Étymologie :
TRILLE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1753 trille (J.-J. Rousseau, Lettre sur la mus. fr. ds Œuvres, éd. Hachette, t. 10, p. 194 ds Brunot t. 6, p. 1237, note 7 ; trille est souligné et commenté par Rousseau : ,,Je suis contraint de franciser ce mot``) ; 1768 trill (Rousseau), forme att. au xviiie s. ; 1811 à nouv. trille (Jouy, Hermite, t. 1, p. 301). Empr. à l'ital. trillo, att. comme terme de mus. dep. 1618 (Buonarroti il Giovane ds Tomm.-Bell.), d'abord « bruit produit par un corps sonore » (dep. 1remoit. xve s., Burchiello, ibid.), d'orig. onomat. (cf. lat. trittilare « gazouiller »). Voir DEI et FEW t. 13, 2, p. 274.
Lier également la définition du nom trille afin d 'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Trillium erectum ; Trille dressé ;
Symbolisme :
Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de la Trille rouge (Trillium erectum) :
Mot-clef : L'Esprit dans la matière
La Trille rouge est un joyau rare qui illumine les sols forestiers et observe calmement l'obscurité. Elle n'attend pas les vampires ni les fantômes - elle n'a peur de rien dans ces bois faiblement éclairés. Non, elle attend les premières lueurs fugaces d'une vie nouvelle. « Venez », dit-elle en vous attirant de plus en plus profondément dans la conscience des arbres, « voyons ce qui va naître ! ».
Bien qu'elle attende de nouvelles vies depuis des millénaires, la trille rouge a développé récemment son invisibilité, se fondant tranquillement dans les feuilles et les fougères, ces lieux sombres où les idées sont en incubation. Au bord de l'abysse du tout et du rien, elle est prête à faciliter la transition entre l'esprit et la matière. Elle aide aux naissances, identifiant la première étincelle de vie là où d'autres yeux ne voient encre que des ténèbres.
Rituel : Nourrissez vos idées neuves
Les rêveries diurnes sont comme des graines - elles sont nombreuses mais rares à prendre racine. Comment donnez-vous vie à une idée et créez-vous une nouvelle façon d'être au monde ? Dès le début, la nouvelle graine doit être nourrie, sinon elle se dessèche et dépérit. Dès lors, quand vous caressez une nouvelle idée, donnez-lui de l'amour. Visualisez-la comme ayant pleinement pris forme et vivant sa vie dans le monde. Puis créez-lui un espace pour qu'elle pousse : une toile vierge, un dossier sur votre bureau ou un coin de table dégagé avec une image représentant ce magnifique bébé à naître.
« Les idées n'attendent qu'une chose : se manifester. Et le seul moyen, pour une idée, de se manifester dans le monde, c'est de collaborer avec un partenaire humain. C'est uniquement à travers les efforts d'un être humain qu'une idée peut sortir de l'éther et entrer dans le royaume de l'effectif. »
(Elizabeth Gilbert, Big Magic)
Réflexion : Laissez maturer
Il nous arrive souvent de devoir cultiver notre propre matrice, à l'abri de la lumière, pour favoriser le développement d'une idée ou d'une nouvelle conscience. Cette croissance a besoin d'être nourrie, de rester enfouie dans la tourbe et les feuilles mortes durant des périodes incroyablement longues parfois avant d'être prêt à donner son fruit. Et pour accompagner le développement d'une seule idée qui nous tient à cœur, il faut parfois en supprimer d'autres.
Que nourrissez-vous ?
Êtes-vous prête à rester assise dans l'obscurité des sous-bois avec la trille rouge,
dans cet espace propice à l'inspiration ?
Avez-vous tendance à exposer vos idées à l'air libre et à la lumière trop tôt, les privant ainsi de leur temps de maturation nécessaire ?
Quelles nouvelles manières d'être sont enfouies dans votre psyché, attendant de naître ?
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Littérature :
Marie-Aude Plante auteure de La femme rudérale suivi d'une réflexion sur le carnet littéraire. (Thèse de doctorat. University of Ottawa (Canada), 2006) évoque deux espèces de trille :
[...] Les trilles blancs - trillium grandiflorum - sont éclos. Ils ont commencé à s'épanouir timidement il y a de cela environ deux semaines. Maintenant, ils sont légions à tapisser les vallons de la forêt. Lorsqu'on les observe de loin, ils font même parfois croire à un névé ayant résisté aux chaleurs printanières, tellement ils sont rassemblés en colonies anarchiques mais serrées. Et puis, ici et là, quelques spécimens de la variété cramoisie -trillium erectum - comme des gouttes de sang sur la neige...
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Les feuilles mortes de l'automne dernier se sont réunies en monceaux au pied des arbres et des buissons encore nus ou à peine vêtus. C'est là que le trille se fraie un chemin. Au début, sa jeune pousse est protégée du froid par ces feuilles qui la surplombent. Par la suite, elles lui conservent un terreau humide et fécond, nécessaire à sa croissance et à sa floraison. Finalement, lorsque la fleur se fane, se flétrit puis meurt, le tapis de feuilles mortes devient son linceul.
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