L'Arénicole
- Anne
- 6 avr.
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Dernière mise à jour : 18 avr.
Étymologie :
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Subst. 1801 hist. nat. « genre de vers vivant dans le sable » (J.-B. Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, Paris, p. 324 : IVegenre. Arenicole. Arenicola. Corps cylindrique, annelé...). B.− Adj. 1838 hist. nat. (Ac. Compl. 1842). Dér. de arène*; suff. -cole*.
Autres noms : Arenicola marina - Arénicole des pêcheurs - Arénicole marine - Buzuc - Buzin - Chique - Lombric marin des pêcheurs - Sando - Sandon - Sandron - Ver de vase - Ver noir -
Zoologie :
Julien Joseph Virey, auteur d'une Histoire des mœurs et de l'instinct des animaux, etc. (Deterville Libraire, 1822) mentionne une particularité du comportement de l'arénicole :
Parmi les vers qui se cachent dans un fourreau , les uns exsudent seulement une humeur glutineuse qui incorpore tous les grains de sable et de gravier qu'elle touche ; c'est ainsi que l'arénicole se maçonne une frêle habitation de mille pièces unies par ce ciment.
A. De Quatrefages, nous livre ses Souvenirs d'un naturaliste (Vol. 1). (Librairie de Victor Masson, 1854) dans lesquels il nous raconte un combat dont l'Arénicole fait les frais :
C'était avec un vif sentiment de curiosité que, dans mes longues promenades, j'étudiais les mœurs de ces peuplades ennemies, que j'assistais à des escarmouches presque toujours terminées par un repas dont le vaincu faisait personnellement les frais. Souvent je m'amusais à les provoquer. Un jour, entre autres, j'avais jeté une grosse Arénicole (1) dans une mare de quelques pieds d'étendue. Une bande de petites Chevrettes, qui semblaient se prélasser dans leur belle eau de mer, s'éparpilla d'abord, effrayée par le bruit que fit en tombant ce corps étranger ; mais, au bout d'un instant, elles se rassurèrent, et tandis que l'Annélide cherchait à s'enfoncer dans le sable, une des plus jeunes, et par conséquent des plus téméraires, lasaisit par le milieu du corps. Enhardies par cet exemple, les autres ne tardèrent pas à l'imiter, et lapauvre Arénicole fut tiraillée en tout sens, jusqu'à ce qu'une grosse Chevrette, s'élançant comme un trait de derrière un groupe de Corallines, vint disperser ses compagnes plus faibles, et s'approprier le butin. Mais je vis bientôt qu'elle aurait à partager ; de tous côtés le sable s'agitait, et il en sortit une vingtaine de petits Turbo et Buccins qui , avertis du voisinage d'une proie, voulaient avoir part au festin . Sans hésiter, ils se dirigèrent en ligne droite vers l'Arénicole, dont le corps fut en un clin d'œil couvert de ces Mollusques voraces . Je croyais son sort définitivement fixé, quand un petit Crabe Mœnade sortit de dessous une pierre, vint chasser la Chevrette, et, se mettant à entraîner l'Annélide, en détacha presque tous les Turbo, qui se hâtèrent de rentrer dans le sable. Mais un gros Crabe Tourteau parut à son tour sur la scène, et le pauvre petit Mœnade dut se hâter de battre en retraite pour échapper à ses redoutables pinces. Toutefois il ne perdit pas de vue le mets friand dont il avait goûté, et mettant à profit un moment où le Tourteau, effrayé ou attiré par je ne sais quoi, s'était éloigné, il s'élança rapidement, saisit cette Arénicole tant disputée, et alla, pour plus de sûreté, la manger au sec, à quelque distance de la mare.
Note : 1) L'Arénicole des pêcheurs (Arenicola piscatorum) est une des Annélides les plus abondantes sur nos côtes, où elle est employée comme appât. C'est aussi une des plus curieuses par son organisation que M. Edwards a bien fait connaître. (Mémoire sur la circulation des Annélides).
[Arenicola piscatorum est l'ancien nom de l'arénicole marine].
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Usages traditionnels :
Selon Adrian Antelme, auteur d'une Histoire naturelle des insectes et des mollusques (Vol. 2). (Librairie Française et Étrangère, 1841) :
LES ARÉNICOLES. C'est ainsi que sont désignés par les naturalistes, ces vers que l'on voit constamment recherchés par les pêcheurs lors de la marée basse, le long des côtes sablonneuses et au moyen de pioches, pour s'en servir ensuite comme d'appât. Ces animaux, qu'un observateur peu attentif pourrait confondre avec les vers de terre, en sont éminemment distincts cependant par des branchies extérieures bien apparentes , qui règnent le long de leur dos, mais qui ne se prolongent pourtant, ni jusqu'à l'extrémité postérieure de leur corps, ni jusqu'à l'extrémité antérieure ; elles occupent la partie moyenne seulement. Des faisceaux de soies règnent aussi dans toute cette partie et se prolongent en avant; en arrière ils manquent entièrement.
L'unique espèce qui compose ce genre porte le nom d'arénicole des pécheurs, à cause de l'usage que ceux-ci en font pour leur pêche. On voit ces animaux, fort communs sur nos côtes , se creuser dans le sable du rivage des cavités cylindriques qu'ils habitent et qu'ils tapissent de fourreaux membraneux, ou venir exposer à la surface leur corps de couleur cendrée ou rougeâtre, orné de branchies disposées en rameaux d'un beau rouge, et de soies d'un brun doré éclatant.
Yves-Alain Fontaine, dans Les anguilles et les hommes. (Éditions Odile Jacob, 2001) raconte un souvenir d'enfance lié aux arénicoles :
J'ai aussi des souvenirs de pêche à la vermée : de gros vers, par exemple en mer les arénicoles, sont enfilés sur un fil dont on fait ensuite une pelote ; les anguilles qui s'y sont pris les dents sont rapidement arrachées de l'eau et jetées au fond du bateau ou d'un parapluie ouvert.
Maylis Penven, donne une Évaluation de l’efficacité des actions de sensibilisation des pêcheurs à pied de loisir en baie de Bourgneuf (Mémoire de M1, Université de Bretagne occidentale, 2021) dans lequel elle rappelle :
Une activité de pêche intense tend à diminuer la diversité écologique des vasières, notamment avec un appauvrissement des populations d’arénicoles (Boldina, 2013).
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Symbolisme :
Elisabetta Carpitelli, N. Vuletic, XA, Álvarez Pérez Xa, et al., auteurs de « Concordances lexicales dans la Haute-Tyrrhénienne : Aspects géolinguistiques et motivationnels de quelques zoonymes marins corses.» (Mari romanzi, mari del contatto : Lessico e paremiologia, 2016, pp. 41-71) mentionnent une particularité de l'arénicole qui motive une de ses appellations corses :
En revanche, sur les côtes de la Toscane nord-occidentale (Marina de Carrare et Avenza) et méridionale (Porto Santo Stefano), on retrouve tremulina pour l’Arenicola pescatorum ou « esca da fango » (Luciani, 2003). L’attestation trémulu, tremuéchju, tremuléghju « tremblement » (Falcucci, 1972 [1915]) pourrait induire à penser que l’image à laquelle nous renvoie cette famille de formes pour le ver marin est celle d’un animal dont le mouvement particulier dans le sable donne l’impression d’un tremblement : des vagues successives de contractions parcourent en effet son corps pour amener l’eau et le sable à sa bouche.
Dans Les 12 sagesses des animaux (Leduc.s Éditions, 2019) Yolaine de la Bigne nous transmet des messages de sagesse appris par l'observation des animaux :
Ainsi, elle commence par "4 sagesses pour se recentrer".
Première sagesse : Écouter son corps.
[...]
Respirer : Allez, on inspire un bon coup pour cette énième lapalissade : pour vivre il faut manger, boire et... respirer. On sait, répondent-ils le cou enfoncé dans les épaules, le souffle court et le stress en bandoulière ! Dans nos sociétés occidentales, nous ne savons plus respirer. Respirer profondément, calmement, reprendre son souffle en cas d'anxiété, vider ses poumons pour en chasser les soucis. Nous sommes les seuls animaux à mal gérer notre respiration, d'autres espèces ont même développé d'incroyables maîtrises de leur souffle pour mieux s'adapter. Comme les vers arénicoles qui vivent sur nos plages de Bretagne et dont on voit les petits monticules sur le sable. Quand la marée est basse, ils restent sur la plage des heures sans oxygène. Car leur hémoglobine est capable de séquestrer quarante fois plus d'oxygène que la nôtre. Pas besoin de telles performances, mais nous pouvons apprendre les bienfaits d'une bonne respiration : yoga, tai chi, méditation, chant, qu'importe la méthode.
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Symbolisme celte :
Daniel Le Bris et Elisabetta Carpitelli, auteurs d'un article intitulé « Concordances linguistiques entre aires celtique et romane à partir des données des atlas multilingues », (La Bretagne Linguistique, 18 | 2014, pp. 73-85) attirent notre attention sur une caractéristique peu évidente de l'arénicole :
En breton, les ichtyonymes leog, laog, [ˈle:ɔk]/ [ˈla:ɔk] « arénicole » (Le Berre, 2008) supposeraient eux aussi un radical leuk-/lauk- « lumière, brillance ». Rappelons en effet que l’arénicole peut laisser sur la peau une sécrétion fluorescente quand on le manipule. Les formes celtiques armoricaines sont elles-mêmes apparentées aux appellations de ce ver marin en irlandais lugach (Mac an Iomaire, 2000), en gaélique d’Écosse lugas (Wentworth, 2003), en anglais dialectal de Cornouailles, lug, loog [lu:ɡ] (Morton Nance, 1963). Précisons enfin que l’équivalent anglais lug est généralement présenté comme un emprunt au celtique.
=> le lien entre l'arénicole et la lumière ouvre des perspectives inattendues concernant le symbolisme de ce modeste ver de vase. (Anne)
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Symbolisme astrologique :
Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :
Les Vers correspondent au signe du Taureau. Le Taureau est un signe de Terre, Fixe. Un Taureau cherche généralement à se sentir bien où il est, à profiter des biens matériels à sa portée. Il y a chez lui une forte sensualité tournée vers la paix et la douceur de vivre. Son sens pratique, sa décontraction et sa patience lui permettent d’occuper le terrain de ses désirs afin qu’ils deviennent réalité. Traditionnellement, le Taureau sait manipuler la matière afin qu’elle devienne sa richesse et sa joie. Il est terre-à-terre et obstiné, possessif, matérialiste. Une fois ses besoins personnels satisfaits, il rumine paisiblement ses acquis. Il ne regarde pas plus loin, et rien ne le fait changer de cap. Mais si l’on vient à lui retirer ce dont il jouit, il laisse exploser une colère indomptable et ravageuse.
Dans le monde animal, les Vers sont les meilleurs candidats pour transcrire fidèlement le symbolisme du signe du Taureau :
Apparus au tout début de l’Ère Primaire, les Vers font partie des premiers animaux encore existants à s’être détachés du règne végétal. Après les Éponges et les Cnidaires, ils ont inauguré un nouveau type d’organisation anatomique d’une grande simplicité. Celui-ci a été repris par toutes les espèces animales apparues après eux: La symétrie bilatérale. Composé de deux parties symétriques, le Ver présente un corps flexible, long, reliant la bouche et la queue. Comme un tube digestif qui aurait acquis la capacité de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d’attendre qu’elle passe à portée.
On retrouve bien là les caractéristiques classiques du signe du Taureau, axées sur l’importance de la matière, du sol, de la fertilité, et aux valeurs nourricières.
Les Vers, des êtres essentiels : Le Ver est donc un modèle redoutablement efficace. Sa morphologie basique lui a permis de coloniser tous les environnements terrestres et aquatiques. Charles Darwin a été le premier à réhabiliter le Ver de terre. Il a découvert son rôle essentiel dans l’enrichissement, l’entretien et la conservation des sols, structure de base de la vie. Le Ver est ainsi le véritable propriétaire de la terre. Le mode de vie du Ver est un tel succès que bon nombre d’animaux plus évolués sont revenus par la suite à la simplicité de son anatomie : La Limace, les Serpents, la Cécilie…
Parmi les Vers il existe cependant une grande variété de formes et de stratégies évolutives :
Si le Ver de Terre est le modèle typique du genre, le Némerte s’en distingue par sa capacité de propulsion. La Néréide, qui ressemble au Mille-pattes donne au Ver une plus grande agilité, tout comme le Ver de Feu qui est quant à lui beaucoup plus flamboyant. Le Cestode a trouvé le moyen de se faire protéger par un hôte, et la Sangsue s’infiltre discrètement chez son amphitryon. Autre variante, l’Arénicole fabrique elle-même sa protection. L’Eunice a développé l’envergure d’être un prédateur redoutable, tandis que l’Hermelle, le Tubifex et le Riftia ont choisi la vie en communauté, dans des milieux divers, pour faire bloc face à l’adversité.
L’Arénicole ou le remède : L’Arénicole est un Animal Astral Ver. Elle cherche tout simplement à se sentir bien où elle est, à profiter des biens matériels à sa portée. Sa volonté est tournée vers la paix, la joie et la douceur de vivre. Son bonheur est facilement atteint car il est fait de choses qu’elle trouve tout simplement dans son environnement. Son sens pratique, sa décontraction et sa patience à toute épreuve lui permettent d’occuper massivement le terrain de ses désirs afin qu’ils deviennent réalité. L’important pour elle est de s’implanter dans un espace de consommation personnelle. Une fois qu’elle a trouvé la bonne orientation à prendre, rien ni personne ne peut plus le faire changer de voie. L’Arénicole reste toute sa vie sur le sillon des décisions essentielles prises dans sa jeunesse. Elle a horreur du changement, et ne prête aucune attention à l’agitation extérieure tant que ses besoins vitaux sont satisfaits.
Sans cesse sur les nerfs, l’Arénicole a un grand besoin de réflexion, de critique, et de sélection afin d’adopter la meilleure réponse face à une situation donnée. Son goût pour la perfection lui procure mille angoisses tant qu’elle n’a pas atteint cette optimisation des choses qui l’obsède. Terrée dans l’ombre et recroquevillée sur des questions matérielles, elle peut lâcher prise et bondir en cas de danger ou de surmenage. Cette sensibilité qui freine les sentiments est sans doute assez difficile à vivre au quotidien. Car il lui faut un milieu très particulier pour se sentir bien, comme une plante qui ne supporte pas tous les types de sols. Elle est toutefois fort utile dans un cadre professionnel et pratique. Son exigence lui permet alors d’aller plus loin, même si c’est au détriment de l’instinct et de la spontanéité.
Les particularités de l’arénicole : Très simple et terre à terre, l’Arénicole cherche à posséder et consommer ce qu’il y a de plus rationnel. Elle a du mal à profiter des choses de la vie si elle n’a pas le sentiment qu’elles sont concrètement utiles, et bien efficaces. Elle passe donc au crible de l’analyse tout ce qu’elle touche. Pour savoir si ce qu’elle a entre les mains est bon ou mauvais. De là sa tendance à consommer ce qui la rend plus apte, ce qui la soigne, ce qui la rend meilleure. Elle a une connaissance instinctive de ce qui est bon pour son corps et pour son mental. L’Arénicole parvient à dénicher les alicaments qui la gardent en meilleure forme.
Cette personnalité humble et précieuse abandonne l’ostentation du Ver de Feu (le signe précédent). Elle ne garde que ce qui est bon pour la santé physique et morale. L’Arénicole devrait donc mépriser les objets de luxe, abandonner tout ce qui est superflu. Elle préfère simplifier son mode de vie pour ne retenir que les gestes qui sauvent.
Utilisant son propre corps comme cobaye, et voyant avec le temps les effets positifs de son régime, l’Arénicole aura le réflexe de dire autour d’elle : « Si moi ça marche, pourquoi pas vous ? » L’Arénicole est vraiment capable de changer les choses. Elle fait mieux avec moins. En devenant elle-même meilleur, elle ouvre la voie aux autres qui sont tentés de suivre sa recette. Remède, régime, vitamine, drogue? Elle sera prescriptrice d’interdits alimentaires, et d’observance stricte d’un régime bien particulier.
L’Arénicole est-elle pour autant universelle ? La vérité est qu’elle ne tolère pas tous les milieux et ne prospère pas partout. Mais en parvenant à trouver son bonheur dans un environnement pauvre et austère, elle force le respect. Elle remporte l’adhésion du plus grand nombre. Sa vie simple, ordonnée, rythmée par les activités quotidiennes et fortement cyclique, rassurera ses observateurs. Car ils auront, à juste titre, le sentiment qu’il n’y a rien d’imprévisible chez elle.
Les pouvoirs de l’Arénicole : Humble, discrète et réservée, l’Arénicole est pour autant une valeur sûre. Un sens de l’organisation très pratique et pragmatique, ainsi qu’un esprit ferme et concentré l’aide à creuser son sillon dans la vie. Sa psychologie tournée vers l’efficacité et le rendement fait de lui un bon spécialiste. Il a le pouvoir de réaliser un véritable miracle tangible avec pour seule devise : « Moins, mais mieux ».
Le natif de l’Arénicole aura tout intérêt à s’orienter vers des valeurs qui exaltent son gout pour l’optimisation, l’économie, la catégorisation. Avançant pas à pas, l’Arénicole pourra parvenir au succès par la seule force de son travail et de sa méthode. Il saura rendre service dans des activités de diététicien, de médecin, où il aura forcément essayé sur lui ce qu’il conseille. Quel que soit le domaine qu’il choisira, il y apportera un progrès et une rationalisation sur laquelle pourront s’appuyer ses collègues et ses successeurs.
Ex : Mahomet, Jack Nicholson, Michelle Pfeiffer, Linda Evangelista [Soleil Taureau - Lune Vierge]
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