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Le Dodécagramme

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 6 nov.
  • 14 min de lecture




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1557 [éd. 1587] (Pontus de Tyard, L'Univers, 234b d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 50). Empr. au gr. δ ω δ ε κ α ́ δ ρ ο ς « de douze faces, dodécaèdre » de δ ω ́ δ ε κ α « douze » et de ε ́ δ ρ α « siège ; base ».

Lire également la définition de dodécaèdre afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Définition :


Selon l'article de Wikipédia :


Un dodécagramme est un polygone étoilé à 12 sommets. Sa première forme régulière est {12/5}. C'est un polygramme. Tous les dodécagrammes partagent leurs sommets avec ceux d'un dodécagone {12/1}.

Il existe trois stellations régulières de dodécagramme, {12/2}, {12/3} et {12/4}. Le premier est composé de deux hexagones, le second de trois carrés et le dernier de quatre triangles.





Symbolisme :


Dans L'Oracle de la Géométrie sacrée - Le langage de la lumière (Éditions Grancher , 2024) Olivia Braqueville nous propose une carte sur la Fleur de Vie ainsi que son interprétation de cette forme sacrée :


Le Dodécagramme : la Fin d'un cycle


Valeur numérique : 12

Nombre pair associé à la Lune - Polarité féminine - Énergie yin -

Le 12 symbolise ce qui est achevé, on parle parfois d'un chiffre parfait. Il peut être interprété comme un point d'harmonie.

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Correspondance avec le Tarot de Marseille : Le Pendu

Le Pendu symbolise un temps d'attente pour laisser venir et permettre aux choses de se transformer d'elles-mêmes. il est associé au lâcher-prise, au repos et à la patience.


Description de l'onde de forme : Le dodécagramme est une étoile à douze pointes à laquelle toutes les traditions se réfèrent car elle présente une structure numérologique idéale. En effet, le 12 contient le un, le deux, puis le trois : l'unité, la dualité et la trinité qui permet le retour à l'unité.

Le 12 est aussi étroitement lié à la notion de temps : il rappelle les douze mois de l'année, les douze heures du jour et de la nuit, ou encore les douze signes du zodiaque composant la voûte céleste. Historiquement, ce nombre repose sur les lunaisons. A l'image du nombre 12, la pleine lune symbolise la maturité, l'aboutissement, mais aussi l'amorce de la décroissance. Le 12 renvoie donc aussi à la fin d'un cycle, à l'achèvement d'une chose avant le début d'une autre : c'est un accomplissement, mais marqué par un temps d'arrêt avant le début d'un nouveau cycle. Le 12 se retrouve enfin dans de nombreuses traditions. IL suffit de rappeler les douze plaies d'Égypte, les douze apôtres, les douze travaux d'Hercule.


Interprétation de la carte : Si le Dodécagramme apparaît dans le tirage, c'est certainement pour te signifier la fin de quelque chose. Cette carte annonce la fin d'un cycle, l'achèvement d'une relation, d'un projet ou d'une situation. Le Dodécagramme marque un point final. Cette carte peut être interprétée de façon favorable comme défavorable, suivant la question posée.

Le Dodécagramme t'invite également à prendre un temps de repos : il enseigne la patience et le lâcher-prise face à un événement qui semble stagner ou être à l'arrêt. Contrairement aux apparences, il n'en est rien. Continue à te concentrer sur tes autres activités, et la situation se dénouera d'elle-même, le moment venu. Cette carte t'invite à faire confiance au temps qui est à l'œuvre. Observe-le s'écouler en toute sérénité.


Méditation yantra-yoga : Installe-toi dans une position confortable et place la carte face à toi. Je t'invite à adopter une respiration naturelle. Je te propose d'inspirer la détente, le calme, la paix, et d'expirer toutes les tensions, toutes les préoccupations du moment. Considère cet instant comme un véritable temps de retour à toi. Une fois que tu te sens centré.e et détendu.e, pose to, regard au centre du dodécagramme, puis parcours-en du regard chaque pointe, lentement, en partant du haut, dans le sens des aiguilles d'une montre, jusqu'à revenir à la pointe de départ. Recommence autant de fois que tu le souhaites. Abandonne-toi dans ce mouvement infini. Lâche prise et prends conscience que tout est une question de temps : sois patient.e. Termine par trois profondes et longues respirations, et remercie le Dodécagramme.


Mantra : Je suis le dodécagramme, j'incarne le temps nécessaire à toute chose. Je cultive la patience. Je lâche prise face à la situation qui me préoccupe dans l'instant présent. j'accepte la fin de quelque chose pour mon plus grand bien, et j'accueille ce qui vient avec joie et curiosité.

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Symbolisme celte :


Léonard Saint-Michel, auteur d'un article intitulé « Situation des dodécaèdres celto-romains dans la tradition symbolique pythagoricienne. » (In : Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1951, vol. 10, no 4, pp. 92-116) attire notre attention sur la similitude entre les doctrines pythagoriciennes et le druidisme :


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[...] Cette pièce curieuse affecte, comme on peut le voir, la forme géométrique bien connue du dodécaèdre, solide convexe à douze faces pentagonales. Ce point est capital et nous y longuement tout à l'heure. L'objet est en bronze creux, les faces en sont ajourées d'ouvertures circulaires, les angles trièdres protégés de petites boules légèrement aplaties. Ce dodécaèdre a été trouvé dans un jardin du centre de la France, exactement à Clémont, non loin des bords du Cher, à la fin du siècle dernier. Il en existe, à peu près semblables, ainsi que nous l'avons dit plus haut, environ une trentaine, répartis en Europe extrême-occidentale sur une aire très limitée, et que nous serons amené à préciser. Tous ont été, croit-on, découverts ainsi que celui-ci, plus ou moins par hasard, ou lors de fouilles de valeur archéologique, ce qui exclut presque certainement la transmission directe de mains en mains à partir de l'antiquité, à laquelle ils remontent. La coupure, ainsi, est très nette, et il paraît fort probable que ces objets ont été ignorés, sous la forme très particulière que nous leur voyons ici, depuis le début de l'ère chrétienne où ils ont été enfouis, jusqu'à nos jours. Pas de textes non plus, tout au moins pas de ceux que nous attendrions, et qui y feraient une allusion plus ou moins précise.

[...]

Ceci tout d'abord : que les dodécaèdres perlés en bronze creux ajouré furent tous enfouis à une époque qu'on peut fixer environ à la fin du 111e ou au début du IVe siècle P. C. La chose est nettement établie.

En second lieu, tous présentent indiscutablement un air de famille, par la matière, la forme, la décoration (petites concentriques aux ouvertures, « œils de perdrix », au nombre de cinq ou de dix, qui les entourent aussi parfois). Il faut remarquer qu'il ne se trouve pourtant pas deux de ces objets qui soient rigoureusement identiques. A ne regarder par exemple que les ouvertures, et si l'on en dresse la liste, on s'aperçoit, pour les 29 dodécaèdres étudiés, qu'il règne la plus parfaite fantaisie dans la répartition des grandeurs entre les 348 ouvertures considérées. Tantôt, dans le même dodécaèdre, elles sont toutes à peu près égales, tantôt, et c'est le plus ordinaire, toutes différentes ; tantôt encore, égales trois à trois ou deux à deux. Même caprice dans la disposition respective des dites ouvertures sur les douze faces : le plus souvent la plus petite est opposée à la plus grande, d'autres fois elles sont contiguës. Ainsi encore des petites circonférences ou des œils-de-perdrix qui comblent parfois l'intervalle entre les et les côtés du pentagone. Mais notre dodécaèdre, par exemple, est totalement dépourvu de ce supplément décoratif.

Même diversité enfin dans le poids et le volume, encore qu'il y ait une moyenne, dont celui-ci offre assez bien le type : une soixantaine de millimètres de hauteur, le volume d'une belle pomme, un poids variant autour de 200 gr. Mais l'on en connaît au moins un beaucoup plus grand qui dépasse le kilog, et un très petit qui ne pèse que 35 grammes... [...]

Mais une chose, dès maintenant, se précise : parmi tant de diversité, qui semble bien conférer à ces questions de poids, de grandeur, d'ouvertures et de décoration, une valeur non pas indifférente mais tout au moins secondaire, il subsiste en tout cas une admirable identité : la forme géométrique immuable, celle du dodécaèdre..

[...]

La connaissance du pentagone régulier sur quoi s'établit le pentagramme était en effet nécessaire, remarque un historien des mathématiques 2 pour que fût possible la construction spatiale des polyèdres à 12 et à 20 faces. Et le développement dans l'espace à deux dimensions de la surface du dodécaèdre se résout en deux magnifiques fleurs pentagonales formées elles-mêmes de pétales pentagonaux régulièrement distribués autour d'un cœur de forme semblable.


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Le mystère que nous dévoilons présentement valut, soit dit en passant, à Hippase de Métaponte d'être jadis excommunié, d'aucuns disent même exécuté — on l'aurait noyé en mer 3 — pour en avoir fait la révélation et s'en être attribué la découverte : c'est un sort très normalement réservé à ceux qui détiennent des secrets dangereux pour l'ordre public, attendu que le public, pensait-on à tort ou à raison, n'est pas en mesure de s'en servir d'une manière raisonnable


IV. ... Idées platoniciennes : Voici donc qu'entre enjeu maintenant un objet symbolique et qui emprunte son appellation au nombre douze. Quatrième venu dans la série des grands polyèdres réguliers, le devait avoir une fortune prodigieuse.

Il est d'ailleurs loin d'être certain que les pythagoriciens en soient les inventeurs comme le prétendait leur tradition. On connait des dodécaèdres étrusques et celtiques fort anciens, peut-être même antérieurs aux années où fleurissait du Maître de Samos.

Quoi qu'il en soit, le Duodénaire, dont l'idée se rapporte vraisemblablement à l'origine aux douze Signes du Zodiaque1, revêt précisément chez les pythagoriciens une valeur cosmique. Tandis que, dans la série des cinq polyèdres réguliers, le tétraèdre, l'octaèdre, l'icosaèdre, et le cube respectivement le feu, l'air, l'eau et la terre, le assume à lui seul la tâche merveilleuse l'Univers.

Platon bientôt va venir, qui pythagorise d'abondance, popularise ces notions singulières, et fait du Nombre l'âme très pure, la permanence divine de chaque chose et du Tout. Ne va-t-il pas jusqu'à donner le Chiffre Nuptial, bâti sur la Décade et le Duodénaire, dans le fameux rébus de la sur quoi se devrait bâtir la cité idéale...

Pour nous en tenir au Dodécaèdre, il faut lire chez cet auteur l'énumération des propriétés surprenantes, scientifiques et mystiques que lui découvre le et dont il se garde bien, cependant, de révéler en des écrits de caractère exotérique. Le dodécaèdre, c'est non point l'image de l'Univers, mais c'en est le nombre, la l'Idée. La « terre des Bienheureux » affecte cette forme. C'est la réalité profonde du Cosmos, c'en est l'essence. On peut dire sans forcer les mots que c'est le Cosmos lui-même.


V. Celtomanie (?) : A ce symbole il va falloir donner ce que nous pouvons un support, une forme matérielle et concrète. Nous aurons alors un objet maniable, transportable, un microcosme de poche, semblable en tous points au Macrocosme qu'il exprime encore, selon les lois analogiques de la Magie traditionnelle, symbole semblable au sens géométrique du terme, identique d'essence, transsubstantié si l'on ose dire, Univers réel et vivant, sous les apparences d'un simple dodécaèdre.

On connaît, disions-nous tout à l'heure, des dodécaèdres en pierre d'origine étrusque ou celtique. Et c'est ici qu'il nous faut aborder le point le plus délicat de nos recherches.

[...]

Mais il est surtout une autre tradition, celle-là franchement établie sur des textes et notoire, qui fait état des contacts entre le druidisme et le Pythagorisme. C'est un fait bien connu, encore que les modalités soient loin d'en être pleinement élucidées.

De toute façon, et nous voici maintenant au vif de notre sujet, nous nous permettons d'avancer que les dodécaèdres perlés en bronze creux ajouré, découverts en milieu gallo-romain, et dont nous avons un modèle sous les yeux, sont franchement celtiques, au même titre que les dodécaèdres de pierre que leur attribuent les archéologues ; qu'ils peuvent probablement s'inscrire dans la tradition et les pratiques et par le fait même, directement ou indirectement, anciennement ou tardivement, et par tous les détours qu'on voudra supposer, qu'ils sont en rapport avec la tradition pythagoricienne.

Le grand danger est l'absence de documents suffisamment explicites, pour la connaissance approfondie de la pensée si l'on veut bien se souvenir que l'enseignement en était à la fois oral et secret.

Et nous croyons aussi qu'il nous faut, bien entendu, nous garder d'un danger non moins redoutable et qu'on pourrait appeler le romantisme historique. Camille Jullian, en une page pleine d'humour, décrit l'espèce de fascination qu'exerça dès l'antiquité le seul nom des Druides, à qui l'on prêtait une sagesse extraordinaire, en déplorant en même temps qu'ils s'adonnent à des pratiques aussi peu délicates que les humains... Et puis il y a ces étranges monuments dolmens, menhirs... dont ils ne sont évidemment pas responsables, mais qu'ils ont certainement utilisés, comme on le fit encore après eux, et qui viennent embrouiller le problème. Il y enfin ce qu'on appelle la celtomanie...

[...]

: l'aire de répartition des 30 dodécaèdres en bronze, analogues au nôtre, correspond très exactement aux territoires où, selon les auteurs anciens, florissait le druidisme : grosso-modo elle s'enferme en un que limiteraient aux angles Poitiers, Lyon, Bâle, Feldberg près de Mayence, Hartwerd en Frise hollandaise et Fishguard en pays de Galles (Comté de Pembroke). On ne relève qu'un seul exemplaire absolument aberrant, mais dans un camp antique, à Carnuntum sur le Danube, où il est évident qu'il suivit une garnison en ce poste avancé de Pannonie, comme aussi très probablement celui de Hartwerd appartint à quelqu'un qui sur les frontières de l'Empire, en Germanie Inférieure.

[...]

VII. Divination et mythes. [...] : Et « les Gallo-Romains, dit encore Henri Hubert, sont pour la plupart des Celtes déguisés 1 ». Rien d'étonnant alors à ce qu'en cette nation qui fut toujours « fort adonnée aux pratiques religieuses »2 , il se soit trouvé, en certain milieu probablement assez fermé, des gens curieux d'utiliser nos dodécaèdres à quelque fin mystérieuse, probablement Et c'est sans grande gêne que nous les verrions, pour notre part, prendre place entre la roue de divination 3 celtique et les cubes gréco-romains, sur quoi les références abondent chez les auteurs antiques, qui s'étaient largement vulgarisés, et devaient servir à jouer plus souvent qu'à scruter le destin.

Ainsi peut-être en fut-il de nos dodécaèdres. Résistants, de forme très maniable, les angles bien protégés de ces petites boules aplaties peut-être par l'usure, il est bien possible qu'ils aient finalement servi à distraire quelque soldat gaulois égaré en un poste lointain de la Frise ou de Pannonie ; le fait que deux ou trois de ces dodécaèdres de bronze aient été non loin d'un camp romain confirmerait assez bien Tout jeu, comme on sait, et c'est ici qu'intervient encore la science folklorique, tout jeu n'est le plus souvent que la d'une opération magique ou divinatoire. Et le sort, sous une forme moins fatidique, y joue toujours un rôle au moins aussi important que la seule adresse du joueur.

Mais il n'est nullement interdit d'admettre qu'avant d'en venir là, nos dodécaèdres aient eu semblable usage divinatoire. Tout, au contraire, le donnerait à penser. L'utilisation en milieu celtique d'un objet tel que celui-ci, chargé, nous l'avons vu, d'une antique et profonde valeur mystique et symbolique — et ceci à des fins de magie, en vue d'opérations plus ou moins « cabalistiques » comme Saint-Venant en effleure à peine l'idée, n'a absolument rien d'extraordinaire. Il nous semble au contraire que la chose est des plus plausible, sinon probable.

Que l'on songe encore, après tout ce que nous avons dit, à l'importance des vertus numérales chez les Celtes, et particulièrement aux nombres dont le dodécaèdre combine merveilleusement les influences : les nuits qui se groupaient par 3 et 9, les années par 3 et 7, les divisions par 2, 3, 4 et 12 parties, qu'on songe au cycle de 5 ans des Grands 2, aux 12 pilliers du cromlech groupés en satellites autour d'une idole celtique, que l'on songe enfin à ce que dit Origène sur la divination qui se faisait chez les Celtes « par les sorts et les nombres ». Et, nous semble-t-il, on hésitera moins à faire à nos ancêtres l'attribution d'une idole nouvelle.

S'il est vrai que les cultes astraux, comme le prétend Jullian, se sont maintenus avec beaucoup plus de persistance dans le Nord et l'Est de la Gaule 5, il n'est pas défendu de penser que notre Dodécaèdre, symbole avoué du Cosmos plus d'un millénaire, de Pythagore à Proclus, ait été utilisé à des fins cultuelles, quitte à servir de distraction s'il tombait par hasard entre les mains d'un ignorant, jamais embarrassé pour faire du sacré quelque usage profane.


Un détail assez curieux nous semble ici mériter qu'on s'y arrête un instant. Pline l'ancien, en un texte bizarre 6 et qu'il serait trop long de citer en entier, parle de certains œufs de serpents, « très renommés dans les Gaules, et dont les Grecs n'ont pas parlé ». Les œufs en question seraient formés d'une multitude de ces animaux enlacés et collés ensemble. Il en résulte, dit-il, une boule appelée œuf de serpent. Il affirme en avoir vu chez les Druides, de la grosseur d'une pomme moyenne. « La coque en était cartilagineuse, avec de nombreuses cupules à celles des bras de poulpes ». Ces objets étranges, qu'on se procure la nuit, qu'on doit emporter au galop d'un cheval, etc., ont toutes sortes de vertus bénéfiques. Quelques auteurs modernes, dont Jullian 7, les identifient aux fossiles d'oursins. C'est bien possible. Mais il est difficile de ne pas être frappé de certains rapports et de quelques ressemblances entre ces « œufs de serpents » utilisés par les Druides et nos dodécaèdres, dont les boules, au surplus, peuvent figurer assez curieusement, en simplifiant le style, les têtes saillantes des reptiles dont l'agglomérat monstrueux aurait constitué l'œuf magique. Et si les fossiles d'oursins furent utilisés à cette fin, selon un phénomène de déplacement tout à fait constant en symbolique, il est parfaitement admissible que le se soit fait ensuite sur un support déjà existant, déjà chargé de vertu. Et c'est ainsi que le dodécaèdre pouvait fort bien tenir le rôle de ces œufs dont la possession « remplaçait ou garantissait la présence du serpent lui-même », du génie domestique, mais qui rappelait sûrement aussi les lieux souterrains qui l'engendrent selon la croyance antique, lieux où régnait Dis-pater, l'ancêtre mythique de la race gauloise. Il n'est pas jusqu'au cheval — animal en bien des mythologies, et particulièrement chez les Celtes, qui ne joue un rôle important dans cette légende.

[...]

VIII. Survivances : Symbole géométrique de valeur insigne, le Dodécaèdre construit sur le Nombre d'Or est la forme la plus riche d'enseignements eurythmiques, cosmogoniques et métaphysiques, s'il est vrai, comme l'écrivait déjà l'auteur biblique du Livre de la Sagesse, que « Dieu a tout réglé avec mesure, avec nombre et avec poids », et si l'on croit aussi le divin Platon.

Il tenait une place d'honneur dans l'enseignement théorique de la Haute Science traditionnelle. La possession d'un tel objet, avec les mille propriétés qui en découlent, ne pouvait qu'être favorable, quand on sait seulement la puissance bénéfique du Pentagramme qu'il recèle mystérieusement.

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Gérard Guillier, Richard Delage et Paul-André Besombes, auteurs de "Une fouille en bordure des thermes de Jublains (Mayenne) : enfin un dodécaèdre en contexte archéologique !." (In : Revue archéologique de l'Ouest, 2008, no 25, pp. 269-289) actualisent la connaissance sur les dodécaèdres celtiques :


Actuellement, sur environ une centaine de dodécaèdres inventoriés (Guggenberger, 1999), une trentaine proviennent de France. Les autres ont été mis au jour en Autriche, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Suisse, dans l’ex-Yougoslavie et surtout en Allemagne.

En France, d’après les éléments à notre disposition, nous observons une concentration de ces dodécaèdres en Gaule Belgique et dans le sud de la Gaule Lyonnaise (Bourgogne, ouest de la Franche-Comté et nord de Rhône-Alpes). La moitié sud de la France est très peu représentée (Bordeaux et Arles), de même pour le Grand-Ouest (Poitiers, Rouen et Jublains). Les auteurs consultés s’accordent pour noter leur absence de l’espace circum-méditerranéen (Italie, Grèce, Orient, Espagne ou Afrique du nord). Par contre, les trouvailles se répartissent très nettement sur l’ancien territoire celtique, alors que la forme « dodécaèdre » se situerait pour la période antique dans les conceptions pythagoricienne et platonicienne de l’univers (Saint-Michel, 1951 ; Déonna, 1954).

Les contextes des découvertes de ces dodécaèdres sont rarement mentionnés, celles-ci étant le plus souvent anciennes. Nous avons relevé cinq sites militaires, deux thermes, un théâtre, une tombe, un trésor monétaire du ive siècle, le lit d’un fleuve en Hollande et le comblement d’un puits.

Si, pour la plupart des exemplaires connus, les contextes archéologiques sont incertains, les éléments de datation ne le sont pas moins. Toutefois, dès 1907, J. de Saint-Venant émet l’hypothèse d’une datation assez tardive : IIIe et IVe siècles ; celle-ci est confirmée par W. Déonna (1954) et par d’autres chercheurs, dont F. Benoît (1957). Plus récemment P.-M. Duval (1981) considère qu’ils auraient pu être parfois fabriqués dès le iie siècle. En ce qui concerne l’objet de Jublains, il y a tout lieu de croire qu’il a été utilisé au cours de la première moitié du IIIe siècle.

Les interprétations les plus diverses (voire les plus fantaisistes) ont été émises au sujet de ces objets, et ce dès le moment où les premiers antiquaires s’y sont intéressés, sous Louis XV ! (de Caylus, 1752-1767). Nous avons relevé les hypothèses suivantes : instruments d’arpentage, aspersoirs, lampes, gabarits de bijoutiers, mesures, garnitures de goupillons, calibres à flans monétaires, jouets ou bilboquets, pommeaux de sceptres, dés de jeux, chandeliers à calibres multiples, chefs d’œuvre de maîtrise ou encore élément d’illustration des théories pythagoriciennes (Saint-Venant 1907 ; Saint-Michel, 1951 ; Déonna, 1954 ; Nouwen, 1994). S’opposent ainsi deux types de conceptions radicalement différentes : celles que nous pouvons qualifier de purement utilitaires et celles, plus chargées de symbolique, à mettre en rapport avec le pythagorisme romain (Déonna, 1954, p. 67) et la mystique des nombres (les 12 signes zodiacaux… : Thévenot, 1955). Ces dernières trouvent une application dans des actes de divination ou de consultation par le sort, puisque ces dodécaèdres symboliseraient l’univers ou le ciel. La découverte récente à Genève (Suisse) d’un dodécaèdre plein, en plomb revêtu d’argent et portant gravé sur chacune de ses faces un signe du Zodiaque (Cervi-Brunier, 1985) relance le débat. Enfin, signalons qu’au XVIe siècle, dans le « Plaisant jeu du dodécaèdre de Fortune » ce type d’objet servait de dé pour des jeux de divination (Déonna, 1954, p. 89).

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