Étymologie :
PANAIS, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1180 pasnaie (Proverbe au Vilain, éd. A. Tobler, 8, 7) ; 1549 panaiz (Est.) ; 1561 panais (Du Pinet, Historia plantarum ds Roll. Flore t. 6, p. 137). Du lat. pastinaca qui désigne diverses ombellifères dont le panais (cf. André Bot.). La forme actuelle panais, qui s'est substituée à pa(s)naie, s'explique par l'empl. prédominant du plur. pour les noms de légumes (cf. FEW t. 7, p. 755b).
Lire également la définition du nom panais afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Pastinaca sativa, L. - Panais cultivé - Tuin Pastinake (Belgique Flamande) -
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Botanique :
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Panais :
Propriétés Physiques et Usages Médicaux. - La racine de panais est bisannuelle, pivotante, charnue, blanchâtre, d'une saveur un peu aromatique et sucrée. Elle contient 10 à 12 pour cent de sucre. C'est un aliment sain et nourrissant ; il faut éviter de la confondre avec les racines d'autres ombellifères qui lui ressemblent assez et qui sont vénéneuses, notamment avec celle de la grande ciguë. Il est bon pour éviter les erreurs de considérer la forme des feuilles qui est différente. Le panais passe pour être légèrement aphrodisiaque ; on recommandait autrefois de ne pas en donner aux personnes obligées de garder la chasteté. Cuite dans du lait, sa racine est favorable aux phtisiques, aux personnes délicates et affaiblies. Les semences ont été employées comme fébrifuges à la dose de 1 à 6 grammes en nature et à celle de 8 à 12 en infusion, par un assez grand nombre d'auteurs (Schwencke, Fouquet, Garnier, Malonet, Desbois).
Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
D'après Villars, on mangeait aussi, en Dauphiné, les racines du panais, Pastinaca sylvestris.
Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Le Panais symbolise : une consommation véhémente dans le but de bien expliquer à l'autre, absolument, de quoi il retourne. Une sorte de discours impétueux, motivé, peut-être bien agité, où l'on fait des pieds et des mains pour que l'interlocuteur comprenne ce que l'on veut dire. Dans a sphère psychique du Panais, les paroles coulent à flots hors de la bouche, l'on déclare et démontre avec de grands gestes.
Le Panais s'en tient rigoureusement à l'heure convenue et ne s'en écarte pas d'un millimètre. Il détermine et explique, explique à qui veut l'entendre, mais il impose la mesure avec rigueur. Douze heures, c'est douze heures. Nous pourrions le qualifier de jupitérien-saturnien. En même temps, comme le mercure, il réglerait les choses très vite. Il crache dans ses mains, empoigne son outil et est parti, comme dans un film accéléré. Il veut gérer les affaires rapidement, fais en sorte de le suivre !
La personne qui a faim de Panais se fixe peut-être à l'excès sur une seule chose dans laquelle elle finit par se perdre. Elle ne voit plus la situation en perspective, se jette sur un détail, et entre-temps elle perd de vue le nœud de l'affaire. Il lui est demandé de mettre les choses en perspective, de prendre du recul vis-à-vis de certains éléments dans lesquels elle était en train de s'absorber entièrement. Le Panais l'exhorte : "Dépose un instant ton outil, regarde d'abord avec une vue d'ensemble ce que tu as à faire et comment. Arrête-toi maintenant et observe... Le dynamisme, c'est bien, pour autant que tu saches ce que tu fais. N'agis pas gratuitement mais prends conscience des choses. Toute futilité est à proscrire ; c'est avec une intention bien focalisée dans le cadre de la vie qu'il te faut accomplir les choses. Prends un moment pour bien regarder les choses en perspective avant de poursuivre."
Et alors elle redémarre, au rythme dynamique qui est celui du Panais. Il s'agit de s'arrêter de rêver, de se perdre dans les choses. C'est une exhortation à se réveiller, à y voir clair.
Le Panais te demande d'avancer rapidement, de travailler et d'agir comme du vif-argent, dans la réalité. Il ne tolère pas que l'être humain se mette à rêver u qu'il reste les yeux dans le vague, qu'il s'absorbe dans le contemplation d'une branche de sapin en oubliant le reste du monde. Le Panais fait retrouver une sobriété et incite au dynamisme et à l'action, à la rapidité, tout au moins lorsqu'on a clairement défini sa ligne de conduite.
Celui qui aime le Panais aspire à se faire sortir de l'ombre, à laisser les choses s’extérioriser, à expulser les éléments souillés. Le pus et l'air eux aussi font pression pour s'évacuer. C'est une incitation pour l'être humain à se décharger, à se vider pour que de nouvelles choses puisent prendre naissance. "Ce qui est à l'intérieur doit sortir", dit le Panais, "qu'il s'agisse de connaissance ou de talents ou de l'énergie qui se tient prête dans les cellules de ton corps. Manifeste cela, extériorise-le et laisse-le couler librement et avec dynamisme. Laisse avancer les choses."
Le Panais apporte une clarification considérable. Il fait remonter ce qui se trouvait au fond, afin que tu regardes précisément ce qui était enfoui sous une couche superficielle. "Eh ! Je ne savais pas que cela se trouvait encore en moi !", s'écrie l'être humain.
Ceci vaut aussi pour les résistances (la résistance à une transformation fondamentale) ou pour la colère éventuelles : le Panais clarifie et amène les choses au jour. Il fait brûler et grogner ton estomac - il suffit de peu pour faire remonter et liquider les vieux maux.
Il t'oblige à t'évader, à observer les choses qui te brûlent dans l'estomac - sans que tu en aies conscience.
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Contes et légendes :
Daniel Giraudon dans un article intitulé "Paysages humains - Blasons populaires : les Cornouaillais vus par les Trégorrois.. A handful of gold : en hommage au Professeur Yvon Tosser." (Les Cahiers du CEIMA (Université de Brest), pp.51-65, 2008) rapporte différentes légendes :
Un autre soir, un Cornouaillais avait trouvé sur la lisière d’un bois une petite maison dans laquelle une vieille femme faisait cuire à manger pour ses cochons. Lui même avait un panais à cuire. Il lui demanda : Ma vijec’h bet kontant, gast, da lakat ma fanezenn n’o kaol, na vije ket bet a-waz ha ma fanezenn vije poazh. (« Si vous aviez accepté de mettre mon panais dans votre chou, ce ne serait pas moins bon et mon panais serait cuit »). La bienséance nous interdit ici de traduire le jeu de mots, mais tout le monde aura compris que comme la plante, la soupe était grasse…
À ce petit jeu-là, la fi lle du Cornouaillais s’était laissée prendre et le Cornouaillais de père n’avait pu que constater les dégâts en s’entretenant avec le Trégorrois :
- Le Trégorrois : - Trist ho kavan, daonez ! Petra zo neuze daonez !
- le Cornouaillais : - Trist ac’h on ha lec’h am eus da vezañ
- Petra zo neuze daonez ?
- Flemmet eo ma merc’h din daonez !
- Gant petra neuze, gant un naer c’harzh ?
- N’eo ket siwazh, gant un naer vragez. (Plufur)
- Je vous trouve triste, diable ! Qu’y a-t-il diable ?
- Je suis triste et j’ai des raisons de l’être
- Qu’y a-t-il donc, diable ? - Ma fille a été piquée, diable
- Par quoi donc ? Par une vipère da haie ?
- Non par une vipère de culotte.
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