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La Galère marginée




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1. 1402 « navire de guerre à rames » (Conquête des Canaries par J. de Béthencourt, chap. 82 ds Jal); av. 1520 gallere « bateau à rames » (Seyssel, trad. d'Appian, Guerres civiles, éd. 1544, 201 ds Delb. Notes mss) ; 2. 1549 estre condemné aux galeres (Est.). Empr. au cat.galera, attesté au sens 1 dep. 1237 (gualera, d'apr. H. et R. Kahane ds Mél. Wartburg (W. von) 1958, p. 437), issu de galea (galée*) par adaptation du suff. V. Vidos ds Z. fr. Spr. Lit. t. 58, pp. 462-476 ; Kahane Byzanz, I, 412. Fréq. abs. littér. : 541.


Étymol. et Hist. 1. 1738 part. passé « annoté en marge » (Voltaire, Corresp., éd. L. Moland, II, 461) ; 1761 inf. (Id., ibid., IX, p. 440). 2. 1798-99 hist. nat. part. passé feuille marginée « dont le bord est creusé d'échancrures profondes » (Ventenat, Tableau du règne végétal, t. 1, p. 363). Dér. sav. du lat. margo, -inis (v. marge ) ; dés. -er.


Étymol. et Hist. 1903 (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. sc. pholiota (E. M. Fries, Systema mycologicum, 1821, t.1, p.240), formé du gr. φ ο λ ι ́ ς « écaille de reptile ».


Lire également la définition des noms galère, marginée et pholiote afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Galerina marginata - Cloche funéraire - Galérine marginée - Pholiote marginée -

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Mycologie :


G. Chevassut, C. Andary, J. P. Rascol, J. L. Roussel, J. Moutet, et al.. auteurs d'un article intitulé "Rubrique de mycologie méditerranéenne (4). Les meilleurs et plus toxiques champignons des Cévennes (Espinousse, Aigoual,...) et d’un peu toutes les montagnes méditerranéennes." (In : Forêt Méditerranéenne, 1987, IX (2), pp.127-132) décrivent succinctement la Galère marginée (Galerina marginata) :


De petite taille et d'allure discrète, ce champignon passe facilement inaperçu et nous ne le mentionnons qu'à cause de sa grande toxicité. Le chapeau est brun (2-5 cm), très hygrophane, lisse, passant au jaunâtre à l'état sec. Les lames sont également fauves de même que le pied, grêle, qui porte un petit anneau dans sa partie supérieure. La chair est mince et a une odeur et une saveur de farine.

Il a été reconnu comme mortel il y a quelques années seulement. On y retrouve en effet certaines des toxines de l'Amanite phalloïde (amanitines α et β).


Ecologie : Il est assez commun, quoique toujours isolé, sur les bois de Conifères, souches, troncs, branches tombées, en été et en automne; mais il peut arriver qu'on le retrouve aussi sur bois de Feuillus, loin de tout Résineux, ou même sur mousse.

 

Jean-Louis Lamaison et Jean-Marie Polese., auteurs quant à eux d'une Encyclopédie visuelle des champignons. (Éditions Artemis, 2005) développent davantage les critères de reconnaissance de la Galère marginée :


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Dans Le grand livre des champignons du Québec et de l'est du Canada : Édition revue et augmentée. (Éditions Michel Quintin, 2020) Raymond MacNeil précise la synonymie de plusieurs galérines :


Remarque : L'étude de Gulden et al (2001) a montré qu'il n'existe aucune différence entre Galerina marginata, Galerina autumnalis, Galerina oregonensis, Galerina pseudomycenopsis et Galerina venenata. En conséquence, il y a synonymie entre elles et, selon les règles de la nomenclature, le nom le plus ancien, Galerina marginata, prime sur les autres (voir Kuo, 2006).

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Toxicité :


Selon F. Fons, F., P. Poucheret et Sylvie Rapior, auteurs d'un poster intitulé "Mise au point sur l’intoxication par les amatoxines : espèces responsables, syndrome, traitement." :


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Mélanie RAMON, autrice de Clés de détermination des champignons en vue d’une méthodologie diagnostique des intoxications. (2018. Thèse de doctorat. UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER.) explicite le syndrome auquel s'expose celui ou celle qui oserait déguster des galères marginées :


Les syndromes à long délai d’apparition (temps de latence supérieur à 6 heures)


Les syndromes classés dans les longs délais d’apparition sont dits majeurs ou lésionnels pour lesquels le pronostic vital pourrait être engagé. Il s’agit des intoxications les plus graves surtout si elles sont mal ou pas prises en charge. C’est pour cela qu’il existe une règle : toute symptomatologie apparaissant tardivement doit conduire à une hospitalisation (12, 13).


Syndrome phalloïdien


Tableau clinique : Le syndrome phalloïdien est responsable de 90 à 95% des décès liés à une intoxication par des champignons. Sa mortalité va de 10 à 20%. Il apparaît en général 6 à 12 heures (parfois quelques jours) après l’ingestion. Il est causé par la présence d’amatoxines dans certains champignons. Ces champignons responsables de ce syndrome contiennent également des phallotoxines et virotoxines qui, elles, ne sont pas responsables de l’intoxication car non absorbées par le tractus intestinal. L'empoisonnement à ces amatoxines est une urgence médicale du fait du long délai d’apparition. Une urgence encore à cause des phases gastrointestinales (deuxième phase) et hépatotoxiques (troisième phase) mais aussi du coma qu’elle peut engendrer. En l’absence de traitement, la finalité de cette intoxication n’est autre que le décès du patient (quatrième phase). Cette intoxication aux champignons est causée par environ 35 espèces appartenant à trois genres contenant des amatoxines (dont les principales sont les amatoxines alpha, bêta et gamma amanitines) : Amanita, Galerina et Lepiota. Elles sont au nombre de neuf : l’α-amanitine, la β-amanitine, la γ-amanitine, l’ε-amanitine, l’amanine, l’amaninamide, l’amanulline, l’acide amanillique et la proamanulline. Ces toxines sont des dérivés octapeptidiques bicycliques qui agissent sur le foie et les reins en créant une liaison irréversible à l'ARN polymérase II qui bloque la synthèse protéique. La finalité est la destruction de la fonctionnalité de ses organes.

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Symbolisme :


En tant que champignon mortel, la Galère marginée est automatiquement associée à la mort par empoisonnement donc à l'assassinat et aux intrigues policières.




Littérature :


Michel André, auteur de La Walkyrie et le professeur : roman. (Editions Champ Vallon, 2007) imagine un personnage fortement impacté par les champignons :


Naturellement, je n'avais pas pu, pendant notre lune de miel, aider Krimhield dans sa carrière ni dans sa thèse : je n'ai bien sûr, aucune relation dans le milieu de l'Enseignement Catholique. Ses problèmes de mots-valises, dont elle essayait constamment de me parler, m'amusaient un moment sans vraiment m'intéresser. [..] Et bien sûr je ne parlais jamais à Krimhield de mes champignons ni de mon travail de professeur à la Faculté de Pharmacie : ça ne l'aurait pas intéressée. Elle avait une sainte horreur des champignons, et n'en mangeait jamais, même avec moi, de crainte de s'empoisonner. Cela me vexait un peu : elle n'avait aucune confiance dans mes compétences. En outre, cela excluait totalement toute velléité de l'exterminer par un festin d'amanites phalloïdes ou une fricassée de galères marginées.

 

Jean Teulé, dans son roman Le magasin des suicides. (Éditions Julliard, 2010) rend possible l'accès à toutes les morts possibles grâce à un magasin inimaginable :


- Je vous en mets quoi, un ballot ? note le représentant.

- Et aussi du cyanure, dit Lucrèce devant la gondole du mur de gauche où sont alignées les fioles, il ne m'en reste presque plus. Et de la terre d'arsenic : un sac de cinquante kilos.

- Notez un kimono de taille XXL, rajoute Mishima.

Le représentant avance dans le magasin en inscrivant les commandes de l'un et l'autre, arrive jusqu'au rayon frais qui l'étonne :

- Eh bien, c'est drôlement vide ici : quelques pétales de digitale, baies de houx noir, champignons cortinaires resplendissants, Galerina marginata mais pas beaucoup d'animaux en boîtes percées de trous pour qu'ils respirent...

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