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La Fétuque

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 14 mars
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 mars




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1775 « sorte de graminée » (Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat., s.v. fétu). Empr. au lat. class. festuca « brin de paille » et « graminée » (v. André Bot.) ; fétu a également désigné cette plante au xviiie s. (Lémery, Traité universel des drogues simples, 1723 − D'Alberti, Nouv. dict. fr.-ital., 1777) puis a été évincé par fétuque.


Lire également la définition du nom fétuque afin d'amorcer la réflexion symbolique.

Marcel Coquillat, auteur d'un article intitulé "Sur quelques noms patois de plantes (suite)." (In : Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 31ᵉ année, n°2, février 1962. pp. 44-46) nous en apprend davantage :


Fétuque. — Çà et là : festuque, du celtique fest « foin, pâture », bas lat. festucum ; vieux franç. festuc, qui a donné le français fétu (de paille). Festuca sp.

Vallée de Barrèges : gespe (rude, coriace), en français : gispet, nom populaire de la fétuque eskia, ce dernier mot issu du nom pyrénéen esquissa pris dans le sens de fendre, déchirer (G. Claustres). P. Fournier dérive ce mot de l'espagnol esquiza, gr. skizo, je fends, à savoir le muffle et le ventre des bestiaux. Festuca eski.


Autres noms : Festuca pratensis - Fétuque des prés -

Festuca arundinacea - Fétuque élevée - Fétuque faux-roseau - Fétuque roseau -

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Botanique :


Marcel A. J. Couturier, auteur d'un article intitulé "Les Bouquetins et le Parc national du Grand Paradis depuis la dernière guerre. (In : Revue d’Écologie, 1951, 2, pp. 83-91) établit un lien entre la fétuque et le bouquetin :


En toute saison, les versants de nombreux sommets du massif offrent au Bouquetin une excellente provende ; les gazons y sont surtout formés de plusieurs Graminées appartenant au genre Fétuque. Les trois espèces les plus abondantes sont la Fétuque des moutons Feist dépassent 3.000 mètres et atteignent parfois 3.400 mètres. La première espèce de ces Fétuques (Festuca ovina), appelée en Italie olina, constitue la principale nourriture du Bouquetin. En hiver, il la recherche sur les versants abrupts, exposés au midi où la neige coule en fondant, ce qui met l'herbe à découvert. De plus, souvent à cette époque, la base de la Graminée, juste au-dessus de la racine, repousse verte et tendre à l'altitude de 2.000 et 2.500 mètres ; c'est un régal pour le Ruminant affamé.

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Usages traditionnels :


Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :


blëta, f. = fétuque = Festuca sp., en particulier Festuca varia et Festuca ovina.

Les pâtres ramassaient de ces plantes pour en faire leur lit à la montagne.

blëte, f. pl. = foin sauvage.




Symbolisme :


Selon Osamu Kano, auteur de "Pour l’histoire d’un symbole juridique : la festuca dans le haut Moyen Âge." (In : Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2010, 2015. pp. 159-176) :


La festuca, le « fétu », est un symbole juridique employé non seulement dans le domaine du droit féodal mais aussi, et peut-être surtout, dans la vie juridique du haut Moyen Âge. Son importance pour l’histoire du droit ou plus largement pour celle de la culture juridique au Moyen Âge est manifeste. Faire l’histoire de cet objet est cependant moins aisé qu’on ne le suppose, d’abord et surtout parce que ce qu’était la festuca en tant qu’objet au haut Moyen Âge n’est pas clair : baguette de bois ou brin de paille. Une controverse s’est autrefois développée entre historiens du droit en Allemagne sur ce qu’était la festuca (Stab oder Halm), mais aujourd’hui on se contente de dire qu’elle pouvait être un petit bâton, une tige ou une brindille 1. La symbolique de la baguette, façonnée, serait bien différente de celle du brin de paille (ou brindille de bois), bien qu’il y ait probablement des points communs.

Ce qui amène à étudier le champ sémantique du mot latin festuca. Son étymologie n’est pas bien établie. Pour soutenir que la festuca pouvait aussi être bâton, Karl von Amira, éminent historien du droit, avait rassemblé des sources qui auraient établi que le mot festuca était interchangeable avec baculus, fustis, virga, etc. Mais la plupart de ces sources sont des chartes d’Italie ou d’époque tardive. Peut-on supposer que le terme festuca pouvait être remplacé par baculus dans la terminologie du droit franc ? Pour prendre un exemple, le baculus muni d’une image d’homme par lequel le duc de Bavière Tassilon avait remis son duché à Charlemagne pouvait-il être désigné comme festuca ? J’en suis moins sûr qu’Andreas Ludwig Jacob Michelsen qui a publié en 1856 une étude de référence sur la festuca notata : selon lui, il s’agissait d’un bâton particulier portant une marque de possesseur (Hausmarke).

Quant à l’équivalence entre festuca et stipula, elle est explicite surtout dans les régions marginales du royaume franc, comme la Rhétie ou la Provence. On conserve d’ailleurs deux chartes auxquelles une paille (ou brindille ?) est attachée : une version du testament de Fulrad de 777 et une charte de Cluny vers l’an mil. On considère qu’il s’agit d’une festuca, mais est-ce si sûr ?

On peut dire que la festuca fait référence autant à la baguette qu’au brin de paille, mais la baguette et le brin de paille peuvent être désignés par d’autres mots. En revanche, c’est toujours le mot festuca qui est employé dans les actes juridiques. Festuca en tant que terme juridique apparaît donc mieux caractérisé qu’en tant qu’objet. Je me propose ici de suivre l’histoire de la festuca comme symbole juridique, en examinant les usages du mot.


1° Origine romaine ou germanique : une question mal posée ? La festuca est généralement considérée comme originaire de Germanie où les actes juridiques étaient accomplis par des gestes et des manipulations d’objets, dans une société fondamentalement orale. Certains historiens lui donnent une origine romaine, mais les emplois de festuca dans le droit romain sont très différents de ceux attestés dans le droit « germanique ». Les Romains s’en servaient dans deux sortes d’actes juridiques : la rei vindicatio (sacramentum in rem) et la manumissio vindicta. Selon Gaius, lorsque deux hommes se disputent la propriété d’un esclave, chacun des deux doit prononcer une formule de revendication, en plaçant une baguette (festuca) sur cet esclave. Gaius explique que la festuca, représentant la hasta (lance), s’employait en tant que signe de la propriété civile (signo quodam iusti dominii). Dans la manumissio vindicta, le lictor place aussi une baguette sur l’esclave à affranchir.

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