Étymologie :
Étymol. et Hist. Début xive s. (Gloss. Lat.-G., B.N.L., 7692 dans Gdf. Compl. : Boletus, boulet) ; 1505 bolet (Platine de honneste volupté, fo90 vo, ibid.). Empr. du lat. impérial boletus, attesté dans la plupart des cas au plur., dep. Sénèque, Nat., 4, 13, 10 dans TLL s.v. 2066, 72 ; v. André, Bot. s.v.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1342 blaffart « affaibli, amolli » (Jean Bruyant, Le Chemin de povreté et de richesse dans Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 6a) − 1559, O. de Magny, Les Odes, II, 74 dans IGLF Litt .; 2. 1549 blaffard « pâle, de couleur atténuée » (Est.). Empr., avec assimilation régr. de la 1revoyelle, au m.h.all. bleichvar, adj. « pâle (en parlant d'une couleur) » (Lexer), composé des adj. bleich « pâle » et var « coloré; qui ressemble à »; m. h.all. varwe, all. Farbe « couleur » (Kluge20, s.v. Farbe) ; la finale all. a été, en fr., assimilée au suff. péj. -ard*. La reconstitution d'un a.h.all. bleih-faro (Diez5, IIc, s.v. blafard) et à plus forte raison encore l'hyp. d'un empr. à la forme frq. corresp. blaikvaro (Gam. Rom.2, t. 1, p. 343) semblent inutiles. L'hyp. d'un dér. du m. fr. blafe « pâle » (1576, J. Bodin) d'une racine onomatopéique exprimant l'inertie (L. Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 42, p. 196) n'est acceptable ni du point de vue chronol. (blafe est un dér. régr. de blafard) ni du point de vue sém. (le sens d'« affaibli » est la transposition du sens de « pâle » au domaine moral).
Kurt Glaser, auteur d'un article intitulé "Le sens péjoratif du suffixe-ard en français." (In : Romanische Forschungen, 1910, vol. 27, no 3. H, pp. 932-983) nous donne l'origine de l'adjectif blafard :
Dans blafard par exemple nous ne sommes pas en présence d'un radical blaf et d'un suffixe -ard, mais de deux mots d'origine germanique, réunis en un seul (bleihfaro : de couleur pâle) ;
Autres noms : Suillellus luridus - Bolet blême - Bolet fol - Bolet luride - Boleto - Bruguët fol - Cèpe luride - Cul de Saoumo (Gascogne) -Faux cep - Ferrié - Jaunâtre - Massapareu (Languedoc) - Oignon de loup - Pissoco -
Boletus luridus var. erythroteron - Bolet blafard à pied rouge -
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Mycologie :
Fiche proposée par Mycocharentes :
Jean-Louis Lamaison et Jean-Marie Polese, auteurs d'une Encyclopédie visuelle des champignons. (Editions Artemis, 2005) pointe les particularités du Bolet blafard :
Bolet blafard :
Hauteur : 10 - 18 cm.
Diamètre : 8 -20 cm.
Sporée : brun olive.
Le Bolet blafard, des bois calcaires, se distingue de tous es proches par sa chair rouge ou orangée sous les tubes. Le pied est orné d'un beau réseau rouge qui tranche sur le fond jaune. Il s'agit d'un très bon comestible malgré un intense bleuissement.
Le site d'Etienne Charles intitulé Champignons et mycologie en Moselle précise :
Le Bolet blafard présente des caractéristiques qui permettent de le distinguer d'autres bolets :
un réseau à mailles de plus en plus allongées vers la base du stipe
la chair du chapeau rouge sur une très faible épaisseur, moins d'un millimètre, au contact des tubes, ce qui se traduit par une ligne rouge lorsque l'on effectue une coupe. Cette ligne, dite "de Bataille", permet, dans les cas douteux, de distinguer l'espèce d'avec Boletus queletii qui en est dépourvu. Mais il est difficile de mettre en évidence la couleur rouge de la dite ligne sur une photo, car le bleuissement de la chair, dès qu'elle est coupée, se superpose à la couleur initiale. Il faut donc réaliser un cliché aussitôt que le champignon est tranché.
G. Chevassut, C. Andary, J.P. Rascaol et al. auteurs de "Rubrique de mycologie méditerranéenne (4). Les meilleurs et plus toxiques champignons des Cévennes (Espinousse, Aigoual,...) et d'un peu toutes les montagnes méditerranéennes". (Forêt Méditerranéenne, 1987, vol. 9, no 2, pp. 127-132) proposent une fiche descriptive du Bolet blafard :
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Toxicologie :
François Simon Cordier, auteur de Les Champignons, Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) évoque la toxicité / comestibilité du Bolet blême :
Le Boletus luridus est très commun, à terre, dans les bois et les pâturages des bois, à la fin de l'été et en automne. Sa chair, jaune, devient promptement bleue, lorsqu'elle est coupée ou brisée. L'odeur faible, nauséeuse ; la saveur non désagréable chez les jeunes individus, déplaisante, au contraire, chez les individus adultes.
D'après les observations de Paulet et de Roques, le Boletus luridus serait très dangereux, ayant occasionné des vomissements, des convulsions et de la stupeur à des hommes et à des animaux qui en avaient mangé. Viviani raconte que, pour en avoir fait usage, une famille entière de paysans faillit périr. Il paraît cependant, au rapport de Palisot de Beauvois et d'Ascherson, qu'il est employé comme aliment dans quelques pays ; Lenz dit qu'on l'apporte, en quantité, aux marchés d'Allemagne, à Olmütz et à Brünn ; ce serait alors le mode de préparation culinaire qui le rendrait inoffensif en détruisant son principe actif. Lenz l'a mangé et des familles entières l'ont mangé comme lui. Trattinik dit qu'on ne le vend pas sur les marchés en Autriche, mais qu'en Pologne, les paysans le mangent, cuit sous la cendre ; cependant, ajoute-t-il, il est démontré que souvent son usage provoque des vomissements violents et un assoupissement profond. Reveil l'ayant donné à un chien, cru, pilé et mélangé à de la soupe, l'animal est mort le cinquième jour.
Il est probable que plusieurs espèces ont été confondues sous le nom de Boletus luridus.
Selon Saskia Lüde, Katharina Hofer, Katharina Schenk-Jäger, et al. "Sechs tödliche Vergiftungen aufgrund von Medikamenten". (PharmaJournal, 2017, vol. 23, pp. 29-31) :
Champignons et alcool Lors de la consommation de Coprins noir d’encre (Coprinopsis atramentaria) ou de Lépiotes à lames fourchues (Echinoderma asperum) avec de l’alcool, un syndrome coprinien (comparable à l’effet antabuse) peut survenir. Par contre, un effet semblable attribué régulièrement au Bolet blafard (Suillellus luridus) par des amateurs de champignons n’a pas pu être confirmé par les données de Tox Info Suisse: il s’agissait sans exception d’intolérances gastrointestinales, éventuellement aggravées par la consommation d’alcool.
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Usages traditionnels :
Sur le site Tout sur la botanique, Jean-Marc Gil garantit que le Cèpe blafard est un champignon délicieux :
Comestibilité : Ses pores rouges, son bleuissement spectaculaire et les risques de confusion avec les bolets du groupe satanas effrayent la plupart des amateurs. En fait, s'il est toxique à l'état cru, c'est, après une cuisson soigneuse qui fait d'ailleurs disparaître le bleuissement, un comestible tout à fait honorable, comparable aux meilleurs bolets à chair blanche (cèpes). Comme pour tous les bolets, il est recommandé d'enlever les tubes qui sont souvent gluants et spongieux à la cuisson. Avec l'âge, ce champignon devient toutefois vite véreux.
Symbolisme :
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Philatélie :
Littérature :
Claude Michelet, auteur de Les Tribulations d'Aristide (Éditions du Nil, 2010) évoque rapidement le Bolet blafard en lien avec son héros :
- Ca vous amuse ce que je dis ?
- Mais non, je pensais à autre chose...
- Eh bien vous feriez mieux de penser à ce que je vous dis ! Allez, notre entretien est fini pour aujourd'hui mais n'oubliez pas d'être à ma disposition à la moindre convocation, c'est une des dispositions inhérentes à votre liberté, toute provisoire, je l'espère. Pour l'instant, vous êtes encore libre, monsieur Clope !
- Non, madame le juge, pas Clope mais Klobe, avec un K comme Kunzéi Clavéria, c'est un champignon, et un B, comme bolet blafard, autre champignon pas plus comestible que le précédent si on le mange. Notez que...
- Ca suffit ! Avec ce qui vous attend lors du procès, je vous dispense de vos oiseuses élucubrations sur la cryptogamie, elles sont plus que douteuses !
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