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  • Photo du rédacteurAnne

La Pierre volcanique


Symbolisme :


D'après Annie Pazzogna, auteure de Totem, animaux, arbres et pierres, mes frères, Enseignement des Indiens de Plaines, (Le Mercure Dauphinois, 2008, 2012 et 2015), elles ont une valeur symbolique en raison de leur utilisation en tant que :


Pierres brûlantes

Il arrive que Tunkasila montre son pouvoir et danse, étincelles bleues sur les pierres brûlantes Tunkan de la Hutte à Sudation, illuminant alors chacun. L'homme-médecine sait en user dans un but thérapeutique.

Les pierres se brisent, parlent, et dans l'incandescence de leurs visages donnent des messages pour celui ou celle qui les distingue, dans l'humidité et l'arôme de la fumée de sauge.

Les pierres de la Hutte à Sudation doivent être choisies avec soin et peuvent être réutilisées jusqu'à ce qu'elles aient exprimé toute leur énergie. Ainsi seront écartées les pierres gélives, en lamelles, les silex. Le grès, les pierres volcaniques lourdes ou sédimentaires sont recommandées.

Si les pierres qui vont nous réchauffer contiennent l'Esprit de l'Univers, elles sont aussi "nos Grands-Parents" puisqu'elles sont constituées des os pétrifiés des animaux, des végétaux et même des humains.

Dans l'obscurité humide de la Hutte à Sudation, les êtres ne forment qu'une nation. Dans ce noir utérin, tous découvriront le cheminement intérieur de leur âme. "Ici sont laissées les cendres des jours anciens."

... " La braise s'amenuise et son reflet rougeoie sur la neige éparse, étrillée par un blizzard glacé. Dans sa bulle moite, la notion du temps et de l'espace effacée, l'homme est en connexion avec la nature tout entière et ses êtres visibles ou invisibles, mobiles ou immobiles.

Un chien gémit au Sud, au centre même de l'étang gelé. Le servant du feu apporta délicatement la dernière pierre qui vint couvrir le tas chuintant. Elle avait la forme d'un gros cœur et frissonnait. A sa pointe, le nez d'un petit animal se mit à expirer et deux escarboucles à luire... C'était un chien. Il reconnut soudain Perdido son compagnon d'enfance. Perdido, oublié volontairement par ses parents à un carrefour de leur destin. IL apprit bien tard qu'un voisin l'avait abattu d'un fusil excédé. Ce souvenir enfoui dévasta sa mémoire. Hypnotisé, il sentit la pierre se frayer un passage jusqu'à son propre cœur pour y déposer à voix haute les mots que l'archétype humain prononça, abandonné à son terrible destin : "Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font !"

En travers de sa gorge un os fut extirpé ; elle s'ouvrit et il put enfin respirer. L'onde étancha l'altération des pierres qui chuchotèrent, murmurèrent pour clignoter et s'éteindre sans agonie. Il devint Inyan, Maka la Terre transpirant pour créer les conditions nécessaires à toute vie. Pour ce don qui venait de lui être octroyé, sa reconnaissance s'exprima par une vague de larmes régénératrices.

Liquéfié, nouveau-né", il sortit de la Hutte à Sudation le cœur apaisé, une conscience nouvelle affûtée. "Mitakuye Oyasin" vint tout naturellement à ses lèvres. Ils étain vraiment tous alliés : les pierres, les végétaux, les bêtes et les humains qui ne faisaient qu'une grande famille vivant en symbiose.


Récapitulatif :

Pierre de la Hutte à Sudation : grès, pierres volcaniques, sédimentaires...

  • nous aident à abandonner les "cendres des jours anciens" ;

  • os de nos grands-parents."

*




Littérature :


Dans Debout les morts (Éditions Viviane Hamy, 1995 ; Éditions J'ai lu, 2000), roman policier atypique dans lequel Fred Vargas met en scène pour la première fois les "évangélistes", la pierre volcanique devient le moyen d'identification de la victime :


L'incendie ne fut éteint qu'à trois heures du matin. Au milieu des décombres, trois voitures en cendres, et dans l'une d'elles, un corps carbonisé. Leguennec apprit l'accident à sept heures, en se rasant. Il vint trouver Pierre Relivaux à son bureau à quinze heures. Relivaux reconnut avec certitude une petite pierre de basalte que lui montra Leguennec. Un fétiche volcanique dont Sophia Siméonidis ne se séparait jamais et qui s'usait dans son sac ou dans sa poche depuis vingt-huit ans. [...]

L'inspecteur Leguennec balançait au bout de ses doigts le sachet contenant la pierre noire, et Alexandra suivait des yeux ce petit mouvement exaspérant.

- Et ensuite, demanda-t-elle ?

- A l'emplacement des pieds, on a trouvé deux concrétions d'or fondu, laissant penser à des anneaux, ou à une chaîne. Donc quelqu'un d'assez aisé pour pouvoir au moins posséder quelques bijoux en or. Enfin, sur ce qui reste du siège avant droit, une petite pierre noire qui avait résisté au feu, un petit galet de basalte, seul vestige sans doute du contenu d'un sac à main posé sur le siège à droite de la conductrice. Rien d'autre. Les clefs auraient dû résister aussi. Mais, curieusement, pas trace de clefs. J'ai placé tous mes espoirs sur cette pierre. Vous me comprenez ? Mes trois autres personnes disparues étaient des hommes de grande taille. Ma première visite a donc été pour Pierre Relivaux. Je lui ai demandé si sa femme emportait ses clefs quand elle partait, comme tout le monde. Eh bien non. Sophia cachait ses clefs dans le jardin, comme un gamine, a dit Relivaux.

- Bien sûr, dit Alexandra avec un sourire vague. Ma grand-mère redoutait comme la foudre de perdre ses clefs. Elle nous a tous appris à cacher nos clefs comme des écureuils. On ne les a jamais sur nous.

- Ah, dit Leguennec, je comprends mieux. J'ai montré à Relivaux cette pierre de basalte sans lui parler de la découverte de Maisons-Alfort. Il l'a reconnue sans une hésitation.

Alexandra tendit la main vers le sachet.

- Tante Sophia l'avait ramassée sur une plage de Grèce, le lendemain de son premier succès sur scène, murmura-t-elle. Elle ne sortait jamais sans, ce qui d'ailleurs agaçait beaucoup Pierre. Et nous, ça nous amusait beaucoup, et c'est( finalement ce petit caillou... Un jour, ils étaient partis pour la Dordogne et ils ont dû faire demi-tout à plus de cent kilomètres de Paris parce que Sophia avait oublié son caillou. C'est vrai, elle le mettait dans son sac à main ou dans la poche de son manteau. Sur scène, quel que soit le costume, elle exigeait que lui soit cousue une petite poche intérieure pour le porter. Jamais elle n'aurait chanté sans.

Vandoosler soupira. Ce que les Grecs peuvent être emmerdants, des fois.

- Quand votre enquête sera finie, continua Alexandra à voix basse, enfin... si vous n'êtes pas obligé de le conserver, j'aimerais l'avoir. A moins que mon oncle Pierre, bien sûr...

Alexandra rendit le sachet à l'inspecteur Leguennec qui hocha la tête.

- Pour le moment, nous le gardons, bien entendu. Mais Pierre Relivaux ne m'a fait aucune demande dans ce sens. [...]

- A quoi ça sert d'avoir un caillou de basalte pour chanter ? Ah, le basalte. Quand les plaques s'écartent, c'est du basalte qui sort, et quand les plaques se chevauchent, c'est encore autre chose. Du... ? De... ? De l'andésite. Exactement, de l'andésite. Et pourquoi cette différence ? Mystère, il ne s'en souvenait plus.

[...]

- Bien sûr, elle possédait le petit bagage emporté par Sophia. Elle a mis les bagues en or aux doigts de la Louise, elle a déposé le sac à côté et elle a foutu le feu... Un grand feu ! Aucune trace de l'identité de Louise ne devait subsister nu aucun indice du jour de sa mort... Un brasier... la fournaise, l'enfer... Mais elle savait que le basalte y résisterait. Et ce basalte, il nommerait Sophia à coup sûr... le basalte.. il parlerait..."

*

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