Anne
Le Buddléia
Étymologie :
Étymol. et Hist. [Prob. av. 1733, genre baptisé par Houston, cf. infra ; dénomination conservée par Linné (Gde Encyclop.)] ; 1788 (Ch. Linné, Philos. bot., trad. du lat. par F. A. Quesné, Paris, p. 197 : Budleja H.). Nom donné par le naturaliste angl. W. Houston [ca 1695-1733] à ce genre de plantes en l'honneur du botaniste angl. Buddle ✝ 1715 ; suff. -ia* (Klein Etymol. ; DEI).
Lire également la définition du nom buddleia afin d'amorcer l'interprétation symbolique.
Autres noms : Arbre à papillons ; traduction du nom chinois d'origine ( 大叶醉鱼草 da ye zuiyucao) : plante à grande feuille enivrant les poissons.
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Botanique :
Selon Wikipédia :

C'est une plante considérée comme invasive en Europe et qui colonise très facilement les terrains secs, les friches urbaines et périurbaines et le long de certains axes (routes, canaux, voies ferrées, autoroutes), les talus, les bâtiments en ruine, les berges des rivières, les plages de graviers, voire les murs et les trottoirs qu'il colonise facilement grâce à ses facultés d'espèce pionnière.
Les impacts de Buddleja sont nombreux :
Diminution des pollinisateurs. Son intérêt apparent pour les papillons (source importante de nectar et pollen) peut être « pondéré » par les arguments suivants : Si ses fleurs nourrissent effectivement de nombreux papillons adultes (imago), ses feuilles ne sont consommées par aucune de leurs chenilles. Là où il est très présent, il occupe la niche écologique d'espèces autochtones qui n'ont pas résisté à sa concurrence et qui ne pourront donc servir de support au développement des chenilles, en effet, « ses feuilles ne participent pas à leur cycle biologique : le buddleia ne nourrit pas les chenilles comme certaines plantes-hôtes indigènes (orties, graminées, buissons,…) », auxquelles il se substitue Cependant quelques chenilles de Sphinx tête de mort (Acherontia atropos) et Cucullie du bouillon blanc semblent avoir été signalées sur le buddleia qui pourrait donc être une des « plante-hôte de substitution » pour ces espèces.
Colonisation des milieux remaniés avant les espèces pionnières locales
Régression des communautés locales par concurrence et inhibition de la croissance
Formation d’encombres provoquant l’érosion des berges
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Symbolisme :
Une proposition intéressante postée par Fred Lefaune sur son blog : un message d'espoir et de ténacité. Son article se clôt ainsi sur ces mots :
"La présence féerique que j'ai ressentie en ce matin de Noël était pourtant riante et pleine de bonne humeur. Sa sagesse était celle de ceux qui continuent à travailler, à exister, à traverser la vie, même au cœur du chaos, même au cœur de l'hiver, même dans la désolation et l'hostilité. Peut-être est-ce là la médecine de cet arbuste trop récemment arrivé dans nos contrées pour que les sorcières et les chamanes aient tenté de le découvrir. S'il nous disait tout simplement : « tiens bon ! », « garde l'espoir ! », « ne perds pas le fil de ton histoire ! ». "
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Littérature :
Une petite porte bleue
Ensuite elle-même a défleuri, la haute plante des
décombres
que l'on voir se reployer en octobre au-dessus des murs
et dont j'ignorais le nom - hampe à grappes de très
pâles fleurs mauves
qui se plaît dans le voisinage du plâtre (calcicole me dit-
on),
dernier te plutôt lamentable effort de la saison
pour que tout ne sombre pas dans la grisaille
indifférente
sans un sourire selon l'expression consacrée - comme si
une fleur pouvait sourire ou se plaindre de toutes les
cruautés
végétales et humaines qui machinalement
s'accomplissent
dans les décombres de chair et de chaux de l'amour.
Où est-il
le temps où j'ai cru m'attendrir sur les buddléias tristes
en promeneur amateur qui de toutes façon rentre au
chaud
pour rédiger son petit morceau de bravoure bien lisse
avec mot juste et coups opportuns d'accélération
lyrique et chipotage à propos de virgules ? Je suis
courbé contre le mur à mon tour, ballotté par le vent
qui fonce
comme quelqu'un suivant le même chemin par
détresse, n'ayant
pourtant plus rien à faire maintenant au bout de cette
rue - encore
la rue Lecourbe et donc ici la rue de la
Convention,
toutes leurs maisons neuves pareillement froidement
inhabitées
bien qu'une ou plusieurs dames y pénètrent avec des
fleurs,
soufflant dans l'escalier qui grince, l'ascenseur qui
s'étouffe,
redonnant de leur main libre un peu de bouffant à
leurs cheveux.
Quand la porte s'ouvre obscure et froide comme une
vieille bouche
j'entends la veuve Éternité radoter au salon
au-delà d'ne enfilade de ponts de ferrailles qui
tremble, tremble -
et c'est alors la fin sans fin, l'ultime consternation
d'abomination de désolation de bordel de merde,
sifflotement du vent de novembre et fleurs pour mes os
creux.
Jacques Réda, "Une petite porte bleue" in Les Ruines de Paris, Gallimard, 1977.
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Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque lui aussi le Buddléia :
21 août
(Fontaine-la-Verte)
Les grappes violettes des buddléias sont des houppes à parfums. Le père David les rapporta de Chine voici deux siècles, pour le bonheur des papillons d'Europe.
Tous les lépidoptères et moi-même accourons au festin. Nous nous emplissons la panse d'un nectar oriental. Extases dans la trompe... Piérides, vulcains, paons du jour, belles-dames et citron tètent à qui mieux mieux. Je bats des ailes, mais je n'atteins pas les hautes branches.
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