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La Résine


Étymologie :


  • RÉSINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1210 pois resine (Dolopathos, 192 ds T.-L.) ; b) [ca 1225 rysyn « matière inflammable qui découle naturellement ou par incision de certains arbres » (G. Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, 14)] ; ca 1250 rasinne (doc. ds Fagniez t. 1, p. 209) ; c) 1850 minér. résines fossiles (Dorvault, L'Officine, p. 489 ds Quem. DDL t. 21) ; 2. 1932 résines artificielles (Lar. 20e). Empr. au lat. resina. L'expr. poix-résine est encore très vivante dans les pat. (FEW t. 10, pp. 299a-300a).


Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.

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Usages traditionnels :


Selon Armand Viré, auteur d'un article intitulé "La résine des Causses à l'époque gallo-romaine. Tombeau, habitations et four gallo-romains à Montpellier-le-Vieux commune de la Roque-Sainte-Marguerite (Aveyron)". (In : Revue des Études Anciennes. Tome 45, 1943, n°3-4. pp. 241- 252) :


Qu'il nous suffise de dire que les emplacements ainsi repérés ne sont autres que les sites d'usines gallo-romaines où était traité le bois de pin pour en extraire la résine ou la poix. Le bois y était distillé dans de grandes urnes en terre d'environ un mètre de hauteur, et ce sont les débris de celles-ci, façonnées à l'antique mode gauloise, que nous trouvons dans ces ateliers. L'existence de la poterie de Millau qui leur est associée les localise aux ier et ne siècles de notre ère.

M. Balsan et ses collaborateurs ont jusqu'ici reconnu la présence d'une quarantaine d'usines réparties sur les Causses de Sauveterre, Méean et Noir, ce qui suppose sur nos Causses aujourd'hui déboisés, arides et en grande partie déserts, l'existence de grandes forêts de pins, en même temps que d'une nombreuse population occupée tant à la production de la résine qu'au traitement de ses sous-produits.

Les débouchés de la résine étaient, en effet, nombreux et variés et donnaient lieu à nombre d'industries de transformation, dont quelques-unes sans doute s'exerçaient dans la forêt même. Un des principaux usages de la résine était la fabrication des chandelles pour l'éclairage domestique, usage qui a persisté à travers tout le Moyen-Age et les temps modernes, jusqu'au début du XXe siècle. Dans telles de nos fermes des Causses, en effet, la chandelle de résine fut employée jusqu'à l'établissement de l'éclairage électrique, sans connaître la transition qui se produisit ailleurs par l'intermédiaire du calel à l'huile de noix, de la chandelle de suif, du pétrole ou des divers gaz.

Les Grecs et les Romains se servaient, pour la conservation et le transport du vin, de grandes amphores en terre cuite. Les parois internes étaient enduites de résine, ce qui donnait au vin un fumet spécial qui était alors très apprécié des connaisseurs. Plutarque déclare que le vin ainsi traité est plus corsé et paraît plus vieux qu'il n'est en réalité. Tous les goûts sont dans la nature et n'oublions pas que les grands gourmets romains savouraient — ô hérésie ! — les truffes marinées dans une saumure à base de vinaigre et de nitre.

Nos Gallo-Romains suivirent en cela l'exemple de leurs maîtres et les fouilles de l'abbé Cérès ont fait trouver à Rodez même, sous la chapelle du couvent de la Providence, des amphores dont les parois étaient encore garnies d'un résidu de poix desséchée.

On sait que ce sont les Gaulois qui inventèrent les tonneaux de bois. Ceux-ci ne tardèrent pas à se substituer aux antiques vaisseaux de terre. Ils furent, comme les amphores, badigeonnés de résine à l'intérieur, d'où une grande consommation de cette matière.

La navigation fournissait aussi à la résine des débouchés importants ; on -en calfatait la coque des bateaux et l'on en imprégnait les voiles.

L'art de la guerre lui donnait une place de choix : pendant les sièges, on lançait sur les ouvrages ennemis des fascines et des étoupes garnies de poix enflammée, et l'on sait, d'après César, que, dans nos Causses mêmes, lors du siège d'Uxellodunum par ce capitaine, les assiégés employèrent avec succès ce procédé pour incendier les tours de bois élevées par les Romains aux approches de la source où se ravitaillaient les Gaulois.

Il n'est pas jusqu'aux élégants qui ne s'en servissent pour leur toilette, sous forme d'emplâtres à épiler.

Réduite en noir de fumée, la résine entrait dans la composition de baumes pour teindre en noir le rebord des paupières et donner ainsi plus de vivacité à l'œil.

Avec la même matière, on composait des peintures, ainsi qu'une encre analogue à notre encre de Chine.

Signalons en passant, sans y insister, les innombrables produits de la pharmacopée antique, dont la résine formait la base, et dont un grand nombre est encore en usage de nos jours.

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Symbolisme :


Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, auteurs du Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982),


"On attribue parfois vulgairement à la résine le pouvoir agglutinant de la poix.

Mais parce qu'elle est incorruptible, qu'elle brûle et qu'elle est le plus souvent tirée d'arbres à feuilles persistantes comme les conifères, la résine est symbole de pureté et d'immortalité. Les arbres qui la produisent ont parfois été pris comme symboles du Christ. En Chine - c'est en particulier le cas de celles qu'on tire du cyprès ou du tamaris - les résines sont parfois utilisées comme drogues d'immortalité, et permettent d'obtenir la légèreté du corps (cyprès). Notons que l'encens est préparé à l'aide de résines. Tout comme le Copal des Maya-Quitché."

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