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  • Photo du rédacteurAnne

La Terre-noix




Étymologie :

  • TERRE-NOIX, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1694 (Tournefort t. 1, p. 256). Comp. de terre* et de noix*.


Lire également la définition du nom Terre-noix afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Bunium bulbocastanum ; Châtaigne de terre ; Génotte ; Gernotte ; Jarnotte ; Linsolet ; Marron de terre ; Noix de terre ; Quenotte ; Suron ;

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Botanique :






Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Il nous reste à parler d'un tubercule très nutritif, dont la valeur alimentaire souvent méconnue, mérite d'être mieux appréciée. C'est la noix de terre, terre-noix, châtaigne de terre, linsolet, Bulbocastanum Linnoei (Bunium bulbocastanum) très commune dans les champs de nos hautes vallées alpines de la Maurienne et de la Tarentaise. Chez les auteurs anciens que j'ai consultés, Matthioli, Camerarius, etc., je n'ai trouvé que l'indication de ses propriétés thérapeutiques : « Radix ex vino urinae stillicidio convenit. » (Matthioli, Epitome, 1586, p. 609). Mais ma bibliothèque est pauvre en livres anciens. Parmi les botanistes du siècle dernier, les uns ne parlent pas de ses propriétés nutritives ; ainsi Villars est muet à son égard dans la flore du Dauphiné ; dans son catalogue il en parle avec éloges. Les autres le rappellent brièvement. Allioni, par exemple : « Radices apud alpicolas ex aqua decoctae comeduntur ». Dans le siècle actuel, quelques auteurs tels de Candolle (Flore française, IV, p. 525 : « La racine est bonne à manger, de même que celle du B. denudatum »), Colla (Bernarium pedemontanum, III : « Radices tuberosa eduli. », etc. répètent Allioni.

Dans nos hautes vallées, les champs en terre légère et en pente en sont infectés. Au moment du labour la charrue et la herse en déversent des quantités sur le sol. Dans certains champs auprès de Valloires, on peut en ramasser des sacs. Les pauvres seuls osent le faire ouvertement, les autres n'en récoltent que de petites quantités « pour les enfants ». Songez donc, se nourrir de plantes sauvages ! Une famille dans l'aisance en serait déshonorée ! Et pourtant l'on en fait des galettes très savoureuses dont j'ai mangé avec plaisir, et dont voici la recette telle qu'ele m'a été dictée par une bonne ménagère de Valloires : « Après avoir fait cuire les tubercules et les avoir mondés, on les île, on les sale et on les mélange intimement avec du lait, ou ce qui est mieux, de la crème ; puis on les pétrit avec de la farine, on dispose la pâte en forme de galette et on la mer au four. Quelques(-uns y ajoutent du sucre. »

Valloire est le seul pays où j'ai su que la noix de terre est ainsi préparée, et encore ne l'ai-je appris que par hasard et de deux personnes seulement. Lorsque j'en ai parlé à d'autres, elles n'ont pas paru ou voulu comprendre. Dans nos autres Alpes de Savoie, comme dans celles du Dauphiné, du Piémont, de la Suisse à ma demande si ce tubercule était comestible, il a toujours été répondu qu'il l'était, cuit à l'eau ou rôti au feu, mais que les enfants et les bergers seuls y goûtaient. Sur la montagne de Longecôte, où croît le Bulbocastanum alpinum, un guide m'a dit qu'il est moins bon que le Linnoei. (1)


Note : 1) Dans les montagnes du Cap Corse o croît le B. corydallinum, plante très grêle, confondue par la plupart des botanistes avec l'alpinum dont elle est tout à fait différente, j'ai vu les pâtres en manger le tubercule cuit sous la cendre ; sa saveur est la même que celle du Linnoei.

Dans tout le Nord de l'Afrique, les Arabes consomment aussi les tubercules des Ombellifères de la tribu des Amminées, à laquelle appartient la plante de Savoie. Au moment des disettes, ils les recherchent avec avidité surtout dans les montagnes, et l'on voit après une année de famine devenir tout à coup plus ou moins rares les Geocaryum flexuosum, Balansoea glaberrima, Bunium mauritanicum, incrassatum, Macuca, Chaberti, etc. Mangés à l'état de crudité, ils sont facilement indigestes ;; bouillis ou rôtis au feu, ils sont absorbés sans peine et ont très nourrissants.

Dans les hautes montagnes de Castille, m'a dit un botaniste espagnol, M. Andrade, les pâtres mangent les tubercules des Amminées réduits en bouillie par la cuisson dans le lait.

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