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Le Rouge-Queue

Photo du rédacteur: AnneAnne

Dernière mise à jour : 2 juin 2024




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1640 (J. A. Comenius, Janua aurea reserata [...] A Nathanaele Dhuez in idioma Gallicum & Italicum traducta, p. 47 : le rouge queuë ou rougecul). Comp. de rouge* et de queue*.


Lire également la définition de rouge-queue afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Phoenicurus ochruros - Bec fin rouge-queue- Quoude rousse nègre (gascon) - Rossignol de roche - Rossignol des murailles - Rouge-queue noir - Rubiette - Rubiette rouge-queue - Tordefin (gascon) -

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Zoologie :


Dans le livret Les Oiseaux "utiles" au jardin offert par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée (collection Les Cahiers pratiques du Parc, 2016), on apprend que :


Description : Ces deux Rougequeues [ Le rougequeue à front blanc et le Rougequeue noir] mesurent entre 13 et 14,5 cm et possèdent une queue roussâtre. Le rougequeue à front blanc se caractérise par un bandeau blanc sur la tête, il est plus coloré que le Rougequeue noir, le dessous étant chamois/ roux. Les femelles sont marron tandis que les mâles sont de couleur suie. Le Rougequeue à front blanc est un migrateur transsaharien présent chez nous des mois d’avril à octobre alors que le Rougequeue noir est un résident très commun qui est rejoint par de nombreux individus nordiques qui passent l’hiver dans nos régions.


Régime alimentaire : Les rougequeues sont assez familiers de l’homme et viennent volontiers s’alimenter dans nos jardins. Peu sociables vis-à-vis de leurs congénères, ils seront plutôt seuls ou en couples. Ils choisissent un perchoir (branche, piquet…) et se tiennent à l’affût pour chasser de nombreux insectes pourvu qu’ils ne soient pas trop gros : famille des scarabées, papillons, diverses mouches, moustiques, moucherons, guêpes et abeilles, fourmis, criquets et sauterelles, larves et chenilles de préférence, mais également araignées, vers, mille-pattes, cloportes, petites limaces et mollusques. En automne et en hiver, le Rougequeue noir consomme des baies et parfois des graines. Le Rougequeue à front blanc est exclusivement insectivore. Des individus en migration, à l’aller comme au retour, pourront d’ailleurs faire une halte pour s’alimenter dans votre jardin.


Besoin en termes d’habitat : L’arbre est un élément vital pour le Rougequeue à front blanc qui apprécie les jardins de type “parc”. Il peut nicher dans un vieil arbre mais également dans une muraille, une remise ou sur une poutre abritée. En revanche, c’est la pierre qui est indispensable au Rougequeue noir qui peut faire son nid dans de nombreuses cavités : muraille, tas de cailloux, remise, trou sous les tuiles… mais rarement dans un arbre. Ils pondront 5 œufs (voire 7 pour le Rougequeue à front blanc) et nourriront les poussins d’insectes durant quinze jours environ.

 

Le site Lubéron, le meilleur de la Provence ajoute une précision intéressante sur l'habitat du Rouge-queue :


Originaire des régions montagneuses, le rougequeue noir a colonisé les endroits détruits par les bombardements après la Deuxième Guerre mondiale et s'est répandu dans les zones urbaines et les sites industriels de toute l'Europe.

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Croyances populaires :

Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :


Il ne faut jamais faire de mal à un Rouge-Queue, sinon, si on a une vache rouge, il lui arrivera malheur. Dans le Jura neuchâtelois on dit que la foudre tombera sur la maison. Jolie formule utilisée dans la vallée d'Anniviers pour prêcher la protection des oiseaux, elle est à rapprocher de celle de Guillaume Tell disant à son fils, dans la forêt protectrice au-dessus d'Altorf : « Il ne faut jamais frapper les arbres sinon ils saignent ».

A Hérémence le Rouge-Queue est regardé comme un oiseau mystérieux, ayant des pouvoirs surnaturels. Si un enfant a le malheur de tuer un de ces oiseaux posé sur le toit de sa maison, son père ou sa mère mourra. Si au contraire on le tue posé sur le toit de l'étable on subira la perte de la plus belle bête de l'étable.

La présence du Rouge-Queue est un porte-bonheur, s'il niche dans l'une ou l'autre partie de la maison ce sera une année de bonheur et de prospérité.

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Dans Ornithologie du promeneur (volumes 1 à 2, Éditions Allia, 1995), Dominique Meens convoque les auteurs antiques pour établir un lien entre le Rouge-gorge et le Rouge-queue :


Ce que vous avez entendu, ce qui a sauvé votre promenade, un murmure. Une langue étrangère, une langue, morte, le chant d'un oiseau déplacé, son retour chez vous, en ce début d'hiver. Le rouge-gorge vous l'avez entendu. L'oiseau d'hiver s'est faite entendre. La rougeur dans l'obscurité s'est découverte. Écoute a dit l'oiseau, et vous l'avez écouté. « Les rouges-gorges et les oiseaux nommés rouges-queues se métamorphosent de l'un à l'autre. Le rouge-gorge est un oiseau d'hiver, le rouge-queue d'été. Ils ne se différencient en rien l'un de l'autre, peut-on dire, à l'excepté de leur seule couleur ». L'oiseau d'hiver vous ouvre les livres, vous désigne la page, écoute, celui-là, comment dis-tu Aristote ? Oui, cherche bien, je le lui ai dit, je me répète, vois-tu. [...]

... erithacus hieme, phoenicurus aestate (Pline) ; le rouge-gorge, l'hiver, le rouge-queue, l'été. J'entends le rouge-gorge, l'hiver approche. Voilà pourquoi j'ai si froid.

 

Le livret Les Oiseaux "utiles" au jardin offert par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée (collection Les Cahiers pratiques du Parc, 2016) confirme cette assertion :


Il n’y a pas si longtemps de cela, on pensait que les rougegorges transformaient leur plumage en hiver pour devenir des rougequeues.

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Symbolisme :


Magdalena Hrozínková, autrice d'un article paru le 05/12/2023 sur le site Radio Prague International, nous apprend que le Rougequeue noir est devenu l'emblème de l'année 2024 :


Le rougequeue noir, oiseau de l’année 2024


Rehek domaci, en français rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) a été désigné l’oiseau de l’année 2024, ce mardi, par la Société ornithologique tchèque (ČSO). Communément appellé « kominíček » en Tchéquie, ce petit passereau au plumage sombre et discret et à la queue rousse se trouve fréquemment dans un environnement humain. Il chante dès le mois d'avril et son chant se termine toujours par un bruit très caractéristique de froissement de papier.

Les ornithologues soulignent le changement du comportement migratoire du rougequeue noir, qui tente, de plus en plus souvent, d'hiverner en Tchéquie. De plus, l’espèce s'étend progressivement vers le nord de l’Europe ce qui est probablement lié au réchauffement de la planète.

 

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Chanson :


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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque le Rouge-queue :


17 février

(La Bastide)

Coup d'éventail

De feuilles de figuier

Rouge-queue noir


J'associais jusqu'ici ce passereau à mes balades estivales dans les Alpes, où je l'apercevais dans les grappes de sureau rouge ou sur les poutres des granges. Les parfums, les lumières et les sons étaient autres ; autre, également, le cortège des infrasensations (magnétiques, électriques, telluriques...) dont jamais on ne parle.

Le rouge-queue que je croise à l'instant ruine cet édifice sensoriel et mental. Il télescope les moments et les lieux. Il fait pousser des oliviers entre les épicéas de l'étage montagnard, et mêle l'incarnat des lauriers-roses au jaune soufré des pulsatilles.

 

Le rouge-queue pour s’amuser du rouge-gorge,

Il lui crie :

Cou en feu ! cou en feu !

Et le rouge-gorge de répondre, qui se rit :

Feu au cul ! feu au cul !


Poème présent dans l'anthologie Plumes de poèmes (Éditions : Rue du monde, Coll. « La poésie », 2017 ) proposée par Jean–Marie Henry et Judith Gueyfier.

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Les Rouges-queues (haïbun)

Mireille Peret (avril 2021)


J’aimerais partager ici mon expérience du HAÏBUN et, avant tout, pour ceux qui ne le connaîtraient pas , vous en donner la définition avec l’extrait d’un texte de Danièle Duteil tiré du site de l’Association Francophone du Haïku :

« Le haïbun est une composition littéraire dans laquelle prose et haïku se mêlent en une brève narration poétique d’une expérience réelle ou imaginaire…… Le haïku, survenant dans le haïbun, introduit une diversion, une réorientation du regard soudain focalisé sur l’immédiateté, le concret, « l’ici et maintenant ». C’est pourquoi il ne constitue pas une banale illustration du propos : éclos dans les plis de la prose, il entretient avec le récit des liens très subtils.Ce divertissement inattendu doit surgir le plus naturellement possible et ravir le lecteur, c’est à dire lui laisser une impression forte. Aussi, afin de ne pas émousser le plaisir, le poète sera attentif à ne pas émailler son haïbun de haïkus trop nombreux, mais à les distiller opportunément. Plus le haïku sera rare, plus il gagnera en puissance. Un seul peut suffire même, plutôt placé en position finale. »


L’hiver 2019, nous avons installé trois nichoirs près de la maison… Au printemps, quel bonheur de constater que l’un d’eux était occupé !

Débutait alors le ballet incessant d’un couple d’oiseaux dont j’ignorais le nom. Maintes fois par jour et à tour de rôle : petit arrêt sur la rambarde… regard à droite, regard à gauche… puis direct vers le nid, le bec bien rempli ! C’était merveilleux de pouvoir les observer. J’apercevais souvent le bec ouvert de trois oisillons affamés et l’un des deux parents qui s’affairait à les remplir. A voir leurs allers et venues, j’imaginais le travail intensif que devaient fournir ces deux petits êtres pour nourrir leur progéniture.

Après quelques recherches, je connaissais enfin leur nom.


sept heures au clocher –

encore un ver dans le bec 

du rouge-queue


fête des mères

le va et vient de l’oiseau

vers le nid


Nos deux chats avaient bien remarqué ce manège incessant et passaient leur temps à les veiller. Je craignais alors pour les deux parents qui se rapprochaient de plus en plus, faisant diversion afin de préserver leur nid.

Mais, pour rien au monde, maman et papa oiseaux n’auraient laissé quiconque s’approcher de leur nid ! Il n‘y avait qu’à les voir lorsque l’on s’avisait de s’asseoir sur la terrasse… il ou elle avertissait tout le quartier et redoublait de vigilance en passant et repassant devant nous pour nous pousser à déserter les lieux.

Même les chats n’avaient pas la loi !


rôles inversés

la chatte attaquée 

par l’oiseau


Jusqu’au jour où le silence s’installa… Plus un cri. Plus un seul rouge-queue. Plus de becs affamés dépassant du nid… Les petits avaient pris leur envol, sans nous inviter au spectacle.


nid vide

le chant des rouges-queues

envolé


Un mois plus tard, surprise ! Le même nichoir était à nouveau habité ! Etait-ce le même couple qui veillait ?


seconde nichée ~

sur la terrasse le soleil

des rouge queues


Pas de nichée l’année dernière…

Ce printemps, chaque jour je veille leur retour. De temps en temps j’entends leurs cris et j’en ai même vu un se poser sur la rambarde…

Mais les nichoirs restent désespérément vides. 


nouveau printemps

j’apprends à reconnaitre

les chants d’oiseaux

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