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  • Photo du rédacteurAnne

Le Phasme



Étymologie :


  • PHASME, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1801 (Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, p. 249). Empr. au lat. sc. Phasma (1795, Lichtenstein ds Agassiz), tiré du gr. φ α ́ σ μ α « fantôme ».

Lire aussi la définition du nom afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques de la Phyllie géante (Phyllium giganteum) :


La phyllie géante est un phasme des forêts passé maître dans l'art du camouflage, imitant une feuille à la perfection. Elle se paye même le luxe de feindre parfaitement une feuille abîmée dans ses moindres détails, se couvrant partiellement de taches marron, de nervures et parfois même de bords irréguliers et brunis comme pour une feuille vieillissante. Il y a plus encore : ce phasme se balance d'avant en arrière pour mimer une feuille soumise à la brise. Une véritable feuille sur pattes ! Un réalisme sidérant. Son mimétisme est vital pour échapper à ses prédateurs, en particulier pour la femelle dont les élytres, qui recouvrent presque tout son corps, sont fixes et ne lui permettent as de voler. Pendant la journée, les phasmes feuilles sont ainsi le plus souvent immobiles et profitent de la nuit pour se déplacer lentement et se nourrir de feuilles de goyavier ou de manguier.

Outre ce camouflage impressionnant, le dimorphisme sexuel est flagrant. La femelle est trapue pendant que le mâle est allongé. Les antennes des femelle sont en revanche plus fines que celles des mâles, probablement utilisées pour mieux capter les phéromones émises par la femelle et chercher l’accouplement. La reproduction est sexuée mais les mâles se font parfois rares. D'ailleurs, pour certaines espèces de phasmes feuilles, le mâle est même pas encore connu ! C'est sans compter la capacité des femelles à se reproduire par parthénogenèse thélytoque : des femelles non fécondées pondent des œufs qui ne donneront que des femelles. A leur tour, les phasmes feuilles deviendront maîtres de l'illusion, pour se confondre avec leur environnement et éviter de devenir des proies. Elles auront potentiellement moins de chance d'être capturées et transmettront de nouveaux leurs "gènes mimétiques" aux générations futures.


"Dans cette île, on trouve aussi certains arbres dont les feuilles, quand elles tombent, sont animées et peuvent marcher." (Pigafetta)

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Dans le Hors-série de Causette (été 2018) intitulé « Histoires d'A...mours », Claudine Colozzi nous propose un petit "Kama-sutra des animaux" sous forme d'abécédaire :


E comme Étreinte :

Il n'y a pas de règle de durée en matière de coït. Chez le lion, les saillies durent une vingtaine de secondes, mais peuvent se renouveler jusqu'à cent fois en vingt-quatre heures. A l'opposé, le phasme de Floride, lui, joue les prolongations et peut rester collé sur le dos de sa partenaire pendant cinq mois. Le boulet !

 

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Symbolisme :

Pour Melissa Alvarez, auteure de A la Rencontre de votre Animal énergétique (LLewellyn Publications, 2017 ; traduction française Éditions Véga, 2017), le Phasme est défini par les caractéristiques suivantes :

Traits : Le Phasme symbolise la capacité à se fondre dans son environnement, à être productif en toute indépendance et créatif dans ses tactiques. Le phasme vit dans les buissons et les arbres et il se camoufle en se balançant d'avant en arrière, ce qui imite les tiges agitées par le vent. Il peut aussi changer de couleur pour avoir exactement celle des feuilles ou des écorces de son environnement. Le phasme se reproduit par parthénogenèse, ce qui veut dire que la femelle n'a pas besoin d'un mâle pour se reproduire. Elle aura toujours des rejetons femelles tant qu'un mâle n'est pas impliqué. Dans ce dernier cas, il y aura une chance sur deux pour qu'éclose un mâle. Le phasme est aussi créatif dans ses tactiques car, si un prédateur attrape une de ses pattes, il va se servir d'un muscle pour détacher la patte de son corps, et la régénérer dès sa prochaine mue. Il va aussi se laisser tomber des arbres et faire semblant d'être mort en ne bougeant plus dès qu'il touche le sol, ce qui rend très difficile à ses prédateurs de le trouver.


Talents : Acceptation ; Calme ; Concentré ; Peut se rendre invisible ; Capable de garder des secrets ; Connaît le pouvoir de l'immobilité ; Ouverture d'esprit ; Parthénogenèse ; Patience ; Régénération ; Furtif ; Stratège.

Défis : Collé au passé ; Trop confiant ; Faibles défenses.

Élément : Terre.

Couleurs primaires : Noir ; Brun ; Vert.


Apparitions : Le phasme apparaît lorsque vous avez besoin de vous construire des défenses. De prime abord, sa ligne de défense est faible, il en mord pas, mais il va se servir des piquants de ses fines pattes pour faire mal. Le phasme vous montre le pouvoir qui réside dans l'immobilité. En restant calmement immobile, à observer et attendre, vous saurez quelle doit être la suite de ce que vous devez faire. Le phasme vous met en garde de ne ps vivre dans le passé, ce qui peut créer des problèmes lorsque vous avez affaire aux situations du présent. Lâchez le passé pour vivre l'avancée du moment présent.


Aide : Vous avez besoin de jouer d'un élément de surprise. Certains phasmes ont des ailes aux couleurs éclatantes. Si un prédateur s'approche trop près d'eux, ils vont faire miroiter leurs couleurs éblouissantes, ce qui va le désorienter. Si vous essayez de surprendre quelqu'un, suivez la voie du phasme en faisant quelque chose d'inattendu. Le phasme peut aussi vous aider à garder les choses secrètes. Lorsqu'il pond ses œufs, le phasme les disperse sur le sol de la forêt, il les colle à des feuilles ou à des écorces, ou bien il les enfouit dans la terre, car les prédateurs adorent les manger. Cela permet que certains des œufs puissent survivre puisqu'ils ne sont pas tous au même endroit. Ils ressemblent à des graines, aussi les prédateurs carnivores les ignorent-ils. La fourmi aime particulièrement l'enveloppe qui recouvre l’œuf, elle l'emmène donc dans son nid. Quand elle a mangé l'extérieur, la fourmi met l’œuf avec ses détritus, et là le phasme qui est à l'intérieur de l’œuf continue son incubation. Lorsqu'il éclot, il quitte le nid de la fourmi. cela lui a permis d'être à l'abri e plus gros prédateurs pendant cette période d'incubation. Le phasme vous incite à ne pas garder tous vos œufs dans le même panier. Répandez les choses importantes pour vous en plusieurs endroits parce que vous ne savez jamais ce qui va être pris ou retenu, et ce qui va se développer jusqu'à arriver à éclosion. Vous avez beaucoup de grandes idées. Et c'est impressionnant le nombre de choses que vous pouvez faire en une journée !

Fréquence : L'énergie du phasme a une sonorité qui ressemble au craquement des feuilles mortes sous vos bottes. Elle claque et éclate avec un petit bruit aigu. c'est un son plutôt étouffé, rapide, et avec un léger fourmillement.


Imaginez...

Vous êtes appuyé contre un arbre, en train de respirer l'odeur de l'herbe fraîchement coupée et d'apprécier une belle journée de printemps. Un petit branchage tombe sur vos genoux. Vous entendez le cri perçant d'un oiseau et, en levant les yeux, vous voyez un faucon qui s'est posé sur l'une des branches de l'arbre. Vous avez ramassé le petit branchage et vous êtes sur le point de le lancer au loin, lorsque vous remarquez qu'il ne ressemble pas à un morceau de bois. Vous l'examinez et vous vous rendez compte que ce n'est pas du tout un branchage de l'arbre. c'est un phasme. vous le posez sur le dos de votre main et l'observez qui se balance d'avant en arrière. Vous remarquez sa t^te minuscule, ses ailes et les articulations qui relient ses pattes à son corps. Il a là un parfait camouflage pour vivre dans les arbres. vous vous levez et l'amenez sur un buisson proche. En le posant très à l'intérieur du buisson, vous vous assurez qu'il est dans endroit bien caché, où le faucon ne pourra pas l'attraper.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi le Phasme :

26 septembre

(La Bastide)


Le phasme brun, brindille brune sur l'oseille sèche, joue sans ironie le théâtre du camouflage. Même pour moi qui l'ai vu, même pour moi qui le touche, il prolonge sa comédie végétale. Sa tête et son thorax ajoutent un rameau à la plante. Ses pattes sont pétioles. Son abdomen a les stries du rumex qui le porte. Son œil est une particule de terre déposée par le vent.

Le moindre exemple de mimétisme fait éclater l'explication néo-darwiniste de l'évolution des espèces. D'un côté, le système. De l'autre, les fantaisies de la matière organique. Comment des dizaines de mutations aléatoires ont-elles pu, en un temps limité, converger de telle sorte que se modifient de façon cohérente la tête, le thorax, l'abdomen, les yeux, les pattes, la couleur et le schéma général du comportement d'un insecte ? Un aussi beau résultat ne eut venir que d'un remaniement orienté du patrimoine génétique. Mais orienté par qui ? Atoum Râ ? Yahvé ? Allah ? Dieu le père ? L'influence du milieu ? Le faux hasard des translocations massives et des croisements chromosomiques ?

Le dogmatisme de certains scientifiques me donnent parfois l'envie, à moi, le rationaliste, de sauter dans les bras du grand Être en compagnie de Jean-Jacques.


Le phasme brun : brindille sur brindille ; défi hexapode à l'orthodoxie darwinienne.

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