Anne
Symbolisme de l'épine
Étymologie :
ÉPINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. Fin du xe s. « arbuste aux branches garnies de piquants » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 247 : espines) ; 2. ca 1260 « piquant » (Vers de la mort, 28, 2 ds T.-L.) ; 3. xive s. « espèce de poisson, plectognathe » (G. de Bibbesworth, Traité sur la langue fr., éd. A. Owen, p. 96, addition du ms. B) ; 4. 1314 anat. « épine dorsale » (Mondeville, Chirurgie, 416 ds T.-L.) ; 5. av. 1475 au fig. « difficulté » (G. Chastellain, Chron., 1. 6, chap. 93 ds Œuvres, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 41) ; 6. 1571 bot. poire d'espine (Belleforest, Secrets de la vraye agriculture, Paris, p. 111) ; 1654 espine rose (Jardinier françois ds Roll. Flore t. 5, p. 43) ; 7. 1660 « piquant de certains animaux » (Oudin Fr.-Esp. : espine ou tuyau de porc espic). Du lat. spina « épine, arbuste ou plante épineuse; piquant d'animaux, épine dorsale »; fig. « difficultés ».
Lire aussi la définition du nom pour amorcer la réflexion symbolique.
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Expressions populaires :
Claude Duneton, dans son best-seller La Puce à l'oreille (Éditions Balland, 2001) nous éclaire sur le sens d'expressions populaires bien connues :
Tirer une épine du pied : Tirer une épine du pied à quelqu'un, c'est le soulager d'un souci important par une intervention souvent discrète mais dont les conséquence sont décisives. On dit aussi, par amplification : une grande, une belle, ou une fameuse épine.
Bien sûr l'image est fondée sur la douloureuse réalité physique du pied où s 'est logée une épine - réalité bien éloignée de nos vies quotidiennes de citadins et d'automobilistes… Les gens ont oublié les épines, et le tracas de les enlever, parfois en des endroits mal accessibles : sous la plante, ou au pli d'un orteil ; la nécessité de faire appel à son voisin pour l'ôter au plus vite, parce qu'on ne peut plus marcher, et par crainte que l'épine s'enfonce et provoque un abcès n'est lus qu'un lointain souvenir.
Comme on peut s'y attendre, la valeur métaphorique de l'incident est vielle comme les haies. Au milieu du XVe siècle, on l'emploie déjà au sens de situation pénible, voire de réel danger : « Et qui avoit bouté l'espine au pied de son enfant, maintenant ne l'en sçavoit tirer dehors ne lui procurer garison. » (Chastelain).
A la fin du siècle suivant, le capitaine Bras-de-Fer, compagnon d'Henri IV, file une métaphore qui a pris une belle ampleur dans l'abstraction : « Que ladite vile n'estoit pas seulement une petite espine dans le pied de la France, ains [mais] plustost une trop grosse sagette [flèche] qui lui perçoit les entrailles. » (La Noue, 1587).
La locution proprement dite apparaît au début du XVIIe siècle, dans un sens qui a fort peu évolué depuis lors, sinon pour s'adoucir quelque peu : « Il m'a tiré une mauvaise épine du pied, il m'a délivré d'une fâcheuse affaire, ou d'un grand danger. » (Oudin, 1640).
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Symbolisme :
"D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"L'épine évoque l'idée d'obstacle, de difficultés, de défense extérieure, et en conséquence un abord revêche et désagréable. L'épine est la défense naturelle de la plante, ce qui ne peut manquer de rappeler le tôle de la corne chez l'animal. On remarque qu'en topologie, le nom d'épine est souvent donné aux pierres levées, qui comportent un symbolisme axial et solaire. Guénon a noté à ce sujet que la couronne d'épines du Christ (épines d'acacia, dit-on) peut n'être pas sans rapport avec la couronne à rayons, les épines s'identifiant, par un renversement du symbole, aux rayons lumineux qui émanent du corps du Rédempteur. Il est de fait que le Christ couronné d'épines est parfois représenté sous un aspect rayonnant.
La couronne d'épines du Christ lors de sa passion, suivant une autre interprétation, célèbre le mariage du ciel et de la terre vierge, elle est anneau de mariage entre le Verbe - Fils de l'Homme - et la Terre, vierge pouvant toujours être fécondée.
En Chine, les flèches, épines volantes, étaient des armes servant à expulser des influences pernicieuses, instruments d'exorcisme de l'espace central.
Dans les traditions sémitiques et chrétiennes, l'épine évoque aussi la terre sauvage non cultivée, d'où l'expression terre des épines pour la désigner. L'épine représentant la terre vierge non labourée, la couronne d'épines - remplacée par la couronne d'oranger, lors des mariages - signifie la virginité de la femme, comme celle du sol."
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Une jeune fille dont la jupe accouche et entraîne une épine ne se mariera pas dans l'année. En Allemagne, celle qui trouve une épine dans un de ses vêtements se mariera avec un veuf.
Quand on se pique à une épine, pour passer une bonne semaine, il faut sucer la goutte de sang, faire un signe de croix et dire : "C'est pour vous Jésus."
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