Étymologie :
CYNOGLOSSE, subst. fém.
Étymol. et Hist. xve s. cinoglosse (Grant herbier, no280 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. impérial cynoglossus, gr. κ υ ν ο ́ γ λ ω σ σ ο ν (de κ υ ́ ω ν « chien » et de γ λ ω ́ σ σ α « langue ») en raison de la forme de ses feuilles.
Lire également la définition du nom Cynoglosse afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Cynoglossum officinale - Boustonée - Chen-langue - Couayette - Cynoglosse des boutiques - Goussets - Guérit-tout - Herbe au diable - Herbe aux gueux - Herbe d'Antal - Herbe de Malines - Herbe de Saint-Antoine - Langue de bœuf - Langue de chien - Manéoula - Pouyette - Veloutée rouge -
*
*
Botanique :
*
Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Cynoglosse :
Propriétés Physiques et Chimiques. ― La racine de cette plante a une odeur vireuse, désagréable, narcotique, ressemblant à l'odeur de bouc, de souris, qui se dissipe par la dessication. Sa saveur est fade, nauséeuse, amère, mucilagineuse. Les parties herbacées possèdent les mêmes propriétés. La racine contient une matière grasse colorante, une matière résineuse, des sels, une matière gommeuse, de l'inuline, de l'acide pectique et un principe odorant qui paraît être le principe actif (Cenedilla).
Usages Médicaux. ― Les auteurs ne sont pas d'accord sur l'action physiologique de cette plante d'ailleurs plus active à l'état frais que desséchée. Les uns l'ont considérée comme presque inerte (Haller, Scopoli, Desbois) ; les autres comme un dangereux poison (Vogel, Murray, Morison). Chaumeton et Cazin la disent délétère à l'état frais produisant des défaillances et des vomissements. On lui reconnaît généralement des propriétés adoucissantes, calmantes, pectorales, sédatives, narcotiques même, et on l'a prescrite dans la coqueluche, le catarrhe bronchique, les crachements de sang, la dysenterie et la diarrhée ; elle convient surtout dans les toux sèches et nerveuses. Pour l'usage externe, on s'en est servi en cataplasme et en décoction concentrée sur les brûlures, les ulcères, les tumeurs scrofuleuses et les goîtres ; et pour tout dire on l'a donnée aussi contre la morsure des serpents et contre la rage.
Formes et doses. --Poudre de l'écorce de la racine : 5 décigrammes à 2 grammes. Décoction des feuilles et des racines : 50 à 60 grammes par kilogramme. Suc, sirop. - Pilules de cynoglosse ou d'opium composées contenant pour égalité de racine de cynoglosse, d'extrait d'opium et de semences de jusquiame.
*
*
Pierre-Joseph Buchoz, médecin de Monsieur et auteur de Etrennes du printemps, aux habitans de la campagne, et aux herboristes, ou pharmacie champêtre, végétale & indigène, à l'usage des pauvres & des habitans de la campagne (Lamy libraire, Paris, 1781) recense les vertus médicinales des plantes :
Racine de Cynoglosse. La racine de Cynoglosse est un léger narcotique, propre à arrêter la dysenterie.
A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Cynoglosse. Langue de chien. Cynoglosum majus vulgare.
Fleur monopétale en entonnoir, découpée en plusieurs parties, rouge, le fruit est composé de quatre semences ressemblant chacune à un nombril d'où on rappelle aussi nombril de Vénus; ses feuilles, assez semblables â celles de la consoude, sont moins grandes et beaucoup plus douces au toucher ; elle vient dans les marais comme la consoude dont elle a le port.
VERTUS : La cynoglosse est un fort bon adoucissant et calmant pour les catarrhes ; elle arrêta les pertes rouges et blanches surtout s'il y a douleur, car elle est aussi un peu narcotique ; elle épaissit le sang et parla devient précieuse pour les anémiques ; étant prise avec l'eau ferrugineuse on en fait un sirop très bon pour la nuit, dans la toux qu'elle calme et qui soulage sûrement, étant mêlée au lierre terrestre, pour un quart. Elle s'emploie aussi pour les cours de ventre avec coliques. Les feuilles extérieurement sont émollientes, anodines, bouillies dans le lait pour la goutte, le rhumatisme, los contractions spasmodiques des fibres (crampes), le suc avec l'opium sert à confectionner les fameuses pilules de cynoglosse employées dans les insomnies, la toux, les affections de poitrine avec irritation, tels les rhumes et autres irritations, une ou deux de ces pilules le soir en se couchant sont très utiles.
*
*
Croyances populaires :
Lu sur le site Zoom-nature.fr l'article de Gérard GUILLOT :
Ainsi une tradition populaire disait qu’un bouquet de cynoglosses mis devant la fenêtre de la maison où résidait une fille indiquait qu’elle avait « une mauvaise langue » car la langue du chien symbolise l’envie !
La théorie des signatures s’en est aussi emparée : on prescrivait donc cette plante dans les cas de morsures de chien ; on trouve une appellation en flamand qui signifie « fleurs de chien enragé ». On préconisait aussi de glisser une feuille sous le talon dans la chaussure pour décourager les attaques des chiens. Ce dernier usage renvoie peut-être à l’odeur particulière que dégagent les feuilles froissées, qualifiée d’odeur d’urine de souris et qui serait liée à la présence d’une substance appelée acétamide. D’autres disent qu’elle sent la cacahuète grillée ! En tout cas, je dirais qu’elle a au minimum une odeur désagréable !
A la campagne, on pensait que sa présence éloignait justement les rats et les souris ; un des surnoms anglais est d’ailleurs …. rats and mice ! Peut-être aussi que cette croyance provenait de l’observation du fait que, dans la nature, la cynoglosse fréquente souvent les abords des terriers des lapins ou des renards (fruits transportés par leur pelage et terre remuée enrichie par excréments très favorables !) qui ne touchent pas aux feuilles (voir chronique sur la toxicité et les défenses).
*
*
Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Cynoglosse - Ménagement.
Le cynoglosse demande de grands soins de culture ; il meurt si on le sarcle au pied.
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Cynoglosse (Cynoglossum officinale) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoir : Apprivoise les chiens féroces.
Utilisation rituelle : Des Cynoglosses déposées sur la fenêtre d'une fille indiquent qu'elle sait peut-être préserver sa virginité, mais qu'elle compense en se servant fort adroitement de sa langue.
Mis sur le rebord de fenêtre d'une veuve, ces herbes signifient : attention, chien méchant. Dans ce cas, les Cynoglosses sont parfois accompagnées d'un collier avec sa chaîne ; le sens devient alors : mais cette foi tu as trouve ton maître.
Utilisation magique : Lorsqu'on a à traverser un lieu où rôdent des chiens dangereux, il faut mettre des feuilles de Cynoglosse dans ses chaussures, sous la plante des pieds ; non seulement les molosses ne se précipiteront pas sur vous, mais ils n'aboieront même pas. Métaphoriquement, l'herbe Cynoglossum (du grec kuôn = chien ; et glôtta = langue) leur lie la langue. Une corruption de cette ancienne tradition veut que la plante lie aussi la langue des personnes médisantes.
*
*
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Cette plante à feuilles rugueuses, dont le nom vient du grec kuôn (chien) et glôtta (langue), protège des chiens méchants celui qui en a mis dans ses chaussures, sous la plante des pieds : « non seulement les molosses ne se précipiteront pas sur vous, mais ils n'aboieront même pas »
Si la cynoglosse « lie la langue » des chiens, elle fait taire également les personnes médisantes.
*
*