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Le Serpent corail

De retour du stage chamanique de Carlos Sauer et de sa femme Juliana, qui s'est déroulé chez Marguerite, à la ferme d'Allicoud grâce à Chantal et Karine (et toutes les participantes), une petite recherche sur le serpent corail que je porte désormais en boucle d'oreilles et qui symbolise la transformation pour les Indiens Fulni-ô, créateurs de ce bjiou...





Zoologie :


Jean-Philippe Chippaux ,auteur de Venins de serpents et envenimations. (IRD Editions, Collection Didactiques, Paris, 2002, vol. 288) nous apprend que le serpent corail fut un temps européen :


Les Micrurus et Micruroides, genres strictement américains de nos jours, sont probablement d'origine euro-américaine. Selon les plus récents travaux de systématique et de biologie moléculaire, ils dériveraient, avec les serpents corail d'Asie (genres Calliophis et Maticora), d'un ancêtre asiatique commun qui aurait traversé le détroit de Bering avant sa formation. Les plus anciens fossiles appartenant au genre Micrurus remontent au milieu du miocène (15 millions d'années et proviennent d'Amérique du Nord. À la fin du miocène, ils peuplaient également l'Europe d'où ils ont disparu il y a environ 5 millions d'années, c'est-à-dire bien avant les cobras qui étaient encore présents en Europe au pléistocène (1 million d'années).

[...]

En Amérique, les serpents corail (Micrurus et Micruroides) sont fouisseurs et ophiophages.

[...]

Micrurus (serpent corail). Ce genre américain compte soixante-quatre espèces dont les principales sont : Micrurus corallinus, M. fulvius, M. hemprichii, M. lemniscatus, M. narduccii, M. nigrocinctus et M. surinamensis.

Le venin contient une neurotoxine postsynaptique qui le rend fortement neurotoxique. Des antivenins monovalents ou polyvalents sont fabriqués aux Etats-Unis, au Costa Rica, au Mexique

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Xavier Heckmann, dans un article intitulé "Place de l’immunothérapie dans les envenimations par crotalinae dans l’ouest guyanais. (Sciences du Vivant [q-bio]. 2017) explicite la question de la couleur du serpent corail :


Les Elapidae : La denture protéroglyphe caractérise cette famille : les crochets – bien plus petits que ceux des Viperidae – sont fixés à l'avant du maxillaire. L'expulsion de venin se fait par la contraction de fibres musculaires constituées à partir des muscles mandibulaire et temporal, la rendant dépendante de la mastication. Les représentants guyanais de cette famille appartiennent tous au genre Micrurus, les serpents-corail. Ces serpents se distinguent par leurs anneaux aux couleurs vives et contrastées, à visée aposématique. Les couleurs habituellement retrouvées sont le rouge, le noir et le blanc. Parmi les 80 espèces décrites sur le continent américain, six sont présentes dans le département ; il s'agit de : Micrurus lemniscatus, Micrurus surinamensis, Micrurus hemprichii, Micrurus diutius, Micrurus psyches et Micrurus collaris. Si les quatre premières possèdent une coloration caractéristique en triade (1), ce n'est pas le cas des deux dernières. M. psyches apparaît bicolore, alternant les anneaux noirs et blanc/jaune. Quant à M. collaris, il possède pour tout anneau un collier nucal rouge, jaune ou blanc ; le reste de son corps est uniformément noir.

De mœurs nocturne, semi-fouisseurs ou semi-aquatiques (M. surinamensis), les serpents-corail sont discrets et fuient généralement l'homme. Les rencontres sont donc rares et les envenimations exceptionnelles.


Note : 1) Attention à ne pas méconnaitre le sens de ce terme, « triade » ne signifie pas « tricolore ». La triade ne concerne que les anneaux noirs et traduit le fait que trois d'entre eux se trouvent entre chaque anneau plus clair, en général rouge ou orange. M. lemniscatus, M. surinamensis, M. hemprichii et M. diutius sont donc tricolores et triadiques.

=> noir - blanc - rouge : évidemment les couleurs du Grand-Œuvre.

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Vertus médicinales :


Sur le site du Nouvel Obs, on trouve l'article suivant, publié le10 février 2015, en provenance de l'AFP :


Le mystère du puissant venin du serpent corail enfin percé


Le puissant venin du serpent corail pourrait apporter des éclairages sur l'épilepsie, la schizophrénie et la douleur chronique, selon des chercheurs américains.


Une équipe internationale de chercheurs est parvenue après plus de dix ans de recherches à percer le mystère du puissant venin du serpent corail, qui pourrait apporter des éclairages sur l'épilepsie, la schizophrénie et la douleur chronique, selon ces travaux publiés lundi 9 février .

Ses protéines n'ont aucun effet sur celles que ciblent la plupart des venins produits par les autres serpents et animaux. Ce venin rare contient une toxine qui active de façon permanente une protéine clé des cellules nerveuses provoquant des crises mortelles d'épilepsie chez les proies.

"Ce que nous avons trouvé, c'est la première toxine animale connue appelée MmTX, et de loin la plus puissante, qui cible les récepteurs GABA(A)", explique Frank Bosmans, professeur adjoint de physiologie et de neuroscience à la faculté de médecine de l'Université Johns Hopkins, un des co-auteurs de cette découverte parue dans "les Comptes rendus de l'Académie américaines des sciences" (PNAS).


Mieux comprendre l'épilepsie et la schizophrénie

Ces récepteurs sont très importants chez les mammifères car ils jouent un rôle clé dans la communication entre les cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière. Ils sont la cible de plusieurs molécules pharmacologiques importantes pour la santé humaine.

Chez les souris, MmTX a provoqué une succession de relaxations et de tétanisations des muscles, similaires à l'épilepsie, qui ne peut être arrêtée.

"Des médicaments anti-anxiété comme le diazépam et l'alprazolam (Xanax), un tranquillisant, ciblent aussi les récepteurs GABA(A) mais provoquent la relaxation au lieu de crises d'épilepsie car ils s'y fixent de manière différente", précise le Dr Bosmans.

Celui-ci prévoit avec son équipe de recherche d'utiliser le MmTX comme un outil pour mieux comprendre comment fonctionnent les récepteurs GABA(A).

Dans la mesure où des erreurs dans ces récepteurs peuvent provoquer l'épilepsie, la schizophrénie et des douleurs chroniques, ces scientifiques espèrent que leurs prochains travaux apporteront de nouveaux éléments sur ces pathologies.

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Symbolisme :


Selon Siham Belkacem et Hayat Hammiche, autrices d' Une ressource territoriale à valoriser : cas du figuier de barbarie. (Thèse de doctorat. Université Mouloud Mammeri, 2015) :


En 1724, Mexico fait figurer dans ses armes une plante de nopal, sur lequel se dresse un aigle aux ailes déployées tenant dans son bec un serpent corail. En 1822, l’empereur Iturbide (descendant aztèque) fait de cet emblème le symbole de l’empire mexicain tout entier. Il est resté jusqu’à nos jours.

 

Pierre Beaucage, et al., auteurs de "Les reptiles dans les savoirs et l’imaginaire des Nahuas/Maseualmej de la Sierra Norte de Puebla (Mexique)." (In : Recherches amérindiennes au Québec, volume 49, n°3, 2019, pp. 17–28) relie le serpent corail à la magie :


L’épouvante qu’inspire le serpent est “froide”, comme sa morsure, et doit se soigner avec des remèdes “chauds” ».

Dans le cas du serpent corail (Tropidodipsas sartori), il peut être attiré par magie sympathique : « Si un homme joue avec des colliers ou des bracelets de femme – de couleur rouge et noire comme les anneaux du serpent –, quand il ira aux champs un serpent corail se mettra en travers de sa route et lui causera de l’effroi. »

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Stephen Hugh-Jones, dans son ouvrage intitulé Femmes indisciplinées : Le corps-tube, de la Renaissance italienne à l’Amazonie. (Société d’ethnologie, 2023) relie le serpent corail à l'ayahuasca et à l'accouchement :


En outre, tout comme les hommes se sont d'abord emparés de Jurupari et l'ont ensuite démembré pour faire des flûtes avec ses os, de même ils ont pris l'Ayahuasca nouveau-né à sa mère, arrachant tous ses membres, lesquels, devenus des lianes, furent utilisés pour préparer l'ayahuasca comme boisson. Mais l'histoire raconte aussi que c'est précisément le sang qui coulait du corps de la mère d'Ayahuasca au moment de l'accouchement qui a non seulement produit les hallucinations synesthésiques que l'on éprouve après l'ingestion de l'ayahuasca, mais également donné naissance au serpent corail, ainsi qu'aux autres espèces de serpents colorés.

 

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Arts visuels :


Teresa Cristina Duarte-Simões, autrice d'un article intitulé "Jeca Tatu, un héros brésilien. Genèse, évolution et déplacements du personnage du caipira." (Caravelle. Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, 2012, n+99, pp. 125-146) évoque une magie brésilienne en lien avec le serpent corail :


Les croyances populaires, elles aussi, jouent un rôle important dans cette œuvre [Tapete Vermelho, réalisé par Luiz Alberto Pereira en 2006]. Zulmira, la femme de Quinzinho, fait des impositions de mains pour aider les gens à se débarrasser du mauvais œil et de sortilèges. Ainsi, alors qu’ils passent la nuit chez des amis, elle retire le sort jeté par une domestique au bébé de la maîtresse de maison. À un autre moment, la famille rencontre au bord du fleuve un homme qui voyage. Il a avec lui un jeune serpent corail qui lui sert pour toutes sortes de magies. L’une d’entre elles, très courante au Brésil, consiste à faire passer le reptile entre les doigts des joueurs de guitare afin d’améliorer leurs performances musicales. Il s’agit d’un pacte conclu avec le diable, appelé « le Tar », déformation du mot « Tal ». Dans un moment d’abattement et de grande solitude, sans argent, Quinzinho subit la tentation de faire alliance avec le diable et de céder à l’appel du Mal, mais sa foi en Dieu finit par le sauver.

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