Étymologie :
François Couplan, auteur de Les plantes et leur nom - Histoires insolites (Éditions Quae, 2012) nous en apprend davantage sur le nom de la Buplèvre :
Buplèvre - Apiacées (Ombellifères) : Le nom de ces curieuses Ombellifères aux feuilles entières et coriaces dérive de bupleurum, qui désignait en latin et en grec, boupleuron, une plante de cette famille. Il provient du grec bous, bœuf, et pleuron, côte, et signifie donc « côte de bœuf », évoquant sans doute la forme particulière des feuilles.
Parmi les diverses espèces, l’une, Bupleurum falcatum, se caractérise par ses feuilles en forme de faux (falx, falcis en latin) ; une autre, Bupleurum rotundifolium, par ses feuilles opposées et soudées à la base, donnant dont l’impression d’être circulaires et transpercées par la tige ; une troisième, Bupleurum suffruticosum, par son port en arbrisseau (latin sub, presque, et frutex, fruticis, arbrisseau), etc.
Botanique :
Dylia Benbouabdellah, Yasmine Djennad, Hassina Ben Mokhtar et Myassa Ferrat, autrices d'un mémoire intitulé "Contribution à une enquête ethnobotanique des plantes médicinales dans la région de Tizi Ouzou et à l'étude de Bupleurum spinosum" (Faculté de médecine, Université Mouloud Mammeri de TIZI OUZOU, 2020) décrivent le genre Bupleurum :
Genre : Bupleurum.
Distribution géographique : Bupleurum L est l'un des plus grands genres des Apiacées, composé d'environ 150 à 180 espèces. Ce genre est essentiellement localisé dans l'hémisphère nord, présent en Europe, en Afrique du Nord, en Macaronésie (îles Canaries et Madère), en Asie et en Amérique du Nord.
Description botanique : Les Buplèvres sont des plantes vivaces ou annuelles principalement herbacées, quelques espèces sont arbustives ou arborescentes. La racine est généralement courte et ligneuse. La tige est alternée ou dichotomiquement ramifiée, verte ou glauque. Les feuilles sont entières, glabres, avec un pétiole engainant, le limbe est membraneux, herbacé ou coriace, généralement à nervures parallèles. Les feuilles caulinaires sont souvent sessiles, enveloppantes, auriculées ou perfoliées. L’inflorescence est dispersée, composée d'ombelles terminales et latérales à plusieurs bractées bien visibles ressemblant à des feuilles, les pétales sont jaunes ou jaunes verdâtres, oblongs à orbiculaire. Le style est court souvent réfléchi avec un stigmate de forme conique ou discoïde. Le fruit est un diakène oblong, ovoïde ou sub-globuleux. Ce genre est reconnu comme un groupe naturel éloigné (distinct) principalement en raison de la présence de feuilles entières et simples avec des nervures parallèles et de nombreuses espèces ligneuses ce qui est rare dans la famille des Apiaceae.
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Vertus médicinales :
Selon Wong Ming, autrice d'une "Contribution à l'Histoire de la Matière Médicale végétale chinoise (suite)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 16, n°2-5, Février-mars-avril-mai 1969. pp. 158-214) :
5) Kieou-ye Tch'ai-hou (Buplèvre à tiges feuillées) dit « à feuilles de poireau ». Le buplèvre est un genre d'ombellifères, comprenant des plantes herbacées de l'Asie. Le Bupleurum falcatum L. (Bupleurum chinoise DC.) (106) est appelé Tch'ai-hou. Les racines sont très employées en médecine. Elles servent surtout à lutter contre les obstructions et accumulations.
Dans un article intitulé "Quelques indications sur l'utilisation des espèces rattachées au genre Bupleurum L. (Ombelliferae)." (In : Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 25ᵉ année, bulletin n°1, Janvier-mars 1978. pp. 51-59) Anne-Marie Cauwet-Marc et Jacques Carbonnier mentionnent les usages occidentaux de certaines Buplèvres :
Dans les pharmacopées dites « traditionnelles » du monde occidental, plusieurs espèces de Bupleurum L. sont considérées comme plantes médicinales. Il s'agit de B. fruticosum L., B. falcatum L., B. rotundifolium L., B. opacum Lange, B. aristatum Barth. et B. odontites L. D'après les données que nous avons relevées, les spectres d'action de ces espèces seraient très larges et peu précis.
La bibliographie concernant les pharmacopées traditionnelles asiatiques ne nous a pas été accessible ; les recherches que nous avons menées nous ont seulement permis de noter pour cette partie du monde les travaux de Nagashi et Tominatsu (1969) et de Aryoshi et al. (1975) qui ont étudié la composition de drogues chinoises préparées à partir de B. chinense Franch. et de racines de B. falcatum L.
Principaux effets connus des extraits de Bupleurum :
Anti-inflammatoire : B. falcatum L. a été considéré comme remède souverain contre les furoncles et les panaris (Rolland, 1967).
Fébrifuge : Les infusions de feuilles de B. rotundifolium L. (à raison de 40 g par litre d'eau, 2 tasses par jour), et les décoctions de racines de B. falcatum L. ont longtemps été utilisées comme fébrifuges (Fournier, 1947). Shibata M. et al. (1973) ont montré que la saikogénine A extraite des racines de cette espèce est à l'origine de cette action antipyrétique.
Analgésique : Les feuilles de B. rotundifolium L., après cuisson dans le vinaigre et appliquées en cataplasmes très chauds ont été employées pour soulager les ganglions, les hernies, les articulations douloureuses (Fournier, 1947). On sait aujourd'hui que cette propriété est due aux saikosides (Shibata M. et al., 1973).
L'emploi des feuilles de B. opacum Lange, B. aristatum Bartl. et B. odontites L. a été préconisé contre les maux de dents jusqu'à une époque relativement récente, puisque Dragendorf en mentionne encore l'utilisation (Fournier, 1947).
Antirhumatismale : Reutter (1923) rapporte que l'essence aromatique incolore de B. fruticosum L. (= Oleum bupleuri) a été préconisée comme antirhumatismale.
Emménagogue : Racines et fruits de B. fruticosum L. ont été utilisés dans de vieilles pharmacopées françaises contre l'aménorrhée.
Sudorifique : B. falcatum L. var. octoradiatum Tourn. a été utilisé en médecine chinoise pour stimuler la transpiration (Uphof, 1968).
Diurétique : Les racines de B. fruticosum L. (Radix bupleuri) ont été utilisées contre la rétention d'urine (Fournier, 1947).
Laxatif : D'après Steinmetz (1957), B. rotundifolium L. a été utilisé comme laxatif et vulnéraire. En tout état de cause, cette espèce a figuré dans la première édition de la pharmacopée française de 1818. Garnier et al. (1961) rapportent toutefois que ce traitement est peu efficace.
Astringent, vulnéraire et stimulant : Les feuilles et les graines de B. rotundifolium L. ont été utilisées (Fournier, 1947) bien qu'avec peu d'efficacité (Garnier et al., 1961). Par contre B. falcatum L. est encore aujourd'hui employé en Pharmacie dans ce but.
Expectorant et anti-asthmatique : Fournier (1947) rapporte que les racines et les fruits de B. fruticosum L. ont été utilisés avec un certain succès contre les toux opiniâtres et la « gêne respiratoire qui oblige le malade à rester debout ». La saikogénine A extraite de B. falcatum présente une activité antitussive marquée (Shibata M. et al, 1973).
Contre les morsures de bêtes venimeuses : « On recommande la semence comme un excellent antidote contre la morsure des bêtes venimeuses » (Lamarck, 1783 ; Bâillon, 1876). Fournier (1947) confirme que les fruits de B. fruticosum ont été utilisés à cet usage.
Parmi les genres affines, nous avons relevé l'emploi de Heteromorpha arborescens L. chez les Zoulous et différentes tribus d'Afrique du sud. D'après Watt et al. (1962, 1038) les décoctions de feuilles et de racines de cette espèce ont été utilisées pour régler certains problèmes abdominaux et des désordres mentaux et nerveux.
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Conclusion : II ressort de notre étude que peu d'espèces, sur les 200 environ que comprend le genre Bupleurum L., ont trouvé une utilisation.
En effet, si l'on excepte l'emploi de B. fruticosum L. en tant que plante ornementale, seuls deux Bupleurum présentent un intérêt économique actuel et ceci dans le seul domaine de la pharmacologie : il s'agit de B. falcatum L. et B. multinerve DC.
Bien qu'aucune de ces espèces n'ait la réputation d'une grande plante médicinale, leur intérêt est des plus importants par suite de leur domaine d'application. B. multinerve DC. est en effet à la base des essais fructueux concernant la résistance capillaire qui est conférée par la fraction flavonique de ses feuilles ; B. falcatum L. a permis l'obtention de glycosides triterpéniques ayant des actions fort intéressantes sur la régulation des lipides et plus particulièrement sur les glycérides du cholestérol.
Si l'application de ces premiers résultats devait se généraliser, B. falcatum L. dont l'aire de répartition couvre l'Eurasie pourrait constituer une matière première abondante pour l'obtention de dérivés actifs dont, par ailleurs, la synthèse pourrait s'avérer difficile.
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Dylia Benbouabdellah, Yasmine Djennad, Hassina Ben Mokhtar et Myassa Ferrat, autrices d'un mémoire intitulé "Contribution à une enquête ethnobotanique des plantes médicinales dans la région de Tizi Ouzou et à l'étude de Bupleurum spinosum" (Faculté de médecine, Université Mouloud Mammeri de TIZI OUZOU, 2020) mentionnent les usages thérapeutiques des Buplèvres :
Utilisation en médecine traditionnelle : Le nom Chaihu, qui fait référence aux racines de Bupleurum, est cité dans la pharmacopée chinoise datant de plus de 2000 ans, en effet les racines de plusieurs espèces de ce genre ont été fréquemment utilisées dans les prescriptions de la médecine traditionnelle orientale pour le traitement du rhume avec fièvre, grippe, inflammation, hépatite, paludisme et également le syndrome de la ménopause.
Au Japon, le saiko (Chaihu en chinois) fait partie des médicaments Kampo (préparation à base de plantes) pour le traitement de maladies chroniques telles que l'hépatite, la névrose et l'asthme. Saiko est principalement utilisé dans les décoctions après mélange avec d'autres drogues brutes selon les prescriptions traditionnelles de Kampo (Médecine traditionnelle dérivée de la chine). Ces formulations/prescriptions sont maintenant préparées sous une forme pratique pour les patients.
Usages traditionnels :
Anne-Marie Cauwet-Marc et Jacques Carbonnier, auteurs de "Quelques indications sur l'utilisation des espèces rattachées au genre Bupleurum L. (Ombelliferae)." (In : Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 25ᵉ année, bulletin n°1, Janvier-mars 1978. pp. 51-59) recensent divers usages des Buplèvres :
Traditionnellement considérés comme toxiques, au moins lorsqu'ils sont absorbés à très forte dose, les Buplèvres se sont toujours avérés impropres à la consommation. Toutefois, leur peu d'agrément au goût font que, jusqu'ici, le récit d'aucun accident majeur ne nous est parvenu. Signalons cependant que les fruits de B. fruticosum L. ont été utilisés comme épices en Sardaigne (Picci et al., 1974).
Au Népal, B. candollei Wall est réputé dangereux pour les animaux (comm. pers. Dobremez RCP Népal), tandis que, dans le bassin méditerranéen, l'odeur des huiles essentielles paraît suffisante pour les repousser, bien que, en Sardaigne, les jeunes pousses de B. fruticosum L. puissent être broutées par les chèvres (Picci et al., 1974).
D'un autre point de vue cette espèce est fréquemment utilisée comme arbuste décoratif dans les jardins des pays méditerranéens tandis que B. rotundifolium L. et B. falcatum L. sont, d'après Bailex (1925-1953, 600) utilisés au Japon pour faire des pelouses.
Par ailleurs, depuis que le bois de B. fruticosum n'est plus employé par les boulangers pour chauffer leurs fours, cette espèce prend une très grande expansion et colonise dans le sud de la France les moindres vergers et vignes abandonnées (voir par exemple dans les Pyrénées-Orientales, la région des Aspres).
En Corse, la racine de B. fruticosum L. était utilisée pour la pêche ; jetée dans l'eau, elle agirait à la manière d'un narcotique si bien que le poisson vient flotter à la surface (Thellung, 1926).
Enfin, B. rotundifolium L. a servi de matériel expérimental à des tests de physiologie végétale, se rapportant à l'étude du mode d'action de l'acide gibberellique (Chem. Abst., 54, 15809 g).
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Symbolisme :