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Sainte Geneviève




2020 : année des 1600 ans de la naissance de Sainte Geneviève.


Diminutif : Ginette - Javotte



Étymologie :                                                                                                                      


Nom d'origine celte, formé des mêmes éléments que "Gweniver", "Genever" ou "Genièvre", ou encore "Guinevere","Guenevere" ou de "Gwenhwyfar", épouse du roi Arthur dont le prénom signifie : celle qui est de bonne naissance dont le visage est blanc et de forme arrondie et par là possède un pouvoir magique de fée. Ce prénom est issu d'une part de la racine celte "gena" ou "genu-", ou encore "ghenou" et d'autre part de "vev", contraction de "gwev", qui signifie "pâle", "décoloré". Le grec "genus" [4] ("γενυς") désigne la "machoire", les lèvres, le menton et les joues et, par analogie ce mot décrit ce qui coupe, ce qui permet, comme les mâchoires, de diviser, voire de conforter et d'inciter une décision. La racine "gena", venant du sanskrit "hanu" décrit, la forme arrondie de la joue, dépeignant ainsi le coté d'un visage affirmé au sens du latin "mala" [5], la machoire [6]. Ce prénom donnera les prénoms Gallois dérivés comme Guenhumara [1], Ginevra, "Guinevere" et également "Jenefer" ou encore Gwenore ou Gaynore, qui deviendra un premom prisé au pays de Galles. [2] Gwenhwyfar est le correspondant de l'ancien prénom Irlandais Findahair.

L'origine celte du nom de Sainte Geneviève est notée dans le dictionnaire étymologique de Gilles Ménage (1750) :        "Genorefa : … En Rouergue, on l'appelle Sainte Gerveve ; en Italie Santa-Ginevra.Feu M. Catherinot de Bourges, qui faisoit venir ce nom de Zenobia, ne faisoit pas réflexion que sa racine est Teutonique, & nullement Grecque" [3]


Le nom de "Genevefe" (ou encore "Ghenovève") est celle dont le visage est blanc, qui possède les joues pâles, et par là celle qui est de souche libre, donc non rompue aux bas travaux, et qui s'adonne à la réflexion, voire à la prière. Ce prénom en Latin est "Genovefa" [7] et son diminutif est "Javote" véritable prénom d'une fille des Gaules, signifiant "petite Geneviève" pour les femmes de moindre condition. C'est par sa figure que Geneviève montrant de l'obstination sut faire face avec grande efficacité aux armées des Huns d'Attila, par la force de la conviction, et détourner ainsi les envahisseurs de la ville de Paris qu'elle sauva, en 451, de la destruction, aussi efficacement qu'avec le tranchant des épées.


L'adjectif "genu ninus" est la molaire, la dent du fond, celle qui donne la courbe à la joue [9] et apporte sa force à la mâchoire, qui définit une des principales caractéristiques d'un visage.


Notes : [1] Arthurian Women par Thelma S. Fenste. Routledge, New York, 2001. Page XXVI [2]  Celtic Culture par John T. Koch. Abc-Clio California, 2006. A Historical Encyclopedia.  Page 860 colonne II. [3]  Dictionnaire étymologique par  Gilles Ménage. Tome premier. A Paris chez Briasson 1750. Page lxij, Vocabulaire hagiologique. [4]  Dictionnaire Felix Gaffiot, page 397 colonne II : "Genus" ("γενυς") 1 Mâchoire, 2 la bouche, 3 le tranchant d'une hache. [5]  Dictionnaire Felix Gaffiot page 940 colonne III. Mala : mâchoire supérieure, la joue. [6]  Lubotsky, Leiden Indo European etymological Dictionary, page 258 (la même racine désignant également la courbe du genou) [7]  Nouveau Dictionnaire Françoois ? par Pierre Richelet. Jean Elzevir, Amsterdam, 1709, page 580,  colonne I. [9]  Lubotsky, ibid, page 258.

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Biographie :


Selon Jacques Dubois, auteur de "Sainte Geneviève en son temps." (In : Journal des savants, 1983, n° pp. 65-79) :


De sainte Geneviève, on ne sait que ce que raconte son biographe. De ce biographe on ne connaît ni le nom ni la vie. Il ne se met en scène que dans une seule phrase : « dix-huit ans après sa mort j'ai vu l'huile qui par sa prière se multiplia avec l'ampoule elle-même. » Bien qu'on ait prétendu le contraire, une analyse serrée de son récit montre que cette assertion est sincère.

[...]

Ce que la Vita fait entrevoir de la vie liturgique à Paris au Ve siècle a d'autant plus d'importance que les témoins sont plus rares. Et ce n'est pas négligeable.

Le cursus spiritalis est bien établi. Faisant étape à Nanterre, les évêques Germain et Loup assistent aux deux célébrations de la neuvième et de la douzième heure, appelées ensuite None et Vêpres. Le repas qui suit s'achève par une hymne, un chant d'actions de grâces. Il n'est pas question de Complies, cette heure d'origine monastique était inconnue. Durant tout l'office, Germain garda sa main posée sur la tête de la petite Geneviève. Ce qui suggère une ambiance très familiale où le clergé peu nombreux se mêle au peuple, qui chante les psaumes dans sa langue maternelle.

L'ordonnance de l'office est simple. Elle est tellement familière aux clercs qu'ils la retrouvent spontanément en dehors des Heures canoniales. Dès que la flotille revenant d'Arcis-sur-Aube a échappé au naufrage, le prêtre Bessus entonne un verset. Il s'agit d'une antienne, qui donne le ton sur lequel tous chantent le Cantique de l'Exode.

Dans des circonstances solennelles où toute la ville participe, le clergé nombreux est séparé des fidèles. Il est probable que c'est lors de la fête de l'ordination de saint Martin, entre 470 et 480, que Geneviève assista aux Vigiles dans la basilique toute neuve édifiée sur le tombeau du saint par l'évêque Perpetuus (461-491). Cet évêque avait institué dans sa ville de Tours la célébration solennelle de seize vigiles dans l'année, la moitié ayant lieu à Saint-Martin. Un chantre devenu brusquement fou furieux quitte l'abside et se réfugie près de Geneviève volontairement perdue dans la foule.

C'est lors d'un « jour solennel » que la mère de Geneviève lui ordonne de rester à la maison, provoquant une crise de larmes qu'elle veut arrêter par une gifle. Châtiment immédiat : elle sera aveugle jusqu'à ce que sa fille la guérisse au bout de vingt-et-un mois.

L'importance épisodique de quelques fêtes n'éclipse nullement le dimanche, jour du Seigneur. « Selon la tradition du Seigneur, Geneviève avait la dévotion de veiller au soir du samedi jusqu'au moment où commence à briller le premier jour de la semaine, comme le serviteur attend son maître quand il revient des noces. ». En introduisant dans sa phrase une expression empruntée au récit de la Résurrection l'auteur souligne que chaque dimanche rappelle la Résurrection du Seigneur et annonce son retour triomphal.

Fidèle aux plus anciennes coutumes chrétiennes, Geneviève ne jeûnait jamais le dimanche. Suivant un usage attesté de son temps, elle relâchait sa pénitence, le jeudi. Comme beaucoup de Pères du désert, elle vivait en recluse de l'Epiphanie (6 janvier) au natalis calicis, « anniversaire du calice ». L'expression est si originale que la Vita l'explique : « c'est la Cène du Seigneur ». Suivant le très vieil usage qui disparut ensuite, le carême, temps de pénitence, commençant le sixième dimanche avant Pâques, s'achève le quarantième jour, au soir du Jeudi-Saint, avant le triduum sacrum.

Le baptême est conféré lors de la vigile pascale à des catéchumènes fort jeunes, mais qui ne sont plus des nourrissons. Celui que Geneviève ressuscite durant le carême a quatre ans. Il reçoit au baptême un nom nouveau qui n'est pas un nom de saint, mais rappelle le miracle : « il fut appelé Cellomeris parce qu'il avait retrouvé la vie dans la cellule de Geneviève. ».

Le baptême n'étant conféré que rarement, les baptistères, habituellement libres, peuvent avoir d'autres usages. C'est dans celui de Paris que Geneviève se retire avec des femmes pour demander, par des prières accompagnées de veilles et de jeûnes, l'éloignement d'Attila. Le choix du baptistère pour ces réunions indique que les participantes étaient peu nombreuses, peut-être une vingtaine, et qu'elles désiraient le silence et le recueillement plus aisé à réaliser dans un petit espace que dans une basilique.

C'est pour un motif de discrétion que Geneviève entraîne dans celui de Meaux la jeune Céline qui fuit son fiancé furieux d'apprendre qu'elle veut garder sa virginité.

La Vita fait allusion à des femmes ou à des jeunes filles qui assistent Geneviève ou sont en rapport avec elle. Il est souvent difficile de distinguer parmi elles celles qui ont reçu, comme Geneviève, la consécration des vierges, puisqu'elles gardent leurs biens et leur demeure. L'absence d'une vie commune organisée n'empêche pas des relations étroites et l'union pour les activités pieuses et charitables.

A la mort de ses parents Geneviève, déjà consacrée à Dieu, mais encore jeune, vient vivre à Paris près de « sa mère spirituelle ». L'expression suggère plus que le partage d'une habitation. Plus tard c'est Geneviève qui devient le guide des vierges consacrées. Quand elle les emmène de grand matin à la basilique de Saint-Denis et qu'elles sont effrayées par l'obscurité et la pluie, son autorité leur donne confiance. Geneviève recourt fréquemment aux prières et aux gestes sacrés pour guérir les malades et les possédés : elle signe, et oint d'huile sainte. Elle n'usurpe pas les fonctions sacerdotales et ne remplit pas le rôle de diaconesse, inconnu alors, mais son prestige lui permet des actes qu'on n'aurait pas admis de tout le monde et qui chez elle prennent un relief particulier.

Geneviève est vénérée entre toutes. La Vita ne craint pas de noter chez les vierges consacrées certaines défaillances. Geneviève démasque, en lui révélant le nom de son complice et l'époque de son péché, une femme qui arrive du Berry en se présentant comme une vierge consacrée. « Une femme religieuse » tente par curiosité de savoir ce que Geneviève fait dans sa cellule durant le carême. Elle perd la vue que Geneviève lui rend.

Paradoxalement ces épisodes peu édifiants montrent que l'état de virginité était assez estimé pour que des indignes veuillent s'en prévaloir. Et parce que la cérémonie de consécration des vierges n'était pas rare, le biographe juge inutile de la décrire longuement. Ce qui est important pour lui, c'est que l'évêque a fait passer Geneviève avant deux compagnes plus âgées qu'elle. L'événement remontait à trois quarts de siècle quand il écrivait ; le rituel s'était probablement enrichi et développé durant ce temps. Sans être exceptionnelle, la cérémonie est entourée d'une certaine solennité et toujours accomplie par un évêque.

Geneviève est conduite pour être consacrée sancto Vilico episcopo. Cet évêque est qualifié de sanctus, saint, à cause de son caractère sacré. Son siège n'est pas indiqué et toutes les tentatives pour l'identifier ont été vaines. Son nom également inconnu a une étrange résonance : nom commun, il qualifierait un régisseur de domaine rural. Était-ce un chorévêque ? Radicalement supprimés au temps de Charlemagne, les chorévêques avaient accompli utilement les fonctions ordinaires du ministère pendant plusieurs siècles.

Le biographe de Geneviève déclare qu'il est sacrilège de désobéir aux évêques et note que, lorsqu'elle eut cinquante ans, elle leur obéit pour ajouter à son frugal repas du poisson et du lait, mais il ne nomme aucun évêque de Paris, ne fait aucune allusion à leur administration et n'insiste sur l'évêque Germain d'Auxerre qu'à cause de ses relations privilégiées avec Geneviève.

Cette vierge de grande famille n'est nullement intimidée par des évêques qui appartiennent au même milieu social et qui n'ont pas encore le rôle politique que leur imposera la décomposition de l'Empire romain et qu'ils manifesteront dans les conciles gaulois réunis de 511 à 650.

[...]

Geneviève a hérité de sa famille de vastes domaines. Elle en a sans doute à Nanterre ; les miracles concernent ceux qui se trouvent au pays de Meaux où elle se rend plusieurs fois. Alors qu'elle moissonne sa propre moisson avec des moissonneurs qu'elle a rassemblés, ses ouvriers sont grandement inquiets quand ils voient un tourbillon de pluie s'avancer vers eux. Geneviève entre sous une tente et se met en prières. La pluie épargne sa moisson. La tente a-t-elle été dressée spécialement pour elle ou disposée pour le repos et l'abri des moissonneurs ? Geneviève dirige elle-même les travaux. Le voyage sur la Seine au cours duquel elle affronte une tempête qui se calme soudainement n'a probablement pas d'autre motif.

[...]

Beaucoup moins graves, mais plus encore signes de la mentalité de la population, sont divers incidents rapportés dans la Vita : une femme vole les chaussures de Geneviève, des hommes travaillent le dimanche, un enfant tombe dans un puits. Châtiment ou accident, Geneviève intervient pour qu'il y ait une fin heureuse.

Elle rencontre souvent des possédés du démon. Elle les délivre. Habituellement le démon en se sauvant laisse des traces fétides. Elle guérit des fiévreux, des infirmes aux membres desséchés, des sourds, des aveugles dont la cécité ne dure qu'un temps.

La Vita ne donne aucun nom à la maladie dont souffrent, à Laon une jeune fille paralysée depuis neuf ans, à Arcis-sur-Aube la femme du tribun Passivus au lit depuis quatre ans, à Tours, trois femmes de notables que leurs maris gardent enfermées pour ne pas divulguer leur malheur. Cette maladie qui ne frappe que des femmes de la bonne société habitant dans des villes où leurs maris occupent de hautes situations correspond à ce que notre époque appelle dépression. La force de caractère de Geneviève offre un saisissant contraste. Elle n'a aucune timidité devant des femmes appartenant à son propre milieu. Et elle leur rend la joie de vivre.

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Symbolisme :


Geneviève a à voir avec Guenièvre, la femme du roi Arthur...

 

Luis Ansa, dans un roman intitulé La Nuit des chamans (Les Éditions du Relié, 2005) explique à travers l'un des personnages de prêtre la manière dont fonctionne la prière :


Don Sebastiàn prend les mains d’Éric dans les siennes et lui murmure presque tendrement :

- Je parle du désir de la contemplation de ce que l'on aime et non pas de l'envie de ce que l'on souhaite posséder. Ainsi rentre-t-on par alchimie, par magie, dans le mystère insondable de la prière.

- Magie ? Encore un mot interdit ! Quelle magie ?

- La magie de l'âme ! Lorsque je parle de magie, je fais allusion à des procédés propres à l'esprit en communion avec l'âme aimante, procédés qui échappent complètement à la psychologie ordinaire et à la rationalité.

- Pouvez-vous nous donner un exemple pratique ? interroge encore Éric.

- Lorsqu'un initié évoque une figure forte, un saint, ou un prophète, il n'appelle absolument pas à l'aide une simple figure historique de son calendrier spirituel. Par l'évocation silencieuse, contemplative et sensitive de son esprit en état de prière, il reçoit dans sa conscience et dans sa chair, tel un écho fécondateur et nourricier, des qualités que ce saint, cette sainte ou ce prophète incarnent. C'est cela le pouvoir transformateur et mystérieux de la prière.

Juan Carlos, étonné, s'exclame :

- Si je vous suis bien, père Sebastiàn, la prière serait alors un moyen technique et non plus une question de mystique ?

- Évitez de tirer des conclusions hâtives, Juan Carlos ! Je vous parle seulement d'un aspect inconnu de la prière. En actualisant sensitivement les vertus du saint dans sa conscience, l'orant tire du sommeil de l'oubli ces mêmes qualités non développées en lui ! Voilà, un point c'est tout ! Rappelez-vous que « le semblable attire le semblable », comme le disent si bien les Écritures.

Tout en l'écoutant, je ne peux m'empêcher d'évoquer, Fihi ma Fihi le « Livre du Dedans » ce trésor du soufisme écrit par Djalâl al-Dîn al-Rumi, ce maître bien aimé, et je goûte la saveur des coïncidences. Don Diego, l'homme du désert, pour sa part, acquiesce :

- Nous appelons cela converser avec le Grand Esprit et Le laisser faire ! C'est tellement agréable, n'est-ce pas don Sebastiàn ?

- Oui, lui répond laconiquement le père, ne voulant pas se laisser disperser par le chaman un tantinet provocateur.

Impressionné, je constate une fois de plus l'impeccabilité de leur mode de relation. Leur amitié, pourtant bien réelle, n'admet aucune mollesse ni aucun à peu près.

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