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Les Gomphides

Dernière mise à jour : 13 mai




Étymologie :

Du grec : gomphos, clou, cheville et eidos, ressemblance ; à cause de la forme du champignon qui rappelle un clou ou une cheville.


  • CLOU, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 clou « petite tige de métal pointue garnie d'une tête, servant à fixer ou à orner quelque chose » (Roland, éd. J. Bédier, 3584 ; 2. 1170 « furoncle » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 217) ; 3. 1225-1230 clou de girofle (G. De Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1340) ; 4. 1823 « mont-de-piété » [parce que les objets mis en gage étaient accrochés à des clous] (lang. poissard d'apr. Esn.) ; 1833 (L. Vidal, J. Delmart, La Caserne, p. 343) ; d'où p. anal. 1835 arg. « prison » ([Raspail], Réforme pénitentiaire, p. 2) ; 5. 1865 « objet usagé », (ouvriers métallurgistes d'apr. Esn.); 1877 (Zola, L'Assommoir p. 15) ; 1886 arg. loc. des clous « rien » (Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on triche, p. 125) ; 6. 1878 « partie la plus réussie d'un spectacle » (Figaro du 6 juillet ds L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 101). Du lat. class. clavus « clou », aussi « furoncle » en lat. impérial.


Lire également la définition du nom clou afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Chroogomphus fulmineus - Gomphide fulminant -

Chroogomphus rutilus - Gomphidius viscidus - Agaric lubrique - Agaric visqueux - Gomphide rutilant - Gomphide visqueux - Gros clou rouge - Rougeaud des pins -

Gomphidius glutinosus - Agaric glutineux - Agaric lubrique - Clou brun - Clou rouge - Gomphide gluant - Gomphide glutineux - Gros-clou gluant - Mufle de vache - Museau de bœuf - Pied de rhubarbe -

Gomphidius roseus - Gomphide rose -

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Mycologie :


Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description de deux gomphides :


Le Gros-clou gluant (Gomphidius glutinosus Fries) : Chapeau charnu, arrondi puis obtus ou déprimé , d'un brun violacé ou cendré peu foncé, très visqueux surtout par l'humidité ; stipe plein , court, peu régulier, souvent atténué à la base qui est jaunâtre intérieurement et extérieurement, le sommet restant blanc ; voile fibrilleux-glutineux, laissant des traces noirâtres sur le stipe ; lamelles anastomosées arquées- décurrentes, étroites, blanches puis fuligineuses ; spores bacillaires- allongées, noirâtres ; chair blanche.


Odeur et saveur peu accusées.

Été, automne.

Dans les bois de Pins et de Sapins.

Espèce suspecte ou peu connue.


C'est à tort que cette espèce porte l'épithète de glutinosus, d'après Schaffer, dans nos traités actuels. Scopoli l'a, en effet, trop bien décrite le premier dans son Flora carniolica (1772) , pour qu'il n'en doive point tôt ou tard demeurer le véritable parrain. Voici, traduite, la description qu'il donne de son Agaricus lubricus : « Chapeau d'abord campanulé, puis convexe, ensuite plan, enfin déprimé; lamelles simples et ramifiées ; stipe long de trois pouces, épais d'un demi-pouce, blanc au sommet, jaune clair dans ses autres parties ; solitaire, visqueux. »

Cordier croit que ce Champignon est comestible, mais il ajoute que Schummel le dit dangereux. M. Quélet ne le croit pas nuisible : il rapporte l'opinion de M. Forquignon qui le trouve aigrelet et doué d'une saveur d'acide tartrique ou citrique. En attendant que ce Champignon soit mieux connu au point de vue de ses propriétés alimentaires, nous croyons devoir le conserver parmi les suspects .


Le Gros-clou rouge (Gomphidius viscdus Fries) : Chapeau charnu, arrondi puis plan, à bord recourbé, d'un rouge brique foncé tirant sur le brun rougeâtre, visqueux surtout par l'humidité ; stipe allant en s'atténuant du sommet à la base, de la couleur du chapeau, courbé ou flexueux, plein ; voile fibrilleux peu visible, disparaissant sans laisser de trace ; lamelles anastomosées, arquées-décurrentes, étroites, espacées, rougeâtres puis fuligineuses ; spores bacillaires-allongées, presque noirâtres ; chair d'une teinte carnée pâle.

Odeur assez forte ; saveur peu marquée.

Automne.

Dans les bois de Pins ou de Sapins, où elle n'est pas rare.

Espèce suspecte ou peu connue.


Cordier dit qu'on mange ce Champignon aux environs d'Aigues-Mortes. M. Bernard le croit également comestible. M. Quélet le classe avec doute parmi ses espèces nuisibles. En somme, nous connaissons fort mal les propriétés de ce Champignon, ce qui nous porte à le noter comme suspect.

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Selon François Freléchoux, auteur d'un article intitulé "Les champignons, ces acteurs méconnus du pâturage boisé jurassien" (In : LA FORET 9 : 03, pp. 20-21) :


Dans les pâturages boisés, les bolets, les lactaires, les russules et les cortinaires sont des genres de champignons mycorhiziques très bien représentés, avec de nombreuses espèces liées à l'épicéa, arbre si caractéristique et emblématique de nos prés-bois du Haut-Jura. L'amanite tue-mouches et le gomphide glutineux sont deux espèces liées à cet arbre dans nos pâturages.

 

Jean-Louis Lamaison et Jean-Marie Polese, auteurs d'une Encyclopédie visuelle des champignons. (Éditions Artemis, 2005) proposent une fiche visuelle qui aide à la reconnaissance du champignon :


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Usages traditionnels :


F.S. Cordier, auteur de Les Champignons, Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) :


On le [Agaricus Gomphidius viscidus] mange dans les environs d'Aigues-Mortes. Sa chair, d'un blanc roussâtre, coriace et nullement délicate, se pèle facilement. Odeur et saveur faibles.

 

Charles Zettel, dans Le Petit Livre des Champignons. (Éditions First, 2010) répond à la question de la comestibilité :

Cuisinés, peut-on les manger ?

Oui, à condition de retirer la pellicule qui couvre le chapeau et le pied.


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Jean-Pierre Navez et Jean-Marie Sénelart, auteurs d'un article intitulé "Teintures naturelles obtenues à l’aide de champignons" (paru sur le site de l'AMFB, 2012) classent deux gomphides parmi les champignons tinctoriaux :


Les champignons tinctoriaux sont des carpophores qui teignent, c’est-à-dire avec lesquels il est possible de communiquer aux diverses fibres textiles des couleurs durables. Les colorants ne possèdent pas tous la propriété de se fixer directement sur la laine ; dans ce cas, on a recours au mordançage de la fibre avec des sels métalliques. Pour ralentir l’hydrolyse des liaisons dues au soufre et aux sels et assurer une meilleure répartition des mordants sur la fibre, on ajoute au bain de mordançage des acides organiques, comme l’acide citrique, oxalique, la crème de tartre, le vinaigre, etc..., qui sont des adjuvants.

[...]

Les principes tinctoriaux des champignons : Nous avons choisi de ne pas développer en détail la composition chimique des différentes molécules intervenant dans le sujet traité. En voici simplement un aperçu :


  • 1a) Les quinones : la base en est le noyau quinonique. Les champignons élaborent différentes molécules à partir de ce noyau, celles-ci donneront des pigments orangés, rouges ou bruns.

    • Les terphénylquinones : l’acide polyporique présent dans les Paxillus (atromentol), Boletus edulis, Suillus piperatus, Xerocomus badius, X. chrysenteron (atromentol), Gomphidius glutinosus (variégatorubine).

    • Les boviquinones : des dibenzoquinones sont présentes dans Suillus bovinus et dans les Chroogomphus. [...]

  • 2a) Dérivés de l’acide pulvinique : nous les retrouvons principalement dans les champignons de l’ordre des Bolétales. Ce sont des pigments jaune orange.

    • L’acide variégatique : Suillus variegatus, Boletus erythropus, Xerocomus chrysenteron, etc... ! L’acide xérocomique : Gomphidius glutinosus et G. maculatus.

[...]

Les meilleurs champignons teinturiers :


Gomphidus glutinosus (Sch. : Fr.) Fr. Couleurs obtenues : brun. Avec mordançage à l’alun : brun-roux ; à l’étain et au cuivre : roux ; au fer : olive.

Ecologie : bien qu'il manque dans certaines régions, ce gomphide est répandu dans toute l'Europe, surtout en montagne où il vient en troupes, de juillet à novembre, tant sur les calcaires que sur les sols acides ; mycorrhizique, il est presque inféodé à l'épicéa.

Gomphidus maculatus (Scop.) Fr. Couleurs obtenues très proches du précédent.

Ecologie : spécifique strict du mélèze auquel il est lié par mycorrhizes, selon J. Favre qui l'a récolté sur tous les substrats, depuis les régions les plus basses jusqu'à 2000 m. Solitaire ou en petites troupes, d'août à octobre, mais plutôt rare. Europe, Amérique du Nord.

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Symbolisme :


Selon Lucien Baillaud, auteur d'un article intitulé « Langue parlée, langue écrite : la botanique. » (In : Le Journal de botanique, n°32, 2005, pp. 43-72) :


Le Chroogomphus viscidus [= Gomphide visqueux] a porté le nom d’Agaricus lubricus, peut-être à cause de sa silhouette un peu goguenarde, à l’opposé de l’Inocybe pudica, à la chair rosissante et de l’Hygrophorus pudorinus (pudibond).

 

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