Autres noms : Clavariadelphus pistillaris - Clavaire en massue - Clavaire en pilon - Clavaire pilon - Clavaire pistillaire - Masse d'Hercule - Sucette des pauvres -
Mycologie :
Dans son Histoire des champignons comestibles et vénéneux (Fortin, Masson et Cie Libraires-Éditeurs, 1841) le Dr Joseph Roques, mentionne la comestibilité de la plus grande des clavaires :
CLAVAIRE EN PILON - Clavaria pistillaris - [Clavariadelphus pistillaris - Clavaire en pilon]
Cette clavaire est simple, épaisse, haute de quatre à pouces, arrondie au sommet en forme de massue, d'une teinte bistrée, fauve ou jaunâtre.
On la trouve dans les bois de haute futaie en France, en Bavière et en Italie, où on l'appelle vulgairement mazza d'Ercole (massue d'Hercule).
Sa chair est blanche, filandreuse, amère, d'une qualité médiocre. On la mange pourtant dans les pays du Nord. La petite famille des clavaires ne compte aucune plante vénéneuse. Elles sont toutes alimentaires, à l'exception de quelques espèces d'une nature coriace ou d'une trop petite dimension pour être cueillies.
A Vienne en Autriche, on les fricasse avec du beurre et on les aromatise avec du basilic.
Louis Fabre, auteur de Les champignons comestibles du canton de Neuchatel et les espèces vénéneuses avec lesquelles ils pourraient être confondus. (Imprimerie de C. Leidecker, 1861) ajoute :
CLAVARIA PISTILLARIS. L. - LA CLAVAIRE PILON.
Caractères. Sa forme est celle d'une petite massue jaune abricot renflée vers le haut et rétrécie en bas où la teinte devient blanchâtre. Quelquefois plusieurs sont soudées ensemble.
Description. Cette espèce diffère des clavaires, connues généralement sous le nom de chevrettes, en ce qu'elle ne se ramifie pas comme le corail ou le chou-fleur. Elle est simple et ressemble à une massue de 3 à 8 pouces de longueur ; l'intérieur n'est pas creux, mais rempli d'un tissu blanc léger, spongieux, cotonneux. La couleur est jaune ou brun-rougeâtre. Quelquefois la partie supérieure est tronquée et coupée carrément, elle se termine alors par une surface circulaire, d'abord plane, puis un peu déprimée au milieu. Cette forme a reçu du botaniste suédois Fries le nom de Craterellus pistillaris.
Ce joli champignon croît çà et là dans les bois en automne. D'après Marquart on peut le manger sans crainte, mais je doute que la chair en soit agréable.
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Usages traditionnels :
Selon Jean Baptiste Louis Letellier, auteur d'une Dissertation sur les propriétés alimentaires, médicales et vénéneuses des champignons qui croissent aux environs de Paris (Imprimerie de Didot le Jeune, 1826) :
Il n'y a pas d'espèce vénéneuse dans ce genre [Clavaria], qui, d'après sa consistance et son état de simplicité ou de ramification, a été divisé en quatre. Les genres coriaces (geoglossum, merisma PERS. ) ne doivent pas nous arrêter. Le genre charnu simple renferme de toutes petites espèces, et la clavaria pistillaris LIN., qu'on rejette malgré sa taille parce qu'elle est amère ; cependant, toutes les fois que ce goût ne sera pas très prononcé, ce que j'ai observé, on pourra l'employer sans inconvénient.
François Simon Cordier, auteur de Les Champignons, Histoire - Description - Culture - Usages des espèces comestibles, vénéneuses et suspectes... (J. Rotschild Éditeur, 1876) évoque également la comestibilité de ce champignon :
Les paysans polonais, russes et allemands mangent cette Clavaire. En France, elle n'est nullement recherchée, à cause de sa chair ferme, un peu coriace et de saveur légèrement amère.
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Sur le site de Supertoinette, on trouve les conseils culinaires suivants :
Clavariadelphus pistillaris : c'est un comestible assez médiocre à chair blanche, brunissant au frottement et devenant rapidement mou et spongieux, filandreux. Son odeur est agréable, sa saveur est amère. Il convient de la faire blanchir avant consommation. Idéale pour en faire des conserves au vinaigre.
Au début du XXe siècle, dans l'Est de la France, on les trempaient dans de l'eau sucrée et les enfants des familles modestes les dégustaient comme friandises, d'où son nom "sucette des pauvres".
N.B. Selon Laurentiu BăLă, auteur de "Le corps humain en argot : le sexe." (Analele Univeristatju Din Craiova : 37, n°1, 2011) :
Le « sexe oral » a lui aussi sa tradition : que ce soit la « fellation » ou le « cunnilingus » (deux termes latins qui décrivent précisément ce qu'ils désignent), les expressions familières abondent dans le langage et la littérature !
Pour ce qui est de la « fellation » (aussi appelée plume ou gâterie), l'expression faire (ou tailler) une pipe est peut-être la plus connue dans le langage familier. On appelait aussi familièrement la fellation la sucette du pauvre, expression qui est à rapprocher de la construction argotique roumaine aspirina săracului (littéralement "l'aspirine du pauvre"), qui désigne « l'acte sexuel »
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Symbolisme :
Laure de Chavagnac, autrice de "Autour de la massue d’Hercule : manches d’ustensiles à nodosités en matières dures animales." (In : Instrumentum : bulletin du groupe de travail européen sur l’artisanat et les productions manufacturées dans l’Antiquité, 2019, 50, pp.39-43.) nous rappelle que la massue est l'attribut distinctif d'Hercule :
La massue (clava), attribut caractéristique d’Hercule, symbolise ce héros. Ce n’est à l’origine qu’un simple bâton noueux employé par les chasseurs et par les pâtres pour défendre leurs troupeaux contre les bêtes sauvages. À l’époque romaine, Hercule est fréquemment représenté avec une massue renflée à l’une de ses extrémités et garnie d’aspérités.
[....] Il est important de noter] la valeur apotropaïque associée à l’attribut du héros.
Sur le site Art Stella, on découvre les élixirs de champignons :
Les élixirs de champignons sont nouveaux venus dans la gamme. Ils offrent une possibilité intéressante de combinaison avec les élixirs floraux. Les champignons sont des plantes sans chlorophylle [non, ils appartiennent au règne des Fungi, plus proche du règne animal que du règne végétal ! ] ce qui représente une particularité dans le monde végétal. Ils dépendent de substances organiques qu'ils puisent dans leur environnement. Les élixirs agissent sur le corps émotionnel. Ils amènent cette transformation sur le plan physique et permettent d'intégrer l'énergie au niveau cellulaire.
Masse d’Hercule (Clavariadelphus pistillaris) (Herkuleskeule) : L'élixir nous relie directement à notre moi supérieur (à partir du 8ème chakra). Par ce contact, nous pouvons reconnaître clairement ce qui est juste et important pour nous en ce moment et pouvons donc mieux orienter notre énergie.
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Selon Véronique Dasen, autrice d'un article intitulé « Le secret d'Omphale » (In : Revue archéologique, vol. 46, no. 2, 2008, pp. 265-281) :
Les attributs adoptés par Omphale, la massue et la leontè, possèdent une valeur supplémentaire dans le contexte de la magie médicale. La massue est l’arme qui définit Héraclès comme le champion des monstres et autres créatures dangereuses. L’image de la bête féroce est souvent utilisée dans la littérature grecque pour traduire métaphoriquement la violence de la maladie. Une lettre apocryphe n’hésite pas à comparer à Héraclès le médecin Hippocrate qui « purge la terre et la mer non pas des bêtes farouches, mais des maladies sauvages et malfaisantes », tandis que Pline l’Ancien raconte que la Grèce lui aurait conféré les mêmes honneurs qu’au héros pour avoir prédit et soigné une épidémie35. La massue d’Héraclès donne ainsi à Omphale des compétences non seulement agonistiques mais guérisseuses. Omphale se différencie toutefois de son amant, qui étouffe le lion à mains nues sans employer son arme. On verra plus loin que cette distinction n’est pas innocente et que le fait qu’elle manie le gourdin possède un sens caché qui renforce l’efficacité de l’image. Le port de la leontè assure à Omphale l’invulnérabilité et l’invincibilité nécessaires pour lutter contre les forces démoniques responsables des maladies ou qui habitent l’organe malade.
[...]
La puissance de Seth est toutefois sous contrôle, comme le révèle non seulement le geste d’Omphale, mais le jeu de mots contenu dans l’image de la massue. Au deuxième degré, la femme et l’âne utilisent les mêmes armes, puisque le mot grec skutalè, « la massue », signifie métaphoriquement « le phallus ». Le gourdin que brandit la femme se réfère à la fois à la dimension sexuelle de la contrainte et à sa domination.
[...]
Le secret de la figure d’Omphale se situe donc bien au-delà de son simple charme séducteur. Par un jeu de mots (omphalos / sexe / Omphale, massue / phallus) et d’images (Omphale avec les attributs d’Héraclès, mais aussi de Bès), surgit une figure féminine aux compétences nouvelles, absente des sources littéraires traditionnelles. L’Omphale des magiciens veille activement sur la santé, la sexualité et la fécondité des femmes. Elle offre un modèle féminin positif, celui d’un personnage qui maîtrise son corps et sait repousser les influences des entités malignes. Elle transpose sur le plan mythique la force cachée et la capacité de résilience des femmes d’autrefois, un vécu qui n’a guère laissé de trace écrite. La valeur prophylactique d’Omphale était peut-être implicite sur les gemmes d’apparence plus anodine. Cette référence pourrait expliquer la vogue du motif d’Omphale sur les pierres ou pâtes de verre montées en bagues, capable de se transformer à volonté, comme d’autres images divines, en figure magique.
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