Étymologie :
PAILLE-EN-CUL, PAILLE-EN-QUEUE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1708 paille-en-queüe (Leguat, Voyages... en deux isles desertes des Indes orientales, t. 1, Amsterdam, J. L. de Lorme, p. 13) ; 1762 paille-en-cu (Ac.). Comp. de paille*, de en* et de cul*, queue*, cet oiseau étant doté d'un long double penne semblant une longue paille implantée dans sa queue (cf. Buffon ds Littré).
Lire également la définition du nom paille-en-queue afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Phaethon ; Fétu-en-cul ;
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Zoologie :
Mohsen-Ebrahimpour consacre un article aux paille-en-queue chez Le Clézio, dans lequel il cherche à établir un lien entre cet oiseau réel et le phénix mythologique :
Le paille-en-queue, de la zoologie au mythe : Le paille-en-queue est un oiseau caractéristique des îles Mascareignes et l’emblème d’Air Mauritius. Les Mauriciens sont très fiers des pailles-en-queue et les placent parmi les oiseaux de mer les plus beaux et élégants. Il en existe deux espèces à Maurice, à brins noirs et à brins rouges, qui se trouvent plutôt vers les îles du Nord – Coin de Mire, île Plate, îlot Gabriel, île Ronde, île aux Serpents. C’est un vrai symbole de l’île, très valorisé par les poètes et les peintres mauriciens. Le paille-en-queue est un oiseau marin de la famille des Phaethontidae. Gérard Quelquejeu, qui lui a consacré une étude, constate qu’aux Antilles et dans les Mascareignes on le connaît sous ce même nom de paille-en-queue. Son implantation est très vaste : on peut le retrouver « tout autour de la ceinture du monde, dans les îles tropicales de l’océan Indien, de l’océan Pacifique, de l’Atlantique ». Actuellement, il en existe trois espèces. Le Phaethon aethereus Linnaeus, à la queue blanche et au bec rouge, se trouve plutôt dans l’Atlantique. Le Phaethon rubricauda Boddaert a une queue et un brin rouges avec un bec écarlate. C’est la troisième espèce qui est la plus nombreuse et la plus largement répandue dans le monde. Il s’agit du Phaethon lepturus Daudin. Son bec est jaune, un peu rembruni sur les côtés et il a une queue blanche. Comme chez tous les autres pailles-en-queue, sa « longue queue bifide [est] formée par les deux rectrices médianes », mais « le plumage des ailes est d’un blanc pur avec une bande noire oculaire7 ». Nous pouvons le reconnaître facilement grâce aux deux plumes très allongées de la queue, qui donnent son nom à l’oiseau.
Le paille-en-queue apparaît très fréquemment dans La Quarantaine et dans Le Chercheur d’or de Le Clézio. L’accent est mis sur la longueur et la couleur rouge de ses plumes caudales spectaculaires. Le Clézio évoque ces deux aspects et mythifie l’oiseau en associant sa couleur par métaphore au feu. Par exemple, les pailles-en-queue sont « gênés par la longue plume rouge qui flotte derrière eux comme une banderole8 » ; lorsqu’un couple d’oiseaux vient vers Léon et Suryavati, il « bascule en criaillant, leurs longues plumes de queue rouge feu traînant dans le vent9 ». Le protagoniste est attiré par le vol et la couleur des pailles-en-queue au moment où il les voit pour la première fois de sa vie, le long de la frontière de l’île Plate et Gabriel : « [Ils] volent lourdement contre le vent en traînant derrière eux leurs banderoles rouges10 . » Dans un autre passage Léon voit les pailles-en-queue au coucher du soleil reprenant « leurs rondes au-dessus du piton, leurs longs rubans rouges flottant derrière eux comme des fanions11 ». Au moment où il les observe de tout près, envieux de les apprivoiser, il remarque que les oiseaux « tracent leurs chemins incessants entre Gabriel et la pointe, passent tout près de [lui] » et « glissent vers l’autre bout de la lagune, traînant derrière eux leurs flammes rouges, Le paille-en-queue apparaît très fréquemment dans La Quarantaine et dans Le Chercheur d’or de Le Clézio. L’accent est mis sur la longueur et la couleur rouge de ses plumes caudales spectaculaires. Le Clézio évoque ces deux aspects et mythifie l’oiseau en associant sa couleur par métaphore au feu. Par exemple, les pailles-en-queue sont « gênés par la longue plume rouge qui flotte derrière eux comme une banderole8 » ; lorsqu’un couple d’oiseaux vient vers Léon et Suryavati, il « bascule en criaillant, leurs longues plumes de queue rouge feu traînant dans le vent9 ». Le protagoniste est attiré par le vol et la couleur des pailles-en-queue au moment où il les voit pour la première fois de sa vie, le long de la frontière de l’île Plate et Gabriel : « [Ils] volent lourdement contre le vent en traînant derrière eux leurs banderoles rouges10 . » Dans un autre passage Léon voit les pailles-en-queue au coucher du soleil reprenant « leurs rondes au-dessus du piton, leurs longs rubans rouges flottant derrière eux comme des fanions11 ». Au moment où il les observe de tout près, envieux de les apprivoiser, il remarque que les oiseaux « tracent leurs chemins incessants entre Gabriel et la pointe, passent tout près de [lui] » et « glissent vers l’autre bout de la lagune, traînant derrière eux leurs flammes rouges,
Symbolisme :
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Paille-en-queue ; Paille-en-cul ; Phaéton : Cet oiseau des Tropiques, qui doit son nom de paille-en-queue aux deux plumes qui prolongent sa queue, prévient, par son cri, des coups de vent, d'où le dicton martiniquais :
Zozo paillen qui crié là-haut
Coud'vent vini bientôt
Pou casser bateaux.
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Dominique Meens, auteur d'Ornithologie du voyageur (Éditions Allia, 1995) évoque le paille-en-queue :
Or, il est deux oiseaux remarquables.
Le phaéton et le pétrel damier font preuve d'une élasticité singulière, s'une souplesse quelque peu inquiétante ; au ras des flots ou posés sur la vague, ils semblent suspendus ; se déplaçant, ils glissent plutôt qu'ils ne volent ; bondissant d'abord d'une aile précipitée, ils flottent ensuite avec lenteur ; tantôt ils se figent dans leur gestes : couleurs et volumes s'accusent ; tantôt tout s'accélère, les teintes s'estompent ou débordent sur les contours : fantômes.
Parmi tant d'autres, deus oiseaux qui auraient eu plus que leur part ? Oui, plus « oiseaux » que tant d'autres d'avoir laissé à terre la volaille qui les alourdissait.
Le phaéton est dit aussi Paille-en-queue. Ces longues faucilles qui le nomment ne lui viennent-elles pas en droite ligne du coq ? Quant au pétrel damier, d'autres auront décidé pour nous, qui l'appellent pintado.
Que le phaéton soit l'esprit du coq ; que la pintade ait pour âme le pétrel ; que l'on doive rechercher le souffle du dindon parmi les cormorans, si discret dans ce cas, à peine audible : Nous avons vu ces animaux se mêler et marcher ensemble comme un troupeau domestique, ou comme des volailles dans une basse-cour, sans jamais essayer de se faire du mal. (Cook, cité par Buffon) ; que les uns soient aux autres ce que la divinité est aux idoles ; méditation de qui dérive sans crainte, découverte de l'égaré.
Sur la route de l'air, les hommes, d'un seul bond, ont franchi l'air des oiseaux, croyant le pénétrer. A vouloir entraîner plus que leurs souffles vers l'oiseau-monde, ils s'éloignent indéfiniment.
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Selon Christine Pérez, autrice de Cultures méditerranéennes anciennes, cultures du triangle polynésien d'avant la découverte missionnaire : les formes & les pratiques du pouvoir. (Editions Publibook, 2007) :
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La couleur rouge, dans toutes ces cérémonies, est un des principaux marqueurs de la fonction royale et malheur à qui oserait se l'approprier.
Il est vrai, qu'en ce qui concerne le plumage des oiseaux, c'est une « denrée » rare : seul le paille-en-queue (Phaéton) possède quelques longues plumes rouges, c'est l'oiseau royal par excellence, interdit de chasse pour la rareté de ses plumes 'ura réservées à l'ari'i.
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Mythologie :
Dans "Le domaine de l’irrationnel pour la compréhension d’un territoire : des sept fonctions de l’oiseau dans les traditions orales polynésiennes, aux forces qui travaillent notre société."(Journée des langues et des cultures Polynésiennes, “Ma terre, ma mer, mon ciel : l’environnement de demain”, Février 2018, Punaauia, Polynésie française) de Anthony Tchékémian, on repère une de ces 7 fonctions qui est en lien avec le phaéton :
Pour commencer nous allons nous intéresser aux traditions orales polynésiennes, afin de mettre en évidence sept fonctions différentes de l’oiseau :
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- l’oiseau apprivoisé : par exemple, à Tongatapu (aux îles Tonga), lorsque le phaéton apprivoisé d’un souverain de la dynastie tongienne des Tu‘i Ha‘atakalaua ne revient pas de sa pêche un soir, le souverain affligé fait appel à un devin pour savoir si son oiseau adoré va revenir. En fait il est allé pêcher à Samoa, et son retour après quelques jours donne lieu à de grandes effusions de tendresse ;
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Contes et légendes :
Sur le site de La Réunion, on peut lire le texte suivant :
Selon la légende, le paille-en-queue serait une sirène tombée amoureuse d’un triton… Les deux amants furent métamorphosés par un mauvais génie en oiseaux : on raconte qu’ils survolent les océans à la recherche de leur royaume sous-marin perdu. De leur ancienne vie, subsisteraient les plumes allongées de leur queue, renvoyant à celles des sirènes !
Littérature :
J.M.G. Le Clézio dans son roman qui mêle autobiographie et biographie du grand-père, intitulé Le Chercheur d'or (Éditions Gallimard, 1985) met en vedette le paille-en-queue :
Les paille-en-queue sont « les esprits des marins morts en mer ».
Dans Sirandanes (Éditions Seghers, 1990) J.MG. Le Clézio et sa femme Jemia Le Clézio rendent hommage à la langue créole :
Tous les peuples ont leurs devinettes. Mais il en est un qui a su pousser cet art jusqu'à la perfection, jusqu'à la poésie même : c'est le peuple mauricien. [...]
Paille-en-queue : c'est le phaeton aethereus, l'oiseau mythique, presque magique par sa beauté, volant au-dessus des falaises sombres de la rivière Noire, avec derrière lui sa longue queue de lumière, comète qui traverse l'immensité de l'horizon de la mer.
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