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Le Galéga




Étymologie :

  • GALÉGA, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1561 ([A. du Pinet], Commentaires de M. P. A. Matthioli, Nouv. trad. de Lat. en Franç., Lyon 1561, p. 384). Prob. empr. à l'ital. galega (dep. xive s. galiga, P. Pegolotti d'apr. DEI; aussi Mattioli, xvie s. ds Batt.), composé du gr. γ α ́ λ α « lait », et de : − soit α ́ γ ε ι ν « pousser », cette herbe étant utilisée pour augmenter la sécrétion du lait (FEW t. 21, p. 169b), − soit α ι ́ ξ, α ι ̓ γ ο ́ ς « chèvre » (Cor. t. 3, s.v. leche ; cf. nom pop. de cette plante, rue de chèvre). Le lat. bot. galega (1530, Fracastoro d'apr. FEW, loc. cit.), aussi herba gallica (1694 d'apr. L. Diefenbach, Glossarium latino-germanicum, Francfort 1857) qui doit être une fausse réfection étymol., est beaucoup plus tardif que le mot italien.


Lire également la définition du nom galéga afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Galega officinalis ; Faux Indigo ; Faux-indigotier ; Galéga officinal ; Galigan ; Grand Vanèze ; Herbe-aux-chèvres ; Lavanèse ; Lilas d'Espagne ; Rue-des-chèvres ; Sainfoin d'Espagne ; Sainfoin espagnol ; Vanèse

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Botanique :


Selon Céline Peirs, autrice d'une Contribution à l’étude phytochimique de Galega officinalis L. (Fabaceae). (2005, Thèse de doctorat) :


Description morphologique : Le Galéga est une plante herbacée vivace, de port buissonnant, pouvant facilement atteindre une hauteur de 80 à 100 cm.

La racine de Galéga est puissante, ligneuse, pivotante et très souvent profonde, ce qui lui permet de s’ancrer solidement dans le sol. Elle présente un goût amer. L’écorce est blanchâtre, parsemée de fragments jaunes de desquamation. La partie centrale de la section est également de couleur blanche.

Les parties aériennes sont constituées de tiges dressées, rigides, glabres, creuses et couvertes de stries longitudinales.

Les feuilles, d’un vert vif, sont composées, alternes et imparipennées. Les stipules situées à la base du pétiole, sont assez longues, libres et sagittées. Les folioles, dont le nombre varie de onze à dix-neuf, sont caractérisées par une forme obtuse, oblongue et lancéolée. L’extrémité des folioles est mucronée à l’exception de la foliole terminale dont le sommet est échancré distinctement.

Les inflorescences sont des grappes, axillaires ou terminales, plutôt denses et allongées, constituées de petites fleurs bisexuées. Les grappes de fleurs sont plus longues que les feuilles à la base desquelles elles viennent s’insérer.

La fleur présente un calice, campanulé et bossu à la base, comportant cinq dents subégales lancéolées et une corolle pentamérique, zygomorphe, papilionacée dont la teinte, parfois blanche ou panachée, varie généralement dans des nuances de bleu-lilas ou de rose. L’étendard et les deux ailes sont oblongues. La carène, constituée par la soudure de deux pétales inférieurs, est légèrement incurvée et relevée. L’androcée est diplostémone et de type subdiadelphe autour de l’ovaire : les dix étamines sont soudées entre elles par leurs filets sauf une, soudée seulement sur la moitié de sa longueur. L’ovaire, de type supère, est monocarpellé et surmonté du style et du stigmate.

Le fruit est une gousse dressée, rigide et cylindroïde. Elle est glabre, bosselée, striée, légèrement comprimée latéralement et parcourue par deux sillons latéraux délimitant les valves dorsale et ventrale. La gousse mesure entre 2 et 3 cm de longueur. Les graines, exalbuminées, sont retenues par un court funicule. A maturité, les deux valves s’ouvrent en vrillant, laissant échapper deux à cinq graines brunes et ovoïdes.

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Usages médicinaux :


Dans sa Contribution à l’étude phytochimique de Galega officinalis L. (Fabaceae). (2005, Thèse de doctorat), Céline Peirs fait le point sur les utilisations médicinales du Galéga :


Employé en médecine traditionnelle sous diverses formes, en cataplasmes, ingéré cru, cuit ou sous forme de suc frais, G. officinalis était utilisé pour soigner certaines affections comme les fièvres pestilentielles, les piqûres d’insectes et les morsures d’animaux venimeux.

On lui a attribué des propriétés très diversifiées, l’utilisant comme vermifuge, diurétique, anti-convulsif et sudorifique, en tant que stimulant des glandes surrénales et du pancréas, comme « dépuratif » et protecteur hépatique ; c’est également un modificateur de terrain préconisé dans les « perturbations glandulaires » et troubles des sécrétions gastrointestinales.

Pour toutes ces indications, l’efficacité n’a pas été prouvée.

Aujourd’hui, le Galéga est très peu employé ; il fut principalement utilisé pour ses propriétés antidiabétiques, en tant qu’adjuvant de l’insuline dans les traitements complémentaires du diabète modéré. Cette activité hypoglycémiante est attribuée à trois éléments. Le premier est la galégine, un dérivé de guanidine toxique pour certains animaux (il existe peut-être un risque pour l’homme à très forte dose) et dont l’action se voit potentialisée par la présence d’un second élément, les flavonoïdes (Pundarikakshudu, 1994 ; Lapinina et Sisoeva, 1964, dans Vigneau, 1985). Enfin, le troisième élément est l’implication des sels de chrome dans l’effet antidiabétique (Müller, 1988) sachant qu’une carence en sels de chrome rend le récepteur à insuline non fonctionnel.

Il convient toutefois d’insister sur un fait : le Galéga ne peut en aucun cas se substituer à un traitement classique et son utilisation doit se faire sous contrôle médical. La plante a été administrée sous forme d’infusion ou de décoction (Sée, 1929 ; Parturier et Huguenot, 1935). La décoction de Galéga se prépare à partir d’une grosse cuillère à café de parties aériennes de plante concassée et mêlée en quantité égale de graines. Le mélange est plongé dans de l’eau bouillante environ 10 minutes.

Le Galéga est également réputé pour ses vertus galactogènes. Au point de vue étymologique, cela rentre dans une certaine logique puisque le mot « gala » signifie lait en grec et « ageïn », produire. Bien qu’admise, l’action galactogène n’est pas clairement établie : Lewis et Carlson (1917) ainsi que Heiss (1968) ont émis l’hypothèse selon laquelle l’activité pourrait être tout simplement induite par une forte teneur protéique plutôt que par la présence d’un composé spécifique. La question reste entière si l’on considère les travaux de Le Bail et al. (2000) qui ont permis la mise à jour d’un flavonoïde, le sativan, présentant une activité anti-œstrogénique.

Sous forme d’extrait ou d’infusion à 10 %, le Galéga augmenterait la production de lait de 35 à 50 % en favorisant le développement des glandes mammaires. Les spécialités à base de Galéga telles que la TISANE DU CURE DU DEUIL® ne sont plus commercialisées. A l’heure actuelle, la seule spécialité encore en vente en officine est le GALACTOGIL®.

Hormis les deux indications que nous venons de développer, le Galéga n’est plus du tout employé en médecine contemporaine. Les études phytochimiques, menées cette dernière décennie, ont pourtant permis de donner au Galéga un regain d’intérêt, en mettant à jour les activités suivantes :

  • une action antibactérienne (Pundarikakshudu et al., 2001),

  • une action sur la lipolyse, indépendante de la prise alimentaire (Palit et al., 1999),

  • une action sur différents facteurs intervenant dans le processus de la coagulation sanguine, une inhibition réversible de l’agrégation plaquettaire (Atanasov et Tchorbanov, 2002),

  • une activité anti-œstrogénique et anti-proliférative sur un composé (Le Bail et al., 2000)

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Dr André Fraiture, dans un article intitulé "Toxicité pour le bétail et usages médicinaux du Galega officinalis (Leguminosae) et de la galégine." (Ann. Méd. Vét, 2014, vol. 158, pp. 99-108) revient sur les usages médicinaux du Galéga :


Utilisations médicinales de la plante : Galega officinalis a été cultivé pour l’ornement et pour ses nombreuses vertus médicinales, dès le Moyen-âge (Hegi, 1924) ou, en tout cas, dès le 16e siècle (Madaus, 1938), d’où l’épithète « officinalis ». Il était censé calmer la production élevée d’urine (polyurie) qui accompagne le diabète et être un contre-poison au venin de la vipère (Goetz et Le Jeune, 2008). On l’a également administré durant les épidémies de peste, pour faciliter la transpiration (Kroeber, 1947 ; Witters, 2001). Il était aussi recommandé pour combattre la diarrhée, la dyspepsie, la fièvre et l’épilepsie et administré comme anticoagulant, dépuratif, diurétique, sédatif et vermifuge (Madaus, 1938 ; Duke et al., 2002). L’action diurétique serait due à la galutéoline (flavonoïde) (Faliu et al., 1981). Des recettes et des doses sont données par Madaus (1938).

La drogue utilisée en herboristerie (« Galega herba » ou « Herba Galegae » ou « Herba Rutae caprariae ») est essentiellement composée des folioles ; quelques fleurs et fragments de tige peuvent également être inclus. Une description détaillée en est donnée par Wichtl et Anton (2003). Selon ces derniers auteurs, elle est surtout importée de Bulgarie, de Pologne et de Hongrie. L’utilisation de la drogue tend toutefois à disparaître et la Commission E de l’ex-Bundesgesundheitsamt (BGA 1993) a émis un avis négatif sur son usage pour le traitement du diabète, parce que son efficacité contre cette maladie n’était pas prouvée, parce que la maladie concernée était sévère et que des alternatives thérapeutiques efficaces existaient.

Galega officinalis a parfois été utilisé comme tel dans la lutte contre le diabète, mais il semble que les effets de ce type de traitement soient de courte durée. Cet usage existe dans la médecine traditionnelle du Chili (Lemus et al., 1999) et ces derniers auteurs ont montré l’action hypoglycémiante d’extraits de Galega officinalis sur des rats diabétiques (Wistar). Khokhla et collaborateurs (2010) ont confirmé l’action hypoglycémiante d’extraits alcooliques de la plante sur des rats (0,6 g de résidu sec par kg de poids corporel, administrés per os, durant 12 jours). Deux dérivés biguanides moins toxiques que la galégine (les synthalines A et B) ont été utilisés cliniquement durant les années 1920- 1940 pour traiter le diabète (Howlett et Bailey, 2007). Deux autres biguanides (la phenformine et la buformine) sont devenus assez populaires durant les années’60, avant de disparaître des pharmacies en raison des fréquentes acidoses lactiques qu’elles produisaient, ainsi que d’une hausse de la mortalité par crise cardiaque.

La metformine, un guanide moins lipophile (dimethylbiguanide), s’est montrée plus sûre. Elle a été introduite en 1957 mais elle a été longtemps victime d’une suspicion excessive, par assimilation avec la phenformine. Deux études écossaises (Clarke et Duncan, 1968 ; Clarke et Campbell, 1977) ont comparé la metformine avec le chlorpropamide (une sulfonylurée) et montré que le contrôle du glucose était identique avec les deux substances mais que les patients sous metformine avaient moins d’hypoglycémie et perdaient du poids alors que ceux sous sulfonylurée gagnaient du poids (Stades et al., 2004). Des expériences récentes ont d’ailleurs montré une réduction de poids chez les souris, après traitement par Galega officinalis ou par la galégine et ce, aussi bien chez des souris normales que chez des souris génétiquement obèses (Mooney et al., 2008 ; Coxon et al., 2009 ; Palit et al., 2010). De nos jours, la metformine est largement utilisée dans le traitement du diabète de type 2, surtout pour les patients souffrant d’obésité (DeFronzo et Goodman, 1995 ; UK Prospective Diabetes Study (UKPDS) Group, 1998 ; Kirpichnikov et al., 2002). Ce serait le seul exemple d’un médicament approuvé contre le diabète, qui ait été développé au départ de plantes (Vuxan et Sievenpiper, 2005). Quelques effets secondaires indésirables ont cependant été signalés pour l’utilisation de la metformine. Elle peut induire des troubles de l’absorption de la vitamine B12 et en diminuer les concentrations mais cet effet peut être inversé par une prise accrue de calcium (Ting et al., 2006 ; De Jager et al., 2010). Elle peut également induire une acidose lactique (Fourrier et Seidowsky, 2010) mais cet effet secondaire, souvent mortel, est heureusement exceptionnel.

La metformine a de nombreuses autres applications thérapeutiques. Elle est notamment utilisée pour traiter le syndrome des ovaires polykystiques (Kirpichnikov et al., 2002 ; Lord et al., 2003). Des recherches récentes ont montré que la metformine pourrait être utilisée dans la lutte contre le cancer (Ben Sahra et al., 2010a ; 2010b ; Memmott et al., 2010) et aurait également une action favorable dans le traitement de l’insuffisance rénale (Lipska et al., 2011).

Par ailleurs, on rapporte depuis longtemps que la consommation de G. officinalis peut activer la lactation chez la vache (Kroeber, 1947). Le nom du genre vient d’ailleurs de gala (γάλα), lait et aigos (αίγός), chèvre. Cette propriété aurait notamment été utilisée aux Pays-Bas, les parties herbacées de la plante étant employées en été-automne et la racine en hiver. Un « Extractum galegae » a été administré dans ce même but dans l’ouest de la Suisse (Madaus, 1938 ; Heeger, 1956). La plante a également été utilisée comme galactagogue en Amérique (Madaus, 1938). Les recherches se poursuivent en ce sens (González Andrés et al., 2004) mais la toxicité de la plante rend son utilisation délicate pour le bétail. Par ailleurs, selon Heeger (1956), les effets galactogènes seraient peu constants.

On a également utilisé la plante pour stimuler la lactation chez la femme. Des préparations en partie composées d’extraits aqueux secs de Galega (Galactogil) sont encore utilisées actuellement dans ce but. Des expériences ont montré que le Galegran (essentiellement composé d’extraits de Galega officinalis ainsi que de sels de phosphore, de calcium et de fer), qui fut commercialisé en Allemagne sous le nom de Lactoferron, augmentait aussi bien la production de lait que le pourcentage de matière sèche dans celui-ci. Toutefois, il semble que ces résultats ne soient pas statistiquement significatifs (Typl, 1961 ; Heiss, 1968). Par ailleurs, il est possible que l’action hypoglycémiante du Galega soit transmise au nouveau-né (Zuppa et al., 2010) et on a noté une action néfaste sur les nouveaux-nés d’une tisane contenant notamment des extraits de Galega, sans qu’il soit prouvé que ces derniers soient à l’origine du problème (Rosti et al., 1994).

Enfin, on a observé que des extraits de Galega officinalis inhibaient l’agrégation des plaquettes sanguines (Atanasov et Spasov, 2000 ; Atanasov et Tchorbanov, 2002) et pouvaient avoir une action bactéricide (Pundarikakshudu et al., 2001).

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du galéga :


GALEGA - RAISON.

La médecine fait usage des sucs de cette plante pour apaiser le transport de cerveau, et rappeler la raison qui s'égare.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Galéga - Raison.

En médecine on emploie le galéga dans les affections cérébrales pour ramener le malade à la raison.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Galéga (Galega officinalis) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mercure

Élément : Air

Pouvoirs : Guérison.


Utilisation magique : Les jolies fleurs violettes du Galéga donnent, en se fanant sur pied, des gousses qui ressemblent aux haricots verts ; ces gousses finement broyées entraient dans la composition d'une pommade qui eut son heure de réputation : pour être protégé contre les rhumatismes, il fallait s'en enduire... les pied. Les sommités fleuries du Galéga sont utilisées essentiellement dans les rituels de guérison.

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