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L'Araignée de mer


Etymologie :


Selon Jean Renaud, auteur de "L'héritage maritime norrois en Normandie." (In : Annales de Normandie. Persée-Portail des revues scientifiques en SHS, 1995. pp. 21-28) :


Le nom de deux crabes est peut-être à rapprocher du norrois hôfr (sabot), qui ferait allusion à leur forme : celui du houvet (le tourteau) et du houvelin (l'araignée de mer).


Autres noms : Maia squinado - Cacre - Cancre - Crabe araignée de mer - Houvelin - Maya - Squinade -

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Zoologie :


Première approche grâce à la fiche de la Cité de la mer de Cherbourg.

 

Traduction abrégée du texte de Pierre Belon, Histoire de la nature des oyseaux avec leurs descriptions et naïf portraicts retirés du naturel" (1555), trouvée sur le blog  Anita, de Groix dans un article de Jean-Claude Le Corre et Yves Raude, paru en juillet 2018  :


La similitude que ce poisson a avec l’araignée vulgaire fit qu’on le nomme araignée de mer. Les anciens grecs le nommait Maïa. Ceux de Marseille, à cause des piquerons qu’il a sur le dos comme la langouste et plusieurs poils sur ses ongles, l‘ont nommé squinade.

Elle aime mieux la mer profonde que le rivage ou les rochers et n’est pas dans sa nature de vivre longtemps hors de l’eau comme les crabes (tourteaux…). Elle est étroite sur le devant et large au derrière à l’inverse du crabe… Ses deux jambes ou bras sont longues et grosses et ont quatre articulations dont la force est plus faible (imbécile = faible) que celle du crabe. _ Mais les autres petites jambes qui suivent, quatre de chaque côté, ont les ongles longs et non fendus dont (= qui lui donne) une plus grande puissance pour aller vite dans l’eau, et sont faibles sur terre. Sa couleur quand elle est en vie est plombée ou verdoyante ou semée de rouge tirant sur la couleur de la datte. Mais quand elle est morte ou cuite elle devient rouge. Elle a des longs éperons devant le front qui lui servent d’armure. La femelle a le repli de dessous le ventre qui lui sert de queue plus large que le mâle au revers duquel on trouve deux conduits à la racine des dernières jambes. Elle a quatre barbes de chaque côté qui lui permette de retenir ses œufs…

[...]

Guillaume Rondelet (1507-1566) : A la même époque, un autre zoologiste Français, Guillaume Rondelet publia lui aussi une histoire complète des poissons.Ce professeur, puis recteur de la Faculté de médecine de Montpellier, s’appuya comme Belon sur les textes du grec Aristote et du latin Pline.Dans sa description de l’araignée (qu’il nomme Cacre ou cancre) on découvre entre autre une explication du phénomène étrange de la croissance de ce crustacé... ses mues :

"…or sa sagesse est qu’au printemps se dépouillant de sa coque comme un serpent, sa peau se sentant affaiblie et désarmée il se tien caché dans des failles jusqu’à qu’il ait recouvré une coque dure"

L’explication qu’il en donne est surprenante : "… aussi quand le temps est venu de faire sa coque il court ça et là comme enragé cherchant force vivres pour en se remplissant le corps plus que de coutume faire éclater sa coque"

Son imagination (ou sa croyance absolue dans les textes anciens) va encore plus loin quand il écrit :"Ce cancre a été loué des Anciens comme aimant la musique et y prendre plaisir. Sa sagesse aussi est louée pour cette raison il était pendu au col de la Diane Ephésienne en signe de sagesse et de conseil".

En fait, la statue de la Diane Éphésienne porte bien un crabe sur son collier mais ce collier représente tous les signes du Zodiac dont celui du Cancer symbolisé par… un crabe.

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Usages traditionnels :


Sur le site de Upcylink on peut lire les information suivantes :


Depuis plusieurs années la Maja brachydactyla envahit les côtes bretonnes et normandes avec un phénomène de prédation sur les moules de bouchot. Les pertes de production des mytiliculteurs ont augmenté chaque année et atteignent désormais des records (jusqu’à 70% de la production).

Pour contrer ce phénomène, les mytiliculteurs ont obtenu l’autorisation préfectorale de piéger l’envahisseur par filet ou casier et de le relâcher au large. Mais cette technique n’a pas eu d’effet sur le phénomène, l’envahisseur revenant sans relâche sur les parcs à moules.

  Face à la persistance du phénomène, un protocole scientifique établi par IFREMER a été lancé en février 2023 pour mieux comprendre le phénomène de prolifération et rechercher des dispositifs d’effarouchement. En effet, l’araignée de mer est craintive des vibrations et bruits. L’été dernier un test d’effarouchement sonore a donc été réalisé sur les côtes de la Manche. Des vibrations et bruits de chaînes montées sur des petits chalutiers ont permis de faire fuir les araignées de mer par grande marée. Le test s’est avéré positif : même s’il n’élimine pas totalement la prédation, il atténue fortement la présence de l’araignée. Les travaux scientifiques dans le cadre de ce protocole sont toujours en cours.


La valorisation de l’araignée de mer :

 

Directement dans l’assiette : L’araignée de mer est très consommée en Espagne où elle est vendue autour de deux euros le kilo. Reine des plateaux de fruits de mer, ou en plat principal, c’est un produit qui se vend surtout en halles à marée et criées en France. On retrouve l’araignée sous forme vivante, ou cuite.

 

Autres valorisations :

La chair de l’araignée : Riche en protéines, sa chair fine apporte très peu de lipides, essentiellement composés d’acides gras omega-3. Elle peut être récupérée et conditionnée sous forme de pulpe congelée pour intégrer de nombreuses recettes de plats préparés (tartes, gratins, salades, rouleaux de printemps, etc.). L’araignée est également une excellente source de minéraux et oligo-éléments et apporte notamment cuivre, zinc, sélénium et phosphore.

La carapace de l’araignée : La carapace de l’araignée de mer est également source de composés d’intérêt : protéines, calcium marin, chitine, astaxanthine.

Upcyclink développe des procédés qui permettent de les valoriser (concentrés, poudres, arômes,…) en produits à haute valeur ajoutée pour les marchés du bien-être (exemple : chitosan) , de la beauté (exemple : astaxanthine) , de l’alimentation humaine (exemple : poudre de calcium, arômes, concentré de protéines), de l’alimentation animale (feed, petfood), de la pêche (appétents).

 

Il existe donc des solutions et perspectives intéressantes de valorisation de l’araignée invasive. Alors que le réchauffement climatique entraine dans des mêmes zones la prolifération de la Maja brachydactyla et la raréfaction d’autres espèces marines (bulot par exemple), cette valorisation prend tout son sens pour renforcer la résilience face au changement climatique.

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Symbolisme :


En l'absence (pour l'instant) de renseignements symboliques sur cet animal et en vertu de l'importance du langage dans le symbolisme, je propose de croiser les éléments concernant le crabe et l'araignée qui fait aussi l'objet d'une deuxième fiche.

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