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L'Hévéa




Étymologie :

  • CAOUTCHOUC, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1736 caoutchouc « résine coagulée de l'hévéa » (La Condamine, lettre à l'Acad. des Sciences citée par R. Loewe ds Z. vergl. Sprachforsch., t. 60, p. 163). Empr., de même que l'esp. caucho (1653 ds Cor.), à une lang. indigène du Pérou difficile à déterminer : ce ne peut être le quichua (Fried., s.v. caucho et G. Friederici ds Z. fr. Spr. Lit., t. 58, pp. 145-147), la forme autochtone dans cette lang. étant wékke (v. Cor., s.v. caucho). Le fr. est à l'orig. des autres lang. europ. (v. FEW t. 20, pp. 59-60 ; v. aussi König, pp. 52-53).

  • HÉVÉA, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1751 Hhévé (La Condamine, in Hist. de l'Acad. des sc., Mém., p. 319) ; 1802 hévéa (Faujas-St-Fond ds Ann. Mus. d'hist. nat., t. 1, p. 271). Mot quetchua hyeve « arbre à caoutchouc » ; la forme hévéa est la forme latinisée des botanistes du xviiie s. (cf. 1775, F. Aublet, Hist. des plantes de la Guiane Française, Paris, Didot, t. 2, p. 872).


Lire également les définitions des noms caoutchouc et hévéa afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Jacques Brosse dans La Magie des plantes (Éditions Hachette, 1979) consacre dans sa "Flore magique" un article au Caoutchouc :


En 1493, dans l'île de Haïti, qu'il nomma Hispanolia, « l'Espagnole », Christophe Colomb observa avec curiosité des indigènes jouant "avec un ballon qui rebondissait extrêmement bien". le caoutchouc, le nom est péruvien, était connu en Amérique de temps immémoriaux. La plus ancienne des civilisations précolombiennes, née dans la jungle tropicale su sud-est du Mexique, portait le nom d'olmèque, qui signifie en aztèque les « gens du pays du caoutchouc » . En 1527, dans son De orbe novo, Pierre Martyr, notre meilleur informateur sur les choses d'Amérique centrale, parle du suc de plante, qui, durci au feu, faisait des balles « qui bondissent dans les airs et font des sauts à peine croyables ».

Cependant, l'Europe n'apprit qu'au XVIIE siècle d'où provenait cette mystérieuse substance. En 1736, le mathématicien et astronome français La Condamine, qui dirigeait l'expédition envoyée en Amérique équatoriale afin d'y mesurer un degré du méridien, fit parvenir à l'Académie des sciences « quelques rouleaux d'une masse noirâtre et résineuse, connue (à Quito) sous le nom de caoutchouc... quand (cette résine) est fraîche, on lui donne avec des moules la forme qu'on veut ; elles est impénétrable à la pluie, mais ce qui la rend plus remarquable, c'est sa grande élasticité ». De retour en France, La Condamine publia en 1751 son Mémoire sur le caoutchouc. En 1786, un botaniste britannique réussit à sortir en fraude du Brésil des graines d'hévéa (de hefe, nom que donnent à l'arbre les Indiens) qu'il sema en Angleterre. Les plants furent transportés en Ide où l'hévéa détrôna le Ficus elastica, connu depuis plus d 'un siècle, mais dont le latex est moins abondant et de qualité inférieure. En compensation, les qualités ornementales du Ficus elastica lui ont valu de devenir une plante d'appartement des plus populaires. Hevea brasiliensis est un arbre dont la croissance est très rapide ; en dix ans, il dépasse 20 m de haut. « Il en découle par une seule incision une liqueur blanche comme du lait qui se durcit et noircit peu à peu à l'air. »

Le plus étonnant dans l'histoire, c'est que d'abord on ne sut pas bien quoi faire avec le caoutchouc, sinon des gommes à effacer que, vers 1780, les papetiers vendaient sous le nom de « peau de nègre », et qui étaient découpées dans les poires de caoutchouc importées du Brésil. Puis comme parvenaient en Angleterre les premières récoltes des plantations indiennes, d'ingénieux inventeurs se mirent à étudier ce produit sans pareil, afin de voir quel parti on en pourrait tirer. Ils réussirent au-delà de toute espérance et leurs découvertes se succédèrent à un rythme rapide. En 1823, le premier, l'Irlandais Mac Intosh imperméabilisa des tissus en les enduisant d'une couche de caoutchouc ; vers 1830, l'Anglais Hancock parvint à rendre plastique le matériau brut, et surtout, vers 1839, l'Américain Goodyear découvrit la vulcanisation, traitement au soufre qui donne au caoutchouc son élasticité et lui permet de résister aux variations de température. Alors, naquit une nouvelle industrie qui connut un énorme développement, après que le vétérinaire irlandais J.B. Dunlop eut fait breveter en 1888 le premier pneumatique à valve et qu'en 1892 le Français Michelin eut rendu le pneu démontable.

Le caoutchouc était devenu une des matières premières les plus demandées. Grâce à une main d’œuvre misérable, honteusement exploitée, on pilla jusqu'à l'épuisement les peuplements d'hévéas de la forêt amazonienne. Au Brésil, qui, en 1910, fournissait la moitié de la production mondiale, s'édifièrent d'énormes fortunes. A Manaus, la capitale du caoutchouc, on construisit en quelques années des palais de rêve, de somptueux monuments publics, un gigantesque opéra. Mais, en 1876, un planteur britannique renouvela l'opération qui avait eu lieu un siècle plus tôt ; cette fois, ce furent plusieurs dizaines de milliers de graines d'hévéa qui sortirent clandestinement du Brésil. Les plants nés de ce semis envoyés à Sri Lanka furent à l'origine de toutes les plantations du Sud-Est asiatique, qui assurent aujourd'hui 92% de la production de caoutchouc naturel. De la brusque flambée de prospérité amazonienne, il ne reste plus que des cendres.

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