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La Xylaire polymorphe

Dernière mise à jour : 11 mai




Étymologie :


Le terme savant est issu du grec xûlon qui signifie "bois" additionné du suffixe -aria : "qui pousse sur bois et qui est dur comme le bois".


Autres noms : Xylaria polymorpha - Doigt de l'homme mort - Doigt de Satan - Doigt du Diable - Doigt du mort -Doigt noir - Pourridié xylarien -

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Mycologie :


Lire la fiche extraite du site http://www.mycodb.fr/ pour découvrir les caractéristiques de ce champignon étrange.

 

Christian Deconchat et Jean-Marie Polèse, auteurs de Champignons : l'encyclopédie. (Editions Artemis, 2002) proposent une description succincte du Xylaire polymporphe :


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Vertus thérapeutiques :


Selon Christelle Francia, Françoise Fons, Patrick Poucheret et Sylvie Rapior, auteurs de l'article intitulé "Activités biologiques des champignons : Utilisations en médecine traditionnelle." (Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault, 2007, 147 (4), pp. 77-88.), les qualités thérapeutiques du doigt de Satan sont les suivantes :


gynécologie : En Inde Centrale (tribus Baiga et Bharia), le champignon, appelé Phoot Dooth est utilisé sous forme de granulés préparés à partir de la poudre de champignon et de sucre ;

administré deux fois par jour pendant cinq jours en cas de diminution de la lactation.

Référence : Rai et al. (1993).

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Symbolisme :

Lié à ses noms vernaculaires mentionnant les noms "diable" ou "Satan" :


Selon les recherches de Carole Chauvin-Payan qu'elle communique dans le préprint de l'article intitulé "Les noms populaires des champignons dans les populations européennes mycophobes" (Quaderni di Semantica, 2018, Perspectives de la sémantique, pp. 159-189) :


Si les termes sorcière ou diable sont utilisés dans certaines dénominations de champignon du fait de leur forme, couleur et odeur, il arrive souvent que les sorcières, démons ou diables apparaissent dans les dénominations de champignons lorsqu’ils font partie de la pharmacopée des guérisseurs.

Selon Corinne Boujot soigner est un art qui apparaît à plusieurs reprises dans les légendes. Ainsi Yseult qui maîtrise l’art de la pharmacie prépare des bains et décoctions d’herbes pour Tristan. “ Et le pharmakon qui est au fondement de la pharmacie c’est ‘la plante médicinale’, la drogue remède ou poison le breuvage magique et plus généralement le sortilège. […] Ces poisons dont il faut toujours préciser le caractère ‘bénéfique’ ou ‘maléfique’, rappellent que la ‘potion’ est toujours un peu sorcière et on a quelques raisons d’en avoir peur. [Boujot 2001 : 105-106]” Cette crainte vis-à-vis de la pharmacopée se retrouve dans l’attitude de l’église. Ainsi, dès le VIe siècle, le pape Pélage II a pris des mesures pour une mise à l’écart des apothicaires “ Ut clerici apothecarii non ordonantur ” ‘les apothicaires ne doivent pas être ordonnées prêtres’. Pour Mac Rae “ Ce n’est que lorsque le christianisme devint la religion officielle dans l’Empire Romain, que tout sembla désigner les anciennes pratiques et connaissances païennes à la condamnation, et à une persécution violente. Ainsi, la plupart des connaissances médicales furent rejetées, et avec elles, l’usage de la plupart des riches et anciennes pharmacopées. [1998: 325-338, in Sueur et alii, 1999: 2] ” Mais que contient cette pharmacopée ? D’après Corinne Boujot “Pour les remèdes, dans le domaine du pharmacon […], la matière végétale est, certes, très employée et les jardins des simples fleurissent dans les mains des apothicaires. [2001 : 106]” Selon l’auteur, si l’utilisation de certaines substances de la pharmacopée n’est pas toujours maîtrisée, elles sont cependant administrées. C’est le cas de l’ergot de seigle, utilisé comme abortif dans l’obstétrique populaire de façon certaine depuis le 16e siècle, […], mais aussi de champignons divers au nombre desquels le plus célèbre est sans aucun doute l’Amanita Muscaria. Si l’on s’appuie sur les craintes populaires et sur la condamnation de l’église concernant l’emploi de substances dangereuses et les personnes administrant ces substances, on peut comprendre l’utilisation des désignations Chapeau de sorcière pour nommer le champignon.

[...]

Au Moyen-Âge, l’absorption d’ergot de seigle présent dans les farines provoqua des millions de morts en Europe. Ce fléau appelé ‘le feu de Saint-Antoine’, ‘feu ardent’ était attribué au diable tellement il était terrible. Les symptômes de la maladie se manifestaient par des hallucinations, des accès de folie, des délires et vertiges mais aussi par des convulsions, des contractions musculaires et la gangrène. On peut imaginer que l’ergot de seigle a pu être l’une des sources de désignations, telles que Champignon fou ou Pain du diable. La désignation ‘Pain du diable’ est aussi usitée en Belgique sous la forme duyvelsch broodt. Selon Moren, cette dénomination viendrait de l’arrivée du christianisme qui condamna les pratiques païennes. Voici l’explication qu’il donne :


Chez les romains “l’empereur Claude, le prédécesseur de Néron, dans son amour excessif pour les champignons, s’empoisonna ou en mangeant de mauvais ou par une indigestion de bons, et après sa mort on le plaça au rang des dieux. C’est depuis lors que les Romains nommèrent les champignons le mets des dieux, DEORUM CIBUS. Ce nom suivit les légions romaines, pénétra en Belgique, y subsista jusqu’à l’époque de l’introduction du christianisme, mais puisqu’alors aussi les dieux des païens passaient pour des diables, le pain des dieux devint tout naturellement le pain des diables “quia dii sunt diaboli ”. [1847, T.3 : 113] ”


Les termes diable et sorcière sont des anthroponymes utilisés comme tabous linguistiques. Selon les trois stades de l’évolution de la pensée religieuse en Europe, établis par Alinei [1983], les anthroponymes diable et sorcière pourraient appartenir au stade 1 ‘le stade anthropomorphique chrétien’. L’utilisation de ces anthroponymes comme tabous linguistiques constituent comme le décrit Moren [1847] et [Pavlovna & Wasson : 1957] une condamnation du christianisme vis-à-vis des anciens rituels et cultes voués à certains champignons comme l’AMANITA MUSCARIA.

Si aujourd’hui, le phénomène des ronds de champignons, ronds de sorcières, cercles de fées, corros de hadas, corros de brujas s'explique par le fait que lorsqu’un mycélium s'installe dans la prairie, il fructifie là où il est, et qu’une fois le sol épuisé, il s'étendra et ainsi de suite tous les ans, pendant très longtemps les ronds de sorcières ou cercles des fées ont donné lieu à toutes sortes de croyances et de superstitions. Les ronds de champignons ont souvent été considérés comme des lieux de rassemblements des danses des fées ou des lieux de sabbats des sorciers et du diable.

[...]

Selon Pavlovna et Wasson [Lévi-Strauss, 1973 : 264] ces croyances et pratiques magico-religieuses ont été refoulées par les invasions germaniques et celtiques, puis condamnées et réprimées avec l’arrivée du christianisme.

C’est par la succession de ces différents événements que les attitudes mycophobes seraient apparues et de là l’utilisation de désignations péjoratives et offensantes où sorcières, démons ou diable interviennent telles que Chapeau de sorcière, Lanterne du diable, Pan de demonio. Pour nommer les champignons vénéneux ou l’ensemble des champignons, les populations européennes mycophobes ont très souvent désigné le champignon par des tabous linguistiques selon la conception de Frazer [1898]. La dangerosité, la vénénosité du champignon ne sont pas nommées, mais sont suggérées par l’emploi de termes liés aux excréments tels que pisse ou merde ou par l’emploi d’anthroponymes liés à la sorcellerie. L’utilisation de ces anthroponymes correspondrait au stade ‘anthropomorphique chrétien’ [Alinei : 1983]. Leur présence dans les noms des champignons montre l’influence que la religion chrétienne a eu chez certaines populations européennes quant à l’appréhension des rites et des personnes utilisant les champignons. Ainsi, pour les populations celtiques, tels les bretons, l’ensemble des champignons est considéré comme mauvais et malfaisant et porte le nom de Siège de crapaud.

L’ensemble des désignations présentées dans cet article corroborent les observations et analyses effectuées par Pavlovna & Wasson sur le caractère très mycophobe des populations germaniques, celtiques et anglo-saxonnes.


Remarque personnelle : cette conclusion me paraît contradictoire avec la condamnation chrétienne évoquée plus haut. Si les Chrétiens ont éprouvé le besoin de diaboliser les champignons, c'est bien au contraire parce que les Celtes et les Germains en avaient une pratique sacrée.

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