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Le Camphrier

Dernière mise à jour : 28 août



Étymologie :


  • CAMPHRIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1751 bot. (Encyclop. t. 2). Dér. de camphre*; suff. -ier*.


  • CAMPHRE, subst. masc.

Étymol. et Hist. xiiie s. camphre « substance extraite du camphrier » (Livre des simples médecines, n°189 d'apr. R. Arveiller ds Romania, t. 94, p. 166) ; 1256 canfre (Aldebrandin de Sienne, Le Régime du corps, ms. A, p. 60, ibid.). Empr. au lat. médiév. camphora « id. », attesté dep. le ixe s. (sous la forme cafora, Antidotarium Sangallense ds Mittellat. W. s.v. camphora, 131, 56 ; cf. xiie s. camphora, I. Platearius, original de la trad. fr. citée supra, ibid., 43), issu, avec nasalisation et déplacement de l'accent sur la 1re syll., de l'ar. ḳāfūr « id. », lui-même d'orig. skr. (v. FEW t. 19, pp. 77-78 et Lok., n°1100).


Lire aussi les définitions du camphre et du camphrier pour amorcer la réflexion symbolique.

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Botanique :

Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle, en proposant quelquefois une courte description botanique :


Le laurier-camphrier est originaire des contrées montueuses de l'extrême Orient ; il a le port du tilleul, l'écorce du tronc raboteuse et grisâtre ; les feuilles ovales, longues, alternes, d'un beau vert luisant ; les fleurs blanches, petites, en panicules ; les fruits pourpres, noirâtres, à une seule graine, de la grosseur du pois chiche. On trouve le camphre dans un grand nombre de plantes, mais c'est principalement du laurier-camphrier qu'on le retire avec avantage.

C'est au Japon surtout que l'on en fait l'extraction ; pour cela, on coupe le bois de ce laurier en petits morceaux qu'on introduit avec de l'eau dans de grandes chaudières en fer, sur lesquelles on place un chapiteau en terre, garni dans son intérieur de cordes en paille de riz ; on porte à l'ébullition, et le camphre, entraîné par la vapeur d'eau, se sublime et s'attache aux cordes sous forme de grenailles de couleur grise. Lorsque l'opération est terminée, on enlève le chapiteau, et l'on détache le camphre, que l'on met ensuite dans des tonneaux.

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Vertus médicinales :


A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Camphre. Camphora.


VERTUS : C'est un très bon discussif du sang, antiseptique, antihystérique et céphalique ; on fait l'huile camphrée en mettant un dixième de son poids dans celui d'huile d'olive ou d'arachide, ou de toute autre huile et vaseline aussi. L'alcool camphré, un dixième, eau-de-vie quinze grammes, pour un demi-litre d'eau-de-vie ; pommade camphrée, graisse de porc 100 grammes, camphre 25 grammes, on peut ajouter un peu de cire si l'on veut, on tout cas mettre le quart de camphre et si la composition était trop épaisse on pourrait y ajouter un peu de vaseline. Pour faire la poudre de camphre, il faut verser quelques gouttes d'éther dessus, puis piler vivement et passer au tamis.

Un morceau de camphre gros comme un haricot, avalé au soir, procure un sommeil paisible et des songes riants ; l'huile camphrée, dont on a imbibé un linge et appliquée sur un panaris, une tourniole, dès le début, en arrête les conséquences ; pris ou mis dans un tube, tuyau de plume par exemple, puis en respirer l'odeur, préserve de l'épidémie, du rhume ; répandu sur les vêtements, il est aussi bon contre la contagion ; il est à remarquer que ses qualités ont été beaucoup exagérées, quoiqu'il soit, néanmoins, très salutaire.




Symbolisme :


D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) établi par Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,


"Le camphre est, dans la terminologie hindoue, la désignation du blanc pur : Shiva est blanc comme le camphre. Le pouvoir de sublimation du produit ajoute à cette notion celle de subtilité : un corps très noble, ayant la blancheur et la subtilité du camphre, lit-on dans le Risâlat d'Ibn al-Walîd."

 

Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Camphrier (Cinnamomum camphora) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Pouvoirs : Chasteté ; Divination ; Rites funéraires.


Arbre sacré d'Extrême-Orient, le Camphrier du Japon n'est cité ici que pour mémoire : le produit qu'il a donné pendant tant de siècles n'existe plus, en tout cas dans les circuits commerciaux normaux. Ce que l'on appelait Camphre droit (Camphre commun ou officinal) venait de son bois et de son écorce. C'est à cinquante ans qu'un camphrier commence à produire ! Les arbres, entre quatre-vingts et cent vingt ans, étaient débités en bûchettes que l'on distillait avec de l'eau dans des alambics. Seule l'eau de certaines rivières convenait à cet usage. Le chapiteau de l'alambic était doublé de paille de riz sur laquelle les cristaux de Camphre se condensaient. Un arbre fournissait moins de 3 p. 100 de son poids. Tous les « camphres » vendus aujourd'hui sont des produits de synthèse, intéressants et utiles sans doute pour les usages auxquels on les destine, mais sans valeur en magie.


Utilisation rituelle : Le Camphre est cité dans la Bible. Il était importé en Judée par des Phéniciens ou des Arabes qui allaient le chercher en Extrême-Orient. Il entrait dans la composition d'huiles saintes.

Il faut citer aussi un arbre de l'archipel indonésien : le Driobalanops aromatica. Lorsque son tronc atteignait un âge avancé (200 à 300 ans), il se creusait de fissures qui laissaient suinter une huile camphrée dont la solidification donnait le Camphre de Bornéo ou bornéol. Cette substance, différente du Camphre commun, fut peu connue en Europe, mais très employée localement où elle se vendait fort cher. Cette variété était accaparée en grande partie par les rajahs de Bornéo et de Sumatra pour embaumer les corps des membres de leur famille.

Au Japon, le Camphre droit entrait dans de nombreux rites religieux et funéraires shintoïstes. On en parfumait les monastères.


Utilisation magique : Le bois, l'écorce de camphrier, et non l'essence qui en est extraite, apaisent les appétits charnels. Les ascètes, les moines, combattent les périodes de forte tentation en dormant sur des litières bourrées avec des copeaux de cet arbre. Les épouses qui ont à se plaindre de trop fréquentes sollicitations maritales cachent une bûchette dans le lit conjugal. Un texte médiéval japonais, le Dozzi-kyau, ou « Recueil de morale pour l'enseignement de la jeunesse », cite la femme d'un shogun (seigneur féodal) qui avait fait fabriquer pour son époux une armure en bois de camphrier, afin qu'il n'aille pas visiter les courtisanes.

L'écorce, séchée et pilée, était quelquefois ajoutée aux encens divinatoires.

Chez les Hébreux, les Assyriens, les Perses, le Camphre cristallisé semble avoir été surtout associé à la magie des morts. Nous possédons très peu de renseignements sur son emploi exact.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Le camphrier ou "laurier du Japon" est un arbuste sacré en Extrême-Orient, dont le bois distillé donne du camphre, substance aromatique, blanche, transparente - en Inde, le camphre désigne le blanc pur : Shiva est "blanc comme le camphre" -, et d'une forte odeur. Au Japon, le camphre est utilisé dans de nombreux rites religieux et funéraires shintoïstes, et on en parfumait les monastères.

Le bois et l'écorce du camphrier "apaisent les appétits charnels" : pour ne pas céder aux tentations, les ascètes et les moines dormaient sur des litières "bourrées avec des copeaux de cet arbre". On dit aussi que "les épouses qui ont à se plaindre de trop fréquentes sollicitations maritales cachent une bûchette dans le lit conjugal. Un texte médiéval japonais, le Do-zi-kyau, ou Recueil de morale pour l'enseignement de la jeunesse, cite la femme d'un shogun (seigneur féodal) qui avait fait fabriquer pour son époux une armure en bois de capmhrier, afin qu'il n'aille pas "visiter les courtisanes".

Le camphre est cité dans la Bible : il entrait dans la composition d'huiles saintes. Signalons également que les Hébreux, les Assyriens et les Perses ont, semble-t-il, associé le camphre cristallisé à la magie des morts.

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Eric Pier Sperandio auteur du Grimoire des herbes et potions magiques, Rituels, incantations et invocations, (Editions Québec-Livres, 2013), présente ainsi le Camphre (Cinnamomum camphora) :


"C'est un laurier d'Asie orientale et d'Océanie ; on en extrait la résine de ses feuilles et on dissout les cristaux de celle-ci dans l'huile d'olive ou une huile semblable.


Propriétés médicinales : C'est un antiseptique reconnu et un stimulant des voies respiratoires. Pour soulage les infections pulmonaires, on frotte la poitrine du patient avec cette huile afin de soulager les symptômes de la bronchite et de toute autre infection de ce type. Si on le masse directement, il sert aussi à traiter les engelures aux mains et aux pieds.


Genre : Féminin.


Déités : Hécate - Junon.


Propriétés magiques : Chasteté- Santé - Divination.


Applications :

SORTILÈGES ET SUPERSTITIONS

  • il est recommandé de respirer les effluves d'un morceau de camphre pour chasser les pensées libidineuses et garantir la chasteté ; placer un morceau de camphre près du lit assure aussi une nuit chaste.

  • Pour stimuler la divination, ainsi que les rêves prophétiques, ajourez un peu de camphre à votre ménage d'encens.

  • Sous forme d'encens, justement, le camphre aide à purifier la maison de toute influence négative et à laisser un sentiment de paix et de sérénité propice à l'harmonie.

  • Un carré de camphre dans un sachet, porté au cou, est censé prévenir les rhumes et les grippes.

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Mythes et légendes :


Dans L'Echo des savanes d'avril-mai 2017, on peut lire un article sur une gare du Japon qui concerne le camphrier :


"l'Arbre au milieu de la gare

A Kayashima, une petite ville dans la banlieue nord-est d'Osaka, au Japon, ils ont construit la gare autour d'un arbre vieux de plus de 700 ans. Une étrange gare qui ne ressemble à aucune autre. Au centre du bâtiment, on peut voir l'arbre géant qui sort d'un trou rectangulaire dans le toit et surplombe les rails et les quais. L'arbre est un camphrier. Lorsque la première gare de Kayashima a été inaugurée en 1910, le camphrier s'élevait juste à côté du bâtiment. Pendant soixante ans, l'arbre sept fois centenaire et admiré de tous, n'a dérangé personne et offrait une ombre agréable aux passagers qui attendaient sur le quai. Jusqu'en 1972, où des plans pour une nouvelle gare ont été élaborés pour répondre à l'augmentation du trafic et du nombre des passagers. Des plans prévoyaient d'abattre le fameux végétal, devenu avec le temps objet de vénération. Les habitants ont protesté et manifesté. Certains ont invoqué les superstitions et légendes locales, rappelé que le pauvre jardinier qui avait un jour coupé une branche avait contracté une forte fièvre, raconté qu'un jour un serpent blanc s'était mystérieusement enroulé autour du tronc, que de la fumée avait été vue s'échapper des hautes branches... et promis les pires malheurs si jamais l'arbre venait à être abattu. Les autorités ont cédé. Et c'est ainsi qu'un très vieil et très bel arbre se retrouve au milieu d'une gare au Japon."

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