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Les Pierres de fécondité


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Symbolisme :


Dans L'Âme des pierres précieuses dans la science des sept rayons (Éditions Alphée Jean-Paul Bertrand, 2010) Michel Coquet rapporte que :


Dans le sud de l'Inde, en vue de rendre un couple fécond, on pratique un rituel (Arasanikkal) consistant à placer côte à côte deux arbres pour les marier. Le premier est toujours un figuier sacré (ficus religiosa), considéré comme étant de polarité masculine. Le second est un margousier, de polarité féminine. Lorsque leurs racines sont supposées se toucher, on marie les deux arbres en plaçant à leurs bases des pierres plates gravées appelées nagakkals. Les gravures représentent populairement des nages ou serpents, mais pour les initiés, il s'agit d'une représentation de la kundalini et ses deux méridiens (nadis). Les gravures peuvent être légèrement différentes, mais elles se composent de trois ou quatre pierres, l'une représente ida nadi, la seconde représente ida (féminin) et pingala (masculin) réunis, et la pierre centrale montre la déesse de la terre, Kundalni-shakti entourée des deux nadis précédents. On retiendra que le jour le plus propice au rituel (puja) est le vendredi (jour de Vénus). Le serpent a été choisi parce qu'il est associé à la saison des pluies, saison où sortent les reptiles, et où la terre est fertilisée. Les mégalithes que l'on trouve dans le monde entier, malgré quelques divergences, avaient une signification similaire.

Cependant, la civilisation mégalithique n'est pas le fait d'une nation en particulier mais de la terre entière et, la pierre représentant la matière première, on peut penser que le culte de la Mère du Monde a certainement été (avec celui du serpent) le premier principe que l'homme primitif ait connu et adoré. La Bible nous montre que les anciens Israélites (issus de l'Inde via les migrations d'Hyksos) établis en Palestine vénéraient des mères de fertilité grossièrement sculptées, ainsi que des pieux (ashérah), des arbres, des sources et des pierres levées. C'est du reste ce que fit Jacob après son rêve, « levé de bon matin, il prit la pierre qui lui avait servi de chevet, il la dressa comme une stèle et répandit de l'huile sur son sommet » (Genèse, XXVIII, 18). Symbole phallique pour le peuple, son sens avait aussi une dimension transcendantale pour les sages et les brahmanes instruits. On trouve en Inde des dolmens et des menhirs en tous points semblables à ceux de Bretagne.

J. Boulnois écrit [dans Le Caducée et la symbolique dravidienne indo-méditerranéenne, p. 110-111] :

« Par le monde entier, quelle que soit la race, les haches polies et taillées ont été considérées comme des pierres à foudre, des pierres « tombées du Ciel », des céraunies. La question est trop connue pour que nous ayons besoin d'insister. Nous nous contenterons d'ajouter que les Tamouls actuels considèrent ces haches comme des pierres tombées du Ciel et qu'utilisent leurs ancêtres... Éminemment sacrées, les Dravidiens actuels les placent sous des dolmens et les vénèrent. En s'adressant à l'outil comme à la pierre du dolmen, la femme tamoule de Salem demande la postérité. Elle croit que des germes d'enfants détenus par les Ancêtres et contenus dans ces objets peuvent se communiquer à elle, comme un mana fécondant. »

C'est exactement la croyance des anciennes Bretonnes qui se frottaient à des menhirs fécondants les nuits de Pleine Lune. Le culte est universel.

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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque les croyances des Amérindiens Wendat à travers le témoignage d'un personnage d'homme-médecine déboussolé par les catastrophes liées à l'arrivée des Anglais et des Français sur leur territoire :


Il y eut toutefois un moment qui, quant à lui, est demeuré intact dans nos mémoires... Le plus intense et le plus doux pour nos deux cœurs dilatés, celui du Don de le Pierre d'Amour.

Dans tout village wendat, il existait une pierre précieusement conservée par les "Vieilles aux herbes", gardiennes de la Tradition. En l'occurrence, cette Tradition voulait qu'à un moment de la cérémonie de son mariage, la jeune femme reçoive cette pierre. Les hommes "libres" de son village devaient alors se présenter à elle l'un après l'autre jusqu'à ce qu'elle choisisse enfin parmi eux celui qui serait son époux et qu'elle désignerait en lui remettant la Pierre d'Amour qu'elle tenait dans la main gauche. Il n'y avait aucune surprise dans ce choix, bien sûr, mais le moment n'en demeurait pas moins sacré et attendu par tous.

Je ne saurais réellement décrire comment je l'ai vécu lorsque la main de Yayenrà est venue se glisser dans la mienne pour y déposer doucement le galet rond et lisse porteur de son feu et de la mémoire de tous ceux de son clan qui s'étaient aimés autour de lui, avant nous et dont les noms se perdaient dans le Temps... Instant d'une délicatesse et d'une intensité infinies dans ma vie, nos vies encore toutes neuves et si fragiles à même le dos de la Grande Tortue...

Les yeux rivés à ceux de la jeune femme qui devenait mon épouse, je ne m'étais jamais autant senti relié à la lignée de mes Ancêtres. Au comble de cette perception, il m'a même paru que c'était l'Esprit de l'Ours qui faisait descendre chacun d'eaux auprès de moi pour y renouveler un pacte. Je sentais presque son souffle dans ma nuque. Cela ne prit fin qu'avec une sorte de suffocation collective dans un épais nuage de foin d'odeur suivi d'un rire général...

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Littérature :


Dans L'Homme à l'envers (Éditions Viviane Hamy, 1999) de Fred Vargas,


"Camille prit la fuite et partit à pied dans la montagne jusqu'à la Pierre Saint-Marc, réputée guérir l’impuissance, la stérilité et les insuccès amoureux, pour peu qu'on veuille s'asseoir dessus correctement. Sur ce dernier point, apparemment délicat, Camille n'avait pas réussi à obtenir un éclaircissement sérieux. Enfin, si cette pierre pouvait arranger tout cela, elle saurait bien à tout le moins soulager la mauvaise humeur, le doute, l'ennui et l'absence d'inspiration musicale, qui n'étaient rien d'autre que des formes secondaires de l'impuissance. [...]

Elle fourra le catalogue dans un sac, avec de l'eau et du pain, et quitta le village par une volée d'escaliers qui grimpait rude vers l'ouest. Elle dut marcher presque trois heures pour atteindre la pierre. C'est que la fécondité ne se mérite pas en deux claquements de doigts. Un pierre de ce genre ne se trouve jamais dans le jardin de son voisin, ce serait tricher. Parvenue au sommet du mont où se dressait la pierre usée, Camille se trouva face à un panneau tout neuf, qui mettait délicatement en garde les promeneurs contre les nouveaux chiens de défense adoptés par les bergers. Le texte se concluait sur cette note d'espoir : Ne criez pas, ne jetez pas de pierres. Après un temps d'observation, en général, ils partiront d'eux-mêmes. Et en particulier, compléta Camille, ils me sauteront dessus. Instinctivement, elle ajusta sa prise sur son bâton ferré et jeta un coup d’œil autour d'elle. Entre loups et chiens errants, la montagne redevenait un combat.

Elle grimpa sur la pierre, dominant toute la vallée. En contrebas, la cohorte des voitures des hommes de la battue dessinait une ligne blanche. Des éclats de voix parvenaient jusqu'à elle. Au fond, elle ne se trouvait plus si tranquille que cela, seule, là-haut. Au fond, elle avait un peu peur."

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Pierre de Mazeyrolles

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