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Le Tristan






Autres noms : Aphantopus hyperantus - Satyre Tristan - Papillon hyperantus - Papillon tristan - Satyre hyperantus - Satyrus hyperantus




Zoologie :


R. Essayan, D. Jugan, F. Mora & A. Ruffoni (coord), proposent une fiche intitulée "Aphantopus hyperantus (Linnaeus, 1758) - le Tristan"

 

Anne Dozières, Julie Valarcher et Zoé Clément, autrices de Papillons des jardins, des prairies et de champs, Guide de terrain pour les Observatoires de sciences participatives (Zoé et Vigie nature, 2017) ajoutent :


Le saviez-vous ? Voilà un papillon qui n’a pas peur du mauvais temps. C’est en effet l’un des seuls à voler même quand le temps est maussade et pluvieux, et qui, à l’inverse, ne s’aventure pas dans les milieux trop secs ou trop ouverts. La femelle ne s’accouple en général qu’une seule fois puis projette ses œufs directement sur les poacées dont les chenilles se nourriront.

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Symbolisme :


Jean-Yves Cordier propose sur son blog Lavieb-aile des études de zoonymie passionnantes. Celle sur le Tristan ne fait pas exception. Nous vous renvoyons à son article pour tous les détails et ne mentionnons ici qu'une partie de ce dernier :


Résumé :

— Le nom de genre Aphantopus, en grec "pied invisible", fait allusion à la première paire de patte qui est non fonctionnelle chez les Nymphalidés, et quasi-invisibles car petite et repliée. La description originale de Wallengren (1853) atteste de cette étymologie en utilisant pour décrire les pattes de son Genre le mot latin occulti  "cachées" : (pedes antici brevissimi, in pilosilate plane occulti, incrassati ).

hyperantus Linné, 1758 vient du nom Hyperanthos, l'un des cinquante fils du roi Aegyptos qui épousèrent l'une des cinquante Danaïdes. 

— Geoffroy a créé le nom  Tristan en 1762, hommage possible au héros du roman breton du XIIe siècle. Il est très improbable qu'il soit construit sur le latin tristis "triste" (allusion aux ailes sombres) car tous les Nymphalidés baptisés par Geoffroy sont des héros de la littérature pastorale ou antique, ou ne portent pas de majuscule. Mais l'amant d'Iseut, Prince de Loonois, porte ce nom en raison des tristes circonstances de sa naissance, de la mort de son père Rivalen et de celle de sa mère Bleunwenn (Blanche-Fleur) par chagrin.

[...]

Nom vernaculaire.

1. Tristan, Geoffroy 1762.

Étienne-Louis Geoffroy, Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2  page 47 n° 14, Paris, Durand 1762.

[...]

Dans Biohistoire des papillons, Christian Perrein signale que "Tristan, du latin tristis, "triste", est le nom français dans Geoffroy". Néanmoins, on remarquera que Geoffroy n'a pas écrit Le tristan, comme la quasi totalité des noms qu'il a créé, sans majuscule et précédé d'un article, mais Tristan, comme sept autres papillons qui vont suivre celui-ci : Silène (ou le silène selon éditions), Tircis et Corydon, Myrtil et Amaryllis, Procris et Céphale (mais, le satyre, la bacchante). Il a donc initié, avec Tristan, une courte série de noms propres de héros et héroïnes. Le fait même qu'il s'agisse d'une série exclut, comme Linné avec ses noms mythologiques, qu'il existe un rapport entre le papillon et le nom qu'il reçoit (les noms descriptifs sont réservés à la deuxième famille, celle des Papillons à six pieds). Le nomenclateur, face à ses boites de collection, prend une étiquette arbitraire, mais disponible et la colle sur l'espèce qu'il doit désigner. Inutile de chercher où est Iseult ou le roi Marc, inutile de savoir si ce papillon, parce qu'il est sombre, a l'air triste : il est Tristan comme il est Hyperanthus, par attribution d'un nom de code. D'autre part, comme Linné, Geoffoy ne [phrase non terminée sur le blog].

Ce qui m'intrigue, c'est que Tristan fait ici figure d'intrus dans cette série gréco-latine et de culture classique qui fonctionne par couple : que vient faire là ce héros d'un roman breton certes très apprécié au Moyen-Âge mais qui n'a retrouvé sa renommée litteraire qu'après Tristan und Isolde de Wagner (1895) ou les travaux de Joseph Bédier (1905) ?

L'interrogation par le moteur de recherche du mot Tristan dans l'intervalle 1750-1780 conduit au Catalogue imprimé de la bibliothèque du Roy, (1750) laquelle contient soit des romans sur les prouesses du sieur Tristan, Prince de de Léonnois, Chevalier de la Table Ronde, soit des œuvres poétiques de Tristan L'Hermite.


J'ai donc une autre hypothèse, que je ne peux hélas étayer : Geoffroy aurait pu vouloir rendre hommage à Tristan L'Hermite (1601-1655), poète et dramaturge auteur de la pastorale Amaryllis, (et de ses Satyres), des Stances sur la solitude où apparaît Tircis,  du sonnet Imitation d'Annibal Caro où apparaît Céphale. 

Aucun roman breton, et aucun ouvrage de Tristan l'Hermite ne figurent parmi les 1351 titres de la bibliothèque de l'oncle d'Etienne-Louis Geoffroy, le pharmacien Claude Geoffroy.

 

2.  LE TRISTAN, Engramelle 1779.

Jacques Louis Engramelle  Papillons d'Europe, peints d'après nature, Paris, 1779. Volume 1 Planche 27 par J.J. Ernst, n° 52 page 122.

[...]

La traduction disponible en dictionnaire de ringlet, "anglaise, frisette, bouclette" ne rend sans-doute pas compte du sens du mot construit sur ring, "anneau, alliance" : on le traduira plutôt par "orné d'anneaux". C'est la présence des (sept) yeux noirs centrés par une tache blanche et cernés de blanc-crème qui détermine donc tous ces zoonymes, y compris celui d'Argus, le géant aux cent yeux.

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Mythologie :


Selon Emile Benveniste, auteur de “La Légende des Danaïdes.” (Revue de l’histoire Des Religions, vol. 136, no. 2, 1949, pp. 129–38. JSTOR) :


Nous trouvons ici l'explication de la conduite des Égyptiades. Car la légende se mêle à un mythe dynastique : c'est Épaphos, rejeton de Zeus, qui a fondé la dynastie des rois d'Égypte, et les deux frères rivaux, Êgyptos et Dañaos, ses arrière-petits fils, se disputent la royauté. Les cinquante fils d'Égyptos agissent donc selon la norme du mariage endogamique en demandant pour femmes les Danaïdes, filles du frère de leur père.

Mais comment se pose la question pour les filles de Dañaos ? En face d'Égyptos, Dañaos représente la société « normale » gouvernée par l'exogamie. Ici les fils et les filles de deux frères sont entre eux frères et sœurs. Dès lors ce mariage avec leurs cousins parallèles doit apparaître aux Danaïdes ce qu'il est en effet nécessairement : un inceste. Leur refus véhément, leur fuite, leurs supplications éperdues aux dieux et au peuple et jusqu'à leur farouche dessein de ne jamais appartenir à un homme, tout cela devient naturel. C'est la réaction typique à une exigence qui viole la loi fondamentale de la parenté.

[...]

C'est le propre d'un tel conflit, s'il est posé dans sa rigueur, de n'admettre pas de compromis. Impitoyable est en effet la suite de la légende. Les Êgyptiades finissent par contraindre Dañaos à leur accorder ses filles. Mais le soir des noces, chacune d'elles, sur l'ordre de son père, égorge son mari, se refusant ainsi jusqu'au bout à cette union. Une seule toutefois manque à son devoir : Hypermestre, cédant à l'amour, épargne son époux, Lyncée, car de leur mariage naîtra la dynastie royale d'Argos. A la faveur de cette défaillance, un lointain rejeton d'Épaphos et de Zeus transmettra au peuple pélasge le nom de Dañaos. Par là est ménagée une issue à cette tragédie. Grâce à l'intervention d'Aphrodite qui fait acquitter la « trahison » d'Hypermestre, l'exigence exogamique fléchit à l'avantage du mythe royal.

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Contes et légendes :


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