Étymologie :
DOUZE, adj. et subst. invar.
Étymol. et Hist. Ca 1100 adj. numéral cardinal li duze per (Roland, éd. J. Bédier, 262) ; 1680 in-douze (Rich.) ; 1690 adj. numéral ordinal « douzième » (Fur.). Du lat. class. duodecim « douze », vulg. *dodeci (Vaan. § 79).
Lire également la définition de douze afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
D'après Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),
"Douze est le nombre des divisions spatio-temporelles. Il est le produit des quatre points cardinaux par les trois plans du monde. Il divise le ciel, considéré comme une coupole, en douze secteurs, les douze signes du Zodiaque, qui sont mentionnés dès la plus haute Antiquité. Les douze mois de l'année sont déterminés en Chine par les stations de l'empereur aux douze portes du Ming-t"ang. Douze divise l'année en douze mois, chez les Assyriens, les Hébreux, etc. et les périodes principales du temps en groupe de douze années, chez les Chinois et les peuples d'Asie centrale. La combinaison des deux chiffres 12 x 5 donne naissance aux cycles de 60 ans, où se résolvent les cycles solaire et lunaire. Le douze symbolise l'univers dans son déroulement cyclique spatio-temporel.
Il symbolise aussi l'univers dans sa complexité interne. Le duodénaire qui caractérise l'année et le zodiaque représente aussi la multiplication des quatre éléments terre, eau, air, feu, par les trois principes alchimiques (soufre, sel, mercure) ; ou encore les trois états de chaque élément, à leurs phases successives d'évolution, de culmination et d'involution ; ou bien encore, selon Allendy les quatre éléments considérés chacun dans ses diverses manifestations cosmiques et selon un triple point de vue, lequel peut être, par exemple, les trois gunas des Indiens : Activité, Inertie, Harmonie.
Ce nombre est d'une très grande richesse dans la symbolique chrétienne. La combinaison des quatre du monde spatial et du trois du temps sacré mesurant la création-recréation donne le chiffre douze, qui est celui du monde achevé : c'est celui de la Jérusalem céleste (12 portes, 12 apôtres, 12 assises, etc.) ; c'est celui du cycle liturgique de l'année de douze mois et de son expression cosmique qu'est le Zodiaque. Dans un sens plus mystique, le trois est rapporté à la Trinité, le quatre à la création, mais le symbolisme du douze reste le même : un accomplissement du créé terrestre par assomption dans l'incréé divin....
L'importance de ce nombre est aisément compréhensible. Pour les écrivains bibliques c'est le nombre de l'élection, celui du peuple de Dieu, de l'Eglise : Israël (Jacob) avait douze fils, ancêtres éponymes des douze tribus du peuple hébreu (Genèse, 35, 23 ss). L'arbre de vie portait 12 fruits ; les prêtres, 12 joyaux. Lorsque Jésus choisit douze disciples, il proclame ouvertement sa prétention d'élire, au nom de Dieu, un peuple nouveau (Matthieu 10, 1 s et parallèles). La Jérusalem céleste de l'Apocalypse (21, 12) a douze portes marquées du nom des tribus d'Israël et son rempart a douze assises au nom des douze apôtres. La femme de l'Apocalypse (12, 2) porte une couronne de douze étoiles sur la tête. Quant aux fidèles de la fin des temps, ils sont 144 000, 12 000 de chacune des douze tribus d'Israël (Apocalypse, 7, 4-8 ; 14, 1).
De même, la Cité future en or fin, si elle repose sur 12 fondements (Apocalypse 21, 14), chacun au nom d'un apôtre, dessine un cube de 12 000 stades de côté, le rempart en jaspe ayant 144 coudées. Ce nombre symbolique de 12 000 multiplie par 1 000 (symbole de multitude) le chiffre même d'Israël (12), qui est celui de l'ancien et du nouveau peuple élu. Quant au nombre des fidèles, 144 000, le carré de 12 multiplié par 1 000, il symbolise la multitude des fidèles du Christ. Paul Claudel a magnifié ce chiffre : Cent quarante-quatre, c'est douze fois douze : douze qui est trois multiplié par quatre, le carré multiplié par le triangle. C'est la racine de la sphère, c'est le chiffre de la perfection. Douze fois douze, c'est la perfection au cube, la plénitude qui exclut toute autre chose qu'elle-même, le paradis géométrique...
Le chiffre 12 représentera l'Eglise, l'Eglise triomphante, au terme des deux phases militante et souffrante.
Pour les Dogons et les Bambaras du Mali, les principes contraires 4 et 3 (femelle et mâle), qui sont à la base de toute chose, peuvent s'associer de deux façons, l'une statique, l'autre dynamique, desquelles dépendent les valeurs du nombre 7 et du nombre 12. Si 7, addition de 4 et 3, est le principe de l'homme et de l'univers, 12, qui provient de leur multiplication, est le symbole du devenir humain et du développement perpétuel de l'univers.
La vibration sonore qui préside à la genèse, selon la pensée africaine, en formant l’œuf cosmique avant la séparation de la terre et du ciel et la naissance des Grands Démiurges organisateurs de la création, commence par visiter - c'est-à-dire définir - les quatre points cardinaux : sur chacun, elle exécute trois girations en spirale ; c'est ainsi que le complexe espace-temps se définit à l'origine, par ce mariage du trois et du quatre, qui donne le douze, nombre d'action, et non principe statique comme est le sept. Ainsi, précise G. Dieterlen, se forme l’œuf cosmique, brassé par le tournoiement de la vibration sonore.
Le nombre douze ne possède pas dans le monde celtique dont les nombres clés sont trois, neuf et vingt-sept, de signification s'éloignant du symbolisme général. La Table Ronde du roi Arthur comprend elle aussi douze chevaliers.
Douze est en définitive, toujours le nombre d'un accomplissement, d'un cycle achevé. Ainsi dans le Tarot, la lame du Pendu (XII) marque-t-elle la fin d'un cycle involutif, suivi par celle de la mort (XIII) qu'il faut prendre dans le sens de renaissance."
24 : "La Bible connaît 24 classes de prêtres (I Chroniques, 24, 1-19), 24 classes de chantres, les 24 vieillards de l’Apocalypse (I, 4) vêtus de robes banches, avec des couronnes d'or sur leur tête, 24 sièges, un pour chacun d'eux autour du trône de Dieu. Les figures symboliques des 24 vieillards, selon H. M. Féret commentant l'Apocalypse, désignent le déroulement du temps, moins d'ailleurs du temps astronomique que de l'histoire humaine... s'ils sont vêtus de blanc et couronnés d'or, c'est qu'après avoir participé à la grande lutte de la vérité dans l'histoire, ils partagent maintenant sa victoire. Ces vieillards, notent les éditeurs de la Bible de Jérusalem, exercent un rôle sacerdotal et royal : ils louent et adorent Dieu ; ils lui offrent les prières de s fidèles ; ils l'assistent dans le gouvernement du monde (trônes) et participent à son pouvoir royal (couronnes). Ce nombre de 24 semble indiquer la double harmonie du ciel et de la terre (12 x 2), la double plénitude sacrée du pèlerinage temporel et de la vie éternelle. On a vu que 12 était le nombre sacré du peuple élu (les 12 tribus d'Israël ; les 12 apôtres du Christ) ; on peut concevoir comme un dédoublement de leur rôle sacerdotal et royal, l'un par rapport aux hommes, l'autre par rapport à Dieu, manifesté par une duplication des personnes : 24. C'est multiplier, ou mieux intensifier, le caractère sacré des officiants.
Par une autre voie, le Dr Allendy découvre aussi dans le nombre 24 le symbolisme d'un équilibre harmonieux. Ici, écrit-il, le mécanisme cyclique de la nature (4) est lié à la différenciation cosmique (20) dans l'équilibre harmonieux de la création (2 = 4 + 6). Ce nombre exprime le rapport des cycles permanents avec les nécessités karmiques (24 = 4 x 6) ; c'est la roue des renaissances (à 24 rayons)... Les Chaldéens distinguaient, en dehors du cercle zodiacal, 24 étoiles, dont 12 australes et 12 boréales et ils les appelaient Juges de l'univers. Il cite enfin Warrain, apercevant dans ce nombre la combinaison de l'individualité consciente et maîtresse de toutes ses énergies avec le Cosmos développant son harmonie complète.
Nombre fréquent dans les contes de fées orientaux et occidentaux. Il y représente l'ensemble des forces humaines et la somme des substances originelles. Il se divise en cinq éléments, cinq sens, cinq organes d'action, les cinq objets connus par ces organes d'action, auxquels s'ajoutent le Mental, l'Intellectuel, l'Individualité et la Prakriti originelle (matière originelle précosmique)."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Lié aux phénomènes célestes, douze « est le produit des quatre points cardinaux par les trois plans du monde. il divise le ciel, considéré comme une coupole, en douze secteurs, les douze signes du Zodiaque, qui sont mentionnés dès la plus haute antiquité ». Depuis les plus anciens calendriers (Égyptiens, Assyriens, Romains, Hébreux, etc.), douze correspond au nombre des mois d'une année et, selon une tradition qui remonterait à Hermès Trismégiste, au nombre des heures et de la nuit. Douze symbolise ainsi « l'univers dans son déroulement spatio-temporel ».
Ce nombre tient un rôle fondamental dans la tradition biblique : « C'est le nombre de l'élection, celui du peuple de Dieu, de l'Église » : lorsque Jésus choisit ses douze disciples, « il proclame ouvertement sa prétention d'élire, au nom de Dieu, un peuple nouveau ». Jacob avait douze fils, ancêtres des douze tribus d'Israël dont le nom est marqué sur les douze portes de la Jérusalem céleste qui comporte également un rempart de douze assises au nom des douze apôtres. Dans le Temple, il y a douze bœufs de bronze qui soutiennent la mer d'airain. Citons également les douze fils d'Ismaël, les douze patriarches et les douze petits prophètes, les douze fruits de l'arbre de vie, les douze joyau portés par les prêtres, 144 000, carré de 12 multiplié par 1 000 (symbole de multitude), est le nombre des fidèles du Christ. Pour Paul Claudel, « cent quarante-quatre, c'est douze fois douze : douze qui est trois multiplié par quatre, le carré multiplié par le triangle. C'est la racine de la sphère, c'est le chiffre de la perfection. Douze fois douze, c'est la perfection multipliée par elle-même, la perfection au cube, la plénitude qui exclut tout autre chose qu'elle-même, le paradis géométrique. »
Symbole de « l'Église triomphante », douze est « toujours le nombre d'un accomplissement, d'un cycle achevé ». Il semble avoir eu une signification similaire chez les Celtes (douze chevaliers autour de la Table ronde du roi Arthur).
Ce nombre, dont on trouve quelques correspondances chez les Anciens (les douze travaux d'Hercule, els douze Titans, les douze grands dieu de Rome ou les douze objets d'augure), est considéré généralement comme faste. Signalons d'ailleurs que la sinistre réputations du treize vient en partie de ce que le douze symbolise la plénitude ou l'accomplissement.
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Selon https://www.20minutes.fr/, "Le nombre 12 symbolise ce qui est achevé, on parle parfois d’un chiffre parfait. Il peut être interprété comme la fois la fin d’un cycle ou un point d’ harmonie. Positif ou négatif, il est omniprésent dans tous les domaines de notre culture.
Dans les mesures : Ce nombre est un repère fort, qui nous permet entre autre s de nous situer dans le temps. Notre système horaire repose en effet sur douze heures. Chaque journée se découpe en deux parties égales, l’une se terminant à midi, et l’autre à minuit . Le système duodécimal est également utilisé pour diviser une année en douze mois.
Ce nombre est aussi, mais de plus en plus rarement, utilisé dans le système de mesures. On parle ainsi d’une douzaine d’œuf. L’emploi de la douzaine remonte sans doute au fait que l'année compte douze lunaisons: la Lune effectue environ douze fois le tour de la Terre en un an.
Dans les grandes religions : Le nombre est fondateur dans les trois grandes religions. Il apparaît à de très nombreuses reprises dans la Bible. Évoquons notamment les douze apôtres qui accompagnaient Jésus dans l'Évangile. Dans l’ancien testament , Jacob avait douze fils qui ont donné naissance aux douze tribus d’Israël. Le chiffre est également un symbole fort dans une branche de la religion musulmane : le chiisme duodécimain, qui croit en l’existence de douze imams, successeurs de Mahomet.
Dans la mythologie : Dans la mythologie grecque, le couple divin, Gaïa et Ouranos, a donné naissance à douze Titans, et le héros Héraclès devra réaliser douze travaux dont, par exemple, la descente aux enfers pour aller chercher Eurydice."
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Extrait de Histoire universelle des chiffres de Georges Ifrah - Editions Robert Laffont 1994
Sylvain Tristan, auteur de Les Lignes d'or (Éditions Alphée, 2005) explique pourquoi les Égyptiens attachaient de l'importance au nombre de 12 :
Le nombre 12 était en Égypte aussi important qu'en Mésopotamie, puisque l'année était divisée en 12 mois. La journée, en revanche, n'était pas divisée en 12 parties égales mais en 24, ce qui revient à dire que le le jour était divisé en 12 et la nuit également. L'heure était également divisée en 12 parties d'égale durée.
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Dans le Dictionnaire des symboles de Nathalie le Luel (Éditions Gisserot, 2015),
"Le nombre Douze peut être interprété comme la fin d'un cycle (cycle terrestre des douze mois de l'année ou cycle céleste des douze constellations du zodiaque qui divisent le ciel), et de fait, il est le nombre des divisions spatiales et temporelles. Pour les hommes de l'Antiquité, il était une unité de mesure parfaite de l'espace et du temps : il est ainsi considéré comme le symbole de l'Univers mais compris dans son fonctionnement cyclique spatio-temporel. Il est un signe d'harmonie et le symbole des cycles parfaits et immuables. dans la mythologie gréco-romaine, le couple divin Gaïa (la terre) et Ouranos (le ciel) donnent naissance ) douze titans, représentant les forces de la nature. On fait remarquer que l'Olympe est habité de douze dieux tutélaires et que le héros Hercule se voit confier douze travaux pour expier son crime. Très présent dans la religion chrétienne, il correspond au nombre de fils de Jacob dont sont issues les douze tribus d'Israël (c'est donc le nombre de l'élection) mais douze est aussi le nombre des apôtres accompagnant le Christ. La femme de l'Apocalypse (mulier amicta sole) porte une couronne de douze étoiles (Apocalypse 12, 2). La Jérusalem céleste décrite dans l'Apocalypse s'ouvre par douze portes marquées du nom des douze tribus d'Israël et gardées par douze anges. Son mur d'enceinte repose sur douze pierres de fondation faisant référence aux douze apôtres (Apocalypse 21, 10-14). Elle accueillera les 144 000 fidèles de la fin des temps, 12 000 issus de chacune des douze tribus d'Israël (Apocalypse 7, 4-8 ; 14, 1). Douze est ainsi le chiffre de la perfection. Pour cette raison, les douze étoiles dorées de la bannière bleue, qui constitue le drapeau de l'Union européenne depuis 1955, ne renvoient pas au nombre d’États membres mais à l'idée de perfection, de plénitude et d'unité."
Jean Ferré, auteur du Dictionnaire des symboles maçonniques (Éditions du Rocher, 2013) explique la place du 12 dans la tradition maçonnique :
Le douze : Il est la somme des côtés du triangle sacré. Cette propriété se retrouve dans l'Équerre du Vénérable dont les côtés sont dans le rapport 3 et 4.
Le douze est un nombre céleste. Une année, autrement dit une révolution solaire, compte douze lunaisons, quatre saisons de trois mois. Dès la Haute Antiquité, le jour et la nuit furent divisés en douze parties de valeurs inégales qui évoluaient en fonction de la position du soleil, donc des saisons.
Les Babyloniens divisaient l'année en douze signes zodiacaux que l'astrologie traditionnelle a conservés.
Le nombre douze apparaît souvent dans la Bible : les Patriarches, les Grands Prêtres, les Princes d'Israël, les pierres pour l'autel de l'Arche, les pains de proposition, les bœufs de la mer d'airain... les Apôtres...
La signification générale du douze est l'ordre, le bien, la plénitude, l'achèvement. Il n'est donc pas étonnant que ce nombre soit évoqué par les colonnes J et B.
Yod = 10, Beth = 2. .
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