Autres noms : Ammi majus - Ameos - Ammi commun - Ammi élevé - Ammi inodore - Ammi officinal - Herbe de l'évêque -
Ammi visnaga - Fenouil annuel - Herbe aux cure-dents - Khella - Pain des pharaons -
Botanique :
M. Rahal, auteur d'une monographie sur l' "Herbe aux cure-dents Ammi visnaga." (In : Phytothérapie, 2021, vol. 19, no 4, p. 267) propose la description suivante :
Confusions possibles : Les confusions les plus fréquentes se font avec l'Ammi majus (ou Ammi officinal), Bishop's flower en anglais.
Description : Ammi visnaga est une plante herbacée annuelle ou bisannuelle de la famille des Apiacées (ex. Ombellifères) pouvant atteindre 80 à 120 cm de hauteur et presque autant en diamètre sur les parties aériennes, glabres et vertes à odeur aromatique (rappelant celle de la carotte cultivée). La tige est robuste, rameuse, sillonnée au sommet, densément feuillue. Les feuilles sont bi-tripennatiséquées, à segments linéaires canaliculés non dentés ni cartilagineux sur les bords. La racine principale est pivotante pouvant atteindre 50 cm.
Ombelle d'Ammi visnaga : L'inflorescence est une ombelle (composée) d'ombellules, portant des fleurs hermaphrodites blanches à cinq pétales inégaux et échancrés (Fig. 2). Ces mêmes ombelles sont érigées sur de nombreux rayons (pédoncules) (Fig. 3), de 50 à 100 qui deviennent connivents à maturité, en se lignifiant, elles prennent une couleur jaune brun et deviennent très aromatiques formant « les cure-dents ».
La floraison a lieu de juillet à septembre parfois dès le mois de mai (sous les climats chauds). Le fruit est un diakène ovale de 2 à 3 mm de diamètre de couleur brun à grisâtre.
Répartition géographique et habitat : Ammi visnaga est originaire d'Afrique du Nord où il est endémique depuis la côte atlantique au Maroc jusqu'à la mer Rouge en Égypte occupant les jachères et les terrains argileux aux bords des oueds. Son aire géographique est la région méditerranéenne, en France il pousse plutôt sur des terrains sablonneux du Midi jusqu'à la Drôme et de l'ouest jusqu'au Languedoc-Roussillon. Par ailleurs, il s'est acclimaté à d'autres régions du monde comme l'Argentine, le Mexique et les États-Unis où il a été cultivé.
Composition chimique : Depuis la découverte de son métabolite le plus connu « La Khelline » en 1879 à la faculté de pharmacie de Montpellier par Mustapha Ibrahim, un jeune étudiant égyptien qui ramena des graines d'Ammi visnaga dans ses bagages, beaucoup d'études ont été faites et les composés de cette plante sont bien connus de nos jours. Cependant, la qualité et la quantité de ses métabolites secondaires dépendent de plusieurs facteurs, notamment les parties de la plante utilisées, le biotope, les modalités de récolte et les procédés d'extraction et d'analyse.
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Vertus médicinales :
Mickaël Welfringer, auteur d'une thèse intitulée La Thériaque : analyse d'un contrepoison de l'Antiquité et héritage dans la pharmacie d'officine d'aujourd'hui (Université de Lorraine, 2017) mentionne l'usage de l'Ammi dans la Thériaque :
L’ameos ou ammi est un genre appartenant à la famille des Apiacées dont la plupart des espèces poussent dans le sud de l’Europe et notamment en France comme par exemple Ammi majus L. ou Ammi visnaga (L.) Lam. Ces plantes aux tiges rondes produisent des fleurs regroupées en ombelles. Charas décrit le goût de ces plantes entre l’origan et le thym avec une forte odeur, et les feuilles sont proches de celles de l’aneth.
On utilise la semence d’ammi pour la Thériaque, de préférence celle venant de Crête. L’ammi a des propriétés contre la morsure de serpent, avec des propriétés diurétiques et stomachiques. (Rigaud, Barthe, & Bouttes, 1689) (Charas, 1685)
S. Nail-Bilaud, dans "Plantes et atteintes dermatologiques." (In : Toxicologie Analytique et Clinique, 2018, vol. 30, no 3, p. 166) mentionne un usage très ancien :
Dès 2000 avant J-C, le jus d’Ammi majus en Egypte ou le psoralier en Inde suivi d’une exposition au soleil était utilisé dans le traitement du vitiligo.
Fatima Ezzahra Mahha confirme cet usage dans sa thèse intitulée Vitiligo chez l'enfant : expérience du service de dermatologie à l'hôpital militaire Moulay Ismail de Meknès (à propos de 25 cas). (Université de Fès, Maroc, 2016 ) :
Au 11ème siècle, Ibn El Bitar a décrit un traitement de vitiligo associant des expositions solaires répétées à la prise de graines d’une plante qui pousse abondamment dans la vallée du Nil et qui est "l’Ammi Majus".
Dès 1941, des recherches ont été effectuées en Egypte sur les vertus thérapeutiques des psoralènes vis-à-vis du vitiligo. La poudre préparée à partir de "l’Ammi Majus" contient trois composés essentiels : ammoidin (8 methoxypsoralen), ammoldin (8 iso metoxypsoralen) et la majudin (5 methoxypsoralen).
El Mofty en 1948, fut le premier médecin à traiter des patients porteurs de vitiligo avec des comprimés de 8 Methoxypsoralen (Meladinine).
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Selon M. Rahal, auteur de "Herbe aux cure-dents Ammi visnaga." (In : Phytothérapie, 2021, vol. 19, no 4, p. 267) :
L’Ammi visnaga, connu sous son nom arabe « Khella » ou « herbe aux cure-dents » en France, tiendrait son nom du grec « ammos » qui veut dire sable se référant à son habitat et « bis acutum » en référence à la forme de son fruit un diakène. Le Khella fait partie des plantes les plus anciennement connues ; en effet, on le retrouve cité dans les célèbres papyrus d’Ebers, datant des civilisations égyptiennes (1500 av. J.-C.), où il est considéré comme une véritable panacée, à tel point qu’on l’appela « pain des pharaons », il était administré comme diurétique, antispasmodique lors des coliques néphrétiques, pour faciliter l’élimination des calculs rénaux, pour le traitement de l’asthme, les abcès dentaires, les dysménorrhées, les crampes gastro-intestinales, le psoriasis ainsi que de nombreuses pathologies.
Plus tard, Dioscoride (40–90 ap. J.-C.) le mentionna dans le « De materia medica » ; cependant, en dehors de certains cercles d’initiés, l’usage en Europe resta pendant longtemps cantonné à celui de cure-dent, d’où son nom. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que soit identifiée la « Khelline » l’un de ses principes actifs les plus emblématiques, par Mustapha Ibrahim un jeune pharmacien de la mission égyptienne à la faculté de médecine de Montpellier. Dans un extrait de sa publication dans le journal « L’Union des écoles », il précise : « je suis parvenu à isoler une matière cristallisée qui avec la liqueur cupropotassique s’est comportée comme un glucoside », « je nomme kelline, du nom arabe kell, qui sert à désigner l’Ammi visnaga, plante très commune dans la Basse-Égypte, le glucoside que j’ai obtenu et dont je poursuis l’étude ». Celui-ci devant partir, il céda son sujet d’étude à Théodore Malosse un pharmacien de la même école, qui en fit sa thèse de doctorat en 1881.
Grâce aux travaux successifs hospitalo-universitaires cairotes, la khelline rentra officiellement dans la pharmacopée égyptienne en 1934 pour le traitement de la lithiase urinaire. Cependant, l'intérêt pour l'Ammi visnaga n'a pris une plus grande envergure (notamment pour l'industrie pharmaceutique) que lorsqu'en 1945 le Dr Glenn Anrep, un médecin britannique installé au Caire, travaillant sur les mécanismes de vasodilatation coronaire remarqua que l'un de ses collaborateurs était soulagé de son angine de poitrine lorsqu'il prenait sa teinture mère de Khella prescrite pour une lithiase urinaire, ce qui l'emmena à investiguer et mettre en évidence l'action coronaro-dilatatrice de la khelline d'abord sur un modèle animal, puis chez des patients souffrant d'angine de poitrine. Plusieurs publications suivirent, et elle devint largement prescrite dans cette indication dans les années 1940.
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Action sur le tractus urinaire : Ammi visnaga a été largement utilisé par les populations du Moyen-Orient depuis des temps anciens. La décoction des fruits était utilisée pour traiter les coliques néphrétiques dans le delta du Nil, différentes pathologies rénales en Irak, la lithiase urinaire et les douleurs prostatiques en Algérie et le reste du Maghreb. En résumé, le Khella représente le traitement traditionnel le plus usité pour le traitement des pathologies du tractus urinaire dans cette partie du monde. Beaucoup d'études sont venues confirmer cette efficacité, et qu'elle était due aux furanochromones (khelline et visnagine) contenues dans la plante. Plusieurs auteurs ont montré son action protectrice sur les cellules épithéliales rénales contre les dommages des cristaux d'oxalate et d'oxalate de calcium, et son potentiel à prévenir la formation des cristaux d'oxalate. D'autres études in vitro ont également montré un effet inhibiteur sur la formation de cristaux cystiniques.
Effet antispasmodique et vasodilatateur : L'effet vasodilatateur et bronchodilatateur d'Ammi visnaga est bien établi, en effet plusieurs essais thérapeutiques ont été réalisés en ce sens, notamment sur l'angine de poitrine et l'asthme depuis les années 1940, ces propriétés myorelaxantes sont dues aux deux chromones principales la khelline et la visnagine ainsi qu'à une pyranocoumarine, la visnadine qui agissent en bloquant les canaux calciques mais aussi à une faible inhibition de la phosphodiestérase par la visnagine.
Effet sur le système cardiovasculaire : L'histoire d'Ammi visnaga est intimement liée à celle de la cardiologie, depuis les travaux d'Anrep et al. sur la khelline pour le traitement de l'angine de poitrine, beaucoup d'essais s'ensuivirent, et elle fut largement prescrite dans cette indication et parfois dans les suites d'infarctus du myocarde, entre-temps des effets secondaires (nausées, vertiges, vomissements) étaient apparus et pour en améliorer la tolérance, les laboratoires (Labaz) développèrent un analogue, la benzarone, puis un deuxième, la benzodiarone qui débouchèrent sur l'amiodarone qui a failli être retirée du marché, jusqu'à ce qu'une équipe américaine découvre son potentiel antiarythmique à des doses plus adaptées et finie par être commercialisée par Sanofi sous le nom de spécialité Cordarone®.
Par ailleurs, dans des travaux plus récents, on a pu montrer sur des modèles animaux que l'injection intraveineuse de visnagine baissait la pression artérielle sans altérer la fréquence cardiaque, que la samidine et le khellol avaient des effets inotrope et chronotrope négatifs sur le myocarde, et que la samidine, la dihydrosamidine et la visnadine normalisaient les signes électriques d'ischémie myocardique.
Effet sur l'arbre bronchique : Les populations au Proche-Orient, notamment en Syrie et en Égypte, traitaient depuis longtemps les crises d'asthme avec le Khella, cette pratique a été étayée par les travaux de Anrep et al., l'effet bronchdilatateur de la khelline publié en 1947 dans le Lancet, à partir de là plusieurs laboratoires se mirent à commercialiser la khelline, parmi lesquels on peut citer Benecardin® (laboratoires Benger's, GB), Khelfren® (laboratoire Rote List, Allemagne), une solution de khelline à 0,5 % pour aérosol. À la fin des années 1950, un médecin anglais Roger Altounyan, persuadé de l'effet antihistaminique des chromones, s'autoprovoqua plus de 1 000 crises d'asthme entre 1957 et 1963 pour tester des dérivés de la khelline jusqu'à réussir en découvrant le cromoglycate de sodium, molécule qui a fait l'objet d'essais randomisés confirmant son efficacité dans le traitement de l'asthme.
Psoriasis et vitiligo : Pour traiter le psoriasis, les anciens Égyptiens se frottaient les plaques de peau rouge qui se desquamaient avec l'Ammi visnaga, puis s'exposaient au soleil. Dans un essai contrôlé randomisé en double insu enrôlant 60 patients combinant la khelline par voie orale + exposition au soleil a conduit à une repigmentation dans 76,6 % dans le groupe traité contre une absence d'amélioration chez le groupe témoin.
Pour le traitement du vitiligo, un essai contrôlé versus placebo chez 36 patients a montré que l'application d'un gel de Khella + UVA a permis une repigmentation chez 86,1 % dans le groupe traité versus 66,6 % dans le groupe témoin.
Action antidiabétique : L'usage d'Ammi visnaga pour traiter le diabète est ancien et répondu dans certaines cultures, comme c'est le cas au Maroc. Il n'y a pas d'essais sur l'homme en ce sens ; cependant, sur des modèles animaux, cet effet hypoglycémiant a été largement démontré.
Effet anti-inflammatoire : Des travaux sur l'effet anti-inflammatoire d'Ammi visnaga ont montré que selon la teneur en visnagine de la plante, on pouvait observer une diminution de l'expression de l'ARNm et de la libération de certains facteurs de l'inflammation tels que le TNFα, l'IL-1β et l'IFNγ. Aussi, dans d'autres publications, on émet l'hypothèse du rôle neuroprotecteur de la visnagine qui permettrait la suppression de l'acide kaïnique.
Effet cytotoxique : Cherchant à découvrir de nouveaux agents cytotoxiques, plusieurs équipes se sont intéressées à la khelline dans cette direction depuis 2004, un premier travail a été réalisé sur quatre lignées de cellules tumorales : cancer colorectal (HT-29), cancer du sein (MCF-7), cancer du larynx (Hep-2) et cancer gastrique (MKN-45). Les résultats n'ont pas montré d'effet significatif. Quelques années plus tard, d'autres travaux la khelline et la visnagine ont montré un pouvoir cytotoxique significatif des deux composés sur plusieurs lignées tumorales, notamment sur des hépatocarcinomes (Hep-G2).
Effet sur la chute de cheveux : C'est un usage non traditionnel, cependant des chercheurs ont voulu exploiter l'action vasodilatatrice de la khelline, les essais ont montré que l'application de celle-ci sur le cuir chevelu a permis de restaurer la microcirculation subpapillaire et une repousse modérée.
Effet sur les paramètres lipidiques : Sur un cas témoin traité initialement pour lithiase urinaire, Bhagavathula et al. ont constaté une élévation du HDL-cholestérol sous khelline. Un autre auteur a entrepris d'étudier cet effet sur un groupe de 20 sujets non obèses, normolipémiques, sur deux semaines de placebo suivies par quatre semaines de Khella 50 mg 4×/j. Le même constat a été fait, cependant les résultats n'étaient pas exploitables statistiquement à cause des nombreuses sorties d'étude notamment pour effets indésirables. Cependant, cette utilisation est restée très marginale parmi les populations habituées à la plante.
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Usages traditionnels :
M. Rahal, auteur de "Herbe aux cure-dents Ammi visnaga." (In : Phytothérapie, 2021, vol. 19, no 4, p. 267) mentionne également un usage domestique :
Effet larvicide et insecticide : Depuis des années, la recherche sur des phytosanitaires alternatifs s'est accentuée, Ammi visnaga fait partie des plantes étudiées ; en effet, la toxicité de la khelline a été étudiée et jugée efficace contre les nymphes d'Oncopeltus fasciatus (un hémiptère répondu en Amérique du Nord et au Mexique) et les larves d'Aedes aegypti (moustique vecteur de la dengue, de l'infection à virus Zika et de la fièvre jaune). Également, un effet acaricide contre Tetranychus urticae (un acarien ravageur des cultures sous serres). Aussi, on a pu démontrer la toxicité de l'extrait de fruit d'Ammi visnaga sur les nymphes et les jeunes adultes de Schistocerca gregaria (le criquet pèlerin).
Symbolisme :
Sur le site Picture This (qui malheureusement ne cite pas ses sources, on trouve les informations suivantes :
Symbolisme et valeurs culturelles : Avec ses fleurs blanches et aériennes, l'Ammi élevé est un symbole de pureté, de protection et de bienveillance. Dans certaines cultures, il est considéré comme un gardien spirituel, utilisé pour éloigner les énergies négatives et apporter la paix. Son apparence délicate mais résiliente reflète sa capacité à offrir du soutien et à symboliser la pureté d'intention.
Utilisation dans les événements spéciaux : L'Ammi élevé est souvent choisi pour les mariages, les baptêmes et d'autres célébrations qui nécessitent une touche d'élégance et de raffinement. Ses fleurs blanches se marient parfaitement avec d'autres plantes et fleurs, créant des compositions florales harmonieuses et visuellement apaisantes. La plante ajoute une note de fraîcheur et de légèreté, attirant l'œil sans voler la vedette aux autres éléments floraux.
Pourquoi choisir l'Ammi élevé ? Ce qui rend l'Ammi élevé si spécial, c'est sa capacité à s'intégrer dans diverses esthétiques florales tout en apportant une signification profonde à la composition. La plante est également très prisée pour son aspect pratique: elle est durable et nécessite peu d'entretien, ce qui en fait un choix populaire pour les décorateurs et les fleuristes. De plus, en tant que symbole de protection et de bienveillance, elle ajoute une couche de signification personnelle et émotionnelle aux arrangements floraux.
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