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La Chèvre



Étymologie :


  • CHÈVRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1119 chievre (Ph. de Thaon, Comput, 1425 ds T.-L.) ; ca 1220 tenir por chievre « tenir pour fou » (G. de Coincy, éd. Koenig, I Mir, 18, 614) ; 1675 devenir chèvre (J.-H. Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Bâle) ; 1672 ménager la chèvre et les choux (Mme de Sévigné, Correspondance, éd. R. Duchêne, p. 473) ; 2. 1611 technol. « appareil de levage » (Texte cité ds Mém. de la Sté de l'hist. de Paris et de l'Ile-de-France, 1916, p. 69). Du lat. class. capra, fém. de caper « bouc ».


Lire aussi la définition pour ouvrir la réflexion sur la signification symbolique du terme.

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Toponymie :


  • de l'occitan cabra : Cabrerets (46040) - Cabrerolles (34044) - Cabrespine (11056) - Cabris (06126) - Cabrières (34045) - Cabrières (30057) - Cabrières-d'Aigues (84024) - Cabrières-d'Avignon (84025) - Cabriès (13019) -

  • du vieux provençal chabre : Chabrillan (26065) -

  • du breton gavr : Gâvres (56062) - île de Gavrinis, Larmor-Baden (56106) -

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Zoologie :

La langue des chèvres, "très râpeuse, faisait office d'instrument de torture au Moyen Âge. Les pieds du condamné, enduits de sel, étaient léchés par l'animal, provoquant le rire puis un épuisement mental propice aux aveux."

Jeu de mémoire : Au cœur de la matière, éd. Ullmann.

 

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Astronomie et Astrologie :


Selon l'article de Wikipédia,


L'étoile la plus lumineuse de la constellation du Cocher, Capella (α Aur), est une étoile géante jaune de magnitude apparente 0,08 et la sixième étoile la plus brillante du ciel, l'étoile de première magnitude la plus proche du pôle nord céleste.

Capella n'est pas très lointaine ; à 42 années-lumière de nous, elle fait partie des 100 plus proches étoiles de la Terre. Ce qui la caractérise, c'est qu'il s'agit d'une étoile double, deux étoiles jaunes de classe G, chacune 10 fois plus grosse que le Soleil, deux géantes séparées de 0,60 UA.

Son nom signifie « chevrette » en latin et il s'agit de la chèvre que le cocher porte sur son dos. Dans la mythologie grecque, elle est assimilée à Amalthée."

 

En astrologie, la chèvre inspire bien sûr le signe du Capricorne.

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Croyances populaires :


Selon Jacques Albin Simon Collin de Plancy, auteur du Dictionnaire infernal, ou bibliothèque universelle, sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses : qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l'enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyants merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. (Tome troisième. La librairie universelle de P. Mongie aîné, 1826) :


FIENTES. [...] Fiente de chèvre. La fiente de chèvre a la vertu de faire suppurer toutes sortes de tumeurs, quelque difficiles qu'elles soient. Galien guérissait fort souvent ces tumeurs et les duretés des genoux, mêlant cette fiente avec de la farine d'orge et de l'oxicrat, et l'appliquant enforme de cataplasme sur la dureté ; elle est admirable pour les oreillons, mêlée avec du beurre frais et de la lie d'huile de noix. Ce secret semblera ridicule ; mais il est véritable ; car on a guéri plus de vingt personnes de la jaunisse, leur faisant boire tous les matins, pendant huit jours, à jeun, cinq petites crottes de chèvre dans du vin blanc.

 

Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


CHÈVRE BLANCHE DE GUMOENS. Le château de Gümoëns appartient au canton de Vaud, dans la Suisse Romande. Autrefois, lorsqu'un événement devait arriver aux habitants de ce château, il était toujours annoncé par l'apparition d'une chèvre blanche qui se montrait à la plus haute fenêtre de l'édifice .

 

Selon Grażyna Mosio et Beata Skoczeń-Marchewka, auteurs de l'article "La symbolique des animaux dans la culture populaire polonaise, De l’étable à la forêt" (17 Mars 2009) :


"La chèvre était considérée être “une créature diabolique”. On disait que le diable lui-même l’avait formée d’argile. Cette relation avec le diable devait la rendre résistante aux sortilèges. Qui plus est, par sa seule présence dans l’étable elle pouvait protéger les autres animaux de l’ensorcellement. Dans la région de Pogórze on élevait donc des chèvres pour assurer la protection des vaches (Grybel 1965: 92). Dans la région de Lublin, le bouc protégeait les chevaux (Kolberg 1962b : 143). Dans la région d’Orawa on croyait qu’elles effrayaient les rats. Le lait de la chèvre avait aussi une force protectrice. Ajouté au lait de vache, il prémunissait contre les sortilèges (Kowalska-Lewicka 1980: 126-127). La chèvre faisait partie en hiver des groupes de chanteurs de noëls. Elle était le plus souvent représentée par un jeune garçon couvert d’une peau de mouton, tenant une tête de chèvre sculptée dans le bois, à la gueule mobile. Elle donnait des coups de cornes aux jeunes filles, leur faisait la cour (Dworakowski 1964 : 46). Elle simulait la mort et la résurrection. Les chanteurs de noëls récitaient : “Là où passe la chèvre, là pousse le seigle, là où la chèvre donne un coup de corne, là le seigle est en meule” (Klimaszewska 1981 : 136). Le but de ce rite était d’éveiller la nature morte, d’assurer la fécondité des femmes et la fertilité de la terre. La présence de la chèvre dans les cortèges du carnaval avait la même signification."

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Symbolisme :


Selon Robert Turcan, auteur d'un compte-rendu de lecture intitulé "A. Brelich. Paides e Parthenoi." paru In : Revue de l'histoire des religions, tome 180, n°2, 1971. pp. 171-175 :


Mais la démocratique Athènes, si évoluée à d'autres égards, n'avait pas rompu radicalement avec le vieux système des classes d'âge et l'intégration graduelle des individus à la société. L'auteur, ne se fonde pas tant sur certains éléments initiatiques de l'éphébie (dont aucun document n'atteste l'existence avant le IVe siècle) que sur les vers 641-645 de la Lysistrata d'Aristophane. Dans ce passage, le chœur des femmes énumère quatre étapes ďun cycle éducatif dont la structure et le contenu rituel suggèrent mainte comparaison avec les systèmes connus d'initiations féminines. Le chœur se vante d'avoir été successivement arréphore, aletris (« broyeuse de grains »), « ourse » et canéphore. Aux arréphores — qui a l'époque classique n'étaient que quatre, mais qui représentaient toute une classe d'âge — était imposée une épreuve de ségrégation sur - l'Acropole, près du temple d'Athéna ; et le Parthenon d'Athènes, comme tous les autres « parthénons » connus du monde grec, devrait son nom au fait que les jeunes candidates étaient primitivement séquestrées dans un local avoisinant le temple. Les « aletrides » apprenaient l'exercice d'une tâche vitale, la panification, qui dans la société grecque archaïque était de la compétence des femmes : on sait que chez les « primitifs» les initiands acquièrent, pendant la ségrégation la pratique d'une activité qu'ils auront à exercer en tant qu'adultes. La robe de safran distinguait les « ourses » (arktoi), dont le nom est typique des confréries initiatiques chez les non-civilisés. Elles étaient attachées à l'office cultuel des Drauronia que les mythes de fondation lient à des histoires de sacrifice humain, de rapts et de chèvres habillées en femmes. A. Brelich marque plus loin (p. 362 s.) les analogies curieuses qui apparentent l'histoire d'Embaros au rite corinthien de la chèvre « volontairement » sacrifiée, puisqu'on lui faisait déterrer le couteau qui servirait à l'égorger ; pour expier la mort des fils de Médée, des garçons costumés de noir subissaient chaque année une épreuve de réclusion sur l'acropole de Corinthe ; le sacrifice de la chèvre a tout l'air d'un rite de substitution : l'animal mourait en lieu et place des enfants, dont la réclusion équivaut à une mort initiatique.

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Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :


"On ne connaît guère chez nous de la chèvre que son agilité ou, selon La Fontaine, son goût de la liberté, d'une liberté primesautière, qui fait que le nom de la chèvre (capris) a été donné au caprice.

Dans l'Inde, parce que le mot qui la désigne signifie également non-né, elle est le symbole de la substance primordiale non manifestée. Elle est la Mère du monde, Prakriti. Les trois couleurs qui lui sont attribuées, le rouge, le blanc et le noir correspondent aux trois guna, ou qualités primordiales : respectivement sattva, rajas et tamas.

Certaines peuplades de la Chine mettent la chèvre en rapport avec le dieu de la foudre : la tête de la chèvre sacrifiée lui sert d'enclume. La même relation entre la foudre et la chèvre est attestée au Tibet. Elle figure en somme un instrument de l'activité céleste au bénéfice de la terre, et même plus précisément de l’agriculture et de l'élevage.

Chez les Germains, la chèvre Heidrun paît dans le feuillage du frêne Yggdrasil et son lait sert à nourrir les guerriers du dieu Odin.

Chez les Grecs, elle symbolise l'éclair. L'étoile de la Chèvre, dans la constellation du cocher, annonce l'orage et la pluie, ainsi que la chèvre Amalthée, nourrice de Zeus.

L'idée d'associer la chèvre à la manifestation du dieu est très ancienne. D'après Diodore de Sicile, des chèvres auraient guidé l'attention des hommes de Delphes vers le lieu où des fumées sortaient des entrailles de la terre. Prises de vertige, elles dansaient. Intrigués par ces danses, des hommes comprirent le sens des vapeurs émanant de la terre : il leur fallait interpréter cette théophanie ; ils instituèrent un oracle.

Yahvé s'était manifesté à Moïse au Sinaï au milieu des éclairs et du tonnerre. En souvenir de cette manifestation, la couverture couvrant le tabernacle était composée de poils de chèvre.


Un vêtement nommé cilicium, tissé de poils de chèvre, était porté par certains Romains, et par des Syriens, au moment de la prière, pour symboliser leur union avec la divinité. Chez les Chrétiens, le port ascétique du cilice prend le même sens, avec une intention de mortifier la chair par pénitence et de libérer ainsi l'âme vivifiée qui veut se donner pleinement à son Dieu. Ce qui n'est pas sans évoquer la robe de bure des moines.

Notons à ce propos que le mot soufi viendrait, selon la tradition la plus admise en Orient, de souf, terme sous lequel on désigne le feutre de poil de chèvre dont était rituellement faite la robe des derviches de certaines confréries mystiques musulmanes particulièrement sévères dans leurs règlements intérieurs.

Les Orphiques comparent l'âme initiée à un chevreau tombé dans le lait, c'est-à-dire vivant de la nourriture des néophytes, pour accéder à l'immortalité d'une vie divine. Dans les orgies dionysiaques, la peau des chevreaux égorgés revêtaient les Bacchantes. Le chevreau désigne parfois Dionysos en transe mystique. C'est le nouveau-né à une vie divine. Zeus enfant suçait le lait de la chèvre Amalthée qui fut transformée en nymphe, puis en déesse nourricière, puis en fille du Soleil. Dans toutes ces traditions, la chèvre apparaît comme le symbole de la nourrice et de l’initiatrice, tant au sens physique qu'au sens mystique des termes. Mais sa connotation capricieuse impliquerait aussi la gratuité des dons imprévisibles de la divinité."

 

Un site entier consacré à la chèvre : Sente de la chèvre qui baille.

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D'après Éloïse Mozzani, auteure du Livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019) :


La chèvre, révérée à Mendes en Égypte – la grande divinité de cette ville, Pan, était représentée avec la face de cet animal -, devint en Europe, avec son mâle le bouc, un compagnon habituel des sorciers, qui lui empruntaient souvent sa forme, Marcelle Bouteiller cite, par exemple, le cas d’un sorcier de Dercé (Poitou) qui, sous l’apparence de cet animal, « arrêtait la roue d’un moulin chaque soir jusqu’au lever du soleil » C'est la chèvre en outre qui a donné son pied fourchu au diable. En Angleterre, elle rend régulièrement hommage à son maître, Satan : ce qui explique qu’on ne voie jamais « une chèvre vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Charles Villeneuve fait des chèvres savantes un diable ou un démon déguisé, en prenant l’exemple de Djali, chèvre aux cornes dorées d’Esméralda dans Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo.

Toutefois, selon une croyance européenne, la chèvre fournit également avec son sabot ou les poils de sa barbe des talismans efficaces contre le démon.

Rencontrer une chèvre noire est très funeste et trois dans un troupeau attirent le loup. En revanche, voir une chèvre blanche venir sur sa droite est un bon présage.

Les crottes de chèvre en cataplasme font supputer toutes sortes de tumeurs, et en décoction sont souveraines contre les fluxions de poitrine, les verrues, les furoncles et la jaunisse (dans ce dernier cas, en manger cinq dans du vin blanc, tous les marins à jeun pendant huit jours). Dans le Caucase, on fait brûler les excréments de l’animal sous le berceau d’un enfant souffrant tandis qu’aux États-Unis, on croit guérir un malade en menant une chèvre paître près de l’endroit où il se tient puis en l’en chassant, la chèvre emportant avec elle le mal dont il souffre. Bien que, selon Pline, la chèvre qui lèche un olivier le rendrait stérile, une ceinture en peau du même animal trempée dans du lait d’ânesse, portée plusieurs jours et enlevée au lendemain de la relation sexuelle, est un remède contre la stérilité. La graisse de chevreau entre, avec du vin blanc, de l’huile et de l’alun bouillis, dans la composition d’un onguent pour rajeunir la peau.

Selon une croyance très courante autrefois, donner du lait de chèvre aux enfants les rend agités et lestes comme l'animal à tel point que « ceux qui, adultes, en usent longuement deviennent si remuants qu’ils ne font que sauter, danser, monter et courir ». L’enfant nourri au lait de chèvre risque encore d’être idiot ou particulièrement têtu et obstiné (Belgique). Les Polonais croient eux que seul ce lait peut éteindre un incendie causé par le tonnerre.

En Ille-et-Vilaine, pour favoriser la fécondation de la chèvre, celui qui la menait au bouc mettait à l'envers son bonnet ou son chapeau. Dans le pays messin, le chevreau qui naît le vendredi saint change quatre fois de couleur au cours de l'année.

La chèvre prévient de l'arrivée de la pluie en broutant tranquillement (Vivarais) ; de même si elle « brute l'herbe jusqu'au ras » (Dauphiné) ou si elle « lèche les murs de l'étable » (Belgique). Dans les Vosges un dicton signale que « si la chèvre demande le bouc en septembre, l'hiver sera précoce ; plus elle attendra, plus l'hiver sera tardif et bénin ».

De nombreuses chèvres fantastiques parcouraient autrefois notre pays : dans le Morbihan, près de Kergrist, il est fait mention d'une chèvre blanche qui allaita sept frères abandonnés dans le bois et prit soin d'eux ; ils devinrent tous évêques (saints Merec). Cette chèvre merveilleuse, dont certains attestent encore l'existence aujourd'hui, n'est pas sans rappeler la chèvre Amalthée qui nourrit Zeus enfant et devint successivement nymphe, déesse nourricière et fille du Soleil. En outre, les évêques de Kergrist, comme bien avant eux le dieu Zeus, montrent que « la chèvre apparait comme le symbole de la nourrice et de l'initiatrice, tant au sens physique qu'au sens mystique des termes ».

Dans les Landes, la chèvre, appelée le « Bichérre » ou « Béchèrre », plutôt démoniaque et s'apparentant au loup-garou, gémissait la nuit ; dans le centre de la France, la « Chèvre du diable » ensorcelle par son regard ceux qu'elle rencontre et les fait gambader et sauter. Dans le Vivarais, à Largentière et plus précisément au Bédéret où se dressent les ruines du château de Fanjeaux, une « chèvre d'or » apparaît tous les ans, la veille de Noël, à minuit : « Que de fois, enfant, je me suis levé pour voir cette fameuse chèvre d'or ! Je me rappelle avoir parfaitement vu ses yeux : ils étaient si brillants qu'on les aurait pris pour deux chandelles allumées ».

La chèvre blanche est connue d'autres contrées. Celle que Désiré Monnier surnomme la « chèvre-fée » se montrait pour annoncer d'heureux événements comme un mariage aux habitants du château du Gümoens (Suisse romande, canton de Vaud), ainsi que l'évoque une chanson de 1844 :


C'est du bonheur, c'est notre vieux présage !

Sur nous le jour va se lever plus beau,

Car on le dit, on l'affirme au village.

La chèvre blanche apparaît au Château.


A Vallorbe, l'apparition d'une femme, sorte de fée également, menant des chèvres blanches présage une année fertile et une mauvaise année si elle est accompagnée de chèvres noires.

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Selon Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Hachette Livre, 2000) :


"Nos ancêtres chasseurs du paléolithique supérieur, il y a donc au moins 35 000 ans, semblaient beaucoup apprécier la chèvre, mais sans doute plus pour sa chair et son pelage que pour son lait et le délicieux fromage que l'on en fait. Car ce n'est qu'à partir du VIIe millénaire avant notre ère que sa domestication semble attestée.

Toutefois, en ce qui concerne la symbolique qui se rattache à cet animal réputé pour avoir un caractère irascible et capricieux, adjectif qui partage une étymologie commune avec "chèvre", il nous faut distinguer la chèvre du bouc et du bélier. Ainsi, elle fut volontiers assimilée à une déesse de la Terre nourricière - cette fois sûrement à cause de son lait -, au pis duquel les hommes s'abreuvèrent, à l'instar de celui de la vache. Elle est donc plutôt porteuse de symboles bénéfiques, sauf dans le mythe de la Chimère (en grec, chèvre se disait chimaira), cette dernière étant dépeinte comme une créature fantasmagorique à tête de lion, à corps de chèvre et à queue de dragon. Le plus souvent, par elle, on fait allusion à l'abondance des nourritures de la terre et, par analogie, aux nourritures spirituelles, mais aussi à l'agilité, à la légèreté, à la grâce et à la danse, du fait qu'elle court et saute de roche en roche, à flanc de montagne.

Lorsqu'une chèvre apparaît dans l'un de vos rêves, c'est pourtant bien son caractère capricieux et imprévisible qui est mis en avant, car les caprices de cet animal sont en rapport avec les lois de la nature, lesquelles répondent à une logique qui n'est pas celle de l'intellect ni de la raison, mais de l'instinct. Voilà pourquoi elle apparaît souvent quand on a tendance à privilégier la raison au détriment de l'instinct, ce dernier se manifestant alors à nous sous l'aspect d'une chèvre révélant qu'un événement imprévisible risque de se produire dans notre vie ou que nous allons ou devrions réagir contre toute raison."

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Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007 ; traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) nous délivre un :


Message des chèvres :


Lorsque vous regardez le monde d'un point

de vue éclairé, vous ne voyez que l'amour et la paix. Notre message

pour vous est de voir avec nos yeux et d'envoyer l'énergie

de l’harmonie à tous. Vous serez porteur de la sagesse

divine qui peut changer le monde.


Les chèvres sont des animaux extrêmement intelligents qui viennent d'Orion, la constellation de l'éveil spirituel et de la sagesse. Elles apportent la lumière et la sagesse d'une fréquence élevée dans le monde ainsi que la guérison, la générosité et l'humilité.

La mission de service des chèvres est l'élimination des déchets, et elles mangent, digèrent et transmuent beaucoup de matière physique indésirable. En même temps, elles purifient l'énergie dans l'entourage des déchets. Elles contribuent également à l'écologie locale. Par exemple, il existe des plantes toxiques que d'autres animaux ne peuvent pas manger et que les chèvres vont facilement consommer. Elles nettoient le terrain afin que de nouvelles graines puissent être semées.

Quand leur âme supérieure était en consultation avec le Conseil intergalactique et les maîtres d'Orion en ce qui concerne leur rôle sur Terre, les chèvres ont souhaité offrir leur lait et leur laine aux humains. Ce n'est pas par hasard que la femelle s'appelle une chèvre nourricière, car une nourrice prend soin des bébés et les élève. Et c'est précisément ce que fait une chèvre nourricière. Elles étaient également heureuses que leurs peaux soient utilisées après leur mort tant que cela n'a pas été tenu pour acquis.

Elles désirent se promener librement, expérimenter la planète et agir en fonction de leur sagesse innée. Elles portent la sagesse dans leur âme et veulent la répandre, mais par-dessus tout, elles cherchent la liberté et l'espace où elles pourront être elles-mêmes. Les chèvres ont beaucoup de points communs avec les moutons. Toutefois, les moutons viennent des Pléiades en tant que guérisseurs et sont très différents sur le plan énergétique des chèvres d'Orion, pour qui le fait de répandre la sagesse avant d'agir comme des guérisseurs constitue un rôle secondaire. Les moutons aiment se rassembler en troupeau. Les chèvres sont aussi regroupées en troupeau, mais elles aiment également être indépendantes.

Ces animaux particuliers ont un formidable sens de l'équilibre. Ils aiment grimper dans les montagnes et se tenir debout sur les rochers et les pics pour regarder le monde d'une perspective plus élevée. Quand vous voyez une chèvre debout sur un sommet, elle peut être reliée à Orion pour une inspiration et une connexion plus élevées. Dans la mythologie : Selon la mythologie nordique, Thor, le dieu du tonnerre, a un chariot tiré par les boucs Tanngrisnir et Tanngnjöstr. La nuit, il mange la viande des boucs, mais laisse leurs os intacts afin qu'ils puissent revenir à la vie le lendemain matin et continuer à tirer son chariot. Une nuit, un hôte est invité à partager son repas. Il brise l'une des pattes des boucs pour en manger la moelle. Le matin, la patte est encore cassée, et l'invité doit devenir le serviteur de Thor pour compenser la perte. Mon interprétation de ce conte est que le puissant Thor peut partager la sagesse des boucs, mais il ne peut pas interférer avec ce qui constitue leur essence.

Pan, le dieu de la nature, est un maître de la neuvième dimension qui a de grandes responsabilités. Une fréquence tellement élevée irradie de lui lorsqu'il surveille le monde de la nature que les humains ont toujours mal compris son rôle et son essence. Toute la nature crée et procrée, et le bouc est très puissant, avec un fort élan créateur. Dans les temps anciens en Grèce, durant lesquels la compréhension était moins spirituelle, le dieu Pan était représenté avec le buste d'un homme et les cornes et le bas du corps d'un bouc. En fait, étant donné que les chèvres portent la sagesse d'Orion, elles se connectent avec Pan, le dieu de la nature, et travaillent avec lui.

Les chèvres s'efforcent d'alléger nos vibrations planétaires, et ce, tout particulièrement sur le plan énergétique.

Lorsque vous regardez une chèvre dans les yeux, vous voyez la conscience, l'intelligence, la connaissance et l'illumination. De plus, quand elles sont traitées de manière appropriée, elles peuvent être aimantes, affectueuses et loyales. Quand il y a de la sagesse, il y a toujours de l'amour.

VISUALISATION POUR COMPRENDRE LES CHÈVRES :

  1. Aménagez un espace où vous pourrez vous détendre sans être dérangé.

  2. Détendez-vous et respirez confortablement.

  3. Ensuite, connectez-vous au royaume des chèvres et voyez une chèvre magnifique qui est debout sur un piton rocheux qui surplombe une vallée.

  4. Regardez avec les yeux de la chèvre le panorama qui s'étend devant vous.

  5. Sentez une lumière rose doré qui se forme dans votre cœur. Elle est faite de sagesse et d'amour, et commence à rayonner de votre cœur vers le monde entier.

  6. Vous savez ce qui se passe tout autour de vous.

  7. Vous vous connectez à Orion, une planète de sagesse et d'illumination, et un rayon doré vous enveloppe.

  8. Comme vous voyez d'une position supérieure, vous avez une vue d'ensemble. Vous avez la sagesse de tout résoudre avec amour. Il n'y a que la paix. Tout est bien.

  9. Par des mots ou des couleurs, vous envoyez ce message aux personnes qui sont prêtes à l'entendre.

  10. Remerciez la chèvre et retirez-vous.

  11. Ouvrez les yeux et envoyez de l'amour au royaume des chèvres.

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Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), la Chèvre est définie par les caractéristiques suivantes :


Traits : La Chèvre symbolise le courage, la confiance et la conquête de nouveaux sommets. La chèvre est un animal curieux, sociable, et qui n'a pas peur de s'aventurer de lui-même dans des explorations. Elle adore grimper et va escalader les montagnes. C'est en bêlant qu'elle garde le contact avec les autres chèvres. Son œil est de forme rectangulaire et elle a une excellente vision. La chèvre symbolise la connexion à la spiritualité, et en particulier l'intuition et l'élévation vers une plus grande compréhension des lois universelles et de la conscience.


Talents : Abondance - Agilité - Ambition - Équilibre - Courage - Créativité - Curiosité - Détermination - Très digne - Exploration - Fidèle - Robuste - Indépendance - Intelligence - Prend soin - Paisible - Perfectionniste - Persévérance - Pragmatique - Excentrique - Respect - Sacrifice - Recherche de nouveaux sommets - Autonome - Timidité - Sociable - Spiritualité - Solide - Avoir un pas assuré - Compréhension - Vitalité.


Défis : Réservé - Prend trop de distance émotionnelle - Auto-indulgent - Entêté - Change soudainement.


Élément : Terre.


Couleurs primaires : Noir - Brun - Gris - Rouge - Blanc - Mélange de couleurs et de motifs.


Apparitions : Lorsque la Chèvre apparaît, cela veut dire que vous entrez dans une période où il vous faut prendre le temps d'avancer pas à pas, d'être prudent et pragmatique. Comme la chèvre, vous êtes déterminé et ne laissez pas les obstacles vous détourner de votre chemin. A certains moments, vous pouvez avancer très vite, bondir vers de nouveaux sommets et vous montrer plutôt téméraire dans la poursuite de votre but. Mais ce n'est pas le cas en ce moment. Restez donc déterminé, sans peur, et branchez-vous sur votre force intérieure pour faire des choix calculés dans votre avancée. Les gens peuvent penser que vous êtes entêté, mais vous ne l'êtes pas. Vous veillez seulement à ne pas chanceler en avançant vers la réussite. Vous voyez clairement le chemin ; ne laissez pas les autres vous guider dans une mauvaise direction. Même si vous êtes ouvert à écouter leur avis, si intuitivement leurs conseils ne vous semblent pas convenir à la situation, alors tournez-vous vers votre être supérieur pour trouver des solutions alternatives. La chèvre signifie que vous allez accomplir de grandes choses parce que vous n'abandonnez pas lorsque vous vous êtes disposé mentalement à atteindre un but. La chèvre vous met en garde contre un comportement qui serait trop indulgent, qui s'appuierait trop sur les autres, ou qui abandonnerait trop vite. Le chemin pour parvenir à la réussite peut être long, mais vous êtes prêt pour l'aventure.


Aide : Il vous faut avoir une meilleure coordination physique, ou bien vous devez travailler à coordonner des projets. La coordination de la chèvre est excellente, son équilibre est extraordinaire : elle peut escalader avec facilité des montagnes escarpées ou grimper aux arbres. La chèvre peut vous montrer comment trouver l'équilibre dans votre corps en vous connectant intérieurement à votre esprit, ou bien elle peut vous montrer des façons de gérer de multiples projets en cours en passant de l'un à l'autre au moment qui convient exactement. Elle vous aide lorsque vous devez contacter vos émotions. La chèvre n'a pas de canal lacrymal, ce qui veut dire que vous avez tendance à ne pas laisser libre cours à vos émotions, à les enfouir et à ne laisser voir aux autres que ce que vous voulez qu'ils voient de vous. Il y a des moments où vous devez vous ouvrir et faire l'effort conscient d'examiner vos émotions. Si vous les retenez trop longtemps, un jour elles vont déborder et vous ne serez pas capable de les contrôler. Il est préférable de les ressentir dans le présent que de les voir exploser inopinément dans le futur.


Fréquence : L'énergie de la chèvre est chaotique. Elle donne une sensation semblable à celle qu'on éprouve lorsqu'on roule sur des nids-de-poule (ou des crevasses) sur la route. Elle est chaude et bouge lentement, puis vite, avec de soudaines poussées ou de grands bonds. Elle blatère, avec un timbre sonore et une tonalité qui monte et qui descend.


Voir aussi : Chimère ; Diable de Jersey ; Capricorne de mer.


Imaginez...

Vous êtes sorti vous promener le soir dans le voisinage, lorsque vous tombez soudain sur une chèvre qui se tient juste au milieu du chemin. Vous la reconnaissez elle appartient à votre voisin. Vous vous approchez lentement. Elle marche vers vous et frotte son museau contre votre main. Vous sentez immédiatement que la chèvre est soulagée : elle ne savait pas comment rentrer chez elle. Par chance, elle a un licou, aussi vous l'attrapez en lui cajolant le dos et le cou, et vous lui dites que vous allez la ramener à la maison. Vous changez votre parcours, et vous voilà maintenant en train de marcher avec une chèvre pour la ramener à son propriétaire. Lorsque vous partez, elle vous lèche la main pour vous remercier.

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Symbolisme celte :


Selon Divi Kervella, dans Emblèmes et symboles des Bretons et des Celtes (2001),


"La chèvre est considérée par certains comme un symbole du Pays de Galles. On la rencontre assez régulièrement dans des dessins humoristiques ou satiriques se référant aux Gallois. Quelques régiments, comme les Fusiliers royaux gallois, ont adopté la chèvre blanche comme mascotte, où elle est dénommé Taffy, c'est-à-dire du surnom donné aux Gallois. Certains ésotéristes ont même été jusqu’à avancer que le pays de Galles est placé sous le signe du Capricorne.

On peut encore voir quelques chèvres sauvages dans les monts de l'Eryri (Snowdonia) dans le nord du pays.

Assez curieusement, de ce côté-ci de la Manche, une chèvre serait à l'origine de la fondation de la Bretagne, du moins selon la légende des saints Mereg, à Kergrist, commune située à la croisée de trois évêchés (Cornouaille, Vannes et Saint-Brieuc) et à celle de la basse et de la haute Bretagne. Selon cette légende, sept frères, tous nés le même jour, furent abandonnés dans les bois par leur mère à la naissance. Ils furent recueillis par une chèvre blanche qui les allaita. Ces sept frères furent tous évêques et devinrent les sept saints fondateurs de la Bretagne.

Cette chèvre vit toujours, on la verrait de temps en temps hanter les bois et les landes. Jadis les habitants lui préparaient une litière sous le porche de la chapelle, la veille du pardon.

Cette relation de la chèvre et des Sept Saints est bien étrange. En effet, si l'on fait rejoindre sur une carte les noms de lieu où le mot gavr (nom breton de la chèvre) intervient, comme Gâvres ou l'universellement connu Gavriniz (dont le nom veut dire l'île de la chèvre), pour ses décorations mégalithiques, ou la forme française "chèvre" comme le Cap de la Chèvre dans la presqu'île de Crozon ou l'église de la Chevrolière en Loire-Atlantique, on s'aperçoit qu'ils forment avec d'autres lieux de la même famille des triangles équilatéraux ou isocèles exacts. Dans ce réseau interviennent également les toponymes Sept-Saints, dont deux au moins sont associés à des monuments mégalithiques.

Ces réseaux inattendus de l'espace habité breton ne vont pas sans poser de nombreuses questions aux historiens, toponymistes et autres chercheurs."

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Symbolisme onirique :


Selon Georges Romey, auteur du Dictionnaire de la Symbolique, le vocabulaire fondamental des rêves, Tome 1 : couleurs, minéraux, métaux, végétaux, animaux (Albin Michel, 1995),


"L'image de la chèvre est présente dans plus de 2% des scénarios de rêve éveillé. Elle oppose à l'interprétation une résistance opiniâtre qui évoque la courageuse détermination de la chèvre de Monsieur Seguin. Les données habituellement prises en considération pour élucider le sens de cet animal sont insuffisantes pour en pénétrer le mystère. La référence à la mythologie est-elle susceptible d'apporter un éclairage utile ? Que Zeus enfant, menacé d'être dévoré par son père Chronos, ait été allaité par la chèvre Amalthée est-ce là une proposition symbolique ? Quel en peut être le sens caché ? Il serait prématuré de répondre à ces questions sans avoir exploré les images associées à la chèvre dans les rêves. Cette exploration engendrera une conviction : avec la chèvre, le chercheur découvre une des nombreuses preuves de la prépondérance de la forme dans l'élaboration d'une association symbolique.

Une démarche raisonnante établirait aisément que la chèvre est un animal robuste, apte à se maintenir en équilibre dans les situations les plus précaires. Elle rappellerait que les Romains portaient une tunique tissée de poils de chèvre pour se protéger de la foudre. Elle irait jusqu'à exagérer le mouvement en zigzag des cornes pour rapprocher celui-là de la ligne brisée de l'éclair. il n'y aurait pas, dans ces aperçus, d'orientation franchement erronée de la traduction. Mais, outre la pauvreté relative de la cette élucidation de surface, l'analyste resterait ignorant de l'essentiel de la symbolique de la chèvre.

Cette image, dans le rêve, est en corrélation avec un réseau de figures qui démontrent que ce symbolisme repose sur la forme particulière de l'ensemble triangulaire dessiné par les cornes évasées, la tête et la barbichette qui prolonge le museau effilé. Lorsqu'on regarde l'animal de face, sa tête étant baissée, la tête et les cornes forment un V, le museau et les poils qui le continuent se présentent comme un jambage qui fait de ce V un Y. Cette observation pourrait être reçue comme l'effet d'un parti pris d'attribuer à la forme le rôle majeur dans l'élaboration de symboles. Pourtant, outre le fait que les ouvrages de sorcellerie ont fait ample usage du triangle inversé dans lequel s'inscrit la tête du bouc ou de la chèvre, les patients produisent spontanément des images, souvent très originales, qui établissent de façon irréfutable cette prééminence de la forme. Avant de produire quelques séquences de rêves qui illustreront notre propos, il nous faut insister sur cette omniprésence de la figure triangulaire dans les scénarios où la chèvre apparaît.

L'imaginaire a parfois recours à des expressions d'une subtilité étonnante pour exposer ces associations. Le triangle, c'est aussi le delta grec. Cette lettre prend son origine dans la forme de l'embouchure du Nil. L'étrange alchimie qui s'élabore au gré des réseaux neuroniques conduit à ce que 80% des scénarios soumis à l'étude font explicitement allusion au delta d'un fleuve ou d'une rivière, voire du deltaplane, dans des conditions qui ne permettent aucun doute sur l'association avec la chèvre ! Mieux : avec l'évocation du delta, il y a toujours une référence à la multiplicité des bras du fleuve. Tout se passe comme s'il s'agissait de dénoncer un encombrement à l'intérieur des bras extrêmes formant le triangle. Deux exemples bien différents rendront sensibles ces observations.

Julien, dans son vingt et unième scénario, assemble presque toutes les images qui s'associent habituellement au symbole : « … Le cours d'eau s'engouffre dans un tuyau souterrain... là, il devient torrent... sensation d'emprisonnement... lorsque l'eau ressort du tuyau, elle sort en delta, en une multitude de bras, dont les deux extrêmes sont très éloignés l'un de l'autre... je ne sais pas quel bras choisir... je prends celui qui est dans le prolongement du cours d'eau initial... là, il est très sablonneux.. il débouche sur un précipice... je l'accompagne dans le mouvement... la chute dure très longtemps, très longtemps... j'ai le dos tourné à la chute... je regarde dans le ciel... je vois le haut de la falaise et la paroi, ainsi que la paroi d'en face... sur celle-là, j'aperçois des chèvres... je continue ma chute... infinie... pas désagréable du tout... finalement, l'arrivée ressemble à une arrivée en parachute... ».

La chute entre deux versants de montagnes, deux falaises formant canyon, les parois d'un entonnoir et d'autres représentations en forme de V sont des associations constantes avec la chèvre. L'imaginaire de Julien place cette dernière sur la paroi de la falaise. Le rêve de Lydia renforcera la démonstration, dans la mesure où la chèvre ouvre le scénario, sans le moindre lien saisissable avec ce qui suit, alors que le V, le Y et le delta encombré apparaîtront tout à la fin du rêve. Si le lecteur se souvient de la règle énoncée dans l’introduction au Dictionnaire de la symbolique, selon laquelle deux images qui véhiculent la même valeur symbolique exercent une fonction dynamique d'autant plus puissante qu'elles sont plus éloignées l'une de l'autre dans le scénario, il admettra que la production de Lydia est particulièrement probante.

Le rêve commence par ces mots : « Je vois une chèvre blanche, avec de longues cornes... elle est attachée et se couche complètement sur le dos... et ses cornes creusent la terre... » Le scénario se développe longuement par des images qui paraissent en rupture franche avec cette entrée en matière. La mère de Lydia apparaît, se transforme en une sorte de pèlerin, un homme, qui parvient au bord d'une excavation : « … l'homme descend vers l'intérieur de la terre... c'est une large excavation, entre deux pyramides... ça descend vers le fond du V. Ce V et le fond de la vallée forment un Y. Puis le V devient un W, avec un ouvrier qui, à l'aide d'un marteau géant, casse les parois vitrées qui sont à l'intérieur du W... il a passé un pied de l'autre côté des cloisons et nettoie les éclats de verre... il tourne sur lui-même et devient une flamme qui s'en va vers l'infini... c'est beau... Je vois l'écriture de ma mère... c'est comme si elle me laissait un testament... voilà ! Il n'y a plus rien ! »

Dans les scénarios où figure la chèvre, les images oniriques proposant un tronc commun qui se ramifie en forme de V, telles qu'un arbre, le delta d'un cours d'eau ou le Y, ont une fréquence très élevée. Une rêveuse va jusqu'à prononcer ces paroles surprenantes : « Je vois des chèvres, le long d'une route... c'est étrange ! C'est une route qui, maintenant, s'épanouit en de nombreuses ramifications... c'est une route qui va partout... c'est comme si j'habitais la terre entière... et là, je vois une statue de Shiva, à six bras... » Ainsi jouent à l'infini les combinaisons d'images associant la chèvre et la forme en Y aux bras pluriels. Dans l'article consacré au V, nous montrons que cette forme peut être interprétée comme la matrice originelle dont toute vie est issue. Cette traduction induit la reconnaissance de la connotation maternelle du V, V, c'est gonos, l'angle générateur. L'image des cornes est évidemment apparentée à cette figure. Le mythe va dans le même sens, lorsqu'il substitue à la mère de Zeus la chèvre Amalthée. Cependant, l'objectivité oblige à observer que, dans les rêves habités par la chèvre, le V ou le Y, la dynamique qui s'exprime ne va pas toujours dans le sens d'un courant d'eau qui s'achemine, en delta, vers la mer. Souvent, le V ou le Y apparaissent comme des réceptacles, des formes ouvertes dans une position d'accueil d'un esprit venu du ciel pour s'investir dans la chair. Les corrélations avec le parachute et la falaise confirment cette réflexion. Un Y, c'est aussi la forme stylisée d'une corolle florale épanouie au-dessus de la tige. L’univers onirique féminin abonde d’images où la rêveuse entre dans le cœur d'une fleur, descend par la tige jusqu'aux racines, ou se voit émerger de la corolle comme on naît de la mère. Les rêves de chèvres en relation avec le V ou le Y sont deux fois plus fréquents chez les femmes que chez les hommes ! La presque totalité des hommes qui ont produit des images du même type ont été, dès l'enfance, orphelin de père et donc élevés par une mère ayant dû assumer les deux rôles. Est-ce aller trop loin que de voir, dans le Y, la réunion du V féminin et du jambage masculin ? Cela amènerait immanquablement à s'interroger sur le rapport de ces images aux notions d'anima et d'animus. Deux des corrélations fortes avec la chèvre étant le chameau et le Touareg, l'un et l'autre représentant respectivement l'une de ces notions, nous sommes tentés de considérer ces propositions comme crédibles.

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Ainsi, le regard que le praticien portera sur la chèvre imaginée embrassera-t-il un champ de valeurs complexes et entremêlées. Tout se passe comme si, entre les cornes en V, l’œil intuitif apercevait des enchevêtrements visibles pour lui seul. Cela explique les nombreuses visions de deltas encombrés que l'on rencontre dans ces rêves. A l'heure de la traduction, on sera autorisé à prendre pour pivot le sens maternel de la chèvre, plusieurs traductions devenant alors possibles. La sagacité de l'analyste sera sollicitée pour apprécier les dominantes de ces dernières, différentes dans chaque situation. La chèvre, dans l'imaginaire, ou le Y, pourront orienter l'interprétation dans le sens que nous avons développé dans l'article consacré à la falaise. Il s'agit alors d'un besoin du rêveur, et plus souvent de la rêveuse, de se donner à revivre l'expérience de l'incarnation pour, à travers ce revécu de l'instant initial de la vie, se préparer à renaître en acceptation du parcours terrestre. Le mystère de l'incarnation et son corollaire, l'angoisse existentielle, imprègnent toujours une problématique qui produit de telles images. Le symbole pourra renvoyer aussi le patient à la nécessité de démêler les fils embrouillés d'une vision ambivalente de l'un des membres du couple parental. Ce sera plus généralement l’image de la mère, chargée du double rôle maternel et paternel. Cette ambiguïté engendre un troisième axe de réflexion auquel le praticien est invité par l'apparition de la chèvre : la confusion ou l'inversion des projections sur le couple parental a pour conséquence de s'opposer à la réalisation de l'anima chez un patient et de l'animus chez une patiente. L'intervention du symbole dans le rêve autorise à penser que la prise de conscience concernant ces valeurs se prépare et qu'il est judicieux, compte tenu des autres indices apparus dans le scénario, de favoriser cette prise de conscience par des commentaires adaptés.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


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Mythologie :


  • Dans le calendrier républicain français, le 15e jour du mois de ventôse (5 ou 6 mars), est officiellement dénommé jour de la Chèvre.





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Littérature :

Dans ses Histoires naturelles (1874), Jules Renard brosse des portraits étonnants des animaux que nous connaissons bien :

La chèvre

Personne ne lit la feuille du journal officiel affichée au mur de la mairie.

Si, la chèvre.

Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l’affiche, remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite et de gauche, comme une vieille dame qui lit.

Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraîche, la chèvre le mange.

Tout ne se perd pas dans la commune.

 

Le célébrissime conte d'Alphonse Daudet, qui a fait pleurer mes yeux d'enfant pendant longtemps, à lire et à relire : "La Chèvre de Monsieur Seguin" dans Les Lettres de mon moulin (1879).

 

"Les chèvres sont à la droite du troupeau. (Il est bien que la ruse côtoie l'innocence quand le berger est bon, le chien est sûr)."


René Char, Feuillets d'Hypnos, n° 137, 1945.

 

Dans "Les Bouches inutiles", nouvelle extraite du recueil La Pipe de cidre (1902) et écrite par Octave Mirbeau, le personnage principal s'identifie à sa vieille chèvre :


"Lui qui n'avait jamais rêvé, il rêva cette nuit-là, à sa dernière chèvre. C'était une très vieille, une très douce chèvre, toute blanche, avec de petites cornes noires et une longue barbiche pareille à celle des diables de pierre, qui gambadent sur le portail de l'église. Après avoir longtemps donné de jolis chevreaux et du bon lait, son ventre était devenu stérile et ses mamelles s'étaient taries. Elle ne coûtait rien pourtant en nourriture et en litière, et ne gênait personne. Au piquet, tout le jour, à quelques mètres de la maison, elle broutait les pointes d'ajonc de la lande communale et se promenait, de la longueur de sa corde, bêlant joyeusement sur les gens qui passaient au loin, dans la sente. Il aurait pu la laisser mourir ainsi. Mais il l'avait égorgée, un matin, parce qu'il faut que tout ce qui ne rapporte plus rien, lait, semences ou travail, disparaisse et meure. Et il revoyait l’œil de la chèvre, son œil tendrement étonné, son doux œil plein d'un affectueux et mourant reproche, quand, la maintenant abattue entre ses cuisses serrées, il farfouillait la gorge sanglante de son couteau. En se réveillant, l'esprit encore occupé de son rêve, le père François murmura :

- C'est juste... Un homme est un homme, comme une chèvre est une chèvre... Je n'ai rien à dire... C'est juste !..."

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Dans Regain (1930) de Jean Giono, Panturle et Arsule, véritables Adam et Ève des Basses-Alpes, entretiennent avec la nature, sous toutes ses formes, une relation fusionnelle.


"- ... Donne-moi Caroline aussi, je vais lui trouver un bouc."

Caroline est triste, là, devant le grand jour de la porte. Elle n'ose pas sortir de l'ombre de l'étable. Elle cligne des yeux. Elle est maigre ; elle a les flancs creux. Les mouches font trembler la peau de son ventre.

"Biquette, Biquette, appelle Panturle, et il fait avec la main le geste de donner de l'herbe. Tiens, tiens..."

Elle ne bouge pas. Elle est là, butée contre le grand jour comme devant un mur.

Arsule la décide en imitant avec ses lèvres le bruit d'une caresse. Elle sort, elle s'avance toute raide. Elle a l'air de regarder au-delà des choses comme les hommes qui sont dans le rêve. Elle vient de mettre sa tête contre le ventre de la femme. Elle frotte ses flancs contre le flanc d'Arsule. Un bon moment. Un long moment ; jusqu'au moment où Arsule lui a dit :

"Va, la bique."

Elle a donné la chaîne à Panturle et Caroline a suivi."

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« Je suis sorti de la tranchée et tout de suite ses yeux m’ont fixé : deux prunelles de cendre. C’était une chèvre, une pauvre chèvre que nous n’avions pas vue, enchainée sur la plaine, face au pylône et à la bombe. Un chevreau semblait s’abriter derrière elle, sur ses pattes tremblantes. Tous deux étaient comme cuits. J’ai abandonné mon compteur, et la chèvre s’est mise à hurler. Le chevreau était tombé sous elle. Il y avait ce cri, mécanique, sans être, un cri à nous rendre fous. Pour ce cri, j’aurais renoncé à la France. »


Christophe Bataille, L'Expérience, (Editions Grasset, 2015).

 

- Je crois savoir ce qui m'exaspère dans ce nom de "Seguin", dit Adamsberg en fin de repas.

Le commissaire leva la main pour commander deux cafés. Le restaurant avait fermé mais, le temps de ranger, le patron leur avait laissé le champ libre.

- Tu te souviens ? De ce conte ? De l'histoire de ce monsieur Seguin et de sa pauvre petite chèvre ?

- Elle s'appelait Blanquette, dit Veyrenc. Et elle était si jolie que les châtaigniers s'inclinaient jusqu'à terre pour la caresser de leurs branches.

- Elle avait voulu fuir, n'est-ce pas, être libre ?

- Comme les six autres avant elle.

- J'avais oublié les six autres.

- Si. Monsieur Seguin aimait follement les petites chèvres, mais toutes voulaient lui échapper et toutes y avaient réussi. Blanquette était la septième.

- J'ai toujours pensé que Seguin était lui-même le loup. Et puisque sa chèvre rêvait de lui échapper, il avait préféré la bouffer.

- Ou l'agresser, précisa Veyrenc. En cas de révolte, Seguin menaçait ses chèvres de "voir le loup". Tu connais le sens de l'expression : voir l'homme nu et connaître l'accouplement. Tu as raison. En réalité, Blanquette s'est fait violer. Rappelle-toi : face au loup, elle "a lutté toute la nuit", et c'est à l'aube qu'elle s'est affalée au sol, sa fourrure blanche toute sanglante - car la jolie petite chèvre était blanche, donc vierge -, pour se laisser dévorer. Tu te dis donc que Seguin portait bien son nom ?

- Non. Je me dis qu'Enzo lisait des histoires à ses sœurs. Je pense qu'elles connaissaient celle-là.

- C'est très probable, on la lisait alors dans toutes les écoles. A quoi penses-tu ?

- A ceci : quand on doit se choisir un autre nom, on conserve toujours une trace, un vestige de son ancien nom, ou de son ancien état.

- Oui.

- Alors réfléchis : Louise Chevrier. La chèvre. La chèvre prisonnière de monsieur Seguin, la victime dévorée."


Fred Vargas, Quand sort la recluse, 2017.

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Arts visuels :


Un lien tiré du site http://artifexinopere.com/ vers une étude sur l'attirance particulière de Giotto pour les chèvres, intitulé La patte du chevrier.

 

Pablo Picasso, Crâne de chèvre sur la table, 1953.











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