de cochons.

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Rouge

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