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Le Lièvre des neiges


Autres noms : Lepus timidus - Blanchon - Lièvre variable - Monsieur Blanchot.



Zoologie :


Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


Un troisième exemple concerne les populations de lièvres blancs arctiques qui prolifèrent régulièrement tous les dix ans en Alaska. A raison de quatre lièvres en moyenne par hectare, c'est 90% des jeunes pousses de bouleaux, de trembles, de peupliers et d'aulnes qui sont systématiquement dévorées. Se forment alors des tiges adventices que les lièvres semblent bizarrement bouder... Des expériences sur le terrain ont montré que des lièvres affamés ne touchent jamais ces rejets ni ces surgeons, alors que les plantes dont ceux-ci proviennent sont dévorées avec ardeur.

Ces phénomènes ont incité les écologistes à se demander si les végétaux ne disposaient pas de quelque moyen très subtil de repousser les offensives prédatrices des animaux. N'existerait-il pas quelque mécanisme capable de réguler la densité et l'intensité de la prédation ?

Des observations et expérimentations ont été conduites en Finlande, aux États-Unis et en Afrique du Sud au début de la décennie 80. Baldwin et Schultz, du Darmouth College, dans le New Hampshire (États-Unis), ont montré que lorsqu'un expérimentateur détruit volontairement une partie du feuillage d'un peuplier, d'un érable ou d'un chêne, le reste du végétal riposte par une synthèse accrue de diverses substances aussi incomestibles les unes que les autres pour les Herbivores, en particulier de tanins ; l'arbre devient indigeste, ce qui a pour résultat d'inhiber le développement, les métamorphoses et la croissance des insectes qui, normalement, le visitent. Ainsi est-il devenu évident que la plante réplique par une riposte appropriée à une blessure afin de se protéger d'une attaque accrue.

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Un article du 16/12/2020 disponible sur LePoint.fr inquiète sur l'avenir du Lièvre variable :


Les lièvres variables échouent à s'adapter au changement climatique


Il y a certaines espèces qui s'adaptent rapidement au changement climatique et les autres. C'est le cas notamment des lièvres variables qui se trouvent en Écosse, explique The Guardian. En effet, la particularité du lièvre variable est de changer de fourrure selon la saison. Lorsque le froid arrive, ces lièvres troquent leurs manteaux gris pour revêtir une fourrure blanche comme neige et ainsi conserver sa capacité de se camoufler et échapper aux prédateurs.

Seulement voilà, avec le réchauffement climatique, la neige se fait de plus en plus rare en Écosse. Selon des scientifiques écossais et nord-américains, qui ont analysé soixante ans de données météo, le nombre de jours par an où la neige recouvre le sol a baissé de 37,14 jours entre 1960 et 2016, sur le site des Highlands écossais choisi pour l'étude. Une évolution de la couverture neigeuse qui n'a pas modifié les habitudes de mue du lièvre variable d'Écosse.


Une espèce qui va disparaître ? Comme dans les années 1950, ces lièvres opèrent leur mue vers leur fourrure d'hiver à la fin du mois d'octobre et reprennent leur fourrure grise d'été à la mi-mars. Cela implique donc que les lièvres variables ont leur fourrure blanche alors qu'il n'y a pas de neige, ce qui les rend particulièrement repérables et donc, augmente leurs chances d'être chassés par des prédateurs.

Selon Scott Newzy, un des coauteurs de l'étude, cité par le quotidien britannique, « le fait que les lièvres des montagnes n'adaptent pas leur mue est assez surprenant ». Il évoque plusieurs explications : « Cela peut être dû au fait que les lièvres des montagnes n'ont pas la diversité parmi leur réservé génétique pour s'adapter (?) ou que le changement dans les chutes de neige est trop rapide ». Une autre hypothèse avancée est que les prédateurs des lièvres situés dans l'endroit où a été menée l'étude ne sont pas assez nombreux pour les contraindre à évoluer.

En dehors de l'Ecosse, la survie du livre variabel inquiète. Ainsi, France Bleu se faisait écho, en février dernier, du sort de cette espèce dans les Alpes, l'animal rencontrant le même problème qu'en Écosse. Selon le président de l'Association des accompagnateurs en montagne de France, « les prédateurs les voient et donc se régalent. C'est une population qui est amenée à disparaître. »

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Symbolisme :


Selon Jean-Marie Jeudy, auteur de Les Mots pour dire la Savoie (2006),


Le blanchon, « c'est le nom que l'on donne au lièvre qui vit en altitude, un cousin du lièvre brun installé dans les plaines. On dit encore le lièvre des neiges, le lièvre blanc ou le blanchot. Son véritable nom est le lièvre variable. Son nom scientifique, c'est Lepus timidus. Parce qu'il est d'une extrême timidité. Bien malin qui peut l'apercevoir... Un Bessanais, le père Jacques Fodéré, docteur en Sorbonne, donnait une description de l'animal dans un livre paru en 1617 : « Parmi ces montagnes, il y a deux sortes de lièvres, l'une commune et d'autres qui sont blanches. La peau de ces lièvres est fort chaude et propre à porter devant l'estomac, il s'en trouve quantité chez les pelletiers. » Signalons qu'en patois bessanais, le mot lièvre est féminin.

Légèrement plus petit que son cousin d'en-bas, avec un poil plus épais et des jambes plus longues,, le blanchon est doté de doigts fourrés de poils qui le préservent du froid. Ces doigts s'écartent pour mieux le porter sur la neige comme de véritables raquettes. Ce mammifère vivant en haute altitude fait partie des « reliques » de l'époque glaciaire. A la fin des glaciations du Quaternaire, il fut contraint de se retirer vers les pays nordiques, mais il grimpa également vers les hauteurs alpestres où il se fixa comme dans un îlot froid au sein de la zone tempérée. Telle sa voisine de palier, la perdrix blanche, autre relique de l'époque glaciaire.

Cet animal est d'autant plus difficile à observer qu'il possède des mœurs crépusculaires et qu'il cultive un art consommé du camouflage. S'il est brun en été comme son parent des plaines, il est totalement blanc en hiver. A peine une tache noire sur les oreilles. Blanc comme neige et blanc sur neige. Vous pouvez passer à deux pas de lui et ne jamais le voir. Au lieu de fuir comme la plupart des bêtes sauvages, conscient de son mimétisme, il se tapit sur la neige, plaque ses oreilles sur sa fourrure, garde les yeux à demi fermés et ne quitte son gîte qu'à la toute dernière extrémité.

Mieux encore, il use d'une succession continuelle de mues qui le font passer du gris brun de l'été au blanc de l'hiver. En cela, il se rapproche du lagopède, la perdrix blanche déjà citée.

L’animal ne daigne pas creuser un terrier. Faire des trous, c'est juste bon pour son cousin d'en bas ! Il est vrai que la terre en altitude est d'une grande dureté sous l'effet du froid continuel. Il se contente de se blottir sous des blocs de roche, parfois il opte pour un trou de marmotte. S'il fréquente les alpages élevés, en cas de danger, il n'hésite pas à aller se réfugier encore plus haut, là où les roches et les vents se partagent l'espace. Et même sur les névés et sur les glaciers. »

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