Étymologie :
LYSIMACHIE, LYSIMAQUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1545 bot. lysimachie (Guéroult, Hist. des plantes, 341 ds Delb. Notes mss) ; 1803 id. lisimaque (Nouv. dict. d'hist. nat.,..., Paris, Déterville, t. 13, p. 270). Empr. au lat. d'époque impériale Lysimachia de même sens, transcr. du gr. λ υ σ ι μ α ́ χ ι ο ν; cette plante aurait été ainsi nommée selon Pline, parce qu'elle avait été trouvée par le médecin Lysimaque (v. André Bot.).
Lire également la définition du nom lysimaque afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Lysimachia arvensis - Mouron rouge.
Lysicmachia lutea major - Chassebosse - Corneille - Cornelle - Lysimachie - Litron - Pellebosse - Perce-bosse - Souci d'eau -
Lysimachia nummularia - Herbe aux écus - Lysimaque nummulaire - Plante aux écus -
Lysimachia vulgaris - Casse-bosse - Chasse-bosse - Chasse-querelle des Anglais - Corneille - Cornéole - Grande lysimaque - Lysimachie jaune - Lysimaque commune - Lysimaque vulgaire - Pêcher des prés - Perce-bosse - Souci d'eau -
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Botanique :
Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, on découvre l'article correspondant à la Lysimachie :
LYSIMACHIE, s. f. (Botan.) J’allais presque ajouter les caractères de ce genre de plante par Linnæus ; mais pour abréger, je me contenterai de décrire la grande lysimachie jaune, qui est la principale espèce. Elle est nommée lysimachia lutea, major, quæ Dioscoridis, par C. B. P. 245. Tournefort, J. R. H. 141. lysimachia lutea, J. B. 2. 90. Raii histor. lysimachia foliis lanceolatis, caule corymbo terminato, par Linnæus, fl. lappon. 51. Les Anglais l’appellent great yellaw willow-herb, terme équivoque ; les Français la nomment lysimachie jaune, corneille, souci d’eau, percebosse, chassebosse ; le seul premier nom lui convient, il faut abroger tous les autres qui sont ridicules.
La racine de cette plante est faible, rougeâtre, rampante à fleur de terre ; elle pousse plusieurs tiges à la hauteur de deux ou trois pieds, droites, cannelées, brunes, velues, ayant plusieurs nœuds : de chacun d’eux sortent trois ou quatre feuilles, quelquefois cinq, plus rarement deux, oblongues, pointues, semblables à celles du saule à larges feuilles, d’un vert brun en-dessus, blanchâtres & lanugineuses en-dessous.
Ses fleurs naissent aux sommets des branches, plusieurs à côté les unes des autres ; elles n’ont qu’un seul pétale, divisé en cinq ou six parties jaunes ; elles sont sans odeur, mais d’un goût aigre. Quand les fleurs sont passées, il leur succède des fruits qui forment une espèce de coquille sphéroïde ; ils s’ouvrent par la pointe en plusieurs quartiers, & renferment dans leur cavité, des semences fort menues, d’un goût assez astringent.
Cette plante prospère dans les endroits humides & marécageux, proche des ruisseaux, & au bord des fossés ; elle fleurit en Juin & Juillet...
Simon Klein, auteur de La Vie sexuelle des fleurs (Éditions E/P/A, 2022) explique les spécificités de la reproduction florale :
La Lysimaque : Fait de l'huile
C'est en allant se promener en bordure de marais, ou dans les roselières, que l'on risque de tomber nez à nez avec cette plante jaune d'or, déployant ses nombreuses fleurs le long de sa tige aux feuilles vert luisant. La lysimaque est une plante commune des marais d'Europe et certaines espèces de lysimaque ont été adoptées dans les jardins et sur les balcons comme la lysimaque ponctuée, avec ses feuilles panachées vert et blanc, ou encore le cultivar de la jenny, plante rampante qui tapisse jardins et ronds-points.
Pourquoi cette fleur mérite-t-elle l'attention ? Il semblerait que la lysimaque veuille faire son intéressante, sortir son épingle du jeu et proposer, pourquoi pas, autre chose aux pollinisateurs. Comme la grande majorité des fleurs, elle cherche en effet à croiser le pollen d'une plante avec le pistil d'une autre, pour augmenter le diversité génétique. Pour cela, elle fait appel à des transporteurs de pollen, des insectes pollinisateurs, qui ne souhaitent en général pas travailler gratuitement. Tandis que la majorité des plantes à fleur rétribuent les messagers à pollen avec du nectar, riche en sucre, ou évidemment du pollen, riche en protéines et en lipides, la lysimaque, elle, choisit une autre cuisine, assez atypique, mais qui a ses adeptes. En plus de l'offre universelle du pollen, elle choisit de se placer dans le rayon du gras : elle propose de l'huile à la place du traditionnel nectar. En effet, au cœur de ses fleurs en coupole formées par la corolle jaune de ses cinq pétales, les insectes trouvent cinq étamines portant du pollen, un pistil central, et au fond, tout au fond, là où ils ont l'habitude, dans d'autres fleurs, de trouver du nectar, il y a de l'huile. Cette huile est riche et a plusieurs propriétés susceptibles d'intéresser les insectes : bien grasse, elle nourrit efficacement de larves en pleine croissance, mais étant par nature hydrophobe - l'huile ne se mélange jamais avec l'eau -, elle a un potentiel d'isolation pour un nid ou une ruche qui en fait un produit révolutionnaire pour toute abeille fée du logis.
Le stratagème : Ces propriétés uniques du produit phare proposé par la lysimaque ne sont pas passées inaperçues aux yeux composés des insectes pollinisateurs. Une espèce d'abeille sauvage en est d'ailleurs devenue accro au point de ne pas pouvoir s'en passer. La bien nommée mellite de la lysimaque s'est même spécialisée dans la collecte de l'huile : ses pattes arrière ont des petites soies qui s'imbibent d'huile lorsque la femelle mellite vient se baigner les pattes dans les fleurs de lysimaque. Par son ventre poilu, elle récupère une bonne quantité de pollen. La femelle de cette Espèce d'abeille solitaire passe donc une bonne partie de sa vie à passer de leur en fleur pour y patauger, se frotter le ventre sur les étamines et, avec une souplesse inouïe, elle ne manquera pas de projeter sa paire de pattes centrale vers l'arrière afin de repousser les avances intempestives des mâles mellites qui traînent toujours autour des fleurs de lysimaque... En passant ainsi de fleurs en fleurs, en faisant son marché, notre petite abeille solitaire disperse du pollen et participe à la fécondation croisée de la lysimaque.
Ces denrées sont ensuite rapportées jusqu'au nid que la femelle a construit : un petit terrier dans le sable d'une berge à moins de quinze mètres d'une colonie de lysimaques. Dans ce terrier, madame a creusé un couloir central d'où partent deux à huit petites loges : les chambres de ses « enfants ». Dans chacune de ces chambres les parois sont fraîchement enduites d'huile, et il y trouve un petit garde-manger constitué d'un mélange de pollen et d'huile de lysimaque que la larve consommera durant les deux semaines de sa vie sous terre avant de s'enfermer dans un cocon pour y opérer sa métamorphose en mellite adulte et sortir au printemps suivant, au moment où la lysimaque est en fleur. Cette petite abeille sauvage dépend donc entièrement de la lysimaque pour vivre. la disparition des zones humides liée à l'artificialisation croissante des sols conduit à une raréfaction de la lysimaque sauvage qui entraîne un déclin inquiétant de son pollinisateur.
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Vertus médicinales :
Jean Baptiste Deville, auteur d'une Histoire des plantes de l'Europe, et des plus usitées qui viennent d'Asie, d'Afrique, & d'Amérique : Où l'on voit leurs figures, leurs noms, en quel temps elles fleurissent, & le lieu où elles croissent. Avec un abrégé de leurs qualitéz & de leurs vertus spécifiques. Divisée en deux tomes & rangée suivant l'ordre du Pinax de Gaspard Bauhin. (Vol. 2. N. Deville, 1707) présente la Lysimaque (Lysimachia lutea major) :
Qualités : froide et sèche.
Propriétés : Le suc de ses feuilles, par sa vertu astringente guérit le crachement de sang, même quand il coule par le nez, ou par dessous étant appliquée en façon d'emplâtre ; même elle peut étancher quelque autre flux de sang quel qu'il soit : son herbe & son suc qui est de grande efficace pris en breuvage, guérit la dysenterie, & le flux des femmes. Quand on brûle l'herbe, elle a une odeur fort acre, à raison de quoy elle chasse les serpents & tuë les mouches : elle sert aussi à blondir les cheveux.
Selon Rembertus Dodonaeus qui a écrit une Histoire des plantes en laquelle est contenue la description entiere des herbes c'est a dire leurs especes forme, noms temperament Vertus et operations etc. Nouv. trad. de bas Aleman en Francois par Charles de l'Esscluse. (Jean Loe) :
LES VERTVS ET OPERATIONS. Le jus des fueilles de Pellebosse arreste tout flux de sang, & la dysenterie prise par dedans, ou autrement appliquée par dehors.
Le même arreste le flux des femmes par trop abondant, appliqué avec laine ou cotton dedans la matrice ou au membre honteux d'icelles.
L'herbe est cachée & mise dedans le nez, arreste le flux de sang d'iceluy. Elle consolide aussi toutes playes, si on la met dessus, & en estanche le sang.
Le perfum de l'herbe séchée , dechasse tous serpents & bestes venimeuses, & tue les mouches & moucherons.
LE CHOYS. Quand vous vſeres d'icelle à quelque nnc des maladies susdites, vous n'en prendrez d'autre que celle qui a les fleurs jaulnes, laquelle est la vraye Lysimachie : Car combien que les autres ayent pour le present un même nom, elles n'ont toutes fois la mesme vertu ny operation.
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Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Lysimaque :
Lysimachis vulgaris - Usages médicaux. - Les feuilles de cette plante ont une saveur mucilagineuse un peu astringente ; les semences ont une saveur âcre. On l'employait autrefois comme vulnéraire et astringente dans les flux muqueux et sanguins ; on lui attribuait aussi des vertus merveilleuses comme celles de tuer les mouches et les serpents ; on la croyait capable de rétablir la bonne harmonie chez les chevaux en querelle. Elle est inusitée aujourd'hui, même pour ce dernier usage !
{...]
Lysimachis nummularia - Usages Médicaux. - Cette plante inusitée de nos jours a joui d'une certaine réputation ; ses feuilles sont aigrelettes, styptiques ; l'herbe passait pour astringente et vulnéraire. Elle a été vantée dans le scorbut (Camerarius), les ulcères du poumon (Tragus), la dysenterie, les pertes de sang, les fleurs blanches, en cataplasme sur les ulcères (Fuchsius), contre les descentes des enfants (Matthiole). Sans reconnaître à la nummulaire l'importance que les anciens lui accordaient dans la matière médicale, on peut cependant la placer au nombre des substances astringentes indigènes qui peuvent être de quelque secours aux médecins de campagne.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
On a moins souvent recours [pour soigner la dysenterie] à nos autres astringents : à l'infusion d'herbe aux écus, Lysimachia nummularia, [...]. Celles de ces plantes qui agissent doivent leur action au tannin qu'elles contiennent.
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Symbolisme :
Selon Rembertus Dodonaeus qui a écrit une Histoire des plantes en laquelle est contenue la description entiere des herbes c'est a dire leurs especes forme, noms temperament Vertus et operations etc. Nouv. trad. de bas Aleman en Francois par Charles de l'Esscluse. (Jean Loe) :
OCCASION DV NOM. Cette herbe a pris son nom Lysimachion du vaillant & noble Lysimachus amy & cousin d'Alexandre le grand Roy de Macédoine, lequel premier a trouvé & mis en usage cette herbe, & l'a montré à ses successeurs.
LE TEMPERAMENT. La Pellebosse ou Cornelle est froide & seche, & astringente. Le tempérament de la Rouge & Bleue est encores incognu.
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
LYSIMAQUE. On croyait autrefois que cette plante, posée sur le joug des bœufs, avait la propriété d'empêcher ces animaux de se battre et de les rendre dociles au travail.
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